Cette carte postale ancienne (CPA) est une caricature antimaçonnique intitulée « Entrepreneurs de démolition » par A. Lemot, une œuvre de propagande visant probablement à critiquer la franc-maçonnerie en France.
La caricature montre deux hommes démolissant une structure faite de briques représentant les valeurs et vertus essentielles de la République française.
Vous notez deux hommes travaillant avec des outils (une pioche et un pied-de-biche) pour démolir un mur de briques.
Si compas, équerre, maillet, ciseau et truelle sont des outils utilisés pour symboliser diverses vertus et principes moraux, force est de constater que pioche – utilisée ici pour creuser et briser des structures solides, symbolisant l’acte de démolition méthodique et de sape des fondations – et pied-de-biche – outil de levier utilisé pour séparer les matériaux ou défaire des structures, représentant la force et la violence nécessaires pour démanteler ce qui est solidement établi – ne sont pas des outils maçonniques traditionnels !
Dans le contexte de cette caricature, ces outils ne représentent donc pas des instruments de la franc-maçonnerie, mais sont utilisés pour symboliser la destruction active et intentionnelle des valeurs et vertus fondamentales de la société française.
Les briques représentent des valeurs sociétales et morales clés. Nous apercevons aussi, en arrière-plan, la Tour Eiffel, indiquant que le cadre est la France et une femme, symbolisant la France, est piégée dans le mur qui s’effondre, l’air inquiète.
Les personnages de la CPA
Les artisans et travailleurs de démolition sont représentés comme vieux et négligés, portant des vêtements d’ouvriers. L’homme à gauche utilise une pioche, et l’homme à droite un pied-de-biche.
Celui de gauche porte un baudrier avec, pendant comme bijou, symbole triangulaire que nous pouvons peut-être interpréter comme un niveau.
Quelles valeurs accordées aux briques
Le mur qu’ils démolissent est composé de briques étiquetées avec des valeurs telles que : Fortune/Patrie/Foi/Fraternité/Famille/Honneur/Crédit/Discipline/Confiance/Travail.
Des valeurs fondamentales pour l’intégrité et la force de la République française.
Une explication symbolique ?
L’acte de démolition par ces travailleurs symbolise la destruction des valeurs et vertus fondamentales qui maintiennent la société.
La femme, drapée de nos couleurs tricolores et portant une couronne France, à l’intérieur du mur, étiquetée France, semble impuissante et inquiète, représentant la nation en danger.
En associant les travailleurs de démolition à des symboles maçonniques, la caricature suggère que la franc-maçonnerie est responsable de l’érosion de ces valeurs sociétales.
Comment interpréter la légende
La caricature « Entrepreneurs de démolition » par A. Lemot, est légendée « Imprévoyance ».
Les travailleurs de démolition… – « Du nerf, vieux camarade ! … à nous deux, nous arriverons bien à la démolir, pierre par pierre, cette vieille baraque ! »
Le terme « Du nerf » encourage son camarade à être énergique et déterminé. Ils sont engagés dans une tâche méthodique de démolition des valeurs de la société française, pierre par pierre, comparant les valeurs fondamentales à une “vieille baraque” qui doit être détruite.
« La France : – Oui, si je continue à laisser faire ! »
La France, représentée par une femme, exprime une inquiétude passive. Cette figure féminine symbolise la nation qui souffre de cette destruction. Elle reconnaît que cette destruction ne se poursuivra que si elle reste inerte et ne prend pas de mesures pour l’arrêter.
Et le terme « Imprévoyance » d’indiquer un manque de prévoyance ou de préparation. Cela signifie que la situation actuelle, où des valeurs fondamentales sont détruites, est le résultat de la négligence et de l’inaction.
La démolition des briques symbolise l’érosion de la structure morale et sociale de la société française.
L’interprétation de la légende dans cette caricature montre une critique de la franc-maçonnerie, vue comme une force cachée qui sape les valeurs essentielles de la société française. Le terme « Imprévoyance » accentue le message que cette destruction des valeurs est le résultat de la négligence et de l’inaction des autorités ou du peuple. La caricature reflète les tensions politiques et sociales de l’époque, où la franc-maçonnerie était perçue comme une menace aux valeurs traditionnelles et à l’unité nationale. L’image et la légende appellent à une prise de conscience et à l’action pour empêcher la poursuite de cette érosion des fondements sociétaux.
L’interprétation générale
La caricature sert de critique à la franc-maçonnerie, la représentant comme une force clandestine travaillant à saper les valeurs fondamentales de la société française.
De telles images étaient souvent utilisées en période de tensions politiques et sociales, où la franc-maçonnerie était perçue comme une menace pour les valeurs traditionnelles et l’unité nationale.
L’image et la légende appellent à la vigilance et à l’action pour empêcher la menace perçue de causer davantage de dommages à la nation.
Nous, francs-maçons, nous savons bien que c’est au pied du mur que l’on voit le maçon. Signifiant ainsi que c’est dans les moments difficiles ou face à des défis qu’on peut vraiment juger des compétences et de la valeur de quelqu’un. Cette expression est utilisée pour dire qu’on ne peut juger de la qualité d’un travail ou d’une personne qu’une fois confronté à la réalité et aux difficultés du travail à accomplir.
