mar 03 décembre 2024 - 17:12

Ce n’est pas un peu dingue la famille ?

« Folie : désertion à l’intérieur » Pierre Véron (Le carnaval du dictionnaire)

Incontestablement, la Franc-Maçonnerie est liée profondément à la structure symbolique familiale : les Frères et Sœurs qui vivent dans le giron de la Veuve du père assassiné, tout cela fait un peu « remake » d’un vieux film dont nous connaissons déjà par cœur le scénario ! Et, c’est ce « déjà vu » auquel nous n’échappons pas en venant en tenue. Soit pour prolonger le souvenir d’une famille heureuse, soit pour réparer ce qui fut loupé.

Toute cette dimension inconsciente est prégnante et incontournable et va largement contribuer au fonctionnement du vécu maçonnique dont les protagonistes attendent une réponse personnelle que, naturellement, l’Institution ne peut leur donner. Mais, ce lieu premier de notre présence au monde est-il fait de douceur imaginée ou de violence latente ?

C’est avec stupeur que les médias , durant la période de confinement, informèrent d’une progression très importante des cas de violences au sein des familles et de cas de divorces, dont les commissariats de police et les médiateurs familiaux furent les premiers témoins. Faut-il s’en étonner ?

L’inimaginable peut naturellement avoir lieu : la famille, lieu refuge par excellence, peut imploser et constituer un lieu d’angoisse et de conflits. La question que pose actuellement la psychanalyse serait la suivante : la famille elle-même n’est-elle pas un lieu pathologique par nature ? D’où le besoin de réparer les traumatismes ou les déceptions par la création de familles symboliques : églises, vie associative, vécu professionnel, groupes d’amis ou Maçonnerie ! Mais, cette reconstruction symbolique échappe-t-elle au traumatisme initial, reconstituant enfin une famille idéale ou n’est-elle que la répétition, la photocopie de l’original à-travers les projections et les répétitions qui s’y déroulent ?

I-LA FAMILLE ENTRE PROCESSUS ET PRAXIS.

La famille est bien entendu le lieu fondamental de la formation affective et humaine, incontournable, du sujet. Mais il est aussi le lieu où naissent et se développent les dérives pathologiques : névrose, psychose et perversion formant un « bouillon de culture » qui ne demande qu’à croître à la faveur des événements, privés ou collectifs.

En règle générale, c’est surtout les névroses qui s ‘exercent dans le milieu familial à partir du dépassement ou non du « passage œdipien » de l’enfant, vers une sexualité qui s’exprime vers l’altérité et échappe ainsi à l’enfermement psychologique d’un milieu qui ne veut pas laisser partir les siens. Mais la psychose, à l’état latent existe aussi : les pouvoirs publics estiment qu’elle se situe autour de 1 % de la population. Sa définition est complexe car elle n’amène pas de changements organiques notoires et sa manifestation peut-être moins spectaculaire que certaines névroses (hystérie, par exemple) ou d’ « états-limites » qui sont à la frontière entre psychose et névrose. Elle se manifeste souvent à partir de bouleversements sociaux qui mettent en péril les fragiles défenses qui étaient alors déployées pour masquer le pire. Le « cache-misère » psychologique vole alors en éclats.

Les malades éprouvent des impressions étranges ou agissent d’une façon inhabituelle, selon les observations des « psys » ou de l’environnement. Mais, il est difficile de déterminer si la psychose répond à un processus pathologique, un fait, une hypothèse, une présomption ou un jugement. Ce n’est pas un fait, car la maladie n’est parfois qu’une « adaptation » à quelque chose d’insupportable. Ce que l’on nomme la folie est basée sur des relations groupales, notamment sur le « nexus familial » (famille et extérieur formant un réseau « nerveux » dans lequel les patients sont plongés).

La question est de savoir comment la famille évolue dans l’espace et dans le temps : les membres suivent-ils une évolution similaire ou deviennent-ils déviants ? Comment supportent-ils cette évolution d’une déviance ou guérison, un « hors du groupe » qui les conduit à la solitude et à la culpabilité de « lâcher » le milieu familial? Nous assistons donc à une discontinuité apparente entre les processus du système et les actions des individus (ou agents) qui constituent le système. Nous pouvons donc utiliser des concepts de praxis, de processus et d’intelligibilité tels qu’ils furent développés par Jean-Paul Sartre (1). Ce qui se passe à l’intérieur d’un groupe de personnes peut être imputé à un agent déterminé, et on peut parler alors de praxis. Il se peut aussi que personne ne se rende compte de ce qui arrive. Toutefois, ce qui arrive peut devenir intelligible si l’on retrace le chemin parcouru à partir du déroulement du vécu (processus), afin de retrouver l’agent qui a causé les symptômes (praxis).

