dim 16 mars 2025 - 03:03

Le canular Léo Taxil : la Franc-maçonnerie et le culte de Lucifer

De notre confrère europe1.fr avec Virginie Girod

Virginie Girod raconte l’affaire Léo Taxil, un canular d’ampleur digne des fake news d’aujourd’hui, monté par un journaliste antimaçon à la fin du XIXe siècle. Dans le premier épisode de ce double récit inédit d’Au cœur de l’Histoire, Léo Taxil (1854-1907), journaliste anticlérical adepte des coups d’éclats, intègre la Franc-Maçonnerie, organisation fondée au XVIIIe siècle, en Angleterre. Mais il est rapidement exclu de cette société discrète pour avoir produit des faux. Dès lors, Léo Taxil annonce son retour dans le giron de l’Eglise et devient un antimaçon fervent, fomentant bientôt un canular d’ampleur dans le but de se venger.

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Virginie Girod raconte l’affaire Léo Taxil, un canular d’ampleur digne des fake news d’aujourd’hui, monté par un journaliste antimaçon à la fin du XIXe siècle.

Dans le second épisode de ce double récit inédit d’Au cœur de l’Histoire, Léo Taxil part en croisade contre la Franc-Maçonnerie, dont il a été exclu. À travers une série de publications, le journaliste prétend révéler les secrets de cette organisation discrète. Il accuse notamment ses membres de vouer un culte à Lucifer et devient un grand nom de l’antimaçonnisme. Mais en 1897, Léo Taxil passe aux aveux : tout n’était que supercherie.

Comment un journaliste anticlérical a dupé l’Église et la Franc-Maçonnerie

Leo Taxil (Wikipedia)

L’affaire Léo Taxil, une des plus célèbres mystifications de l’histoire française, a marqué la fin du XIXe siècle d’une manière inoubliable. Léo Taxil, de son vrai nom Marie Joseph Gabriel Antoine Jogand-Pagès, est devenu le symbole d’une époque où la guerre entre les institutions religieuses et les sociétés secrètes comme la Franc-Maçonnerie était à son apogée. Cette histoire, qui se déroule de 1885 à 1897, est non seulement un récit de duperie mais aussi un reflet des tensions sociales et idéologiques de la France de la Troisième République.

Le Contexte Historique :

À la fin du XIXe siècle, la France était le théâtre d’une lutte intense entre forces laïques et religieuses. La Franc-Maçonnerie, perçue par certains comme une menace à l’ordre social et à la religion catholique, était au centre de nombreuses polémiques. Léo Taxil, anticlérical notoire, avait déjà écumé la scène publique avec des écrits satiriques et pamphlétaires contre le clergé. En 1885, il prend un virage inattendu en annonçant sa conversion au catholicisme, un acte qui allait poser les bases de sa mystification.

La Conception de la Mystification :

Affiche promotionnelle pour La Bible amusante 1890 (Wikipedia)

Après une prétendue conversion, Taxil commence à écrire des ouvrages antimaçonniques, prétendant révéler les secrets et les pratiques occultes des francs-maçons. Ses livres, comme “Les Mystères de la Franc-Maçonnerie” ou “Le Diable au XIXe siècle”, décrivaient des rituels sataniques et des complots maçonniques contre l’Église catholique. Taxil, utilisant plusieurs pseudonymes, dont celui de Diana Vaughan, une soi-disant ancienne grande prêtresse sataniste, tisse une toile de récits fantastiques qui captivent et terrifient le public catholique.

Les Réactions et la Propagation de la Mystification :

Leo Taxil (Wikipedia)

Les livres de Taxil se vendent comme des petits pains, trouvant un écho particulièrement fort parmi les milieux catholiques antimaçonniques. Des personnalités religieuses, incluant certains évêques et même le pape Léon XIII, sont dupées par ces révélations. En 1887, Taxil est reçu en audience par le pape, ce qui renforce la crédibilité de ses dires. Des congrès antimaçonniques sont organisés, et des publications comme “La France chrétienne anti-maçonnique” voient le jour sous la direction de Taxil.

La Fin de la Mystification :

La supercherie atteint son point culminant en avril 1897 lorsqu’une conférence est annoncée pour présenter Diana Vaughan au public. Devant une salle comble, Taxil révèle que tout était une vaste plaisanterie. Il explique que ses écrits étaient destinés à montrer à quel point on pouvait faire croire n’importe quoi à des gens prêts à avaler les théories les plus extravagantes. Cette confession abasourdit et humilie ceux qui avaient soutenu ses accusations.

