De notre confrère radioclassique.fr – Par Franck Ferrand
Premier président de l’Assemblée nationale et premier maire de Paris, Bailly recherche un équilibre… au cœur de la Révolution.
Nous sommes à Paris le 15 juillet 1789, au lendemain de l’historique prise de la Bastille. Une douzaine de carrosses en provenance de Versailles sont en train de traverser la place Louis XV, que l’on n’appelle pas encore la place de la Concorde. Ils se dirigent vers les Tuileries avant de rejoindre l’hôtel de ville.
Dans ces carrosses se trouvent environ quatre-vingts députés, escortés par un peloton de gardes à cheval. Ils sont suivis par toute une foule de citoyens, car les voitures avançant au pas sont faciles à suivre. Dans le cortège, on crie “Vive la nation !” ou “Vive les députés !”. Certains députés se penchent même pour saluer la foule.
Bailly a lu le serment du Jeu de paume
Parmi les députés se trouve un homme de 52 ans. Astronome, académicien et franc-maçon, il s’appelle Jean-Sylvain Bailly et fait partie de ceux qui appellent de leurs vœux une monarchie constitutionnelle. “Les rois, aussi bons soient-ils, ne peuvent rien faire sans le peuple”, a-t-il écrit. Bailly a d’abord été député du tiers état, dont il a été désigné doyen. C’est à ce titre que, au moment où les députés du tiers état se sont constitués en Assemblée nationale, il est devenu le tout premier président de la toute première Assemblée nationale.
Dans la salle du jeu de paume, le 20 juin 1789, c’est lui qui a lu le célèbre serment du Jeu de paume rédigé par le député Target : “Nous jurons de ne jamais nous séparer de l’Assemblée nationale et de nous réunir partout où les circonstances l’exigeront jusqu’à ce que la constitution du Royaume soit établie.”
L’ancien prévôt des marchands est mort
Après la prise de la Bastille, le roi a choisi de temporiser en se présentant devant l’Assemblée pour déclarer aux députés : “C’est moi qui ne suis qu’un avec la nation. C’est moi qui me fie à vous.” Ce faisant il a reconnu la légitimité de l’Assemblée nationale et accepté une monarchie constitutionnelle en puissance.
Le cortège des quatre-vingts députés envoyés à l’hôtel de ville souhaite informer les Parisiens de ces événements, qu’elle considère comme une très grande nouvelle. La délégation arrive devant le bâtiment où l’attend une soixantaine de grands électeurs parisiens et la foule s’engouffre dans les salons.
Pour faire suite à l’assassinat, la veille, du prévôt des marchands de Paris, on propose de désigner un nouveau prévôt des marchands. Mais la foule s’y oppose. Pas un nouveau prévôt, plutôt un maire de Paris ! C’est à cet instant que tout le monde se tourne vers Bailly.