jeu 12 décembre 2024 - 06:12

15 mai 1777 : la première loge maçonnique féminine de France créée à Salins

De notre confrère leprogres.fr – Par Philippe Bétry

Ce jour-là. L’écrivain « libertin » Pierre Choderlos de Laclos n’est pas resté très longtemps à Salins-les-Bains, mais il s’y est montré très actif…

Précision liminaire : libertin, au XVIIIsiècle, signifie adepte de la liberté de penser et s’identifie au mouvement dit des Lumières.

De fait, Pierre Choderlos de Laclos, né à Amiens en 1741, officier d’artillerie, est décrit par ses contemporains comme « un monsieur maigre et jaune » à la « conversation froide et méthodique », un « homme de génie ; très froid ».

Côté vie sentimentale, il est fidèle à son épouse, de même qu’il est pour ses enfants un père attentionné ; rien d’un séducteur donc. S’il rêve de conquête et de gloire, il connaît surtout la vie de garnison à La Rochelle, à Toul où il devient franc-maçon et rosicrucien, à Grenoble puis à Besançon en 1775/1776. Il revient à Besançon en 1777 et y reste jusqu’en 1778 avec pour mission d’installer une nouvelle école d’artillerie. Il réside alors à Salins-les-Bains.

Auteur d’un chef d’oeuvre subversif

La vie de garnison, qui se poursuivra, lui laissant du temps libre, il occupe ses loisirs à écrire et c’est vraisemblablement à Salins en 1778 qu’il commence à rédiger son chef-d’œuvre Les liaisons dangereuses , rédaction qu’il poursuit au cours de ses affectations, et paraît sans nom d’auteur mais avec grand succès. Identifié – le livre considéré comme subversif – il est muté sans délai. Mais il ne se contente pas à Salins de ses travaux d’écriture et le franc-maçon de haut grade qu’il est installe le siège de la première loge maçonnique féminine de France qu’il a créée le 15 mai 1777, loge d’adoption de « L’Union parfaite », dans son hôtel Laclos, rue Gambetta, dans l’îlot Princey à Salins. La demeure présente toujours en décoration trois médaillons dans l’escalier de la cour intérieure, représentant Thalès, mathématicien, et Pythagore entourant Titus Vespasien (qui pacifia la Judée).

Idéaux féministes

Les disciples du premier s’inspirèrent de la cabale hermétique tandis que le philosophe fonda des communautés initiatiques, ouvrant son enseignement aux femmes et épousant l’une de ses élèves Théano qui continuera son œuvre. Les idéaux féministes symbolisés dans ces médaillons se retrouvèrent dans le discours de Pierre Choderlos de Laclos pour l’ouverture de la loge salinoise, souligne Marie-Claude Fortier dans le bulletin de l’Association Scientifique et Historique du pays de Salins-les-Bains que préside Marie-Paule Renaud, concluant « l’hôtel Laclos nous apparaît comme une demeure philosophale. »

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