Les Conséquences et Répercussions :

Le Diable au XIXe siècle, écrit sous le pseudonyme collectif de Dr Bataille avec Charles Hacks. (Wikipedia)

L’affaire Léo Taxil ne se limite pas à un simple canular; elle a des répercussions sur la perception de la Franc-Maçonnerie et sur les relations entre cette dernière et l’Église catholique. Alors que certains voient dans cette mystification une preuve de la crédulité religieuse, d’autres critiquent la Franc-Maçonnerie pour avoir été la cible d’une telle farce. Taxil, quant à lui, disparaît peu à peu de la scène publique, mais son nom reste synonyme de mystification dans l’histoire de la presse et de la littérature française.

Analyse Critique :

L’affaire Taxil pose des questions sur la crédulité, la manipulation de l’information, et la manière dont les convictions peuvent être exploitées pour des fins personnelles ou politiques. Elle montre comment les antagonismes de l’époque pouvaient être exacerbés par des récits mensongers, mais aussi comment la quête de sensationnalisme dans les médias peut conduire à des dérapages spectaculaires.

Conclusion :

Les Mystères de la franc-maçonnerie dévoilés par Léo Taxil (Wikipedia)

L’affaire Léo Taxil nous rappelle que la vérité peut parfois être plus étrange que la fiction, surtout dans un contexte où les tensions idéologiques sont fortes. Elle illustre aussi l’importance de la vérification des faits dans un monde où la propagande et la désinformation peuvent facilement prospérer.

Références :

  • La correspondance de Taxil avec des figures ecclésiastiques, ainsi que les publications antimaçonniques de l’époque, sont des sources primaires précieuses pour comprendre la portée de cette affaire.
  • La page Wikipédia sur l’Affaire Léo Taxil offre une vue d’ensemble détaillée, incluant des références à des ouvrages historiques et des articles universitaires qui ont analysé cet événement.
  • Des ouvrages comme “Les impostures de Léo Taxil” par Lionel Ratichaux offrent des analyses approfondies de la mystification et de son impact sur la société française de l’époque.

2 Commentaires

  1. Bon, il faut peut-être en finir avec les réactions convenues et cries d’orffraie, et aborder le sujet objectivement.
    Qui a lu le premier (j’insiste) livre de Léo Taxil ? moi, de la première à la dernière ligne. Il appartenait à un vieux maçon, et c’était le premier tirage ! (je suis moi-même vieux, alors vieux de vieux…on remonte à Napoléon!) j’ai voulu l’acheter à lafamille après sa mort, mais elle n’a pas voulu.
    TOUT ce qui est écrit dans ce premier livre (j’insiste) est vrai.
    L’initiation au premier dgré du REAA est totalement décrite, le rituel d’aujourd’hui est le même.
    Il décrit de manière plaisante les petits travers de la maçonnerie (dans les hauts grades du REAA, on élève vite (début des “communications verbales”) les personnes qui seront utiles, mais fait passer par tous les grades les “peu interressants”. Il aborde le problème du symbole sexuel bien avant nos comtemporains (il montre une gravure de ces loges anglosaxonnes où le tabler se résume à un microtablier posé… juste sur le devant du sexe… (j’en ai vu aux US !).
    Il décrit bien l’existence des “mopses” et des “loges d’adoption” féminines (caution pour intriduire les femmes, à usage récréatif…).
    Quant aux “crimes” attribués à la maçonnerie (américaine) le cas de ce journaliste enquêtant sur la FM et retrouvé “suicidé”, noyé dans 50 cm d’eau dans un lac, est aussi clair que celui de Boulin.
    Mais voilà, Taxil, surpris lui-mêmme par le succès de son ouvrage (et les invitations dans les soirées de la haute, dans les revues) a voulu exploiter le filon, et se mit à inventer de plus en plus de délire. Plus c’est gros, et mieux ça passe, et ça rapporte !

  2. On peut lire ci dessus :
    “L’affaire Taxil pose des questions sur la crédulité, la manipulation de l’information, et la manière dont les convictions peuvent être exploitées pour des fins personnelles ou politiques.”
    l’Histoire serait-elle un éternel recommencement ? Cette phase semble bien correspondre en effet à notre monde actuel avec ses fake news et sa désinformation ! On a là un “cas d’école” .

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Alice Dubois
Alice Dubois
Alice Dubois pratique depuis plus de 20 ans l’art royal en mixité. Elle est très engagée dans des œuvres philanthropiques et éducatives, promouvant les valeurs de fraternité, de charité et de recherche de la vérité. Elle participe activement aux activités de sa loge et contribue au dialogue et à l’échange d’idées sur des sujets philosophiques, éthiques et spirituels. En tant que membre d’une fraternité qui transcende les frontières culturelles et nationales, elle œuvre pour le progrès de l’humanité tout en poursuivant son propre développement personnel et spirituel.

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