ven 13 septembre 2024 - 10:09

Femmes et Franc-maçonnerie

Personne aujourd’hui ne songerait à remettre en cause la participation des femmes à la Franc-maçonnerie, que ce soit au sein d’obédiences strictement féminines ou mixtes.

Pourtant, comme chacun le sait, c’est il y a 307 ans, en 1717, que fût créée à Londres la première Grande Loge. Et ce n’est qu’il y a 142 ans, le 14 janvier 1882, soit plus d’un siècle et demi plus tard, qu’une première femme fût reçue dans un ordre maçonnique, à la Loge « Les Libres Penseurs » du Pecq, petite ville à l’ouest de Paris, selon le même rituel que celui pratiqué lors des initiations masculines.

Encore faut-il savoir que son initiation provoqua un émoi si considérable dans la Maçonnerie française que la loge « Les libres penseurs » fut suspendue de son obédience la Grande Loge Symbolique Écossaise, pourtant d’orientation libertaire, jusqu’à ce que la femme en question, Maria Deraismes, s’éloigne des travaux de la loge.

Mais l’opiniâtreté de cette femme n’était pas la moindre de ses qualités : onze ans plus tard, le 4 avril 1893, Maria Deraismes avec l’aide du Docteur Georges Martin, qui avait appuyé son admission en Franc-Maçonnerie, créa, à Paris la première Loge Mixte, origine de ce qui deviendra l’Ordre maçonnique mixte et international du Droit Humain.

Dès le début, cette loge revendiquait pour tous, hommes et femmes, les mêmes droits, la justice sociale, l’éducation, et l’égalité des hommes et des femmes et promouvait une méthode symbolique de travail à la portée de tous et de toutes. La vocation universelle de cet ordre était également affirmée d’emblée.

Le Grand Orient de France n’est devenu mixte qu’en 2010, lorsque le Conseil de l’Ordre jugea opportun d’enregistrer le changement d’état civil d’Olivia Chaumont. Celle-ci, qui avait régulièrement initiée en tant qu’homme en 1992, devint ainsi après son changement officiel d’identité, la première femme transsexuelle institutionnellement reconnue.

Mais à ce jour, la Grande Loge de France demeure strictement masculine, comme la Grande Loge Nationale Française. L’argument mis en avant par les tenants du conservatisme est que l’initiation de femmes est exclue par les règles fondatrices de la franc-maçonnerie spéculative.

Le temps ne semble pas encore venu pour ces obédiences de reconnaître aux femmes les mêmes droits et les mêmes qualités qu’aux hommes.

Il faut dire que l’ostracisme vient de loin, d’une époque, le 18ème siècle, où nos mères, nos femmes, nos filles, ne pouvaient être ministres, pilotes de chasse, ou chirurgiens, pour ne prendre que quelques exemples. En France, l’incapacité des femmes n’a été supprimée qu’en 1938, l’ordonnance leur accordant le droit de vote et d’éligibilité date de 1944. Les femmes ont pu voter pour la première fois en avril 1945. On pourrait multiplier ainsi les évolutions marquant la transformation du statut des femmes dans la société. Mais du 18ème siècle au milieu du 20ème siècle, les femmes étaient reléguées dans un statut d’infériorité et de sujétion. 

C’était le temps du KKK, le fameux Kinder, Küche, Kirche de nos voisins allemands, qui représentent les valeurs dévolues aux femmes par des traditions venues du fonds des temps, les enfants, la cuisine et l’église, qui visaient à décrire le rôle de la femme dans la société et la famille. Elles devaient, selon cette définition, assurer l’éducation des enfants, cuisiner pour la famille et vivre selon les préceptes et la morale religieuse.

Il faut lire les écrits de Róbert Péter, chercheur et enseignant universitaire hongrois et britannique, dont les travaux sur la Franc-maçonnerie font aujourd’hui autorité.

Il a longuement étudié les débuts de la Franc-maçonnerie spéculative, au 18ème siècle, en se fondant sur de nombreux documents, complétant notamment ce que les écrits d’Alain Bernheim avaient permis de connaître.

Ainsi, dans l’Europe des Lumières, l’exclusion des femmes à l’égard de réunions sociales égalitaires en apparence, comme la franc-maçonnerie, fit naître des débats privés et publics passionnés dès le début du 18ème siècle.

Le paradoxe est que certains esprits des Lumières des deux sexes recommandaient l’implication des femmes dans les activités maçonniques, ce qui atteint son apogée dans la création de loges d’Adoption et/ou de loges féminines en Angleterre, sous George V. Mais la discussion d’idées aussi hérétiques a été évitée dans les loges anglaises traditionnelles.

