sam 12 octobre 2024 - 17:10

Franc-maçonnerie continentale avant JC, 1723

De notre confrère freemasonscommunity.life – Par Oliver d. Street le franc-maçon américain – Février 1914

L’opinion orthodoxe à l’heure actuelle est que la franc-maçonnerie a été introduite d’Angleterre sur le continent européen vers 1725 après JC. La première impulsion du lecteur averti sera donc peut-être de s’exclamer : de quoi parle-t-il, ne sait-il pas que avant 1723, la franc-maçonnerie n’existait pas sur le continent ! Je réponds aussitôt que je ne sais rien de tel, ni personne d’autre.

Il y a quelques décennies, les écrivains maçonniques connaissaient très bien, comme ils le concevaient, les faits de l’histoire maçonnique ; aujourd’hui, nous sommes tout aussi sûrs de savoir qu’ils ne l’étaient pas. Le silence des rares documents qui ont échappé à la destruction jusqu’à nos jours, concernant tout fait ou coutume relatif à la franc-maçonnerie, est, pour beaucoup de nos historiens maçonniques les plus respectés, un motif suffisant pour rejeter totalement ce fait ou cette coutume. Selon eux, les preuves négatives de ce genre dépassent de loin toutes nos traditions orales et écrites. Il est ou devrait être bien connu que les preuves négatives de ce caractère ont peu de valeur.

Ainsi, nous affirmons avec désinvolture qu’avant 1717 après JC, les Loges n’avaient aucune autorité pour se réunir, à l’exception du droit inhérent des Maçons de se réunir n’importe où et à tout moment et d’y former des Maçons et de traiter des affaires maçonniques ; qu’avant 1717, il n’y avait ni Grand Maître ni Grande Loge ; qu’avant 1724, il n’y avait pas de diplôme de Maître Maçon ; qu’avant 1740, il n’y avait pas d’Arche Royale ; et enfin, qu’avant 1725, il n’y avait pas de franc-maçonnerie sur le continent européen.

C’est sur cette dernière affirmation que je désire attirer une fois de plus l’attention. Cela est directement contraire aux traditions écrites de l’Artisanat telles qu’elles sont consignées dans les soi-disant « Anciennes Charges », certainement depuis près de cinq cents ans. Ceux-ci nous disent pratiquement d’un commun accord que la franc-maçonnerie existait sur le continent avant elle en Angleterre. Ce n’est cependant pas sur cet ensemble de preuves que je souhaite m’attarder, mais pour présenter une déclaration trouvée dans les « Constitutions » d’Anderson, publiées en 1723, qui, si elle ne peut être expliquée d’une manière ou d’une autre, semble établir l’existence de Franc-maçonnerie sur le continent en 1723 et avant.

Dans la première édition des Constitutions d’Anderson est publié « Les Charges d’un Franc-Maçon, extraites des archives anciennes des Loges d’outre-mer (c’est nous qui soulignons) et de celles d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande », etc., etc. approbation » de cet ouvrage signé par le Grand Maître, le Grand Maître adjoint, les Grands Surveillants et les Maîtres et Surveillants de vingt loges particulières, il est explicitement indiqué que l’auteur avait « examiné plusieurs exemplaires provenant d’Italie ». Ce livre a été compilé et publié sous la direction et l’autorité de la Grande Loge elle-même.

Les déclarations citées ci-dessus stipulent clairement qu’en 1723 (et impliquent cela bien plus tôt), il existait sur le continent une institution que la Grande Loge d’Angleterre et ses officiers reconnaissaient alors comme identique à leur propre franc-maçonnerie. Je n’ai jamais vu ces passages d’Anderson soumis à l’analyse ou à la critique de la part d’aucun de nos historiens maçonniques. Mais il semblerait qu’il faille une certaine témérité aux écrivains d’aujourd’hui, près de deux cents ans après les événements, pour soutenir que ces maçons de 1723 ne savaient pas de quoi ils parlaient.

Il ne semble pas probable que ces références soient à des Loges récemment créditées en Europe soit par les autorités maçonniques britanniques, soit par des francs-maçons d’origine britannique agissant sous leur propre responsabilité, car (1), nous n’avons aucune preuve de l’introduction de la franc-maçonnerie britannique sur le territoire. Continent avant 1725, et (2), les coutumes et usages de telles loges n’auraient pas été considérées comme faisant autorité dans la mère patrie et leurs archives auraient difficilement pu être qualifiées d’anciennes.

Une interprétation sensée des passages cités ci-dessus semblerait exiger soit que nous remontions beaucoup plus loin que ce qui a été supposé jusqu’à présent l’introduction de la franc-maçonnerie britannique sur le continent, soit que nous admettions l’existence là-bas d’une franc-maçonnerie indigène qui lui est propre.

La seule façon d’échapper à cette conclusion est de supposer qu’Anderson a dit par inadvertance ce qu’il ne voulait pas dire, ou bien qu’il a délibérément falsifié. Je sais que c’est assez à la mode ces derniers temps d’écarter avec un ricanement tout ce qui vient d’Anderson qui ne coïncide pas avec ses opinions. Rares sont ceux qui ont eu l’audace de l’accuser de mensonge conscient, mais sa crédulité, réelle et supposée, a été utilisée en toutes sortes d’occasions pour se débarrasser de toute déclaration gênante de sa part. Pour autant que l’on sache, rien dans sa vie ou son caractère ne justifie l’accusation de mensonge. Quant à l’inadvertance, il faut garder à l’esprit que le livre d’Anderson a été approuvé deux fois par la Grande Loge, une fois par un comité de frères distingués après avoir apporté quelques corrections mineures, et enfin par le Grand Maître, le Grand Maître adjoint, les Grands Surveillants et les Maîtres et les officiers de vingt loges particulières. Ensuite, il y a la déclaration explicite concernant « plusieurs exemplaires en provenance d’Italie ». C’est trop de supposer que tous ces frères étaient des ignorants ou des fraudeurs.

