lun 20 janvier 2025 - 19:01

L’Homosexualité dans les Loges maçonniques : Une histoire de tolérance et de secret

Dans le monde mystérieux et hermétique de la franc-maçonnerie, l’homosexualité a souvent été un sujet caché derrière des portes closes, au moins pour ceux qui n’étaient pas initiés à ses mystères. On pourrait dire que si la franc-maçonnerie est une grande loge, l’homosexualité y a toujours eu une chambre secrète, non pas pour l’exclure, mais pour la protéger des regards indiscrets d’une société parfois moins tolérante.

Historiquement, les loges maçonniques ont été des espaces où l’égalité et la fraternité étaient prônées, mais pas toujours pleinement appliquées, surtout quand il s’agissait de l’orientation sexuelle. En France, des figures comme Jean-Jacques Régis de Cambacérès, connu pour ses contributions au Code Napoléon, ont été ouvertement homosexuelles sans que cela n’entache leur appartenance maçonnique. Cependant, l’acceptation n’était pas uniforme. Les loges masculines traditionnelles, avec leur interdiction des femmes, ont parfois aussi reflété des attitudes plus conservatrices envers l’homosexualité.

Les loges mixtes, comme “Le Droit Humain“, ont offert un terrain plus fertile pour l’acceptation. Fondées par des pionniers comme Maria Deraismes et Georges Martin, ces loges ont mis en avant l’égalité des sexes et, par extension, une tolérance accrue envers toutes les orientations sexuelles. Ici, l’homosexualité était moins un sujet de débat qu’une simple expression de l’amour et de la fraternité, les valeurs cardinales de la maçonnerie.

Olivia Chaumont

Pour les femmes, l’histoire a été encore plus complexe. La Grande Loge Féminine de France, créée en 1952, a apporté une nouvelle dimension à la question. Si les femmes maçonnes ont lutté pour leur place dans un monde dominé par les hommes, l’homosexualité parmi elles était souvent traitée avec encore plus de discrétion. Pourtant, des figures comme Olivia Chaumont, architecte et l’une des premières femmes transsexuelles à être initiée au Grand Orient de France, ont prouvé que la diversité était bel et bien présente.

Aujourd’hui, l’ère moderne semble apporter un vent de changement. Des Fraternelles maçonniques comme « Les Enfants de Cambacérès » au GODF se sont formées pour offrir un espace de discussion et de soutien aux maçons et maçonnes gais et lesbiennes. Ces loges mettent en avant non seulement la tolérance mais aussi l’engagement envers l’égalité des droits, y compris le mariage pour tous, une cause qui a divisé et unifié les francs-maçons à travers le monde.

Malgré tout, la franc-maçonnerie reste un reflet de la société, avec ses préjugés et ses progrès. Il y a encore des loges où l’homosexualité est traitée avec une certaine réserve, mais la tendance globale est à l’ouverture, à l’acceptation, et à l’inclusion. Après tout, dans un ordre où l’on cherche à améliorer l’humanité, comment pourrait-on exclure une part si importante de son propre cœur humain?

Dans les loges maçonniques, l’homosexualité n’est ni un sujet tabou ni un secret honteux, mais plutôt une part de la grande mosaïque de l’humanité, cherchant, comme tous, à comprendre l’univers et à améliorer le monde, un frère ou une sœur à la fois.

L’évolution de l’acceptation de l’homosexualité dans la franc-maçonnerie reflète un voyage fascinant de la discrétion à une forme d’émancipation. Si les loges ont historiquement été des lieux de refuge pour les idées et les individus marginalisés par la société, la réalité était souvent plus nuancée. Les membres homosexuels, hommes ou femmes, ont dû naviguer dans un labyrinthe de tolérance implicite et de silence stratégique.

Dans plusieurs pays, notamment dans le monde anglo-saxon, la franc-maçonnerie a parfois servi de couverture pour des réseaux d’hommes gays, offrant un espace où l’expression de l’amour pouvait se faire sous le couvert de la fraternité maçonnique. Les rituels, les symboles et le secret inhérent à la maçonnerie ont été des boucliers contre la persécution extérieure. Cependant, cela ne voulait pas dire que l’acceptation était universelle; dans certaines loges, la “prudence” était de mise, et les membres homosexuels pouvaient se retrouver à devoir cacher une partie de leur identité pour s’intégrer.

L’arrivée du XXIe siècle a marqué un tournant. La visibilité et l’acceptation croissantes de l’homosexualité dans la société ont commencé à se refléter dans les loges. Des maçons ouvertement gays et lesbiennes se sont fait connaître, non seulement pour leur orientation sexuelle mais pour leur contribution au travail maçonnique. Des loges spécifiquement consacrées à la défense des droits des personnes LGBTQ+ ont vu le jour, comme “Les Enfants de Cambacérès” en France, qui prend son nom de l’illustre juriste et franc-maçon homosexuel.

De plus, des personnalités maçonniques de premier plan ont commencé à militer pour l’égalité des droits, démontrant que la philosophie maçonnique de liberté, égalité et fraternité devait s’appliquer à tous sans distinction. Des débats ont émergé sur la place de l’homosexualité dans l’initiation, les rituels et la cohésion des loges, souvent menant à des discussions enrichissantes sur la tolérance et l’amour universel.

Pour les femmes maçonnes, cette évolution a été parallèle, bien que parfois plus discrète. Les loges féminines et mixtes ont progressivement ouvert des espaces de dialogue sur l’identité et l’orientation sexuelle, souvent avec une approche plus holistique de l’humain, reconnaissant que la diversité sexuelle enrichit la fraternité maçonnique.

Aujourd’hui, même si des poches de résistance persistent, la tendance générale est à l’ouverture. Les loges maçonniques modernes cherchent non seulement à être des lieux de réflexion et de croissance personnelle mais aussi des espaces où chaque membre, quel que soit son orientation sexuelle, peut trouver une place égale et respectée. La franc-maçonnerie, en tant que microcosme de la société, continue de se transformer, affirmant que la véritable fraternité ne connaît pas de barrières, ni de genre, ni d’orientation sexuelle.

Ainsi, l’homosexualité dans les loges maçonniques est devenue un symbole de cette quête éternelle de vérité, d’égalité et de fraternité universelle, un voyage qui, comme tous les voyages maçonniques, est aussi bien intérieur qu’extérieur, vers une compréhension plus profonde de l’humanité dans toute sa diversité.

1 COMMENTAIRE

  1. LES ENFANTS DE CAMBACERES ne sont qu’une FRATERNELLE et non pas une loge! En Inde existe une caste de HIJRAS que sont des transexuels mais aucune n’a été admise en maçonnerie, d’autant que dans ce pays existe une seule obédience entièrement masculine, avec l’exception d’une RL du GODF à Pondicherry et un espoir de création du DHI dans l’avenir!

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Alice Dubois
Alice Dubois
Alice Dubois pratique depuis plus de 20 ans l’art royal en mixité. Elle est très engagée dans des œuvres philanthropiques et éducatives, promouvant les valeurs de fraternité, de charité et de recherche de la vérité. Elle participe activement aux activités de sa loge et contribue au dialogue et à l’échange d’idées sur des sujets philosophiques, éthiques et spirituels. En tant que membre d’une fraternité qui transcende les frontières culturelles et nationales, elle œuvre pour le progrès de l’humanité tout en poursuivant son propre développement personnel et spirituel.

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