L’idée d’égalité des Lumières a été vécue dans les loges maçonniques d’Adoption qui commencèrent à apparaître notamment en France dans les années 1740. Ces « loges de dames » sous tutelle masculine sont « souchées » sur une loge masculine qui en garantit la régularité et la direction. Elles furent reconnues officiellement par le Grand Orient de France en 1774, alors que leur première apparition en Grande-Bretagne n’est datée que du début du 20ème siècle.

Comment expliquer cet ostracisme ?

C’est en 1723 que sont publiées à Londres les premières Constitutions de la franc-maçonnerie. Bien entendu, au 18ème siècle, la création de sociétés basées sur des constitutions était l’œuvre d’hommes. Ainsi, la troisième « charge » exigeait que « les membres d’une loge soient des hommes de bien et loyaux, nés libres, d’âge mûr et circonspect, ni serfs, ni femmes, ni hommes sans moralité ou de conduite scandaleuse, mais de bonne réputation. »

On sait que bien que la franc-maçonnerie en tant qu’institution date du début du 18ème siècle, les Frères fondateurs voyaient leur origine dans le passé médiéval.
Et tout naturellement, le premier livre des Constitutions de 1723 se base intentionnellement sur les règlements en vigueur chez les maçons opératifs.

Se basant sur la tradition de ces derniers, et considérant que les sociétés européennes étaient dominées par les hommes, il semblait naturel de fermer les loges aux femmes.

Il n’est pas étonnant que la masculinité et la prétendue supériorité mâle de cette « secte masculine » aient été ridiculisées par les « profanes », c’est-à-dire les non-initiés. Le premier écrit de cette sorte date de 1724 et est intitulé La Sororité des Couturières libres, pièce satirique sur la franc-maçonnerie et les femmes qui fut rapidement suivie par d’autres pamphlets antimaçonniques, qui renforcèrent les préjugés envers la confrérie.

Bien entendu, en réponse à ces moqueries et aux écrits antimaçonniques qui attaquaient les loges, entre autres pour refuser les femmes, les francs-maçons durent justifier leur organisation exclusivement masculine. Ce thème fut récurrent dans les écrits maçonniques à partir des années 1720, le principal argument étant le risque de voir les secrets indûment révélés.

Naturellement, ce discours de puissance et de privilèges accordés aux hommes et ce culte de la femme vouée aux tâches ménagères ne fit que renforcer les stéréotypes sociaux.

Un certain capitaine George Smith, Grand Maître provincial du Kent, fournit l’explication la plus élaborée à l’exclusion des femmes dans son ouvrage The Use and Abuse of Free-Masonry, paru en 1783. Smith tente d’éradiquer les opinions enracinées, spécialement du « beau sexe » à propos de la franc-maçonnerie.

Il espérait que, si les femmes comprenaient correctement leur exclusion des loges, elles cesseraient de censurer les francs-maçons « avec toute la sévérité dont leur esprit délicat est capable ».

Il affirme que la raison de l’exclusion des femmes, selon certains Maçons, est que les femmes avaient toujours été considérées comme incapables de garder un secret. »

À cet effet, il fait référence à l’histoire biblique bien connue de Samson et Dalila, où la bien-aimée Dalila trompe Samson.

Toutefois, il trouve injuste d’exclure les femmes de nos sociétés à cause de la conduite de Dalila, car dit-il « aux temps les plus reculés de l’Antiquité, l’esprit des femmes n’était pas aussi éveillé que maintenant ; elles n’étaient, au temps du roi Salomon, considérées que comme servantes, et pas comme compagnes et associées des hommes actifs dans des sociétés aussi érudites, aussi utiles, aussi mystérieuses que la Maçonnerie, car il y a beaucoup de Travaux dans l’Art Royal qui dépassent de beaucoup les connaissances que les femmes acquièrent en général. »

Et George Smith ajoute : « Au début de la Maçonnerie, on pensait approprié d’exclure le beau sexe et, comme les anciennes coutumes ne sont que trop rarement abandonnées, l’exclusion des femmes nous a été transmise. Et comme nous sommes strictement respectueux des anciennes manières et coutumes, transmises par nos ancêtres, ce seront, j’espère, des raisons suivantes pour expliquer pourquoi la plus aimable partie de la création a été exclue jusqu’ici ».

Nous sommes incapables de retrouver ce que les membres de la confrérie disaient vraiment des femmes après leurs Tenues, mais on peut affirmer que les Maçons anglais accordaient beaucoup d’importance à la façon dont ils s’adressaient au « beau sexe » dans leurs discours publics et dans leurs écrits.

