mar 30 avril 2024 - 02:04

Les fruits de la bienveillance : Maha Ghosananda

Extrait de Step by Step – Traduction de Jeanne Schut

Il n’y a rien de plus glorieux que la paix. Lorsque nous stabilisons notre posture et calmons notre esprit, nous pouvons créer la paix en nous. Ensuite, nous pouvons rayonner bienveillance et bonté envers ceux qui nous entourent : notre famille, notre communauté, notre nation et notre monde.

Nous pouvons méditer ainsi : « Puissé-je être heureux. Puis-je être en paix. Puis-je être libéré de la colère. Puissé-je être libre de toute souffrance. »

Pourquoi devons-nous commencer par avoir de la bienveillance envers nous-mêmes ? Parce que la paix commence au niveau de l’individu. C’est seulement en ayant de la bienveillance en nous que nous pouvons l’étendre aux autres. Comme le dit le proverbe : « Charité bien ordonnée commence par soi-même ». En nous protégeant, nous protégeons le monde entier. En état bons envers nous-mêmes, nous sommes bons envers le monde entier. Lorsque nous disons : « Puissé-je être heureux », nous parlons pour tout le monde. Le monde entier est un. La vie est une. Nous relevons tous de la même nature de Bouddha.

La bienveillance est une énergie très puissante. Elle rayonne sur tous les êtres, sans distinction. Elle rayonne sur nos proches, sur ceux qui nous sont indifférents et sur nos ennemis. Il n’y a pas de frontières à la bonté et à la bienveillance. Le Dhamma est fondé sur l’amour bienveillant. Le Bouddha a regardé le monde entier avec compassion. Ainsi, notre prière pour obtenir un bonheur personnel se transforme naturellement en une prière pour tous : « Que le monde entier soit heureux et libre de toute souffrance. »

Les écritures bouddhistes décrivent les mérites de la méditation de la bienveillance. Elles nous disent que ceux qui la pratiquent dorment bien, qu’ls ne font pas de cauchemars, qu’ils peuvent concentrer leur esprit rapidement, que leur esprit est clair et paisible, qu’ils ne sont pas nerveux. De plus, ils sont immunisés contre le feu, les poisons et les armes ; ils peuvent résoudre tous les problèmes du monde ; ils sont aimés de tous les êtres sensibles ; leur teint s’éclaircit ; et ils atteindront le nirvana. Au total, il y a cinquante-deux bénédictions dérivées de la méditation de la bienveillance.

Lorsque nous ressentons de la bonté envers tous les êtres, nous obtenons la bénédiction d’être libres de la peur. Nos paroles et toutes nos actions physiques et mentales deviennent claires et nous devenons libres.

On trouve le plus grand bonheur en vivant sans égoïsme. C’est l’un des fruits de la bienveillance. On se satisfait de sa vie telle qu’elle est. La vie nous paraît souvent pénible, mais elle devient facile lorsque nous cessons de lutter. D’instant en instant, pas à pas, nous pouvons vivre la vie comme quelque chose de léger et d’agréable. Inutile de se dépêcher !

Avec la bienveillance, nous sommes comme des poissons dans une eau claire, jamais submergés par les fardeaux du monde. Nous suivons le courant du temps, facilement, d’instant en instant. Une paix totale habite nos yeux, nos oreilles, notre nez, notre langue, notre corps et notre esprit, car nous contrôlons tous nos sens. Nous comprenons clairement le but de notre vie et comment vivre heureux. Nous avons également une compréhension claire de l’objet de notre concentration ainsi que du je, du moi et du mien. Le Bouddha a dit : « Il n’y a pas de je, pas de moi ni de mien » et cela devient clair lorsque nous mettons la bienveillance en pratique.

En règle générale, nous sommes égoïstes pour ce qui concerne notre famille, notre argent, notre logement, notre nom et notre renommée, ainsi qu’en ce qui concerne le Dhamma. Mais lorsque nous mettons la bienveillance en pratique, nous devenons généreux. Nous offrons gratuitement ce que nous pouvons offrir, y compris le Dhamma.

La bienveillance, c’est aussi la gentillesse. Avec la bienveillance, toute inimitié est transformée. Nos ennemis ne nous haïront plus et ils finiront par nous rendre notre bienveillance en tant qu’amis.

Oui, mes amis, c’est cela l’amour bienveillant.

