Il me semblait intéressant de faire une présentation même succinte du bouddhisme Theravada de l’Asie du Sud-Est, assez peu connu, et de sa branche « l’école de la forêt ».
Le Theravada (en pali: Theravada) prend sa source à Ceylan ( aujourd’hui le Sri-Lanka), où des moines, confrontés à une grande famine mettant en péril l’existence de la communauté, se sont donnés pour mission la préservation des enseignements du Bouddha, et plus particulièrement celle du canon pāli : un corpus de textes anciens rédigés en langue pāli, véritable « bible des Theravadins ».
Le Theravada est aujourd’hui essentiellement implanté en Asie du Sud Est et parvient en Europe sous l’influence d’une de ses écoles thaïlandaises, l’école de la foret, promue par Ajahn Chah.
Il repose sur 3 piliers : la générosité, la discipline, la culture mentale.
Le Theravada (Theravāda en langue Palie), littéralement « la Parole des Anciens », est la seule école des premiers temps du développement du bouddhisme à s’être maintenue. Ce terme désigne actuellement la forme primitive du bouddhisme, transmise par les moines les plus anciens de la Communauté originelle (les thera), jusqu’à nos jours. Il est parfois nommé bouddhisme du Sud ou bouddhisme pāli ; le terme Hīnayāna, « Petit Véhicule » ou « Véhicule de qualité inférieure », est à proscrire pour désigner cette tradition, car trop anachronique et péjoratif.
LA TRANSMISSION ET LES CONCILES
Le Bouddha n’a jamais rien écrit ; ses disciples, en fonction de leurs talents respectifs, ont mémorisé ses paroles et les ont transmises oralement.
Sur les propositions de Kassapa, l’un des disciples majeurs du Bouddha, un premier Concile se tint pendant la saison des pluies à Raajagaha, trois mois après la mort du Bouddha (pendant le règne du roi Ajâtassatu). Il réunit cinq cents arahā. Ananda (celui qui avait suivi le Bouddha toute sa vie, son assistant en quelque sorte) a récité la Doctrine (Dhamma) et Upaali, la Discipline (Vinaya). Le premier Concile a compilé et arrangé le Canon pāli, le Tipiṭaka, dans pratiquement sa forme actuelle.
Les deux autres Conciles d’arahā furent réunis respectivement 100 et 236 ans plus tard pour à nouveau réciter la Parole du Bouddha. Le deuxième fut réuni pour intervenir à la suite de l’indiscipline d’un groupe de moines (connus plus tard sous le nom Mahâsânghika), en quelque sorte les instigateurs du premier schisme. Le troisième Concile eut lieu pendant le règne de l’empereur Ashoka (IIIe siècle avant J. C.). A cette époque il semble que les différences au sein du Saṅgha étaient irréconciliables car ce Concile ne comprenait que des moines du Theravāda. Plusieurs années plus tard de nombreux bhikkhu « déviants » quittèrent l’état monastique. L’harmonie du Saṅgha retrouvée, le Dhamma-Vinaya fut à nouveau récité comme lors des deux Conciles précédents.
L’empereur Ashoka envoya de nombreux moines dans diverses directions, à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières. Le groupe envoyé à Sri Lanka sous la direction de Mahinda, fils d’Ashoka, et de Sanghamittâ, sa fille, connut un grand succès.
Le bouddhisme a disparu graduellement de l’Inde du Nord pour diverses raisons, internes et externes. En Inde du Sud il demeura solide pendant plusieurs siècles, aidé en cela par l’influence de Sri Lanka.
Il est très difficile de démêler l’histoire des différents Conciles (toujours entre légende et Histoire). D’autres grands rassemblements du Saṅgha monastique ont eu lieu par la suite, jusqu’au XXe siècle : le 4e Concile au Sri Lanka, quelques années avant notre ère ; à cette occasion une nouvelle assemblée d’arahā se tint et le Tipiṭaka entier ainsi que les commentaires furent récités et consignés par écrit pour la première fois. C’est sous cette forme qu’il nous est parvenu. Le 5e à Mandalay en Birmanie en 1871 ; le Canon pāli fut à cette occasion sculpté sur des plaques de marbre. Le 6e de 1954 à 1956 à Rangoon, Birmanie.
LE THERAVĀDA EN FRANCE
On pourrait supposer que les liens avec ce qui fut l’Indochine sont demeurés importants et que les français sont plus au fait du bouddhisme Theravāda en raison de la présence sur notre sol d’importantes communautés issues du Laos et du Cambodge, mais il n’en est rien. Les (relativement) nombreux centres créés par des asiatiques fonctionnent pour la plupart en cercle fermé, un nombre infime de français les fréquentent. Ces « pagodes » ne sont souvent que des lieux de rencontres sociales, des endroits où se déroulent les cérémonies, où les rituels tiennent une place prépondérante et parfois même l’on consulte les esprits et tirent les horoscopes ! En fait peu proposent une réelle pratique. Parmi ces derniers on peut citer, en région parisienne, le Centre Bouddhique International au Bourget, centre Sri Lankais dirigé par le Vénérable Chandaratana, et le Vat Khemararam à Créteil, centre cambodgien dirigé par le Vénérable Bour Kry. Le monastère Bodhinyaanarama à Tournon sur Rhône, bien que d’approche plus difficile, est également un endroit intéressant. Il existe d’autres centres Theravada offrant des possibilités diverses.