Bien que les allusions aux femmes manquent dans la plupart des rituels, d’autres écrits maçonniques y font référence et on observe que la plupart de ces textes parlaient respectueusement des femmes.

Les femmes étaient invitées à une série de fêtes maçonniques, au cours desquelles on leur adressait des discours spéciaux, dans lesquels les dirigeants de la Maçonnerie glorifiaient les principes de base de la confrérie, mais essayaient aussi de détruire les préjugés des nombreuses femmes présentes, sans qui, disaient-ils, aucun homme ne pouvait devenir un bon Maçon.

Dans un discours de 1789, un Grand Maître provincial décrivait les femmes comme « la plus belle partie de la création, sans qui la vie d’un homme ne vaudrait pas d’être vécue. ».

C’est sans doute au nom de tels principes que pour la bienfaisance et l’amélioration de leur image publique, les Maçons créèrent la Royal Cumberland School en 1788 pour l’éducation des filles de Maçons et désignèrent aussi une patronnesse pour la nouvelle école, la duchesse de Cumberland.

Il n’empêche que plusieurs esprits des Lumières, femmes et hommes, n’étaient pas satisfaits de ce degré d’implication des femmes dans les activités maçonniques à partir des années 1760. Ils trouvaient la contradiction entre l’exclusion des femmes et l’idéal d’égalité de plus en plus inacceptable.

Une première loge féminine fut créée en 1783, suivant l’exemple de ce qui se faisait en France. Mais comme l’écrivit un journal londonien, « une loge de franc-maçonnes est établie à Paris, qui diffère des sociétés et de leur propre sexe dans un détail : elles n’autorisent l’admission d’aucun homme dans leur loge. »

En fait, il semble bien que se créèrent en Angleterre diverses loges d’adoption, dont certaines n’eurent qu’une existence éphémère.

En France, les femmes ne durent pas attendre trop longtemps pour être admises officiellement dans les loges maçonniques, car vers les années 1740, la discrimination homme/femme avait commencé à s’effondrer, au moins dans les grandes villes et dans certains milieux. Au contraire de l’implication accidentelle de femmes dans la Maçonnerie anglaise, les loges françaises d’Adoption commencèrent formellement à admettre les femmes.

Mais ces loges d’Adoption étaient loin d’être égalitaires dans leur politique de recrutement, car elles initiaient la plupart du temps des femmes de rang social élevé.

Faut-il le rappeler, dans la pratique maçonnique traditionnelle, si le non-Maçon réussit à passer la porte du Temple, gardée par le Couvreur muni d’une épée pour s’assurer que seuls des membres puissent entrer, le sexe de tous les nouveaux membres est révélé symboliquement et physiquement en dénudant le sein gauche pendant la cérémonie d’initiation au premier degré.

Ainsi, le discours et la pratique de la franc-maçonnerie anglaise du 18ème siècle avaient tendance à exprimer clairement les valeurs de la culture dominante au siècle des Lumières.

Elles ne faisaient que renforcer les stéréotypes sociaux : la puissance masculine et le culte de la femme au foyer.

Les rituels maçonniques anglais traditionnels vantaient les mérites du système masculin d’ordre et de rationalité.

Il était donc évident que des Maçons spéculatifs modernes excluaient les femmes de leur confrérie.

Leur justification était basée sur les idées toute faites de l’époque, telle que l’incapacité des femmes à garder un secret. Tout cela ne faisait que renforcer les hiérarchies existantes.

Pourtant, si on considère l’évolution historique de l’idéologie maçonnique, il est clair que le discours maçonnique était rarement délibérément dirigé contre les femmes.

Les Maçons ont éprouvé de plus en plus de difficultés à défendre l’exclusion des femmes depuis la fondation de la confrérie.

Comme la plupart des clubs et des sociétés apparus au siècle des Lumières, les loges maçonniques traditionnelles ont cependant continué à confirmer la discrimination homme/femme dans la société anglaise du dix-huitième siècle.

Toutefois, sur le Continent, les réformateurs des Lumières réussirent à faire tomber ces barrières existant en Maçonnerie, dès les années 1740.

Nos premières Sœurs conformaient leur vie aux idées de liberté et d’égalité dans des loges mixtes ou surtout dans des loges exclusivement féminines, ce qu’on peut considérer comme les premiers pas du mouvement féministe, même si ces loges n’étaient pas exemptes de discrimination sociale.