Du point de vue phénoménologique, un groupe peut être ressenti par ses membres comme un organisme, mais c’est une erreur ontologique : il y a un vécu individuel qui est loin de « faire corps » avec l’ensemble. Il ne peut y avoir qu’adaptation des cellules. La folie est une sorte de cancérisation à partir de l’idée qu’il existerait un corps, immuable et immortel, dont on ne sort pas. D’où l’idée que la pathologie familiale serait « ce qui bouge ». Le danger serait alors d’adopter un regard pathologique sur le fonctionnement de la famille comme si cela était une application de l’analogie biologique. Qu’est que signifierait alors « guérir » : remettre le « déviant » dans le contexte ? On en viendrait alors à un « panclinisme » qui serait plus un système de valeurs qu’un instrument de la connaissance (Sauver la « Sainte Famille » !) Le psychiatre et psychanalyste Roland Jaccard écrit (2) : « Le groupe n’est pas à l’individu ce qu’est le tout à la partie ou l’hyperorganisme à l’organisme. Le groupe n’est pas un mécanisme sauf dans le sens ou l’action mécanique du groupe peut être constituée comme telle à-travers les praxis de chacun de ses membres où elle est le résultat intelligible de telle praxis et peut être élucidée par l’utilisation d’une méthodologie appropriée ».

II- LA FAMILLE COMME « BOUILLON DE CULTURE »

Famille courant dans la nature
Famille courant dans la nature

C’est au moment de l’adolescence que la psychose se discerne le mieux : l’enfance, avec son monde magique, n’est pas révélatrice. Tant qu’à l’adulte malade, il ne fait que prolonger dans sa psychose le monde enchanté (ce qui ne veut pas dire vision « enchanteresse », mais parfois cauchemardesque !) de l’enfance et celui du désir et de la sexualité non maîtrisés. L’adolescence est souvent le point de rupture psychotique avec la famille : l’adolescent devient « fou » avec pour conséquence, le réveil pour toute la famille de la sexualité et de la contestation du pouvoir symbolique.

La famille vit sous le régime de l’intériorisation et de la reproduction : l’enfant voit le monde autour de lui en fonction de son expérience familiale originelle ; c’est-à-dire que son expérience du monde continue à ressembler aux réalités sociales qui étaient arbitrées par sa famille. Grandir, c’est sortir de façon révolutionnaire du cercle. Le discours des patients tourne souvent autour du thème : « Maman (ou papa !) n’a jamais voulu que je grandisse. Je pense que dans un certain sens, la manière dont elle (il) se conduisit envers-moi, fit obstacle à ma croissance ». Les parents veulent faire exister l’enfant selon un schéma bien déterminé et se disent qu’ils n’ont jamais rien à se reprocher. Un enfant peut être prisonnier de l’impuissance de l’un des parents à se libérer de ses propres parents. Le sociologue américain, Erving Goffman, écrit (3) : « Il ne semble pas qu’il y ait d’agent plus efficace qu’une « autre » personne pour amener l’épanouissement d’un individu ou, au contraire, pour réduire à néant la réalité de son existence, par un regard, un geste ou une remarque ».

Dans la famille, l’affection exprimée ouvertement peut effrayer, traduction d’une peur imaginaire de l’inceste. Affectivement, toute personne étrangère devient un danger pour la famille. A l’intérieur et à l’extérieur de la famille, les enfants peuvent faire ce qu’ils veulent, sous réserve qu’ils réagissent « comme il faut » Ils ont des rôles distribués, inconsciemment, qui font que la famille est comme un corps où chaque membre est responsable de la survie de l’ensemble. Si l’enfant n’accepte pas de rentrer dans le rôle qu’on lui donne, il est « malade ». Existe une conspiration inconsciente de la famille qui peut se transformer assez rapidement en paranoïa. Existe une hostilité parfois à ce que l’enfant pense dans et pour la famille, on lui donne seulement l’autorisation de penser dans le scolaire. Tout le travail de l’enfant va consister à sortir du rôle dont il se sent revêtu, en prenant garde que sa révolte ne soit considérée comme symptôme. Il doit jouer au « très bon enfant ». D’où le goût prononcé des enfants pour le théâtre ! Il acquiert une identité « procustéenne » (4).

