jeu 09 mai 2024 - 12:05

Lieu symbolique : Le Temple maçonnique de Santa Cruz de Tenerife (îles Canaries, Espagne)

Santa Cruz de Tenerife, ville cosmopolite reconnue pour son atmosphère ouverte et accueillante, est située dans l’archipel des îles Canaries, en Espagne.

Armes de Santa Cruz de Tenerife.

C’est l’une des deux capitales de la communauté autonome des îles Canaries, partageant ce statut avec Las Palmas de Gran Canaria. Santa Cruz de Tenerife est située sur l’île de Tenerife, la plus grande des îles Canaries. La ville se trouve sur la côte nord-est de l’île et jouit d’un climat subtropical, caractérisé par des températures douces tout au long de l’année.

Fondée au XVe siècle, Santa Cruz a une histoire riche, marquée par des influences espagnoles, guanches (les habitants autochtones des îles Canaries), et d’autres cultures européennes et africaines. La ville est connue pour son architecture, ses musées et ses événements culturels.

Carnaval de Santa Cruz de Tenerife.
Carnaval de Santa Cruz de Tenerife.

Elle est aussi célèbre pour son carnaval annuel, l’un des plus importants et des plus spectaculaires au monde. Il est reconnu pour ses costumes colorés, ses défilés extravagants et sa musique animée, attirant des visiteurs du monde entier.

La ville est un important centre commercial et un hub pour le tourisme, grâce à ses plages, son climat agréable et ses attractions touristiques. Le port de Santa Cruz de Tenerife joue un rôle crucial dans le commerce et la communication entre l’Europe, l’Afrique et les Amériques.

Outre le carnaval, la ville offre diverses attractions telles que le Parc Maritime César Manrique, le Musée de la Nature et de l’Homme, le Palmetum (un jardin botanique de palmiers) et le théâtre Guimerá et le plus ancien Temple maçonnique d’Espagne, le seul qui ait survécu à la guerre civile…

Le Temple maçonnique de Santa Cruz de Tenerife

“Templo Masónico” mentionné sur un panneau indicatif.
“Templo Masónico”, porte d’entrée.

Le Templo Masónico de Santa Cruz de Tenerife est un bâtiment situé au cœur de la ville. Il est édifié selon les plans de l’architecte Manuel de Cámara y Cruz entre 1899 et 1902 pour héberger la loge « Añaza », qui maçonne sous les auspices du Grand Orient Ibérique, puis passée de 1903 à 1922 sous ceux du Grand Orient d’Espagne et enfin sous la bienveillante autorité de la Grande Loge des Canaries. La construction totale dure plus de vingt années et il est considéré comme un des plus bels exemples de bâtiment maçonnique en Espagne. Il fut également le plus grand centre maçonnique d’Espagne jusqu’à sa réquisition par le régime franquiste.

Une bien belle histoire

Le 8 août 1895 voit la création de la loge « Añaza », qui participe à la structuration de la franc-maçonnerie dans les îles Canaries dans le premier tiers du XXe siècle. C’est sous son impulsion qu’un bâtiment à vocation de temple maçonnique est construit, le financement étant assumé entièrement par la loge. Cependant, les travaux, dont la façade, ne se terminent qu’en 1923. Le bâtiment a également été utilisé comme école gratuite, toujours financée par la respectable loge.

Son descriptif

La façade a une forte inspiration égyptienne, à chapiteaux avec des feuilles de palmier tenant un grand fronton triangulaire. Au fronton, un œil avec des rayons radiants, au pied de chaque colonne siègent deux sphinx (quatre au total). La porte d’entrée est sculptée en bois avec des motifs géométriques, au-dessus, le linteau est décoré avec des feuilles de palmiers et un soleil avec les ailes d’un aigle, symbole de Horus.

Le bâtiment dispose également d’un cabinet de réflexion creusé dans le sous-sol dans la roche volcanique naturelle ! À l’étage se trouve la salle de banquet avec des fenêtres donnant sur la façade principale. Le dernier niveau dispose de quelques chambres.

Le temple maçonnique de Santa Cruz de Tenerife est sur la même latitude (28° nord) du monastère de Sainte-Catherine en Égypte, site d’une grande importance religieuse et historique, situé au pied du mont Sinaï, où, selon la tradition de l’Ancien Testament, Moïse a reçu les Dix Commandements, les Tables de la Loi.