En termes de discrimination homme/femme, la philosophie de la Maçonnerie anglaise, et plus globalement anglo-saxonne, n’a pas subi de changement significatif depuis sa naissance, ce qui souligne que des questions de sexe divisent encore très fort le monde maçonnique dont l’idéal serait d’être universel et égalitaire.

Nous n’oserions pas aujourd’hui refuser l’admission en loge d’un non-voyant, d’un porteur d’une prothèse de membre inférieur ou d’un quelconque autre handicap qui interdisait d’être reçu Maçon au 18ème siècle.

Il en sera sans aucun doute des obédiences maçonniques comme des lycées et des bâtiments de la Flote, du Parlement ou des postes universitaires. La Franc-maçonnerie saura-t-elle être inspiratrice de novation, ou deviendra-t-elle un conservatoire de la tradition ?

Dès lors, le conservatisme ou en tous cas le traditionalisme des obédiences continentales est sans aucun doute questionnable. La visite, ne serait-ce qu’une ou deux fois par an, de Sœurs dûment reconnues comme telles, serait peut-être une première étape sur le chemin qui nous tient encore éloignés de l’équité et de la fraternité dont tous pourtant se réclament.

8 Commentaires

  1. MTCFJean-Jacques, si l’exclusion des femmes de la majeure artie des loges maçonniques dans le monde est encore une réalité, l’exclusion de la féminité persiste y compris dans les loges qui acceptent les femmes (mis à part les travaux dans les loges bleues à la GLFf).
    Le refus d’accorder la liberté aux loges de féminiser le nom des fonctions est une aberration incompréhensible pour celles et ceux qui souhaiteraient voir reconnaître la place de la femme dans la loge maçonnique !
    Un autre élément de la domination machiste persistante aujourd’hui encore est le refus de coupler la présence des femmes en loges et le respect de la parité !
    Maria Deraisme faisait partie du courant féministe soumis à la masculinité !
    Aujourd’hui, le féminisme c’est d’abord le respect de la féminité dans toutes ses déclinaisons : malheureusement on en est encore lon et c’est vraiment dommage !
    Globalement la faible représentation féminine dans les quelques obédiences acceptant l’initiation des femmes témoigne d’une méfiance des femmes à notre égard !
    Pour des esprits d’émancipation des consciences c’est une grande souffrance de voir la permanence d’un certaindegré d’obscurabtisme !
    Fraternité et Sororité !

    • Je lis ce matin que la Grande Loge Unie d’Angleterre, et les obédiences féminines anglaises ont décidé de créer un conseil commun. Peut-être ce premier pas vers la reconnaissance de la pleine qualité maçonnique de nos sœurs par nos frères britanniques donnera-t-il des idées à certains ? Il ne suffit pas que les grands maîtres se rencontrent, il faut savoir aller « un pas plus loin » et vivre avec son temps.

  2. il va de soi que nous Français pouvons nous réjouir de l’existence de loge masculines, féminines et mixtes, Mon propos de vise naturellement pas à uniformiser cela. Mais il concerne l’impossibilité pour certaines loges masculines de recevoir, ne serait-ce qu’une ou deux fois par an, les Sœurs d’une obédience féminine ou mixte alors que celles-ci les reçoivent. Faire perdurer des règles qui n’avaient de sens qu’aux siècles précédents exclut la Franc-Maçonnerie de ce qui me semble avoir été son but: être un lieu de pensée ouverte et prospective, faire de la différence un atout plutôt qu’un obstacle…

  3. L idee surtout est d obtenir les intervisites .. qu il y ait des loges d hommes de femmes et/ou mixtes c est le bonheur de la diversité !!
    Mais il faut que nous puissions visiter les obédiences strictement féminines et que le femmes soient les bienvenues en visite de loges strictement masculine !! ( les hommes visitent bien les obédiences mixtes)
    En même temps si on pouvait arrêter les conneries et faciliter les visites interobediences ( à moins qu il y ait des peurs non avouées)

  4. Dans une optique de mixité généralisée des obédiences, que deviendrait la Grande Loge Féminine de France ?
    Pourquoi la question de la mixité des obédiences se focalise sur le sexe biologique et pas sur la mixité sociale?
    Les tenants d’une mixité à tous crins, envisagent-ils aussi de réclamer des équipes de rugby mixtes?