Les amis ou « petits amis » de l’adolescent (e), inconsciemment, peuvent être rejetés ou intégrés par la famille comme l’un de leurs futurs , mais ne correspondent pas forcément aux stéréotypes familiaux, dès lors, ils représentent un danger d’éclatement de la sphère familiale et doivent être rejetés. L’étranger est un « prédateur » par nature qui risque de bousculer l’ordre des choses. Question d’ « éducation » qui n’est’ qu’en fait, une longue imprégnation d’un endoctrinement imposé par les parents. La folie repose-t-elle sur l’adhésion totale à l’idéologie parentale ou à sa non-observation ? L’enfant est souvent dans une position de « dédoublement » qui se traduit par le vécu tragiquement contradictoire entre personne « intérieure » et personne « extérieure ». D’où, face à ce double jeu, une culpabilité élevée ou la sensation d’être fou (« Un autre moi-même me parle »). C’est toujours un « statu quo ante bellum » (5), juste avant l’explosion venant d’un élément quelconque de l’extérieur, la crise actuelle par exemple.

Ce que les membres de la famille désirent est une gratitude de l’autre qui, si elle ne vient pas, va se transformer en haine, surtout si les uns et les autres « jouent le jeu » pour mériter cela. Si cette affectivité ne se traduit pas, nous allons assister à une séparation de type psychotique : se mettre « entre parenthèses » dans la maladie. Au mieux, la frustration se traduit par un stade de « convalescence raisonnable ».

Existe même un langage para-verbal au sein de la famille dans lequel les membres de la famille se reconnaissent, à la manière des sociétés animales : tics divers, attitudes physiques copiées par le groupe, habillement selon des codes (le port du loden dans le 16e arrondissement pendant un temps !) et « retourner sa veste », c’est trahir les comportements et les idéologies de la famille, donc être « malade ». Le « bohème », c’est être un errant, sans domicile psychologique fixe. Il convient de préserver un « No man’s land » familial, avec quelques échanges entre deux fronts adverses.

Les parents sont toujours persuadés qu’ils font « ce qu’il convient », surtout si eux-mêmes eurent des parents détestables. Ils se veulent dignes d’éloges, alors que le psychanalyste Donald Winnicott nous parle de l’impossibilité de toute perfection en matière d’éducation et que, en matière d’éducation maternelle, par exemple, le mieux serait une « Good enough mother », une mère « assez bonne » ! Le flot de paroles de l’un et l’autre parent sur leur mode d’éducation est là pour cacher l’angoisse de traduire une réelle implication affective. Le désir, c’est le pire pour la famille. Le drame tient à une protection matérielle prioritaire mais qui ignore les besoins affectifs : « Je suis un objet fragile que l’on aime parce que fragile, mais pas en tant qu’individu. Juste comme un cas ». Les parents envoient souvent leurs enfants vers des zones à « non risques » où ils peuvent exercer un affect limité et où leur idéologie sous-jacente trouve satisfaction : églises, club sportifs, scoutisme, organismes dépendant d’une secte ou d’un parti. Ainsi, ils confient à d’autres la charge qui les inquiètent : gérer le désir de leurs enfants. Ces groupes d’appartenance ont pour fonction aussi de renforcer l’idéologie de la famille en définissant un ennemi commun qui incarne le mal.

III-QUELS SONT LES CRITERES D’UN TERRAIN PATHOLOGIQUE ?

Famille heureuse papa maman enfant
Famille heureuse papa maman enfant sur les épaules

Nous pouvons énoncer un certain nombre de situations qui sont des facteurs pathogènes qui peuvent être le reflet d’une psychose latente, non-décompensée :

– Une mère surprotectrice et en même temps rejetante. Un père absent, malade, dans l’impossibilité de devenir un père symbolique identificatoire pour l’enfant. Dans la famille, le « fou » est l’un des points de relation, un nœud d’échange d’un système d’interactions d’un réseau de communication. Le psychiatre Théodore Lidz écrit (6) : « On ne peut décrire de façon adéquate une famille, ou même un couple, en termes de personnalités de ses membres pris séparément. Une famille est un groupe et demande une description en termes de dynamique de groupe et d’interactions entre ses membres ».