Le nombre de moines et de nonnes en France (mis à part les enseignants les plus connus, dont le nombre ne doit pas excéder une demi-douzaine) est très difficile à déterminer. Beaucoup de centres ne communiquent pas facilement ni leurs activités ni la composition de leur communauté.
Si l’on se réfère aux conditions traditionnellement énoncées dans les Écritures bouddhiques pour que le Dhamma soit véritablement établi dans un pays – c’est-à-dire, entre autres, qu’il existe une communauté importante de moines autochtones – on ne peut pas vraiment considérer que l’influence du Dhamma en France soit importante.
Plusieurs moines français sont (ou ont été) résidents en France. Le Vénérable Anigho, au Vat Khemararam ; le Vénérable Dhammavicayo, ex-résident au Vat Khemararam, est actuellement en Belgique dans une filiale de ce monastère ; le Vénérable Sâsana et le Vénérable Dhamma Sami, à la pagode du Bourget puis à celle de Bagneux ; le Vénérable Ñânaloka (plusieurs années à Sri Lanka et en Birmanie) a quitté l’Ordre et vit à Grenoble ; un autre français, le Vénérable Dhammapâlita (Paul de Meershmann), moine pendant plusieurs années (principalement à Sri Lanka et en Birmanie), a quitté l’Ordre peu après son retour en France et est retourné par la suite en Asie du Sud-est où plusieurs moines français résident ou ont résidé, en particulier le Vénérable Tithiñâno, moine dans la lignée d’Ajahn Chah.
D’autres membres français du Saṅgha monastique résident en Angleterre, au sein de la communauté dirigée par Ajahn Sumedho ; dont le monastère est Amarāvatī, au Nord-Ouest de Londres.
La voix du bouddhisme ancien, le Theravāda, ne se fait guère entendre en France, pour diverses raisons, internes et externes : faiblesse de sa représentation, en quantité comme en qualité, difficulté générale de communication, absence d’une structure éditrice organisée, repli sur soi de certaines communautés, ostracisme des médias vis-à-vis d’une forme de bouddhisme non spectaculaire et réputée austère et élitiste, volonté d’hégémonie de certains groupes ou personnes appartenant à d’autres traditions, intérêt du public potentiel pour des doctrines plus confortables.
Le mot d’Ida
Cette tradition bien que réputée austère et élitiste, ne l’est pas tant que cela.
Le reproche d’austérité viendrait, il me semble, d’un manque de rituels si habituels dans la lignée tibétaine ou japonaise. Le principal dans le Theravada et surtout dans l’Ecole de la Forêt est la pratique de la méditation, des enseignements également sont dispensés par des nonnes et des moines occidentaux venus principalement du monastère Amaravati.
Le reproche d’élitiste vient, il me semble, du fait que certains pourraient penser et je l’ai entendu dire à maintes reprises que dans le theravada la pratique est faite pour soi et non pour les autres. Ce qui n’est pas vraiment exact puisqu’il y a entre autre un texte qui s’appelle « les attitudes sublimes » que l’on peut répéter à chaque pratique :
- que je sois heureux
- que je sois libéré de la douleur et du stress
- que je sois libéré de l’animosité
- que je sois libéré de l’oppression
- que je sois libéré des ennuis
- que je prenne soin de moi aisément
- que tous les êtres vivants soient heureux
- que tous les êtres vivants soient libérés de l’animosité
- que tous les êtres vivants soient libérés de l’oppression
- que tous les êtres vivants soient libérés des ennuis
- Puissent tous les êtres vivants prendre soin d’eux-mêmes aisément
- Puissent tous les êtres vivants ne pas être privés des bonnes fortunes acquises
- Tous les êtres vivants sont propriétaires de leurs actions, héritiers de leurs actions, nés de leurs actions et vivent dépendants de leurs actions
- Quoiqu’ils fassent, en bien ou en mal, ils en hériteront
Les quatre attitudes sublimes étant :
- – L’Amour bienveillant (mettâ)
– La Compassion (karunâ)
– La Sympathie joyeuse (muditâ)
– L’Equanimité (upekkhâ)
Le bouddhisme me paraît toujours aussi intéressant après un certain nombre d’années de pratique et d’enseignement car il nous aide à vivre de l’intérieur des états que nous n’avons pas l’habitude de « fréquenter » souvent.
La pratique régulière de la méditation m’apporte une certaine tranquillité et me permet de vivre différemment les évènements de la vie. Nous ne pouvons pas prévoir ce qu’il va nous arriver mais nous pouvons changer notre état intérieur pour les accueillir. Et c’est par un entrainement régulier que cela est possible.
Ce texte a été publié dans La Lettre Des Deux Voies pour favoriser des échanges et des liens entre Francs-Maçon (nes) qui sont déjà dans une démarche bouddhiste ou qui souhaite connaître un peu mieux le bouddhisme.
La lettre est trimestrielle et gratuite, on peut s’y inscrire en précisant son nom, prénom, tél, Ob., sa L. et la Ville de résidence à ce mail : lesdeuxvoies@orange.fr
Merci pour cet article si bien informé.