Dans la caricature « Entrepreneurs de démolition » par A. Lemot, les personnages ne sont pas au pied du mur, mais plutôt au-dessus de celui-ci, en train de le démolir. Cela inverse et pervertit l’expression traditionnelle et la symbolique qui lui est associée. Le symbolisme inversé :
Au-dessus du mur : Les travailleurs, au lieu de construire ou de réparer, sont en train de détruire. Cela inverse l’idée positive de construction associée à l’expression originale.
Destruction des valeurs : En étant au-dessus et en démolissant le mur, ils ne montrent pas des compétences constructives mais destructives, suggérant un sabotage actif des valeurs fondamentales de la société.
- Des outils – pioche et pied-de-biche – sont utilisés pour la démolition et non pour la construction, renforçant l’idée de destruction systématique et intentionnelle des valeurs (les briques) qui composent la société française.
- La caricature utilise la figure du maçon non pas pour souligner des compétences constructives mais pour critiquer la franc-maçonnerie, en la présentant comme destructrice des valeurs fondamentales (Fortune, Patrie, Foi, Fraternité, Famille, Honneur, Crédit, Discipline, Confiance, Travail).
Qui était A. Lemot, auteur de cette CPA ?
Né le 31 décembre 1846 à Reims, A. Lemot, en vérité Achille Lemot, grandit sans connaître son père, Simon Valentin, décédé avant sa naissance. Adoptant le nom de son beau-père Hubert Marie Lemot, il se distingue par ses talents en dessin au lycée de Reims. Aspirant architecte, il abandonne cette voie après l’effondrement d’une chapelle qu’il avait conçue et part à Paris pour vivre de ses dessins.À Paris, A. Lemot commence dans des journaux humoristiques comme Le Monde pour rire. Pendant la guerre de 1870, il crée Le Moblot pour les soldats blessés et est gravement blessé, mais sauve son bras grâce aux soins d’une femme. Après la guerre, il continue sa carrière dans des journaux comme Le Froufrou et La Scie.Vivant avec Augustine Attagnant, il travaille pour Aquarelle Mode mais se retrouve endetté, ce qui le pousse à fabriquer de faux billets. Condamné à dix ans de réclusion, il est libéré avant la fin de sa peine. Cette mésaventure inspire Alphonse Daudet pour son roman Sapho. Achille Lemot utilise plusieurs pseudonymes, comme “Crac”, “Lilio”, et “Uzès”, pour collaborer avec des journaux tels que Le Triboulet et Le Courrier Français. Il était un dessinateur et caricaturiste français réputé pour ses œuvres satiriques et politiques et connu pour ses caricatures mordantes et son style distinctif. En 1884, il rejoint Le Pèlerin, journal catholique, fondé en 1873 par la congrégation des Augustins de l’Assomption. Historiquement, il a eu une ligne éditoriale conservatrice et souvent antimaçonnique, reflétant les vues de l’Église catholique de l’époque, qui voyait la franc-maçonnerie comme une menace pour ses valeurs et son influence.Achille Lemot décède le 10 septembre 1909 à Asnières à l’âge de 63 ans.
Les cartes postales anciennes plaisent beaucoup à nos fidèles lecteurs. Si vous disposez de plusieurs d’entre elles et que vous souhaitez en avoir une explication symbolique, n’hésitez pas à nous les adresser sous forme PDF. Elles seront publiées dans notre rubrique d’été.
J’ai une autre interprétation : ces hommes portent une chemise rouge et s’appellent “camarade”. Celui de gauche a l’air d’un “vieux c.n” qui casse effectivement le mur sur lequel il se tient. Ses décors sont bizarres et il n’a pas de tablier maçonnique. Celui de droite porte le type de casquette que portaient tous les ouvriers (ou les Apaches) à l’époque. Au loin la tour Eiffel est, elle, typiquement maçonnique. Enfin je note que les fameuses “valeurs de la République” incluent – dans le désordre- : Travail, Famille, Patrie …
Comment interpréter que le personnage de gauche est en qq sorte en train de scier la branche sur laquelle il est assis ?
essayons d’aller plus loin, cher Yonnel. on peut toujours aller plus loin (si on est un bon frérot) :
ces deux hommes sont SUR un mur, et l’un d’eux a un niveau (tu le remarque toi-même) accroché à son baudrier. Ça me rappelle un certain Amos. Ne faut-il pas passer le niveau sur la république pour la reconstruire mieux ??
Affublé d’un bonnet certes mais c’est plus encore le nez crochu qui fait du personnage de droite le juif, complice traditionnel du franc-maçon
Le personnage de droite symbolise à l’évidence le juif toujours associé dans l’anti judéo-maçonnisme de cette carte postale. Sa casquette a une ressemblance avec le bonnet dont on affaiblit les juifs dans les enluminures et les sculptures dès le Moyen Âge.