mer 13 novembre 2024 - 02:11

Les francs-maçons nord-américains contre le catholicisme dans la presse franquiste

De notre confrère espagnol nuevatribuna.es – Par Eduardo Montagut

Peu de temps avant la signature des Pactes fondamentaux de Madrid entre les États-Unis et l’Espagne (septembre 1953), parce qu’ils représentaient un véritable élan pour le régime franquiste, un article parut dans la presse espagnole dans  La Voz de Albacete  (numéro du 17), un journal de l’après-midi, envoyé depuis la capitale nord-américaine, Ubaldo de León, où l’on analysait les « deux visages de la franc-maçonnerie américaine » par rapport au catholicisme.

C’est un exemple de l’anti-maçonisme qui règne sous le régime franquiste. Ce qui est frappant, c’est que le moment ne semblait pas opportun pour publier un article qui dégageait un certain « anti-américanisme », mais, en fin de compte, c’était contre la franc-maçonnerie et c’était un sujet qui donnait toujours beaucoup de matière sous le régime franquiste. En tout cas, l’article paraît un peu déroutant, et plein de vieux clichés.

La franc-maçonnerie américaine se définissait comme déiste et beaucoup étaient même chrétiennes, « l’organisation secrète » proposait à cette époque des objectifs de persécution envers le catholicisme.

L’article voulait démontrer l’influence des francs-maçons nord-américains dans les organisations internationales, une idée que défendait le régime franquiste depuis la création de l’ONU. Si l’on prêtait attention à leurs magazines, on pourrait vérifier que la franc-maçonnerie nord-américaine aspirait à mener une politique anticatholique d’une manière similaire à celle que les communistes avaient développée en Europe à leur époque, c’est-à-dire qu’il semblait y avoir un accord d’objectifs entre la franc-maçonnerie de la première puissance occidentale et capitaliste de la planète et les communistes. Cette idée n’était certes pas nouvelle, même si le régime franquiste la portera presque jusqu’au paroxysme, malgré l’énorme difficulté d’unir ces deux mondes si opposés.

    L’article expliquait que la franc-maçonnerie américaine était une filiale de la franc-maçonnerie anglaise. Ce qui semble plus original encore, le correspondant explique que les « vieux maçons indigents » pouvaient vivre confortablement grâce au fait que leurs frères les aidaient, y compris leurs enfants. Nous ne savons pas s’il s’agissait d’éloges ou de critiques.

    La franc-maçonnerie américaine était très politique, c’est-à-dire qu’elle ne se contentait pas du travail humanitaire, mais était un moyen d’accéder à des postes élevés.

    Mais ce qui était important, c’était de démontrer que la franc-maçonnerie américaine était très politique, c’est-à-dire qu’elle ne se contentait pas d’un travail humanitaire, mais qu’elle était plutôt un moyen d’accéder à des postes élevés, ou qu’elle se consacrait à attirer ceux qui occupaient déjà ces postes. Il affirmait qu’il y avait des francs-maçons qui, en seulement deux mois, avaient atteint tous les degrés de leur « secte ».

      Bien que la franc-maçonnerie américaine se définisse comme déiste et que beaucoup soient même chrétiennes, « l’organisation secrète » fixait à cette époque des objectifs de persécution contre le catholicisme.

      Franklin D. Roosevelt

      Pour le démontrer, il a évoqué ce qu’avaient été les deux prédécesseurs d’Eisenhower, à savoir Roosevelt et Truman. Le premier s’était distingué en acceptant les distinctions des universités catholiques et n’avait pas peur, aussi maçonnique soit-il, d’entretenir des relations étroites avec le Pape, mais en même temps il ne voulait pas entrer en conflit avec les intérêts maçonniques ou protestants, qui étaient hostile au catholicisme. Et le problème, semble-t-il, a été résolu sans faire de faux pas, comme l’aurait également fait Truman. Mais les moyens précis qu’auraient utilisés ces deux présidents n’ont pas été expliqués. En tout cas, on sent qu’il s’agirait de prudence, de « duplicité », de diplomatie ou d’autres moyens moins orthodoxes.

      Pour le journaliste, le franc-maçon américain voyait le catholicisme comme un adversaire. D’abord parce qu’il y aurait une sorte de « coïncidence de domaines », comprise dans la dimension internationale à la fois de la franc-maçonnerie et du catholicisme. Mais aussi parce que, et toujours selon le chroniqueur, à cause d’une sorte d’envie de résistance, voire de répugnance. La franc-maçonnerie (« Empire maçonnique ») ne posséderait pas l’indépendance paisible et sereine de l’ Église catholique. Les francs-maçons nord-américains exigeaient beaucoup d’argent et accusaient en même temps calomniablement l’Église de favoriser la guerre entre les peuples par ambition.

        Mais, d’un autre côté, il rapportait que, selon une prétendue revue maçonnique, dans toute l’Europe, l’influence des francs-maçons était en recul. Mais la franc-maçonnerie nord-américaine ne voulait pas aider la franc-maçonnerie européenne à rétablir son influence politique passée.

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        Charles-Albert Delatour
        Charles-Albert Delatour
        Ancien consultant dans le domaine de la santé, Charles-Albert Delatour, reconnu pour sa bienveillance et son dévouement envers les autres, exerce aujourd’hui en tant que cadre de santé au sein d'un grand hôpital régional. Passionné par l'histoire des organisations secrètes, il est juriste de formation et titulaire d’un Master en droit de l'Université de Bordeaux. Il a été initié dans une grande obédience il y a plus de trente ans et maçonne aujourd'hui au Rite Français philosophique, dernier Rite Français né au Grand Orient de France.

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