– Divorce émotionnel des parents doublé d’un pseudo accord recouvrant une intense hostilité et une volonté de destruction réciproque. Thanatos est le maître du jeu et Eros en est totalement absent.

– Absence d’entente parentale fondée sur la complémentarité et le respect, harmonie factice, où tout conflit est toujours synonyme de rupture. Souvent des couples immatures où le narcissisme tient lieu de relationnel.

– Frontière entre les générations mal assurée : l’enfant est utilisé comme tampon entre les parents, ou il tient le rôle de « conjoint » dans la vie affective de l’un des deux. D’où une prolongation de la phase oedipienne pour l’enfant.

– Une frontière mal définie entre les sexes. Dans ce cas, le parent du même sexe ne représente pas, par son image, un modèle d’identification valorisé par le sujet. Ce dernier ne se fait pas d’ailleurs une haute idée de son propre sexe auquel il appartient.

– L’identité du Moi n’accède pas à une formation stable en l’absence de références précises. Un sentiment de rejet est implicite. Dans la famille, toute tentative d’individuation est considérée comme un signe d’insoumission et réprimé.

– Fonctionnement en système clos isolé. Avec, cependant, quelques contacts à l’extérieur qui permettent une projection ou un défoulement ayant pour but de préserver la famille d’une implosion. Le confinement n’a fait qu’accentuer les risques latents de la dislocation de ces milieux fragilisés par des fonctionnements psychotiques.

– Répression de toute sexualité génitale, qu’elle soit réelle ou imaginaire (condamnation du phantasme « comme si c’était vrai », d’où la confusion entre réel et imaginaire). La psychose apparaît non quand il y a rupture de liens familiaux, mais au contraire là où une rigidité anormale des liens pré-sociaux empêchent l’individu de se libérer de la loi de son cercle familial ou de son groupe restreint, resté étranger à la collectivité sociale. Luc Kaufmann, psychiatre suisse écrit : Les schizophrènes et leurs familles maintiennent le mythe et le credo d’une harmonie inébranlable dans la famille qui passe avant-tout. Ils se comportent comme si toute motivation agissant contre l’autonomie de l’enfant était qualifiée de « bonne », indépendamment de son âge, et toute pulsion, pensée ou action autonome serait « mauvaise ». Le principe paraît introjecté et superposé aux directives morales habituelles, y compris celle du tabou de l’inceste, une des raisons pour laquelle la tolérance à l’égard de l’inceste est plus grande. « Ce n’est pas si grave, pourvu que les choses se passent en famille ! », cette famille qui est une pseudo-famille, où personne n’a fait son individuation, vit sur un mode de réciprocité sans identité, aspirant à la symbiose sans jamais l’atteindre ».

– Priorité à l’ordre et à la propreté comme valeurs suprêmes. La famille est une « place forte » et nul n’a le droit d’y porter atteinte ou de la salir. Le conservatisme est de rigueur. Dès lors, la folie est l’ultime révolte des enfants contre des parents froids, puritains et consciencieux.

– Les enfants sont vécus comme une honte face au désir des parents en les créant. D’où une non-reconnaissance de leurs enfants comme preuve de leur désir. Ils les élèvent dans la puérilité et l’angoisse d’une sexualité fortement refoulée et dangereuse, car eux-mêmes n’ont pas eu de parents leur permettant d’assurer leur sexualité avec fierté. Françoise Dolto ajoute : « pour peu que les grands-parents, origines de cette névrose, jouent un rôle encore prévalent, soit au foyer de leurs enfants devenus parents, soit dans l’éducation de leurs petit-enfants, ceux-ci subissant de graves traumatismes qui entravent leur structure libidinale ». Selon elle, trois générations sont nécessaires pour qu’apparaisse une psychose, d’où un travail thérapeutique nécessaire avec la fraterie de l’enfant et ses parents et grands-parents, c’est-à-dire avec ceux qui n’ont pas pu soutenir le narcissisme du sujet dans la communication symbolique de ses émotions à leur égard. Pour que l’enfant reçoive la permission d’exister, il faut que les parents soient capables de renoncer à leur attachement infantile à leurs propres parents. C’est comme cela qu’ils pourront reconnaître leur enfant comme un être qui n’est plus eux-mêmes et qui est issu du plaisir et d’un projet.

