dim 16 mars 2025 - 04:03

Journée internationale des droits des femmes 2025 : une célébration sous le prisme maçonnique

Aujourd’hui hommage au féminin. La rédaction a laissé toute la place aux femmes. Les 5 articles du jour seront 100% pure féminin.

Le 8 mars 2025 marquera une nouvelle édition de la Journée internationale des droits des femmes, une date reconnue par les Nations Unies depuis 1977 et portée cette année par un thème ambitieux : « Pour TOUTES les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation ». Pour les Francs-maçons, cette journée résonne comme un appel à revisiter leurs valeurs fondamentales – liberté, égalité, fraternité – et à interroger leur rôle dans la quête d’un monde plus juste. À l’heure où l’année 2025 célèbre également le 30e anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, cadre majeur pour les droits des femmes, la Franc-Maçonnerie, avec son histoire riche et parfois complexe vis-à-vis de la mixité, offre un terrain fertile pour une réflexion profonde.

Cet article explore les liens entre cette journée emblématique et l’Art Royal, enraciné dans une tradition initiatique qui, loin de se limiter aux Loges, aspire à rayonner dans la société profane.

Origines historiques : la Franc-Maçonnerie et les femmes, une relation en clair-obscur

La Journée internationale des droits des femmes puise ses racines dans les luttes féministes du début du XXe siècle, notamment les manifestations ouvrières aux États-Unis et en Europe pour le droit de vote et de meilleures conditions de travail. En 1909, le Parti socialiste d’Amérique initie une « Journée nationale de la femme », suivie en 1910 par la proposition de Clara Zetkin, lors de la Conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague, d’une journée mondiale. Officialisée le 8 mars par l’ONU en 1977, elle s’inscrit dans une dynamique de justice sociale qui n’est pas étrangère aux idéaux maçonniques.

Pourtant, l’histoire de la Franc-maçonnerie avec les femmes est ambivalente. Apparue en France vers 1725, la maçonnerie spéculative exclut initialement les femmes, reflet d’une société patriarcale où elles sont reléguées à la sphère domestique. Dès 1728, toutefois, des Loges « para-maçonniques » accueillent des femmes, suivies en 1730 par les Loges d’adoption, sous tutelle masculine. Ces espaces, bien que limités, permettent aux femmes d’accéder à un univers symbolique et fraternel, souvent sous l’égide de rituels adaptés. Ce n’est qu’au XVIIIe siècle, avec les Lumières, que des voix s’élèvent pour questionner cette exclusion, portée par des philosophes comme Condorcet, lui-même proche des cercles maçonniques.

Le véritable tournant survient au XIXe siècle. En 1882, Maria Deraismes, figure du féminisme et de la laïcité, est initiée par la Loge « Les Libres Penseurs » du Pecq, marquant une rupture historique. En 1893, elle cofonde avec Georges Martin l’Ordre Maçonnique Mixte International Le Droit Humain, première obédience mixte prônant l’égalité des genres à tous les degrés. Ce jalon illustre un principe maçonnique clé : l’initiation ne saurait être réservée à un sexe, mais doit s’adresser à l’humain dans son universalité. La Grande Loge Féminine de France (GLFF), fondée en 1945 et pleinement autonome depuis 1959 avec l’adoption du Rite Écossais Ancien et Accepté, viendra compléter ce paysage, offrant aux Sœurs un espace pour travailler leur pierre brute loin des influences masculines.

Le thème de 2025 : une résonance maçonnique

Le thème « Pour TOUTES les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation » s’aligne avec les aspirations maçonniques d’une société harmonieuse et équitable. L’ONU met l’accent sur trois axes : la défense des droits humains, la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation par l’éducation et l’accès aux responsabilités. Ces objectifs font écho aux travaux en Loge, où la quête de la Lumière passe par la déconstruction des préjugés et l’élévation collective.

Droits humains : En Franc-Maçonnerie, le silence de l’apprenti, loin d’être une soumission, est une discipline qui enseigne l’écoute et le respect de l’autre. Pour les Sœurs, ce silence a souvent été une arme contre l’oppression, un moyen de préserver les mystères tout en affirmant leur dignité. Maria Deraismes ne disait-elle pas : « L’infériorité des femmes n’est pas un fait de nature, c’est une invention humaine, une fiction sociale » ? Cette maxime, gravée dans l’histoire du Droit Humain, résonne avec la lutte contre les violences et discriminations dénoncées le 8 mars.

Égalité des sexes : La mixité, bien que tardive dans certaines obédiences, est un laboratoire de l’égalité. En 2010, le Grand Orient de France (GODF) ouvre ses Loges à la mixité optionnelle, un pas symbolique vers la reconnaissance des Sœurs comme égales dans l’initiation. Pourtant, les chiffres parlent : en 2015, la France compte 32 000 Sœurs pour 138 000 Frères, signe que la parité reste un horizon à atteindre, même dans l’Art Royal.

Autonomisation : L’éducation, pilier maçonnique, est au cœur de l’autonomisation. Les Loges féminines et mixtes offrent un espace où les femmes, libérées des rôles sociaux traditionnels, explorent leur potentiel spirituel et intellectuel. La GLFF, par exemple, a abordé des sujets comme la prostitution (2000) ou les violences faites aux femmes, témoignant d’un engagement sociétal qui dépasse le Temple.

