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Sous les ombres élégantes d’un décor en raphia, l’Institut français du Gabon a ouvert ses portes pour le vernissage de l’exposition photographique de Desirey Minkoh, intitulée “Esprit du Bwiti”. Cet événement a réuni un public passionné et curieux, désireux de plonger au cœur de la culture profonde du Gabon. Le photographe, issu d’une famille pratiquant le Bwiti, a partagé son expérience personnelle, déclarant : « Je viens d’une famille de Bwitiste, donc je sais ce que ce rite a apporté dans ma vie. »
Note de la rédaction : nous avions consacré un article spécial sur l’initiation au Bwiti le 3 juin 2022, vous pourrez retrouver cet article sur ce lien.
L’art du Bwiti, un mouvement spirituel et culturel riche du Gabon, est au centre de cette exposition. Le Bwiti est plus qu’un simple rituel ; c’est un système de croyances qui combine des éléments de spiritualité ancestrale avec des aspects modernes de la philosophie de vie. Les adeptes du Bwiti croient en la communication avec les ancêtres, la guérison spirituelle et l’auto-connaissance à travers l’usage du bois sacré de l’iboga, une plante psychotrope. Minkoh a capturé cette essence à travers une série de photographies en noir et blanc, où le flou de mouvement évoque l’intensité et la profondeur des cérémonies initiatiques. Sa technique artistique permet d’apercevoir l’âme du Bwiti, un voyage visuel vers le cœur de la spiritualité gabonaise où chaque image est une fenêtre sur un monde où le visible et l’invisible se côtoient.
L’exposition n’est pas seulement une célébration visuelle mais aussi une leçon de valorisation culturelle. Le Bwiti, souvent gardé secret pour les non-initiés, est ici dévoilé comme un moyen de restaurer et de protéger l’identité culturelle gabonaise. Thomas Jonglez, un écrivain européen ayant fait le choix de s’établir au Gabon, témoigne de l’impact du Bwiti sur son propre parcours : « Pour moi, le Bwiti est le meilleur moyen au monde pour savoir qui on est réellement. C’est ce qui m’a d’ailleurs amené à m’installer ici au Gabon. » Ce rituel, avec ses chants, danses et rites, vise à transcender l’individu, lui permettant de se connecter avec une conscience plus vaste et de se libérer des illusions de l’ego.
Desirey Minkoh, acclamé comme le meilleur photojournaliste mondial pour cette série, a voulu non seulement capturer mais aussi immortaliser l’essence du Bwiti. Ses photographies, en voyageant à travers l’Afrique, promettent de faire découvrir la singularité de ce rituel à un continent tout entier. “Esprit du Bwiti” devient ainsi un pont entre les cultures, une invitation à la compréhension et au respect des traditions spirituelles profondes du Gabon, offrant une vision unique et intime de ce que signifie véritablement se connaître soi-même dans cette tradition millénaire.
La série “Esprit du Bwiti” de Desirey Minkoh va au-delà de la simple documentation photographique ; elle est une immersion dans un monde où le sacré et le quotidien s’entremêlent. L’art du Bwiti, reconnu pour sa profondeur spirituelle et sa complexité rituelle, est illustré par Minkoh à travers des images où le contraste entre ombre et lumière, mouvement et stase, rappelle la dualité inhérente à la vie et à la mort, au tangible et à l’intangible. Chaque photo est une méditation sur l’existence, où les participants au rituel semblent se dissoudre dans la spiritualité, guidés par les chants hypnotiques et les percussions qui rythment les cérémonies.
Les photographies de Minkoh révèlent le Bwiti comme un art de vivre, une philosophie de la connaissance de soi à travers des épreuves initiatiques qui testent la force et la pureté de l’âme. L’usage de l’iboga dans ces rites est particulièrement mis en lumière, non comme une drogue, mais comme un outil de transformation personnelle, permettant un voyage intérieur où l’individu rencontre ses ancêtres et explore les mystères de son être. Les images captent ce moment où le monde matériel s’éclipse, laissant place à une réalité où chaque détail, chaque expression, est imprégné d’une signification spirituelle.
L’exposition a transformé l’Institut français du Gabon en un sanctuaire temporaire de la culture Bwiti, où chaque visiteur pouvait sentir l’invitation à un éveil personnel. Ce vernissage, au-delà de son aspect esthétique, a agi comme un catalyseur pour le dialogue interculturel, soulignant l’importance de la préservation et du partage des pratiques spirituelles. Minkoh, par son objectif, réussit à transmettre non seulement la beauté visuelle mais aussi l’essence philosophique et thérapeutique du Bwiti, offrant une fenêtre sur un monde où l’art, la spiritualité et la guérison se rencontrent.
En voyageant à travers l’Afrique, ces images ne sont pas que des artefacts culturels ; elles sont des ambassadeurs de la spiritualité gabonaise, des invitations à une compréhension plus profonde des diverses manières d’être humain. Le travail de Minkoh avec “Esprit du Bwiti” est une célébration de l’humanité, une reconnaissance de la richesse des cultures africaines et une contribution significative à la conversation mondiale sur l’art, la spiritualité et l’identité.