– Dans la psychose existe une dépossession du Soi et un envahissement du Moi par l’autre qui se traduisent par le fait que les parents parlent au nom et à la place de l’enfant (allant même jusqu’à l’expliquer à lui-même), qu’ils disposent de son corps, aussi bien que pour l’alimentation que pour l’évacuation ou pour toute jouissance. Cela conduit l’enfant à la folie. Roland Jaccard écrit (7) : « Quand le désir est un délit, quelle autre issue que le délire ? »

IV-CONCLUSION

famille heureuse, soleil couchant, père mère enfants
famille soleil couchant père mère deux enfants

Nous pourrions avancer l’idée que la folie est liée à l’impossibilité de se séparer du corps de l’autre par une objectivation de cet autre comme un objet lui appartenant ou étant le prolongement de lui-même. Pour reprendre l’expression de Paul Ricoeur, le psychotique demeure dans sa « mêmité » et ne peut entrer dans l’altérité faute à l’impossibilité à la symbolisation. Ce qu’écrit Jacques Lacan dans son Séminaire sur les psychoses (7) : « Qu’est-ce que le phénomène psychotique ? C’est l’émergence dans la réalité d’une signification qui n’a l’air de rien- et ce, pour autant qu’on ne peut la relier à rien, puisqu’elle n’est jamais entrée dans le système de la symbolisation- mais qui peut, dans certaines conditions, menacer tout l’édifice ». Dès lors,dans une terrible logique, tout événement particulier important ou banal est un facteur déclenchant de ce qui était là depuis longtemps, jamais totalement maîtrisé. Le « passage à l’acte » est alors prévisible.

Mais, nous ne pouvons contourner la question que nous posions en introduction : devant la prise de conscience des manques de l’enfance, ne sommes-nous pas à la recherche d’une famille symbolique qui réparerait ces manques, et la Franc-Maçonnerie n’en serait-elle pas la parfaite représentation imaginaire nous permettant de mettre à distance le réel de nos vies passées, tout en en faisant un étrange parallélisme avec l’approche psychanalytique (Meurtre du père, la Veuve et ses enfants, les Frères et les Soeurs, etc…) ? D’où les blessures profondes engendrées quand le vécu maçonnique ressemble un peu trop à ce que nous connaissions « avant ». Dans la question inversée, une ambiance enfantine heureuse ou imaginée comme telle, n’incite t-elle pas non plus à la recherche d’un lieu de prolongation d’une forme d’utopie salvatrice confiée à la Maçonnerie et rencontrant, comme dans le premier cas, les mêmes déceptions et les mêmes craintes que ce monde qui tendrait vers une utopie en voie de réalisation ne se désagrège ?

 Dès lors, illustrant parfaitement le transfert de la famille d’origine sur la Maçonnerie, le groupe soucieux de « rassembler ce qui serait épars » oppose une résistance opiniâtre à qui ne ferait pas partie de la famille et la critiquerait ! Mais, dans le fond, pourquoi ne pas tenter l’utopie de la famille reconstituée avec discernement, sur la base de l’acceptation que nous cherchons tous un lieu « à la jardin d’Epicure » où nous tenterions, dans l’amitié, de vivre avec des hauts et des bas, quelque chose de symbolique et d’affectif (avec ses limitations acceptées qui ne deviendraient plus des traumas en cas d’échecs momentanés) et qui échapperait à la dureté implacable du réel et permettrait non de s’en cacher, mais donnerait la force et le courage de l’affronter.

 Bon, il est temps d’arrêter de délirer, je vais aller déjeuner. En famille, bien entendu !

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Michel Baron
Michel Baron
Michel BARON, est aussi conférencier. C'est un Frère sachant archi diplômé – entre autres, DEA des Sciences Sociales du Travail, DESS de Gestion du Personnel, DEA de Sciences Religieuses, DEA en Psychanalyse, DEA d’études théâtrales et cinématographiques, diplôme d’Études Supérieures en Économie Sociale, certificat de Patristique, certificat de Spiritualité, diplôme Supérieur de Théologie, diplôme postdoctoral en philosophie, etc. Il est membre de la GLMF.

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