lun 02 décembre 2024 - 17:12

Lieu symbolique : Mystères et merveilles de Carnoët, entre forêt enchantée et légende de Barbe-Bleue

La forêt domaniale de Carnoët, également connue sous le nom de forêt de Toulfoën, est une grande étendue de nature située en Bretagne, près de Quimperlé dans le Finistère. Cette forêt est célèbre pour sa richesse historique et écologique. Elle couvre une surface importante et est principalement composée de feuillus, avec des espèces comme les chênes et les hêtres, mais aussi de zones de conifères.

Historiquement, la forêt de Carnoët a des racines profondes dans l’histoire locale. Elle aurait été fréquentée et utilisée depuis l’époque médiévale, servant de lieu de chasse, mais aussi de refuge et de source de bois pour la population locale. Au fil des siècles, elle a vu de nombreuses transformations, notamment son aménagement pour la gestion durable du bois et la préservation de la biodiversité.

La forêt est aussi un lieu prisé pour le tourisme vert, offrant de nombreux sentiers de randonnée, des parcours pour le VTT, et des sites d’intérêt comme des ruines historiques et des points de vue naturels. Elle joue un rôle crucial dans la préservation de l’environnement local et la promotion de la biodiversité grâce à sa gestion par l’Office National des Forêts.

C’est un exemple typique de l’interaction entre histoire, culture et environnement naturel dans les paysages français, un lieu où le patrimoine naturel et historique se rencontre et se conserve pour les générations futures.

Le château de Carnoët, en plus de son rôle de résidence ducale, a servi de siège à une châtellenie importante et de lieu de réunion temporaire pour la chambre des comptes du duché. À cette époque, un parc clôturé destiné à la chasse, à l’élevage et à l’exploitation forestière fut également créé.

Des vestiges architecturaux, notamment des substructions et des élévations maçonnées envahies par la végétation, témoignent encore de la grandeur passée de la résidence. Un aspect remarquable de ce site est la présence de colonnes d’une grande salle (« aula »), typique de la seconde moitié du XIIIe siècle, qui indique l’importance et la sophistication de la structure. Deux de ces colonnes ont été déplacées au XIXe siècle, l’une dans un jardin voisin et l’autre dans la forêt.

Au fil des siècles, notamment après la guerre de succession de Bretagne à la fin du XIVe siècle, le château fut progressivement démantelé, tomba en ruine et fut utilisé comme carrière. Des descriptions du XIXe siècle et des fouilles entreprises entre 1873 et 1894 ainsi qu’entre 2000 et 2003 ont permis de mettre à jour des fragments de carreaux en terre cuite vernissée, ajoutant à la connaissance archéologique du site.

Aujourd’hui, bien que les vestiges soient largement dégradés, ils sont toujours partiellement identifiables, offrant un aperçu fascinant de l’histoire médiévale bretonne. Ces ruines, intégrées dans le paysage de la forêt domaniale de Carnoët, continuent de captiver historiens, archéologues et visiteurs.

Le château de Carnoët, également connu sous le nom de château de Barbe-Bleue, est imprégné de mystères et de légendes. Voici quelques récits fascinants associés à ce lieu Comorre, le Barbe-bleue breton

Comorre était un redoutable seigneur dont le château pourrait se situer dans la forêt de Carnoët . On raconte qu’il avait déjà assassiné six de ses propres épouses de ses mains avant de demander en mariage la douce Triphine, fille du comte de Vannes. Le nom Barbe-Bleue évoque la cruauté et le mystère, et Comorre incarne cette figure légendaire.

Les fantômes du château de Carnoët

Dans les landes et les bois, lorsque les lambeaux de nuages étranglent la lune livide, les secrets s’extirpent en gémissant de la tourbe des sépultures. Le pays de Quimperlé regorge d’histoires plus ou moins horrifiques, et le château de Carnoët ne fait pas exception.

Les vieilles pierres maudites du château cachent des récits de fiancés trahis revenant certaines nuits, de charrettes aux roues grinçantes emportant les âmes des défunts, et de diableries qui roulent inévitablement le fourchu dans la farine.

Mais, concernant le château de Carnoët en particulier, il n’existe pas de preuves directes le reliant à la légende de Barbe Bleue. Il est possible que des rumeurs locales ou des légendes aient pu associer le château à cette histoire en raison de son ancienneté, de ses ruines mystérieuses et de son ambiance qui peut inspirer des récits de ce genre. La région de Bretagne, riche en folklore et en histoires légendaires, est particulièrement propice à ce genre d’associations.

La chaire de l’Évêque en forêt de Toulfoën, une roche située sur un éperon dominant la rive de la Laïta d’où prélats bénissaient les bateaux.

La Laïta, « rivière de mer », figure parmi les sites côtiers emblématiques du département. Fruit de la rencontre de l’Ellé et de l’Isole à Quimperlé, la Laïta s’étire et serpente ainsi sur 17 kilomètres et vous mènera de Guidel-plages jusqu’au Pouldu, à proximité de ses plages et ses criques.