Dans la mesure où Anderson a entrepris de consigner l’histoire et les traditions de l’Artisanat à des époques antérieures à la sienne, il ne peut être considéré autrement que comme un simple compilateur. Il ne professe pas davantage lui-même ; en fait, on ne lui a pas demandé d’en faire davantage. Il semble l’avoir fait avec beaucoup d’embellissement et peu de discrimination. Les étudiants en maçonnerie ont sans aucun doute raison d’accepter ces parties de ses écrits avec hésitation. Mais il semble que les déclarations distinctes et positives faites par lui concernant des événements contemporains, ou quant aux documents examinés par lui, et ces déclarations approuvées par les principaux maçons de son temps, reposent sur une base entièrement différente. Pour les renverser, quelque chose de mieux qu’une simple conjecture devrait être mis en place.

Le frère Robert F. Gould, bien que convaincu que toute la franc-maçonnerie est issue de Grande-Bretagne, admet que dans le court espace de dix à vingt ans après l’établissement de la Grande Loge d’Angleterre, la franc-maçonnerie avait « acquis une base solide dans les parties les plus reculées du continent européen » (Histoire, vol. iii, p. 77) ; que « partout où existaient les premières loges, on y trouve des traces de réunions antérieures » ; que dans les premières « Loges déclarées » étaient présents des Maçons incontestables initiés ailleurs (Histoire, p. 78).

En d’autres termes, cet éminent historien maçonnique de l’école la plus exigeante admet, en effet, que nous ne savons ni quand ni où les premières réunions maçonniques eurent lieu sur le continent, ni d’où furent salués les maçons qui les tenaient ; c’est-à-dire que la franc-maçonnerie existe là « depuis une époque où la mémoire de l’homme ne va pas dans le sens contraire », ou depuis des temps immémoriaux. Ceci est en parfait accord avec nos traditions.

Il est vrai que Frère Gould tente de rendre compte de la présence incontestable et de la diffusion générale sur le continent, si peu de temps après le « Renouveau », des francs-maçons faits on ne sait où, par ce qui ne peut être considéré que comme une hypothèse très douteuse. Sa théorie est qu’à cette époque (c’est-à-dire 1717 après J.-C.), l’Angleterre jouissait d’une grande importance aux yeux de l’Europe en raison de sa richesse, de sa possession du Hanovre et des récentes victoires de Marlborough ; qu’en conséquence de ces choses des milliers de visiteurs affluèrent vers sa capitale ; qu’ils étaient attirés vers les loges par le fait qu’ils les voyaient fréquentées par « des nobles de haute position et des hommes célèbres pour leur savoir » ; que de retour dans leur propre pays, ils emmenèrent avec eux la franc-maçonnerie ; puis demande à frère Gould, « quoi de plus naturel que que ceux qui sont interdits de visiter nos côtes désirent profiter du nouveau caprice de « ces insulaires excentriques », et qu’à condition qu’un nombre suffisant d’initiés soient formés dans une même ville » ?

Il faut admettre que les nations manifestent rarement un enthousiasme aussi immédiat et remarquable pour les institutions nouvelles et étranges d’une autre nation. Il semblerait qu’une explication plus raisonnable, et plus en harmonie avec nos traditions, soit que la franc-maçonnerie était une institution pas totalement inconnue des continentaux, bien que peut-être décadente et très différente de celle de l’Angleterre ; que le nouvel élan donné à l’Artisanat en Angleterre par les événements appelés « Renaissance » a également été ressenti sur le continent par des institutions apparentées qui y existaient déjà, entraînant un développement et une croissance similaires à ceux qui se sont produits en Angleterre. Nous savons que des institutions apparentées existaient alors et y existaient depuis des temps immémoriaux, à savoir : les Steinmetzen d’Allemagne ; le Compagnonnage de France ; les Magistri Comacini d’Italie et, dans tous ces pays, les corporations artisanales et, à leurs côtés et ayant à peu près la même composition, les confréries artisanales. Et les indices sont nombreux selon lesquels toutes ces institutions ainsi que la franc-maçonnerie remontent à la Collegia fabrorum de l’empire romain. Si cela est vrai, il serait en effet remarquable que la franc-maçonnerie ou une société sensiblement identique n’ait existé que dans la lointaine Grande-Bretagne.

Il doit être évident pour l’étudiant en histoire maçonnique que le dernier mot n’a pas encore été dit concernant l’origine de la franc-maçonnerie sur le continent. Il est possible que nos frères anglais et certains de nos frères allemands, qui revendiquent pour leurs pays respectifs la distinction exclusive d’avoir été le seul conservateur de l’institution maçonnique, soient forcés de reconnaître non seulement la part de chacun dans ce domaine. travail mais même celui de la France et de l’Italie.

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Erwan Le Bihan
Erwan Le Bihan
Né à Quimper, Erwan Le Bihan, louveteau, a reçu la lumière à l’âge de 18 ans. Il maçonne au Rite Français selon le Régulateur du Maçon « 1801 ». Féru d’histoire, il s’intéresse notamment à l’étude des symboles et des rituels maçonniques.

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