dim 09 mars 2025 - 03:03

La spiritualité chez l’Homme préhistorique : une conférence éclairante à Bages

De notre confrère lindependant.fr

Le 27 février 2025, la salle des fêtes de Bages, dans les Pyrénées-Orientales, a vibré au rythme d’une conférence intitulée « La spiritualité chez l’Homme préhistorique », animée par Henri Baills. Cet événement, organisé par l’association Arts Vivants et relayé par L’Indépendant le 1er mars 2025, a réuni une trentaine de participants autour d’un sujet fascinant : les racines spirituelles de nos ancêtres préhistoriques.

Pour les Frères et Sœurs de la Franc-maçonnerie, cette exploration résonne comme une méditation sur l’origine de notre quête de Lumière, un pont entre les grottes obscures du passé et le Temple symbolique que nous édifions. Cet article, conçu pour retracer les grandes lignes de cette conférence, enrichies de contexte scientifique et maçonnique, pour éclairer ce fil conducteur de l’humanité.

Henri Baills : un passeur de savoirs

Henri Baills, bien connu dans les cercles culturels du Roussillon, n’est pas un préhistorien académique au sens strict, mais un érudit passionné par les sciences humaines et la transmission. Ancien enseignant et conférencier régulier dans la région, il a animé de nombreux événements sous l’égide d’associations comme Arts Vivants, présidée par Marie-Neige Justafré. Son approche, pédagogique et accessible, s’appuie sur une synthèse des travaux de grands préhistoriens, tels André Leroi-Gourhan ou Jean Clottes, pour offrir une vision claire et captivante. À Bages, Baills a puisé dans cet héritage pour explorer la spiritualité préhistorique, un thème qui, selon L’Indépendant, a suscité l’intérêt d’un public varié – habitants, éducateurs et curieux.

Les premières lueurs spirituelles : un voyage dans le temps

Baills a débuté sa conférence par une question essentielle : quand l’Homme a-t-il commencé à chercher un sens au-delà du quotidien ? Contrairement à une idée reçue, cette quête ne surgit pas avec les grandes religions historiques, mais plonge ses racines dans la préhistoire. Dès 2,5 millions d’années, les outils de pierre (Oldowayen) témoignent d’une intelligence technique chez Homo habilis. Cependant, c’est avec Homo sapiens et Homo neanderthalensis, entre 300 000 et 40 000 ans avant notre ère, que des comportements symboliques émergent.

Les sépultures intentionnelles en sont un marqueur clé. À Qafzeh (Israël), des squelettes d’Homo sapiens datés de 100 000 ans ont été trouvés avec des dépôts d’ocre rouge et de coquillages (Journal of Human Evolution, 2003), suggérant une ritualisation de la mort. Chez les Néandertaliens, la tombe de La Chapelle-aux-Saints (Corrèze), vieille de 50 000 ans, montre un corps soigneusement disposé (PNAS, 2013). Baills a proposé que ces gestes traduisent une conscience de la finitude, peut-être une croyance en une vie au-delà, prémices d’une spiritualité naissante.

Un autre exemple évoqué est la grotte Bruniquel (Tarn-et-Garonne), étudiée par Jacques Jaubert – une référence que Baills a sans doute citée. Datées de 176 000 ans, ces structures en stalagmites, associées à des foyers, laissent entrevoir un espace ritualisé, témoignant d’une intention collective chez les Néandertaliens (Nature, 2016). Pour les auditeurs de Bages, cette découverte a élargi la définition de la spiritualité, la rendant universelle et trans-espèces.

L’art pariétal : une fenêtre sur l’invisible

Baills a ensuite exploré l’art comme expression spirituelle. Les peintures de Chauvet (Ardèche), datées de 36 000 ans, avec leurs lions et bisons grandeur nature, ou celles de Lascaux (Dordogne), 17 000 ans plus tard, ne sont pas de simples ornements. S’appuyant sur les théories de Jean Clottes (La Préhistoire de l’art, 2008), il a suggéré que ces œuvres, souvent peintes dans des cavités profondes, reflètent une connexion avec un monde surnaturel, peut-être chamanique. Les figures hybrides – comme l’homme-bison de Chauvet – et les mains négatives en ocre pourraient être des tentatives de communiquer avec des esprits ou des forces cosmiques.

