Avant de partager le dernier La Raison, revenons, pour celles et ceux, sœurs, frères et amis(ies) profanes qui ne connaissent pas encore la Fédération nationale de la libre pensée et La Raison, son mensuel.
La Fédération nationale de la libre pensée est une association loi de 1901 fédérant les associations locales se réclamant de la libre-pensée en France.
Historiquement, de telles fédérations ont une longue tradition en France, datant du XIXe siècle, enracinée dans les valeurs républicaines et laïques de la Révolution française. Elles ont joué un rôle important dans les débats sur l’éducation laïque, la loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État en France, et continuent d’influencer les débats publics sur des questions telles que les signes religieux dans les espaces publics et l’enseignement de la religion à l’école. La Fédération nationale de la libre pensée organise régulièrement des conférences, des séminaires, des campagnes et des publications, comme la revue La Raison, pour diffuser ses idées et soutenir ses principes. Elle peut aussi engager des actions en justice pour défendre la laïcité et les droits humains. La fédération travaille souvent en réseau avec d’autres organisations nationales et internationales partageant des objectifs similaires.
La libre pensée est donc un mouvement intellectuel qui prône la liberté de pensée et d’expression en matière de religion, de philosophie et de science. Les adeptes de la libre pensée peuvent être des agnostiques, des athées, des laïcs ou simplement des individus qui remettent en question les croyances traditionnelles et encouragent l’indépendance de la pensée. En 2017, la Fédération nationale de la libre pensée comptait environ 3000 adhérents. En 2023, elle en revendique 4000.
Quant à la revue mensuelle La Raison – originellement fondée en 1889 à Bruxelles, le titre a connu plusieurs refondations –, elle sert de fil conducteur à la libre pensée pour aborder divers sujets, notamment la politique, la culture, l’histoire, et la philosophie. Cela reflète un engagement envers le questionnement, l’analyse critique, et la discussion ouverte, sans se laisser restreindre par des dogmes ou des doctrines. Le magazine offre à lecteurs des articles qui stimulent la réflexion et le débat sur des questions d’actualité et de pertinence historique, avec une perspective qui valorise la raison et l’analyse objective.
Ce numéro d’avril 2024 célèbre le cinquantième anniversaire de la “révolution des œillets”, faisant référence à la révolution portugaise qui a renversé la dictature en place et a établi une démocratie. L’éditorial, rédigé par Jean-Sébastien Pierre, président de la Fédération nationale de la libre pensée, souligne l’émotion toujours vive à l’évocation de cet événement, considéré comme un point tournant pour le Portugal et l’Europe. La révolution est décrite comme ayant été menée par le peuple ouvrier et s’étant manifestée dans les rues de Lisbonne et partout dans le pays.
L’éditorial fait aussi le parallèle entre cette révolution pacifique et les autres dictatures du continent européen, indiquant que le Portugal a été capable de s’affranchir sans effusion de sang. Il note que les autres dictatures ont été, à contrecœur, contraintes d’adopter une façade démocratique sous la pression de la gauche et du mouvement international. Il mentionne également la constitution ‘’normale’’ qui a été établie à la fin de la révolution en 1976.
La thématique principale de cette édition tourne autour du genre et des libertés sexuelles, un sujet que le journal semble aborder pour la première fois, avec une attention particulière portée sur l’attitude de l’Église et sur des questions sociétales contemporaines telles que le mariage pour tous. La revue en fait la première de sa couverture.
Jean-Sébastien Pierre termine l’éditorial en soulignant l’importance de la discussion et du débat sur ces sujets au sein de la publication, incitant les lecteurs à s’engager activement dans les discussions et à apporter leurs contributions aux résolutions des congrès.
En termes de structure organisationnelle, l’équipe éditoriale est listée avec les noms des rédacteurs et des membres du comité de rédaction, ainsi que des détails sur l’abonnement et la publication.
Fondée sur le sommaire, voici un résumé des thèmes et sujets couverts dans cette édition.
Ce 690e numéro commence avec des « Notes de lecture », une rubrique de critiques de livres récents ou d’importance historique. Cette section, écrire par Jean-Marc Schiappa, historien spécialiste de la Révolution française, approfondit Le pilori au Moyen Âge dans l’espace français d’Isabelle d’Artagnan, publié par les Presses universitaires de Rennes (PUR, en 2024, explore l’histoire du pilori du XIIe au XVe siècle en France. Il examine l’émergence de cette structure comme un symbole de justice dans les villes prospères du nord de la France et son rôle dans l’affichage public de l’autorité seigneuriale et la protection de l’espace urbain. Le pilori est analysé non seulement comme un édifice public mais aussi comme la peine infamante la plus répandue de l’époque. Le contenu du livre est structuré en trois parties principales : la genèse du pilori comme signe de justice urbain, y compris son invention et sa diffusion suivant les circuits économiques des marchés, l
La scène du pilori – les ressorts d’un rituel d’humiliation, détaillant la mise en œuvre du rituel d’exposition et son adaptabilité – et les usages pénaux de l’exposition infamante, offrant une perspective sur la sociographie des condamnés à l’exposition.
Suit ensuite la rubrique « Ainsi va le monde », une locution française signifiant « c’est comme ça que ça marche » ou « c’est comme ça que les choses se passent » est souvent utilisée pour exprimer une résignation face à la nature inévitable des événements ou des comportements humain. Avec La Raison, cette section est dédiée, avec beaucoup de lucidité, à l’analyse des événements actuels ou récents avec un regard critique, en mettant l’accent sur les motifs récurrents de l’histoire, la politique, ou les affaires sociales et culturelles.
