(Les « éditos » de Christian Roblin paraissent le 1er et le 15 de chaque mois.)
Il est relativement facile d’être un initié ou un franc-maçon en voie de réalisation, quand tout est calme autour de soi ou, du moins, tant qu’on n’est malmené que par des remous ordinaires ou par une confrontation patiente à soi-même.
Aussi bien, les règles du jugement, au sens des actes de pensée par quoi « l’on affirme ou l’on nie la réalité d’une chose ou la vérité d’un rapport entre deux termes », ne doivent pas varier, au gré des circonstances, par entraînement des peurs et des enthousiasmes et de toutes sortes de biais, sauf à démontrer que l’on s’est précédemment trompé ou que les méthodes que l’on applique désormais intègrent de nouveaux critères ou en négligent d’anciens – cela de façon honnête, c’est-à-dire toujours consciente, contrôlée et consentie.

En revanche, quand la planète semble danser sur un volcan, le trouble s’accroît et, au lieu d’être plus exigeant que d’habitude, le profane est tenté de se raccrocher à des conceptions abruptes sinon aveugles. Peut-on se revendiquer de l’initiation quand le profane en soi obère les perspectives ? La sourde crainte d’une fin du monde conduit à une forme d’anéantissement de la pensée.

C’est alors que nous touchons à la notion d’apocalypse, comme surgissement de catastrophes massives et violentes or le mot d’apocalypse vient du grec Ἀποκάλυψις [apokálupsis] qui signifie littéralement « dévoilement », puis, dans la langue religieuse, « révélation ». Peut-être les crises, majeures d’autant plus, lèvent-elles le voile sur les forces qui se déchaînent soudain après de longues périodes de conflits plus ou moins larvés, de contradictions entretenues.
Mais, ce n’est pas une raison pour perdre le Nord, pour ne plus exercer sa raison avec tempérance.