sam 23 novembre 2024 - 15:11

La rayuela, un jeu initiatique ?

La rayuela, également connue sous le nom de Hopscotch et en français sous le nom de marelle, est un jeu de cour de récréation populaire qui trouve ses origines dans l’Antiquité. Au-delà de son aspect ludique, ce jeu présente des dimensions symboliques et initiatiques qui méritent une exploration approfondie.

Traditionnellement joué sur une série de carrés dessinés au sol, où les joueurs doivent lancer un petit objet (souvent une pierre ou un palet) sur les différentes sections avant de sauter à cloche-pied pour le récupérer, la rayuela peut être interprétée comme un parcours métaphorique vers la maturité ou même la spiritualité.

La rayuela : symbolisme de la progression

Dans la rayuela, chaque carré représente une étape de la vie ou un niveau d’existence. Le jeu imite le chemin de la vie humaine, du début à la fin. Les joueurs avancent précautionneusement, évitant les lignes (les limites) et les obstacles, tout en cherchant à atteindre la dernière case, symbolisant souvent le ciel, le nirvana, ou une autre forme d’achèvement spirituel. Cette progression peut être vue comme une quête initiatique où chaque étape offre des leçons et des défis.

La rayuela : les règles comme métaphore des contraintes sociales

Les règles de la rayuela, qui obligent à sauter sur un pied sans toucher les lignes, pourraient aussi symboliser les contraintes sociales et morales imposées à l’individu. Le respect de ces règles nécessite discipline et maîtrise de soi, rappelant ainsi les vertus nécessaires pour bien naviguer dans la société.

La rayuela : un jeu universel aux variations locales

La rayuela se joue dans de nombreuses cultures avec des variations qui reflètent souvent les spécificités locales, mais l’essence du jeu reste la même : un parcours vers un objectif ultime. Par exemple, en France, la version traditionnelle de la marelle se joue avec une série de rectangles numérotés en séquence, tandis qu’en Argentine, le jeu “mundo” intègre un diagramme complexe avec un cercle au sommet, soulignant peut-être une vision plus globale et cyclique de la vie.

La rayuela : implications pédagogiques

Le jeu de la rayuela est souvent utilisé comme outil pédagogique pour développer la coordination, la motricité et le calcul chez les enfants. Cependant, ses aspects initiatiques peuvent également servir à enseigner des valeurs telles que la persévérance, la stratégie, et le respect des règles, préparant ainsi les enfants à des défis plus grands dans la vie.

Bien que la rayuela puisse sembler être un simple jeu d’enfants, ses dimensions symboliques et ses implications dans le développement des compétences sociales et personnelles en font un phénomène culturel riche et profond. Ce jeu initiatique offre une fenêtre sur la manière dont les activités ludiques peuvent refléter et informer les structures plus larges de la société et de la culture.

Voici comment jouer à la rayuela :

Dessinez la grille : Tracez une grille au sol avec des cases numérotées. La grille peut être rectangulaire ou en forme de T, selon la variante du jeu. Chaque case est numérotée de 1 à n (où n est le nombre total de cases).

Lancez le caillou : Chaque joueur lance un petit caillou ou un objet plat dans la première case.

Sautez : Commencez par la case 1.

Sautez à cloche-pied dans chaque case, en évitant celle où se trouve le caillou.

Si vous réussissez, passez à la case suivante. Sinon, c’est au tour du joueur suivant.

Récupérez le caillou : Lorsque vous atteignez la fin de la grille, faites demi-tour et revenez en sautant dans les cases dans l’ordre inverse. Récupérez le caillou en sautant dans la case où il se trouve.

Avancez : Passez à la case suivante et continuez jusqu’à la fin de la grille.

Gagnez : Le joueur qui termine la grille en sautant dans toutes les cases dans l’ordre correct gagne la partie.

Julio Florencio Cortázar Descotte

Ce jeu a inspiré des écrivains et des artistes du monde entier, en général. Mais aussi un auteur, en particulier.

Julio Florencio Cortázar Descotte (1914-1984) est un écrivain argentin, auteur de romans et de nouvelles, établi en France en 1951 et qui, tout en conservant sa nationalité argentine, acquiert aussi la nationalité française vers la fin de sa vie, en 1981, comme acte de protestation contre la dictature militaire argentine de l’époque.

Il est l’auteur de Rayuela (1963), roman publié en français sous le titre Marelle et traduit par Laure Guille-Bataillon et Françoise Rosset (Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », 1966 ; réédition, Paris, Gallimard, coll. « L’Imaginaire » n° 51, 1979)

C’est un roman emblématique. Ce livre est souvent célébré pour son innovation narrative et sa structure non linéaire qui défie les conventions traditionnelles du récit.

Le roman se déroule principalement à Paris dans les années 1950, et suit la vie de Horacio Oliveira, un intellectuel argentin expatrié. Oliveira est partagé entre deux mondes : celui des cafés parisiens, où il discute de littérature, de musique et de philosophie avec un groupe d’amis appelés « le Club », et celui de sa relation tumultueuse avec Lucía, surnommée la Maga. Lucía est une jeune femme uruguayenne impulsive et mystérieuse, dont la spontanéité contraste avec le caractère souvent trop analytique d’Oliveira.

Rayuela est célèbre pour sa structure dite à la carte où le lecteur peut choisir son propre chemin à travers les chapitres du livre, suivant soit l’ordre linéaire traditionnel soit un ordre alternatif suggéré par l’auteur. Cette approche fragmentée et éclatée reflète la recherche des personnages pour un sens et une structure dans leur propre vie, tout en explorant des thèmes tels que l’aliénation, l’amour, et la quête du sens au-delà de la logique conventionnelle.

Le roman se transforme en une sorte de jeu littéraire ou de puzzle, où chaque chemin à travers le livre offre une expérience de lecture différente, invitant à des interprétations multiples. Rayuela est ainsi une œuvre qui remet en question la nature même de la narration et du roman, tout en plongeant profondément dans les questions existentielles de la vie moderne.

Ce livre reste une pierre angulaire de la littérature du XXe siècle, réputé pour son audace formelle et son impact durable sur la façon dont les histoires peuvent être racontées et expérimentées.

La Rayuela est donc bien plus qu’un simple jeu. C’est vraiment un jeu initiatique. Enfant, en avions-nous conscience ? Il symbolise le parcours de la vie, avec ses hauts et ses bas, ses défis et ses moments de joie. Les sauts dans les cases représentent les étapes de notre existence, et le caillou est le fardeau que nous portons. En sautant, nous cherchons l’équilibre et la sérénité. Sachons garder notre âme d’enfant !

Source Nathan.fr/la-marelle

1 COMMENTAIRE

  1. En effet, il est difficile de faire plus initiatique car le jeu de la marelle est une représentation de l’arbre séphirotique… Les 2 cases du bas sont les plus proches de la terre, donc de la matière, et il s’agit de monter vers des réalités de plus en plus spirituelles. Je suppose que le galet qui peut rater une cas sert à indiquer que la montée ne se fait pas sans difficulté.

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti, fut le directeur de la rédaction de 450.fm de sa création jusqu'en septembre 2024. Il est chroniqueur littéraire, membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France, médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie et auteur de plusieurs ouvrages maçonniques. Il contribue à des revues telles que « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France, « Chemins de traverse » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain, et « Le Compagnonnage » de l’Union Compagnonnique. Il a également été commissaire général des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, qu'il a initiées.

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