La grande compassion

Si je suis bon envers quelqu’un, cette personne apprendra la bonté et sera bonne envers les autres à son tour. Si je ne suis pas bon, elle nourrira de la haine et du ressentiment et transmettra ses sentiments aux autres. Si le monde n’est pas bon, je dois faire encore plus d’efforts pour être bon moi-même.

Prendre soin des autres, c’est comme prendre soin de soi. Quand je respecte et sers les autres, je sers tous les bouddhas partout. C’est ce que l’on appelle « la grande compassion ». La compassion est un état mental heureux.

Lorsque nous nous protégeons par la présence attentive de tous les instants, nous protégeons également les autres. Lorsque nous protégeons d’autres êtres vivants par des actions empreintes de compassion, c’est nous-mêmes que nous protégeons aussi

Maha Ghosananda – Biographie

Inspiré par les moines depuis sa plus tendre enfance, il obtient la permission de ses parents de se faire ordonner dès l’âge de 14 ans.

Après avoir suivi des études supérieures, il obtient un doctorat de l’Université Nalanda en Inde.

À 36 ans, il se rend dans les forêts reculées du sud de la Thaïlande où il rencontre le célèbre instructeur de méditation Ajahn Lee Dhammadaro. Il passe 13 ans auprès de ce maître, tandis que son pays est dévasté par l’insurrection des Khmers rouges. Il apprendra plus tard que tous les membres de sa famille ont été tués.

Maha Ghosananda sort de sa retraite pour aider les survivants du génocide et il offre son ministère de la paix à tous, y compris aux membres des Khmers rouges.

Après son premier voyage à Sa Kaeo, camp de réfugiés à la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande, Maha Ghosananda consacre le reste de sa vie à promouvoir la paix dans le monde et à reconstruire le Cambodge.

Il entreprend de grandes marches pour la paix et devient une figure clé dans le renouveau du bouddhisme cambodgien. Le but de ces marches était d’avancer sans peur et de montrer au monde comment l’esprit du bouddhisme permet d’aller dans des zones de terrible souffrance avec équanimité et compassion. Partout il distribuait des copies du Metta Sutta.

Il soutient que pour instaurer la paix sociale, il faut d’abord trouver la paix intérieure, et que la méditation bouddhiste est le meilleur moyen d’y parvenir : la clé de la révolution sociale est la transformation personnelle.

Maha Ghosananda décède en 2007 après avoir été nommé 5 fois pour le prix Nobel de la Paix. D’abord simple moine de la forêt, il est devenu haut dignitaire monastique en 1988, mais il est resté une figure paternelle pour les enfants cambodgiens, un maître de méditation pour les étudiants occidentaux et un artisan de la paix aux Nations Unies.

Ce texte a été publié dans La Lettre Des Deux Voies pour favoriser des échanges et des liens entre Francs-Maçon (nes) qui sont déjà dans une démarche bouddhiste ou qui souhaite connaître un peu mieux le bouddhisme.

La lettre est trimestrielle et gratuite, on peut s’y inscrire en précisant son nom, prénom, tél, Ob., sa L. et la Ville de résidence à ce mail : lesdeuxvoies@orange.fr

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Ida Radogowski
Ida Radogowskihttps://forms.gle/jqqZUgXG4LN6vv9aA
Pratiquante bouddhiste depuis plus d’une trentaine d’années, continue de suivre régulièrement des enseignements auprès de maîtres du bouddhisme Theravada-moines de la forêt (bouddhisme de l’Asie du sud-est) et pratique la méditation régulièrement. Ida a pratiqué pendant longtemps le hatha-yoga, s’est imprégnée d’une certaine philosophie hindouiste moderne (Swami Prajnanpad et Krischnamurti). Je guide depuis plusieurs années des séances de yoga-nidra (yoga relaxation) auprès de différents groupes. Ses thèmes de réflexion sont : l’éthique – le travail sur soi, la cohérence et rassembler ce qui est épars. Elle travaille dans le milieu du spectacle vivant depuis de nombreuses années en qualité d’administratrice de compagnies de théâtre et d’ensembles musicaux (gestion-administration). Ida a crée avec d’autres personnes LA LETTRE DES DEUX VOIES pour favoriser des échanges et des liens entre Francs-Maçons(nes) qui sont déjà dans une démarche bouddhiste ou qui souhaite connaître un peu mieux le bouddhisme. La lettre est trimestrielle et gratuite, on peut s’y inscrire en précisant son Ob., sa L. et la Ville de résidence à ce mail : lesdeuxvoies@orange.fr

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