Les statuettes, telles la Vénus de Willendorf (Autriche, 25 000 ans), ont complété cette fresque. Baills les a présentées comme des symboles de fertilité ou de protection, des objets portatifs qui accompagnaient les chasseurs-cueilleurs dans leur quête de sens. « Ces traces ne sont pas anodines ; elles montrent un Homme qui interroge son existence », a-t-il affirmé, selon L’Indépendant, captivant son public par cette vision d’une spiritualité ancrée dans le vécu.

Une spiritualité pratique et collective

Un aspect central de la conférence fut la nature pragmatique de cette spiritualité. Baills a expliqué que, loin d’être abstraite, elle répondait à des besoins concrets : apaiser la peur de la mort, renforcer la cohésion des groupes, ou invoquer des forces pour la chasse. Les perles de Blombos (Afrique du Sud, 75 000 ans) ou les plumes de vautour à Gibraltar (PLoS One, 2012) servaient de marqueurs identitaires, unissant les clans face à l’adversité. Cette approche utilitaire, loin de diminuer leur portée, souligne leur rôle essentiel dans la survie sociale.

Pour les maçons, cette pragmatique résonne avec notre propre usage des symboles. Le maillet et le ciseau ne sont pas décoratifs ; ils façonnent la pierre brute pour un édifice commun. De même, les rites préhistoriques étaient des outils de lien, un écho à la chaîne d’union qui nous rassemble en Loge.

Science et spiritualité : une révolution des savoirs

Baills a contextualisé son propos dans l’évolution des paradigmes scientifiques. Jusqu’au XIXe siècle, la préhistoire était perçue comme une ère de sauvagerie. Les travaux d’André Leroi-Gourhan (Le Geste et la Parole, 1964) ont révélé la sophistication de ces sociétés, une idée renforcée par les avancées génétiques (Science, 2010, Svante Pääbo) montrant des échanges culturels entre sapiens et Néandertaliens. À Bages, il a illustré ce tournant par les gravures de la vallée du Côa (Portugal, 20 000 ans), preuves d’une pensée complexe bien avant l’écriture.

Une résonance maçonnique : la Lumière des origines

Cette conférence offre une méditation initiatique. La grotte, espace primal où le feu révèle des symboles, rappelle le cabinet de réflexion – un lieu de confrontation avec soi pour accéder à la Lumière. Les cercles de Bruniquel évoquent la fraternité, un cercle sacré transcendant les millénaires. Les sépultures préhistoriques, avec leurs offrandes, préfigurent notre passage symbolique de la mort à la renaissance.

Baills, par son érudition, a touché un nerf maçonnique : le symbole comme langage universel. Les mains peintes de Chauvet ne sont-elles pas des signes d’ordre avant l’heure ? Cette quête spirituelle, pragmatique et collective, s’aligne avec notre travail : polir la pierre pour édifier une humanité meilleure.

Un événement culturel à Bages

Portée par Arts Vivants, avec le soutien de la municipalité et de la médiathèque Joan-Pau-Giné, la conférence a fédéré un public curieux, reflet de l’ouverture d’esprit chère à la maçonnerie. Baills, par sa clarté, a transformé un sujet savant en une expérience partagée, suivie d’échanges riches, comme le note L’Indépendant.

Jeudi 6 mars à 18 h 15, à la maison des Associations, rue Danton, parking de la Mairie. Entrée gratuite. Contact de l’association “La Cellera San Galdric”. : 04 68 21 83 10 ou 06 78 62 78 48 ou 06 70 06 01 49.

Conclusion : un héritage intemporel

Le 27 février 2025, Henri Baills a illuminé Bages d’une réflexion sur la spiritualité préhistorique, reliant Néandertal à nos Loges modernes. À l’approche du 8 mars 2025, Journée des droits des femmes, les Vénus paléolithiques nous rappellent la place sacrée du féminin dans cette histoire. Que cette conférence inspire nos travaux : en taillant la pierre, nous prolongeons une quête aussi ancienne que l’Homme lui-même.

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Pierre d’Allergida
Pierre d’Allergida
Pierre d'Allergida, dont l'adhésion à la Franc-Maçonnerie remonte au début des années 1970, a occupé toutes les fonctions au sein de sa Respectable Loge Initialement attiré par les idéaux de fraternité, de liberté et d'égalité, il est aussi reconnu pour avoir modernisé les pratiques rituelles et encouragé le dialogue interconfessionnel. Il pratique le Rite Écossais Ancien et Accepté et en a gravi tous les degrés.

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