Sans faire de morale, il est prouvé que la pornographie omniprésente représente une menace pour la civilisation. Vous imaginez bien à quelle question se rapporte ce titre. Il est effectivement question de l’effrénée consommation de pornographie faite par les humains contemporains de tous les coins de la planète, mais nous éviterons toute forme de morale.
On peut se demander si une des découvertes les plus importantes au sujet de nous et de notre petit cerveau ce n’est pas le circuit de la récompense. Notre cerveau est en quelque sorte câblé pour surveiller en continu nos actions . Lorsqu’elles correspondent à ce que nos gènes ont enregistré ( depuis longtemps, donc ) comme bénéfique à l’espèce, nous avons droit à une sensation de plaisir sous forme d’un shoot de dopamine. Nos malins petits gènes ont trouvé cela pour renforcer les comportements bénéfiques à la survie de l’espèce.
C’est pour partie non négligeable ce mécanisme qui a permis à notre espèce de proliférer à la surface de notre terre, comme vous le savez. Mais ce circuit de la récompense a un défaut et non des moindres. Le plaisir a tendance à donner envie d’en reprendre, et vite. Et là, problème, à doses identiques le plaisir obtenu s’estompe progressivement. On aura tendance à augmenter les doses, ce qui crée des addictions qui vont distraire l’humain de tâches importantes, socialiser par exemple. Ça c’est au mieux ; au pire, un produit toxique agresse le corps et rend malade : voir les drogues de toutes sortes.
Le porno, une petite industrie discrète ? Euh…
La pornographie crée-t-elle de l’addiction est la première question que se pose Thérèse Hargot dans son « Tout le monde en regarde, ou presque ». Le premier chiffre donne déjà le tournis : le chiffre d’affaires de la porno mondiale est proche de 140 milliards de dollars, soit plus que Netflix et la NBA réunis. Vous en voulez plus ? En 2020, 193 milliards de vidéos porno ont été visionnées. En moyenne, un utilisateur de smartphone visionnera 348 vidéos porno sur toute l’année. Un petit dernier pour la route ? Les vidéos porno en streaming constituent plus d’un quart du trafic mondial vidéo en ligne, 16 % du flux total de données sur Internet et 5 % du total des émissions de gaz à effet de serre.
C’est-y pas de la bonne grosse addiction, ça ? « On asservit plus facilement un peuple avec la pornographie qu’avec des miradors », disait un connaisseur ( des miradors ) : Alexandre Soljenitsyne. Aldous Huxley n’aurait pas désapprouvé, lui dont le Meilleur des Mondes prônait le sexe libre comme « abrutisseur » des populations.
Bon, mais pourquoi et comment ? D’abord, la pornographie est un support à la masturbation. L’excitation facile obtenue en regardant, a permis à l’industrie de se mettre en place, dans le prolongement de la prostitution. En effet, en consommer, comme il s’agit d’actes sexuels non simulés, ce sont bien les travailleurs du sexe qui « produisent », en grosse majorité. On peut donc légitimement comparer la consommation de porno et l’usage de la prostitution. Une industrie qui tourne doit faire du chiffre. Le mécanisme est similaire à celui des drogues. D’abord, on crée une addiction, avec son corollaire automatique de demande de doses toujours plus fortes. Cela s’obtient par la gratuité, profitant de l’internet disponible partout. Puis on rend payants les services plus poussés, et voilà le travail.
Les trafiquants de drogue commencent toujours par des distributions gratuites, ici c’est idem.
Comme effets négatifs, nous avons signalé la distraction d’autres occupations plus utiles ou importantes, comme la qualité de sa prestation au service de la communauté ou l’insertion correcte dans la société. Alors, cela déclenche quelques résistances. La banalisation, la condamnation morale et le découragement sont trois réactions face au porno.
Nous oublions la condamnation morale, jetons un coup d’œil sur la banalisation. On y est, vu les volumes énoncés plus haut. Nous nous disons que le corps a des besoins, dont la fonction sexuelle. Ces besoins sexuels se satisfont en principe à deux, mais obtenir le consentement de la deuxième personne peut être consommateur de temps et d’énergie, aussi la masturbation est un exutoire rapide. Cela tombe bien, l’industrie a développé le porno, qui est une aide efficace pour obtenir sans attendre l’excitation nécessaire, la main fera le reste. L’industrie a soigneusement répertorié les fantasmes des consommateurs, que l’on peut combiner, on y utilise les corps les plus suggestifs possibles, au besoin « améliorés » par la chirurgie, ou plus récemment par les logiciels puis l’intelligence artificielle, et le tour est joué. Pas de problème donc pour un adulte ?
Remarquons qu’il manque l’explication de l’addiction qui ressort des énormes quantités consommées.
