De notre confrère belge vrt.be – Par Eric Steffens
La façade dépouillée du numéro 6-8 de la rue du Persil, à deux pas de la Place des Martyrs dans le centre de Bruxelles, ne laisse rien paraître de ce que l’on peut découvrir à l’intérieur de ce bâtiment austère. Derrière la porte grise se cache un gigantesque temple égyptien de 11 mètres de haut. Il ne s’agit pas d’un musée ni d’un décor de théâtre mais bien d’un temple maçonnique du Cercle des Amis philanthropes.
L’hebdomadaire bruxellois BRUZZ, destiné aux bruxellois néerlandophones (ou lisant le néerlandais) publie chaque semaine une réponse à une question intéressante d’un lecteur sur la capitale dans sa rubrique “Big City”.
C’est en ces lieux hautement symboliques que se réunissent les membres de loges issues des Amis philanthropes, l’une des plus anciennes loges maçonniques de Bruxelles, qui existe depuis la fin du 18e siècle et qui fait partie du Grand Orient de Belgique.
On peut citer parmi ses anciens membres les plus éminents : Jules Bordet, lauréat du prix Nobel de médecine en 1919, Charles Buls Bourgmestre de Bruxelles, Victor Horta, architecte de l’art nouveau et Theodore Verhaegen, fondateur de l’Université libre de Bruxelles. Le “Grand Temple” de la rue du Persil était jadis considéré comme le plus beau temple maçonnique d’Europe et a servi d’exemple à d’autres temples.
Mais à côté de ce temple de style égyptisant, le bâtiment abrite aussi d’autres plus petites salles, chacune dans un style différent, où 53 loges se réunissent chaque semaine.
Qu’est-ce que la Franc-maçonnerie ?
La franc-maçonnerie n’est pas une religion, ni une secte mais plutôt une confrérie humaniste dont les membres s’entraident dans une recherche d’élévation spirituelle et morale.
Les francs-maçons se réunissent dans des loges qui présentent des caractères très différents selon les obédiences. Les bâtiments abritant les loges sont appelés temples ou ateliers, par analogie avec les temples égyptiens ou les ateliers de construction médiévaux, auxquels la franc-maçonnerie a emprunté de nombreux symboles.
La franc-maçonnerie est active dans plus de 60 pays et compte de nombreux membres en France et en Belgique. C’est une société initiatique très unie qui se réclame de valeurs telles que la liberté, l’égalité et la fraternité. Les membres présentent des sortes de “conférences” sur des sujets divers qui leur tiennent à cœur. Les francs-maçons se reconnaissent entre eux pour frères ou sœurs et se nomment mutuellement ainsi.
Même si le lieu où se réunit une loge s’appelle un temple, tous les temples ne sont pas de style égyptien. Il y en a de style Art nouveau, par exemple, d’autres très dépouillés et certains même semblent sortis d’un film d’Harry-Potter.
Le temple de style égyptien de la rue du Persil a été construit à la fin du XIXe siècle. Il reproduit l’ambiance d’une cour intérieure de nuit, car le plafond est orné d’un ciel étoilé et les murs sont décorés de colonnes colorées, d’ornements et de peintures symboliques.
Les campagnes napoléoniennes et l’égyptomanie
Cette influence remonte à Napoléon, lors de son expédition en Egypte(1798-1801), l’empereur fut très impressionné par l’héritage des anciens égyptiens . A son retour, Napoléon proclama sa fascination pour ce qu’il y avait découvert. En partie sous son impulsion, une véritable égyptomanie se développa en Europe, notamment chez les francs-maçons. Ce n’est pas un hasard, car Bonaparte avait des liens étroits avec la franc-maçonnerie. Une grande partie de son entourage en faisait partie et son influence sur la franc-maçonnerie française ne doit pas être sous-estimée. Il est donc évident qu’ils partageaient sa fascination pour l’Égypte.
Pour les francs-maçons, cette civilisation était une source d’inspiration. Ils voyaient dans ses grandes idées en matière de science, de médecine, d’organisation de la société et d’architecture une référence historique à laquelle se raccrocher.
Certains estiment aussi que les francs-maçons, défenseurs de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, ont opté pour l’égyptomanie pour se détacher de l’architecture judéo-chrétienne.
A visiter lors d’une prochaine Journée du patrimoine ?
La symbolique maçonnique puise un grand nombre de ses sources dans l’Égypte ancienne. L’équerre et le compas sont des exemples, mais le style architectural des loges a également subi des influences orientales de plus en plus marquées à partir de cette époque.
Le grand temple de la rue du Persil n’est certes pas unique, mais il est particulier. Aménagé à la fin du 19e siècle il a été restauré une première fois en 1932 et une deuxième fois en 2015 pour lui redonner son aspect d’origine. Il avait été classé en 1998.
Malheureusement, il n’est pas facile de le visiter. Toutefois, cela peut se réaliser au cours de certaines années, lors des Journées du patrimoine; ou alors il faut poser sa candidature et tenter de devenir membre de cette loge.
Il y a aussi un T. De style égyptien rue de Laeken
C’est le magnifique temple qui abrite la Respectable Loge Nout, atelier de la Grande Loge Féminine de Memphis-Misraïm au Zénith de Bruxelles.