De la spoliation

Le 15 septembre 1936, à la suite du coup d’État, la loge « Añaza » ayant été dissoute et ses biens confisqués, dès le premier décret antimaçonnique édicté par le général Franco 1892-1975, qui instaura puis dirigea un régime dictatorial, le Temple est réquisitionné et cédé à la Phalange espagnole, une organisation politique espagnole nationaliste d’obédience fascisante fondée le 29 octobre 1933 par José Antonio Primo de Rivera, fils de Miguel Primo de Rivera, ancien dictateur d’Espagne de 1923 à 1930 – comme quoi « les chiens ne font pas des chats ». Une partie du bâtiment devient une pharmacie militaire, une autre partie sert de caserne pour les soldats du régime jusqu’en 1990.

Rappelons qu’après la mort du Caudillo, l’Espagne connue une transition démocratique espagnole, processus ayant permis la sortie du franquisme et la mise en place d’un régime démocratique. En vérité, après l’approbation de la Constitution de 1978, la franc-maçonnerie a été légalisée en Espagne le 19 mai 1979 par une sentence de le chambre du contentieux administratif de l’Audience nationale espagnole.

Le bâtiment est définitivement fermé en 1990. En 2001, l’État le vend à la ville de Santa Cruz pour la somme de 470 000 euros.

À la renaissance !

Dès novembre 2021, la presse espagnole annonçait que la ville de Santa Cruz de Tenerife s’engageait à rénover et transformer l’historique temple maçonnique de Santa Cruz de Tenerife en un musée et un centre de conférences.

Il faut dire que le site Earth Press News avait élu Santa Cruz de Tenerife comme étant la meilleure ville d’Espagne où il fait bon vivre. Détaillant ainsi comment la mairie de Santa Cruz projetait un vaste plan d’investissements pour les années à venir dont 44 millions d’euros investis dans le secteur touristique et 30 millions d’euros consacrés à la rénovation de son patrimoine historique. L’objectif étant de récupérer des bâtiments emblématiques afin de les mettre en valeur pour les rendre attractifs. Préserver et valoriser un patrimoine bâti historique présente toujours de nombreux avantages, tant sur les plans culturel, économique que social.

Dans ce cadre, 3 millions d’euros sont consacrés au travaux de rénovation du Temple, travaux qui devraient être terminés en 2025.

Le Temple est déclaré bâtiment d’intérêt culturel dans la catégorie monument historique et fait partie des plus bels exemples de bâtiment maçonnique espagnol.

Comme quoi, reconstruire le Temple, c’est possible !

Un clin d’œil à mes frères et sœurs et amis(ies) profanes de la 15e croisière maçonnique & philosophique.

Photos Temple maçonnique de Santa Cruz de Tenerife © Yonnel Ghernaouti, YG

4 Commentaires

    • Bonjour Pierre,
      Le temple maçonnique de la loge « Añaza » à Santa Cruz de Tenerife se situe à C. de San Lucas, 35.
      À trois pas de la C. Imeldo Seris et de la Palza del Principe de Asturias.
      En rénovation, il ne se visite pas. Mais en plein cœur de ville, cela vaut le détour…
      Bon séjour aux Canaries !

    • Bonjour Pierre,
      C’est à Santa Cruz de Tenerife, si vous souhaitez plus d’info je suis à votre disposition par mon mail.

    • Cher Pierre,
      Ajoutons aussi à tenerife l’exposition “La lumière éternelle de la franc-maçonnerie” présentée dans la Salle Centrale de la Bibliothèque Centrale de Santa Cruz, située dans les installations du Tenerife Espacio de las Artes (TEA), jusqu’au 24 mai 2024. Cette exposition, ouverte au public de 8h00 à 20h00 est gratuite.

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti est directeur de la rédaction de 450.fm. Il a fait l’essentiel de sa carrière dans une grande banque ancrée dans nos territoires. Petit-fils du Compagnon de l’Union Compagnonnique des Compagnons du Tour de France des Devoirs Unis (UC) Pierre Reynal, dit « Corrézien la Fraternité », il s’est engagé depuis fort longtemps sur le sentier des sciences traditionnelles et des sociétés initiatiques. Chroniqueur littéraire, membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France (IMF) et médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie (Musée de France), il collabore à de nombreux ouvrages liés à l’Art Royal et rédige des notes de lecture pour plusieurs revues obédientielles dont « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France et « Perspectives » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain ou encore « Le Compagnonnage » de l’UC. Initiateur des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, il en a été le commissaire général. En 2023, il est fait membre d'honneur des Imaginales Maçonniques & Ésotériques d'Épinal (IM&EE).

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