La Franc-Maçonnerie face aux défis contemporains

En cette année 2025, les droits des femmes reculent dans certaines régions du monde, menacés par des vagues conservatrices et autoritaires. En France, malgré des avancées – droit de vote en 1944, IVG en 1975, parité en 2000 –, les inégalités salariales (16 % d’écart en moyenne) et les violences sexistes persistent. La Franc-Maçonnerie, fidèle à son rôle de phare humaniste, doit-elle rester silencieuse ou agir ?

Des obédiences comme Le Droit Humain s’illustrent par leur militantisme. Chaque 8 mars, elles honorent Maria Deraismes devant sa statue au square des Épinettes à Paris, un rituel qui unit Frères et Sœurs dans un hommage à l’égalité. En 2023, la Fédération française du Droit Humain rappelait son combat contre le sexisme, s’appuyant sur le rapport du Haut Conseil à l’Égalité pour dénoncer les reculs des droits fondamentaux. La GLFF, de son côté, a manifesté en 2004 devant l’UNESCO contre les violences faites aux femmes, affirmant que la liberté des Sœurs ne saurait tolérer l’asservissement.
Mais la Franc-maçonnerie ne se limite pas à la protestation. Elle est un creuset alchimique où le silence et la parole se conjuguent pour transformer l’individu et, par extension, la société. Le 8 mars 2025 pourrait être l’occasion pour les Loges de multiplier les travaux sur l’autonomisation des femmes, en s’inspirant du thème onusien pour proposer des planches sur l’éducation, la sororité ou la déconstruction du patriarcat.

Symbolisme maçonnique et émancipation féminine

pierre brute,outils apprenti,ciseau,maillet

Le symbolisme maçonnique offre une grille de lecture fascinante pour cette journée. Le cabinet de réflexion, avec son obscurité initiale, n’est-il pas une métaphore de l’hiver social que les femmes ont traversé avant de conquérir leurs droits ? La pierre brute, taillée par le ciseau et le maillet, incarne leur lutte pour s’affranchir des chaînes profanes. Et que dire de l’étoile flamboyante, symbole de la Lumière, qui guide l’initié – homme ou femme – vers la connaissance et l’autonomie ?

La mixité elle-même est un symbole vivant. En Loge, Frères et Sœurs travaillent côte à côte, égaux devant les outils et les rituels. Cette égalité rituelle, bien que parfois imparfaite dans la pratique, préfigure un idéal où le genre s’efface devant l’humanité. Le Rite Écossais, adopté par de nombreuses obédiences mixtes ou féminines, avec ses 33 degrés, illustre cette progression : chaque pas est une victoire sur les préjugés, une marche vers l’autonomisation.

Un appel aux Frères et Sœurs pour le 8 mars 2025

À l’approche du 8 mars 2025, les Francs-Maçons ont une occasion unique de réaffirmer leur engagement. Pourquoi ne pas organiser des Tenues spéciales dédiées aux droits des femmes, où Sœurs et Frères partageraient leurs réflexions sur l’égalité ? Des conférences publiques, comme celles du Droit Humain sur la mixité et la laïcité, pourraient sensibiliser le monde profane. Et si chaque Loge s’inspirait des héroïnes maçonniques – Maria Deraismes, Louise Michel, ou encore les Sœurs de la GLFF – pour tracer une planche sur la sororité universelle ?

Car la Franc-maçonnerie n’est pas un îlot isolé. Elle est un levier pour bâtir une société où toutes les femmes et les filles, sans distinction, trouvent leur place. Le 30e anniversaire de Beijing nous rappelle que le chemin est long : selon l’ONU, l’égalité des sexes ne sera atteinte qu’en 2055 au rythme actuel. Les maçons, gardiens de la devise républicaine, ne peuvent se contenter d’attendre. Leur silence doit être celui de l’écoute, leur parole celle de l’action.

Conclusion : une fraternité sans frontières

Le 8 mars 2025, sous l’égide du thème « Pour TOUTES les femmes et les filles », invite la Franc-Maçonnerie à célébrer ses avancées – de l’initiation de Maria Deraismes à la vitalité des obédiences mixtes – tout en reconnaissant ses défis. C’est une journée pour honorer les Sœurs qui, par leur présence, enrichissent l’Art Royal, et pour tendre la main à celles qui, hors du Temple, luttent encore pour leurs droits. En cette année symbolique, que chaque maçon, homme ou femme, fasse du silence un outil de réflexion et de la parole un flambeau d’espoir. Car, comme le disait Georges Martin, « l’humanité ne sera complète que lorsque l’homme et la femme y travailleront ensemble, égaux et libres ».

Note aux lecteurs de 450.fm : Cet article est une invitation à vos réflexions. Que représente le 8 mars dans votre Loge ? Comment la mixité éclaire-t-elle votre chemin initiatique ? Partagez vos planches et vos expériences pour enrichir notre édifice commun.

1 COMMENTAIRE

  1. l’autonomisation Commence par l’autonomie financière
    Nos Soeurs ( et nos filles) doivent avoir un métier et payer de façon autonome leur cotisation

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Alice Dubois
Alice Dubois
Alice Dubois pratique depuis plus de 20 ans l’art royal en mixité. Elle est très engagée dans des œuvres philanthropiques et éducatives, promouvant les valeurs de fraternité, de charité et de recherche de la vérité. Elle participe activement aux activités de sa loge et contribue au dialogue et à l’échange d’idées sur des sujets philosophiques, éthiques et spirituels. En tant que membre d’une fraternité qui transcende les frontières culturelles et nationales, elle œuvre pour le progrès de l’humanité tout en poursuivant son propre développement personnel et spirituel.

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