Elle est consacrée à Mgr Dominique Rey connu pour ses positions très anti-franc-maçonnerie s’alignant finalement avec les attitudes historiques de l’Église catholique qui a souvent été en opposition avec les sociétés secrètes comme la franc-maçonnerie, qu’elle considère comme ayant des philosophies et des pratiques qui contreviennent aux enseignements de l’Église, notamment en matière de laïcité et de relativisme moral. Mais c’est surtout sur le fait qu’ile st chargé de former des professeur « laïcité »… En ce qui concerne la formation des professeurs dans les écoles catholiques, il est probable que Monseigneur Rey préconise une ligne d’éducation qui soit en accord avec les enseignements de l’Église et les valeurs chrétiennes. Étrange, pour un « ultra-réac »…
L’article sur Pierre, Feuille, Ciseaux – Alger, 20 août 1965 (Éd. du Croquant, 2023) permet à Dominique Goussot de revenir sur l’ouvrage de Christian Phéline consacré à une étude historique minutieuse d’un événement de censure politique significatif en Algérie. Notons la postface de Mohammed Harbi, un éminent historien et politologue spécialisé dans l’histoire de l’Algérie, qui souligne l’importance de la liberté d’expression et de la diversité culturelle pour l’épanouissement d’une société. La rubrique « Promenade du cinéphile » suggère une réflexion sur le cinéma dont le thème est celui des « Migrations ». après le « Billets d’humeur », vous trouverez le dossier principal de huit pages « Famille, Sexualité, Genres et la Libre Pensée » qui aborde les discussions contemporaines sur les identités de genre, la sexualité, et comment ces sujets interagissent avec les principes de la libre pensée.
L’« International » et l’« Économie/Écologie » propose une « Interview de Minas Papageorgiou, responsable du KEPEK » et un « De la paysannerie à l’agriculture capitaliste industrielle et productiviste ». Enfin un hommage est rendu à Bruno Segre (1918-2024dans « Une vie de liberté ». Bruno Segre, présenté comme un infatigable défenseur de la laïcité et Président d’honneur de la Fédération Giordano – philosophe, prêtre dominicain, cosmologiste, et occultiste italien du 16e siècle, qui fut brûlé au bûcher pour hérésie par l’Inquisition romaine –, représente une figure emblématique dans le combat pour les valeurs laïques et les droits de l’homme. Né en 1918 et ayant vécu jusqu’en 2024, sa longue vie lui a permis de traverser des périodes historiques cruciales, notamment la Seconde Guerre mondiale, la Guerre froide, la décolonisation, la montée du multiculturalisme, et les débats contemporains sur la laïcité et l’intégration.
En tant qu’avocat, il aurait eu les outils et la plateforme nécessaires pour défendre juridiquement les principes de la laïcité, une séparation stricte de l’État et des affaires religieuses, qui est une valeur fondamentale de la République française, ancrée dans la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. Son engagement en faveur de la laïcité suggère un dévouement à promouvoir une société où la liberté de conscience et l’égalité de tous les citoyens devant la loi sont primordiales, indépendamment de leurs croyances religieuses ou de leur absence de croyance.
Les contributions de Bruno Segre, à travers sa défense juridique, son militantisme, et son leadership au sein d’organisations dédiées à la promotion de la laïcité, auront eu un impact significatif sur la société française, encourageant le dialogue, la tolérance, et le respect mutuel dans un contexte de diversité croissante. Son héritage serait celui d’une lutte constante pour les principes démocratiques et les droits fondamentaux, reflétant la complexité et les défis de maintenir la laïcité comme un pilier de la société moderne.
La dernière page est aussi consacrée au « Soutien à une militante franco-palestinienne, Rima Hassan ». Elle est un exemple inspirant d’engagement et de réussite à travers des circonstances difficiles. Née dans un contexte de déplacement et de conflit, dans le camp de réfugiés de Neirab, elle a non seulement surmonté les défis de l’exil mais a également transformé ses expériences en un vecteur de changement social et juridique.
En fondant l’Observatoire des camps de réfugiés en 2019, Rima Hassan a pris une initiative importante pour la surveillance, le rapport et peut-être la promotion des conditions de vie dans les camps de réfugiés, soulignant souvent des problématiques négligées et fournissant une voix nécessaire aux populations marginalisées. Le collectif Action Palestine France, créé en 2023, marque un autre chapitre de son engagement, indiquant un effort pour rassembler, sensibiliser et peut-être influencer la politique relative à la Palestine en France.
La Raison, Mensuel de la Libre Pensée–Familles, Sexualité, Genres et la Libre Pensée
Collectif – FNLP, N° 690, Avril 2024, 34 pages, 3,50 €/La Libre Pensée, le site.
La différence est que la FM aujourd’hui ne s’attaque pas aux Églises et reçoit des croyants alors que le Vatican et l’Islam fulminent interdictions,malédictions et imprécations contre tous les FM en 2024 comme depuis toujours.
Au niveau des valeurs humaines ,il va falloir que l’on m’explique un jour la différence qui existe au niveau des valeurs vécues par un honnête homme , entre celui qui est libre penseur et celui qui est chrétien, sachant que ceux qui bafouent ces valeurs sont parfaitement identifiables . Des brebis galeuses, il y en a partout que ce soit dans l’Eglise comme dans la Franc maçonnerie ou la Libre Pensée… Indépendamment des croyances, j’avoue avoir du mal aussi à comprendre cet acharnement contre l’Eglise : on est en 2024 ; 1905 c’était il y a 120 ans !!! et en ce laps de temps il y a eu probablement autant sinon plus de chrétiens que de libres penseurs qui sont mort pour cette valeur extraordinaire pour un homme qui est celle de penser selon la manière dont il l’entend.