    • Bonjour ma TCS Solange,

      Pardonne-moi ma franchise : je pense que tu poses très mal la question, par ailleurs très bien posée et évoquée par les commentaires ci-dessus de Jean-Jacques Zambrowski et de “Trencart”, et je n’ose pas penser que ton commentaire avait une intention manipulatrice.
      Je m’explique : dans une équipe de rugby, il s’agit d’opposer (à l’équipe adverse) essentiellement une puissance musculaire et physique, puissance liée à des concentrations sanguines de testostérone, et pas seulement à l’entrainement physique.
      Dans la Maçonnerie et dans la vie en général, il est s’agit de côtoyer et partager des valeurs, des idées, etc…, entre êtres humains, quels que soient leur genre, voire leur sexe, leur culture, etc…
      Il parait donc totalement évident que les tenues maçonniques doivent être ouvertes aux visiteurs/visiteuses maçons/maçonnes, sans autre vérification que leur identité maçonnique.
      Même s’il est compréhensible que certaines loges préfèrent ne recruter que des femmes, et d’autres loges que des hommes, qu’en est-il par ailleurs du respect des lois de la République par les Obédiences et les loges, lois qui autorisent le changement de genre pour tout être humain, quel que soit son sexe inscrit sur son acte de naissance???
      Je précise enfin, que, même si les généticiens ont du mal à établir des chiffres précis, 100% des êtres humains qui naissent ne sont pas répartis exclusivement en (chromosomes sexuels) XX pour les femmes et XY pour les hommes : de fait, certains scientifiques estiment à au moins 10% les “aberrations chromosomiques”, c’est-à-dire que au moins 10% des humains ne sont ni vraiment un homme, ni vraiment une femme, génétiquement parlant, quel que soit leur phénotype (leur apparence extérieure)…Alors, je le demande aux Francs-Maçon(ne)s adeptes des loges unisexes et adeptes de l’interdiction des inter-visites, qu’en est-il des valeurs maçonniques de Fraternité, de Tolérance, d’Amour de son prochain, et prônent-ils/elles un test ADN lors des enquêtes précédant le recrutement en Maçonnerie?
      Et il est certain qu’un pourcentage non négligeable de membres d’Obédiences n’acceptant d’initier « que des hommes » …ne sont pas des hommes ! (Et inversement chez la/les Obédience(s) strictement féminine(s)).
      Cette question me parait fondamentale en Maçonnerie, fondamentale en terme d’éthique (mot et concept souvent évoqué pour être mis à toutes les sauces), tout particulièrement dans notre époque où les exemples d’intolérance se multiplient.
      Et je précise que je suis médecin.
      Et je précise que je suis dans ma quarante-troisième année de Maçonnerie.
      Fraternelles salutations,
      Jérôme Lefrançois

      • Mon TCF Jérôme,
        Il va de soi que je partage l’essentiel de tes commentaires. Mais le fond du problème est, peut-être en conviendras tu ainsi que notre TCS Solange, quelque peu plus fondamental encore. A ses débuts et pendant près de deux siècles, la franc-maçonnerie a été un creuset d’innovations pour les rapports des uns avec les autres (catholiques vs. protestants, nobles vs. roturiers, Blancs vs. Asiatiques, Africains, etc…) Je suis de ceux qui pensent que la différence doit et doit être source d’enrichissement. Aujourd’hui, alors que le 21ème siècle achève son premier quart, les femmes n’ont à l’évidence pas la même place, les mêmes droits, que juqu’au milieu du 20ème siècle. Les exclure d’une manière absolue du chantier maçonnique sous prétexte que cela n’était pas possible dans les textes fondateurs n’est guère convaincant, même (voire surtout) lorsqu’on ajoute qu’il y a des obédiences féminines ou mixtes. La FM ne gardera sa place et son rôle que si elle se pose la question de son rôle d’éclaireur de la société de son temps, plutôt que de celle d’il y a 3, 2 ou même seulement 1 siècle. Demander l’avis des Loges et des Frères, ou des Soeurs dans les obédiences strictement féminines, serait sans doute le moyen de connaître effectivement leur point de vue sur le sujet.

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Jean-Jacques Zambrowski
Jean-Jacques Zambrowski
Jean-Jacques Zambrowski, initié en 1984, a occupé divers plateaux, au GODF puis à la GLDF, dont il a été député puis Grand Chancelier, et Grand- Maître honoris causa. Membre de la Juridiction du Suprême Conseil de France, admis au 33ème degré en 2014, il a présidé divers ateliers, jusqu’au 31°, avant d’adhérer à la GLCS. Il est l’auteur d’ouvrages et de nombreux articles sur le symbolisme, l’histoire, la spiritualité et la philosophie maçonniques. Médecin, spécialiste hospitalier en médecine interne, enseignant à l’Université Paris-Saclay après avoir complété ses formations en sciences politiques, en économie et en informatique, il est conseiller d’instances publiques et privées du secteur de la santé, tant françaises qu’européennes et internationales.

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