D’abord, le cerveau humain est programmé, depuis l’époque où les nourritures étaient rares, pour viser l’atteinte des objectifs en dépensant le moins d’énergie possible. Manque de bol, la conquête du partenaire sexuel, que nos espèces basent sur une compétition entre rivaux, dont seul le vainqueur aura le droit de s’accoupler, nécessite une mobilisation de toutes les énergies. Voilà qui explique que le porno se présente comme un genre de plan B . Il faut ajouter que la jouissance sexuelle apporte un apaisement, certes temporaire, mais qui calme tout stress .
La tension, voilà ce qui crée souvent un besoin de rechercher un défoulement d’urgence. Les tensions peuvent être de toutes origines, mais il en est une particulière : la frustration sexuelle. Celle-ci est évidemment calmée, un temps, par la masturbation, qui n’est pourtant qu’un simulacre de la reproduction que nos gènes nous recommandent. Oui mais les frustrés sont légion, surtout dans les communautés où seul un petit nombre à accès à l’activité sexuelle . La dissymétrie dans les sociétés polygames est un exemple. Dans les sociétés plus équilibrées, la vie est un peu moins difficile, mais les moins compétitifs peuvent être tentés de « jeter l’éponge » et de se contenter de ce qu’offre l’industrie porno. On peut donc reprocher à cette dernière de favoriser le repli sur soi de millions de personnes. C’est la troisième des grandes réactions imputées au porno.
Mais il n’y a pas que les adultes.
Les adolescents et une bonne partie des enfants est également en contact, et parfois en passe d’être accro, aux vidéos porno. Une des raisons pour y être attiré c’est que la pornographie se présente comme le lieu de la connaissance sexuelle . La menace du découragement et du repli sur soi est également présente, sans doute plus fort encore que chez les adultes. Mais ensuite le problème devient encore plus moche. Les enfants et ados sont en construction, et toute expérience sera formatrice, dans le bon ou le mauvais sens.
La notion de consentement est tout sauf claire dans les vidéos produites par l’industrie porno, cela marquera massivement les relations humaines de plusieurs générations . Les quelques progrès obtenus en matière d’égalité effective entre hommes et femmes seront durablement menacés. C’est en effet une autre des raisons du succès de la pornographie : le cerveau cherche à augmenter son pouvoir sur l’autre, et le porno entretient l’illusion d’être en position de domination, et l’autre est avili. Bref ces enfants vont se mettre à vivre par procuration un statut de mâle dominant ! Conclusion : la menace ultime est le retour à une mentalité d’il y a des siècles : ni plus ni moins qu’un problème de civilisation.
Nous les francs-maçons devons être conscients de tout cela.
Nos relations avec les jeunes doivent toujours séparer le virtuel du réel. Et notre exemplarité doit toujours privilégier le réel ; les utopies ont fâcheuse tendance à tourner en dystopie !
Faudrait il faire un choix entre bombes sexuelles et bombes à sous munitions ? Dans des climats de tensions où la violence risque d’apparaitre ( et la guerre en est un triste exemple) nos cousins les bonobos ont fait le choix… du sexe ! Cela pourrait paraître une plaisanterie de mauvais goût de dire cela et pourtant : le porno c’est sans doute l’avant dernière marche vers la bestialité, avant la dernière qui est celle consistant à s’entretuer. Bien que manquant de noblesse ce porno n’empêche pas de remonter les échelons de l’échelle : le mot AMOUR n’aucun sens sans la phrase qui l’accompagne. A moins d’être une brute, tout être humain aime à faire de belles phrases. Apprenons à nos jeunes à bien les faire mêmes si parfois ils font ses fautes d’orthographe : qui n’en fait pas !!!
Merci pour cet article prudent mais ferme, délicat mais pas naïf, éclairant et tellement ouvert. Dans notre univers maçonnique, il y a encore beaucoup, beaucoup de travail à faire sur la question. Quelle question au fait ? Les questions sous-jacentes du machisme, du sexisme, et la sous-question du complexe, de la honte, de la culpabilité et de la grivoiserie dominants… toutes paroles inavouées, torturées, contournées et bien loin de la question de la mixité en loge.
Nous devons balayer devant notre porte de viriles et de déséquilibrés psychique.
Le porno en ligne, salvateur comme l’article l’exprime, est bien évidemment aussi ravageur puisqu’il distille une autre manière d’aborder le désir et entrave la liberté de vivre… mais pas que des ados.
Tss Tss vilain père siffleur ! Seule la mixité permet un tour complet des points de vue ! L’article c’est du sérieux !
La demande de mixité dans la FM a t’elle sa place en prolongement de cet article?
Pourquoi cette question ? La mixité n’est ce pas la preuve que hommes et femmes cheminent dans le respect mutuel et l’égalité des droits des devoirs et des chances ?