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Jacques de Molay, né entre 1244 et 1249 en Franche-Comté, fut le 23e et dernier maître de l’ordre du Temple. Après avoir combattu en Terre sainte, il est élu à la tête de l’ordre en 1292. Arrêté à Paris sur ordre de Philippe le Bel, qui accuse les Templiers d’hérésie et de pratiques obscènes, il est exécuté sur un bûcher en mars 1314.
Sa fin dramatique a inspiré légendes et fictions, en particulier autour de la malédiction qu’il aurait lancée contre Philippe le Bel et le pape Clément V, comme Les Rois maudits, de Maurice Druon, qui prend pour point de départ son exécution.
« L’énigme biographique survit inévitablement à l’écriture biographique. Ce constat est encore plus vrai lorsque la mort d’un personnage l’emporte sur sa vie, au point d’en conditionner le récit. C’est le cas de Jacques de Molay. Il me faut revenir à cette vie. Il me faut changer de méthode. Et faire parler les vivants et les morts », explique l’historien Philippe Josserand, qui a été invité par l’association Pornic Histoire, à venir donner une conférence sur ce personnage qu’il connaît si bien.
Mercredi 12 juin, à 19 h, à la salle de la Birochère. à Pornic
Ouvert à tous, entrée libre.
[NDLR : Philippe Josserand, ancien élève de l’École Normale Supérieure et agrégé d’histoire, a été membre de la Casa de Velázquez, une institution française à Madrid dédiée à la recherche en sciences humaines et sociales. Il est actuellement maître de conférences habilité en histoire médiévale à Nantes Université. Spécialiste renommé des croisades, des ordres religieux-militaires et de la Méditerranée, il a co-coordonné avec Nicole Bériou l’ouvrage Prier et combattre. Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Âge (Fayard, 2009). Parmi ses publications récentes figurent Jacques de Molay-Le dernier grand-maître des Templiers (Les Belles Lettres, 2019), qui a reçu le Prix d’histoire Daniel Ligou, et L’Histoire, l’ordre et le chaos. Une anthropologie de soi (Dépaysage, 2021).
Les sept vies de Jacques de Molay (Les Belles Lettres, 2023)
Présentation de son éditeur
« Je suis historien. J’ai publié une biographie de Jacques de Molay en 2019. Elle fait à présent partie des travaux d’autorité sur les Templiers et leur dernier grand-maître. Et, pourtant, elle ne me suffit pas. Savons-nous toujours ce que sont les vies que nous, historiens, racontons ? L’énigme biographique survit inévitablement à l’écriture biographique.Ce constat est encore plus vrai lorsque la mort d’un personnage l’emporte sur sa vie, au point d’en conditionner le récit. C’est le cas de Jacques de Molay. Il me faut revenir à cette vie. Il me faut changer de méthode. Et faire parler les vivants et les morts. » Philippe Josserand
Sous la plume de Philippe Josserand, sept proches de Jacques de Molay, contemporains du dignitaire ou de nous, racontent, chacun leur tour, à travers lettres, dialogue et monologues, « leur » Molay. De ces témoignages d’une vie en polyphonie ressort une inédite orchestration biographique qui conserve à l’histoire, par la littérature, la recherche de la vérité comme fin première.
Présentation de Jacques de Molay-Le dernier grand-maître des Templiers
(Les Belles Lettres, 2019)
Jacques de Molay fascine. Parmi les vingt-trois grands-maîtres qui se sont succédé à la tête de l’ordre du Temple entre 1120 et 1312, il est sans doute le seul dont le public conserve la mémoire. Les Rois maudits de Maurice Druon l’ont immortalisé et de récents supports, du Da Vinci Code à Assassin’s Creed, ont répandu son nom dans le monde entier. Pourtant, s’il est ancré dans le mythe, Jacques de Molay n’a guère captivé les historiens. Il est un « inconnu célèbre », d’ordinaire déprécié, sur lequel bien des incertitudes persistent jusque pour ses dates essentielles – sa naissance, son élection ou même sa mort. Les traces de son action, toutefois, sont loin d’être indigentes. Ce sont ces sources, étudiées de façon systématique et confrontées aux différentes mémoires existantes, qui offrent de jeter un nouvel éclairage sur le grand-maître : débarrassé des stéréotypes, Jacques de Molay peut enfin sortir de l’ombre.
Trois parties structurent le livre. La première traite des images du dignitaire, révélant comment, à partir du début du XIXe siècle, un archétype du héros tragique s’est mis en place. La seconde, par-delà le personnage, s’attache à l’homme et elle analyse son parcours pour établir la manière dont il s’est élevé jusqu’au sommet du Temple au sort duquel, de la Terre sainte aux geôles de Philippe le Bel, il s’est identifié. Les engagements de Jacques de Molay, enfin, sont au cœur de la troisième partie. Le soutien à l’Orient latin et la défense de son ordre, qu’il s’est efforcé d’adapter au mieux à une conjoncture lourde de périls, ont été les priorités d’un homme ferme et entreprenant, bien loin de l’incapable que trop d’auteurs décrivent. Ainsi, jusque dans la tourmente du procès du Temple, il a cherché à parer au risque, à sauvegarder son institution et, une fois résolue puis arrêtée la perte de celle-ci, à en préserver la mémoire face aux juges et à la mort : il le fit, le 11 mars 1314, en rétractant des aveux arrachés six ans et demi plus tôt par la torture, prêt à affronter le bûcher et à réaliser ce sacrifice ultime de sa vie dont la postérité l’a vengé en y trouvant, au fil des siècles, l’assurance croissante du martyre.
Écouter sur Les Belles Lettres la présentation de l’ouvrage.