lun 25 novembre 2024 - 14:11

Légendes et fantômes de l’Ouest. Le trésor des Templiers repose-t-il dans la Sarthe ?

De notre confrère ouest-france.fr – Par Françoise SURCOUF

Disparue depuis des siècles, la richesse amassée par l’ordre du Temple pourrait se trouver dans les ruines du château de Juillé, à quelques kilomètres du Mans.

Traînés à Paris sur l’île aux Juifs, ils y seront condamnés au bûcher. L’événement marque la fin de sept ans de procédures et de tortures qui ont opposé, dans un bras de fer ignominieux, le roi Philippe IV le Bel aux puissants chevaliers de l’ordre des Templiers. Peu de temps auparavant, les moines guerriers prenaient place parmi les princes de sang. Soudain, ils sont accusés d’hérésie, de sacrilège et de sodomie.

La chute du Temple

Quelques années plus tôt, le vendredi 13 octobre 1307, cette mystérieuse et fascinante organisation s’écroulait tel un château de cartes. Avec cette disparition, s’envole aussi le secret de leur inestimable trésor. Les Templiers étaient, en effet, riches. Très riches.

Héritier des sciences orientales découvertes durant son long séjour en Terre sainte, l’ordre a accumulé une fortune considérable, notamment par la voie de ses opérations bancaires particulièrement novatrices. Leurs commanderies servent de coffres-forts et de lieu de dépôt. Ils recouvrent également les dettes, assurent les transports de fonds et diffusent les chèques sous forme de « lettre de change ». Une première.

Au fil du temps, les Templiers sont devenus les plus importants bailleurs de fonds du roi Philippe qui, un jour, décide de jeter sur eux ses filets afin de ne pas avoir à les rembourser. Comme il craint que la rumeur ne les avertisse de ses intentions, il inaugure la première « opération de police » de l’histoire de France en les faisant tous arrêter le même jour. C’est lui, en personne, à la tête de ses hommes d’armes, qui investit le Temple de Paris.

Hélas, la forteresse de la finance lui réserve une amère désillusion. Armoires et coffres jonchent les salles dévastées, mais d’un éventuel trésor, il n’y a pas la moindre trace.

Aujourd’hui, non loin du Mans (Sarthe), dans la commune de Juillé, une vieille tour se dresse près d’un château en ruine. La légende raconte que, dans les souterrains du donjon, un caveau s’ouvre aux douze coups de minuit, le jour de Noël. Il permet d’accéder à une sorte de grotte où seraient entreposées les richesses de l’ordre des Templiers.

Un secret de famille

Au XVIIsiècle, Jean de Faudoas, nobliau ruiné, eut vent d’un secret gardé dans sa famille. L’un de ses ancêtres, Hubert, était intendant du grand maître du Temple, tué lors du siège de Saint-Jean-d’Acre (Israël actuel) en 1291, Guillaume de Beaujeu.

Avant de rendre l’âme, ce dernier aurait demandé à ses compagnons de prendre sous leur aile celui qu’il considérait comme son fils et d’en faire un chevalier. Hubert de Faudoas, devenu l’un des leurs, fut chargé de la garde du trésor de l’ordre.

De retour en France, alors que la tension montait autour des Templiers et que les attaques du roi contre eux se faisaient de plus en plus précises, il aurait dissimulé l’or amassé et ramené depuis l’îlot forteresse d’Arwad, en Syrie, afin de le soustraire aux prétentions royales.

Mais, avant de gravir lui-même les marches du bûcher, il aurait eu le temps de confier son secret à l’un de ses descendants : les richesses templières seraient cachées dans les souterrains du château de Juillé. Depuis, de génération en génération, les fils aînés se transmettaient la confidence sans qu’aucun n’ait jamais tenté cette aventure jugée risquée.

La nuit de Noël

En effet, la légende racontait qu’Hubert de Faudoas lui avait ramené de Terre sainte un magicien arménien, qui possédait le pouvoir de faire ouvrir et fermer les portes uniquement par la vibration d’une cloche.

Il lui avait demandé d’utiliser ce procédé magique pour ouvrir et clore le caveau secret qu’il avait fait aménager dans le château de Juillé. La paroi s’ouvrant ainsi au son du bourdon de l’église voisine une seule fois dans l’année, à minuit, le jour de Noël. Mais l’ouverture ne durait que le temps de la résonance…

À la fin du XVIe siècle, Henri IV fit détruire le château de la famille de Faudoas, accusée de conspiration. Le donjon fut cependant épargné. Plus d’un siècle après cette démolition, Jean de Faudoas, descendant d’Hubert, était donc dépositaire du fameux secret de cette famille, tombée dans l’extrême pauvreté. Bien que connaissant le risque de rester enfermé dans la cave du trésor, il décida d’aller, lors d’une nuit de Noël, récupérer une partie du trésor du Temple afin de pouvoir nourrir les siens.

Édifice gallo-romain heptagonal de Juillé (Sarthe), où se trouve la mairie | OLDLION / CC BY-SA 4.0

Le calice envoyé au Pape

Ne pouvant partager son secret, il demanda à André, son plus proche ami, de venir voir, en cas de disparition le lendemain de Noël, s’il avait laissé une trace de son passage dans le vieux donjon. À l’heure dite, Jean ne réapparut pas. Fidèle à sa promesse, André gagna discrètement le vieux donjon et descendit dans les caves. Luttant contre sa peur, il pénétra dans le caveau vide qu’il entreprit d’explorer.

Horreur ! Au pied de la paroi qui présentait une fissure, se trouvaient des doigts sectionnés net à hauteur de la première phalange et, tout à côté, un calice rutilant de tous feux. Paniqué, il s’en empara, remonta et fila sans demander son reste. Terrifié à l’idée de posséder un objet potentiellement ensorcelé, il fit don du ciboire au curé du village.

Ce dernier le remit à l’évêque du Mans qui le fit expertiser par des orfèvres. L’objet était façonné en moldavite, une pierre précieuse ayant servi à tailler le Saint Graal, vase sacré qui aurait recueilli le sang du Christ. Ne sachant que faire, l’évêque du Mans envoya le précieux calice au Pape… Aujourd’hui, le mystère du trésor du Temple est-il toujours enfoui sous les ruines du vieux château ?

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