La chaire de l’Évêque combine des éléments de nature, d’histoire et de spiritualité, rendant le site particulièrement attractif pour les randonneurs, les amateurs d’histoire et ceux intéressés par le patrimoine religieux. Le rocher lui-même et son emplacement offrent non seulement une vue panoramique sur la Laïta, mais servent aussi de témoignage des pratiques religieuses historiques et de l’interaction entre l’église et la communauté maritime locale.

La bénédiction des bateaux par les évêques à cet endroit est interprétée comme un rituel de protection et de bonne fortune pour les marins partant en mer ou naviguant le long de la rivière, un geste significatif compte tenu de l’importance de la navigation et de la pêche dans l’économie locale de l’époque.

Le tumulus de Lothéa

Ce type de tombe, caractéristique de certaines cultures préhistoriques européennes, est un monticule de terre et de pierres sous lequel sont enterrés les défunts. Le tumulus de Lothéa est particulièrement notable non seulement pour son âge et sa structure, mais aussi pour les objets qu’il contenait. Le mobilier funéraire trouvé à l’intérieur suggère que la tombe appartenait à une personne de haut rang ou à une figure importante de la société de l’époque. Les objets métalliques, tels que des armes et des éléments de parure, témoignent de la maîtrise technologique et de l’importance sociale du défunt.

La présence d’armes peut indiquer le statut guerrier du défunt ou sa position de pouvoir, tandis que les éléments de parure révèlent un intérêt pour l’esthétique et peut-être des croyances symboliques liées à l’au-delà. La découverte de ces objets dans le tumulus de Lothéa offre un aperçu précieux des croyances, des rites funéraires et du statut social à cette période de transition entre le Néolithique et l’Âge du bronze.

La structure du tumulus, avec ses dimensions initiales d’environ 26 mètres de diamètre et 4 mètres de hauteur, indique l’importance accordée à ce site funéraire dans son contexte culturel et historique. Les fouilles menées en 1843 ont révélé la présence d’un caveau en forme de coffre, une construction impressionnante faite de neuf dalles en orthogneiss d’origine locale. Ces dalles, dressées sur chant, créent un espace interne de 2,50 mètres de long sur 2 mètres de large et 1,45 mètre de hauteur, ce qui témoigne d’une certaine préoccupation pour la durabilité et la solennité de la sépulture. La dalle de couverture, d’une dimension de 2,20 mètres de long sur 1,80 mètre de large et d’une épaisseur de 0,45 mètre, a été brisée lors de la fouille, laissant seulement un fragment sur place. Cette destruction lors des fouilles antiques souligne les défis associés à la préservation des sites archéologiques.

Le tumulus était également recouvert d’un cairn de petits blocs de pierre mesurant entre 15 et 20 cm de long, surmonté d’une couche de terre jaune argilo-limoneuse, ajoutant environ 1,70 mètre à la hauteur du tumulus et étendant son diamètre à environ 8 mètres. Ces détails constructifs mettent en évidence les techniques avancées et les efforts déployés pour construire ces monuments funéraires.

Aujourd’hui, même si le tumulus s’est élargi et sa hauteur réduite à 2,85 mètres en raison des déblais des fouilles, les vestiges visibles, notamment les tranchées qui se croisent au centre, permettent aux visiteurs et aux chercheurs de comprendre les méthodes de construction et l’importance culturelle de ce site historique. Ces caractéristiques continuent de faire du tumulus de Lothéa un site d’intérêt pour l’archéologie et pour ceux qui sont fascinés par le passé préhistorique de la Bretagne.

L’allée couverte en forêt de Carnoët est un autre exemple remarquable de l’histoire préhistorique de cette région riche en patrimoine archéologique. Une allée couverte est un type de tombe mégalithique typique de la période néolithique, souvent construite avec de grandes dalles de pierre placées verticalement et recouvertes par d’autres dalles horizontales. Ces structures servaient de sépultures collectives et sont fréquemment trouvées dans le nord-ouest de la France, notamment en Bretagne.

Située dans la vaste étendue de la forêt domaniale de Carnoët, cette allée couverte est non seulement un témoin de l’ancienne culture mégalithique, mais aussi un élément intégré dans le paysage forestier, ajoutant à l’atmosphère mystique et historique de la forêt. Ces monuments sont souvent associés à des rites funéraires complexes et à des croyances spirituelles des communautés agricoles qui peuplaient l’Europe pendant le Néolithique.

La présence de la colonne Saint-Maurice ajoute une couche de mysticisme à la forêt, qui est déjà un lieu chargé d’histoire avec ses dolmens, ses châteaux et ses traces de civilisations passées. La forêt de Carnoët offre ainsi une expérience unique où nature et histoire se rencontrent…

Photos © Yonnel Ghernaouti, YG – Montage film FDFMD1717

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti, fut le directeur de la rédaction de 450.fm de sa création jusqu'en septembre 2024. Il est chroniqueur littéraire, membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France, médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie et auteur de plusieurs ouvrages maçonniques. Il contribue à des revues telles que « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France, « Chemins de traverse » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain, et « Le Compagnonnage » de l’Union Compagnonnique. Il a également été commissaire général des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, qu'il a initiées.

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