Incontestablement, les Francs-Maçons souffrent d’un syndrome quasiment inguérissable : la « Templo-Mania ». Cette pathologie se caractérise par faire d’un lieu imaginaire (Et largement endommagé !) un lieu de rassemblement, de désespoir nostalgique du temps passé, mais aussi d’idéal de reconstruction spirituelle de l’homme et de finalité à sa dispersion. Comme si le temple devenait l’incarnation de Dieu lui-même en l’enfermant et en se le gardant pour soi. Bon d’accord, mais Dieu aurait-il besoin des hommes pour le reconstruire si besoin était. Belle visée anthropomorphique !
Lecteur assez assidu de la Bible, le doute s’insinua sournoisement en nous (tel le coup du serpent de l’Eden tentant de jouer les séducteurs avec la bonne madame Eve !). Et ce, à la lecture d’un passage du livre de l’Exode 20 (versets 22 à 26) concernant la construction d’un lieu d’adoration,qui vient juste après l’énoncé des dix commandements, un peu comme si cela en était un onzième. Dieu s’adresse à Moïse et lui dit : « Tu parleras ainsi aux enfants d’Israël . Vous avez vu que je vous ai parlé depuis les cieux. Vous ne ferez point des dieux d’argent et des dieux d’or, pour me les associer ; vous ne vous en ferez point. Tu m’élèveras un autel de pierre, sur lequel tu offriras tes holocaustes et tes sacrifices d’actions de grâces, tes brebis et tes bœufs. Partout où je rappellerai mon nom, je viendrai à toi, et je te bénirai. Si tu m’élèves un autel de pierre, tu ne le bâtiras point en pierres taillées ; car en passant ton ciseau sur la pierre, tu la profanerais. Tu ne monteras point à mon autel par degrés, afin que ta nudité ne soit pas découverte. »
Apparemment, en lisant ces versets qui succèdent d’emblée aux dix commandements, nous nous apercevons que Dieu est écolo : il veut bien que nous lui rendions grâce, mais en n’utilisant pas la forme habituelle des dévotions païennes comme la construction de temples qui représentent des images ou représentations des dieux, et ainsi les capturent. Le Dieu de la Bible se veut libre et maître de son univers créé par lui-même. Légèrement puritain aussi, quand on lit le dernier verset d’Exode 20, verset 26, « cachez cette nudité que je ne saurais voir » !
Dès lors, toute création de temple devient une tentative d’emprisonnement et donc de réduction de sa puissance. D’où cette interdiction à l’édification, même en son honneur qui le ferait ressembler aux dieux païens qu’il exèdre ! Mais naturellement, le peuple d’éleveurs une fois installé après l’errance va se transformer en agriculteurs, commerçants citadins et instituer une véritable théocratie, doublée d’une dérive monarchique à partir de David et Salomon et ce, malgré les remontrances des prophètes qui ne cesseront de leur répéter que, face à la puissance du dieu unique, ils ressemblent à des parvenus, imitant leurs proches voisins plus riches et plus puissants. Nous connaissons la fin de l’histoire : les dérives païennes de Salomon, L’incursion de Nabuchodonosor et la destruction du Temple suivie de la captivité à Babylone, la reconstruction du temple et la réinstallation autorisées par Cyrus, malgré l’interdit cité plus tôt dans Exode, et le remake de Vespasien et des Romains, montrant la fragilité d’un édifice qui se doit d’être intérieur et non exposé aux aléas de l’histoire et de ses variations. La foi ne redevient pure que lorsqu’elle retrouve le désert qui laisse deviner et parfois entrevoir de manière symbolique (Le buisson ardent et la présence au Sinaï, par exemple) l’existence théorique du Principe. Le judaïsme, d’une certaine manière, trahit l’errance du désert et du contact avec le Principe, par une installation plus ou moins factice et copiée du voisinage. Ce que nous rappelle Madame le Rabbin Delphine Horvilleur, quand elle évoque la figure d’Abraham (1) : « La fidélité à une mise en route, la fidélité à une infidélité fondatrice qui dit à chacun de nous : « Si tu veux rester, casse-toi » au sens littéral du terme, c’est-à-dire : « Vis avec la fracture, la cassure qui t’emmène ailleurs, hors de la maison, qui fait et qui défait le sens de ton identité pour que tu restes en vie et en chemin, et qu’en cela tu restes un Hébreu. »
Répondre à cette réflexion, ne peut que déboucher en faisant appel à l’archéologie et à l’épigraphie modernes qui nous serons d’un grand secours et nous aiderons à comprendre la transgression de l’interdit de l’édification du temple de Jérusalem. Ce que ces disciplines nous montrent des relations entre Salomon et Hiram 1er de Tyr, ce sont l’importance des contacts diplomatiques pour mettre en place des alliances de deux pays liliputiens face à d’énormes empires, mais surtout commerciaux entre les deux pays. La Bible est l’une des sources de documentation, mais non la seule. Elle décrit, au 10eme siècle avant notre ère, les contacts établis, d’abord avec David, puis avec son fils Salomon. Le dossier des relations peut se résumer dans les rubriques suivantes :
-1 : La fourniture de bois de cèdre par Hiram à David pour la construction de son palais et de cadres techniques et d’ouvriers pour cette même construction, car les juifs, peuple d’éleveurs, ne maîtrisaient pas l’architecture, malgré leur présence en Egypte. Dans la Bible ces épisodes sont évoqués dans : II Samuel,V,2 ; Chroniques XXII, 4 (qui n’évoque pas Hiram, mais les Sidoniens et les Tyriens). En II Chroniques, II, 2, il y a une allusion aux fournitures dans un message que Salomon avait fait parvenir à Hiram. Il est question aussi dans I Rois, V, 15, d’une amitié que Hiram avait pour David.
-2 : Une correspondance existe entre Hiram et Salomon dans laquelle le roi de Tyr promet de fournir du bois de construction au roi d’Israel, tandis que ce dernier s’engageait à approvisionner Hiram en vivres. Dans I Rois V, 15-25 ; I Rois IX, 11 ; I Rois V, 32, on parle de maçons d’Hiram travaillant à Jérusalem et dans I Rois VII, 13-14, le commentateur évoque un bronzier tyrien, du nom d’Hiram, venu effectuer des travaux dans la capitale juive. Toutes les notices sont amalgamées dans II Chroniques, II, 2-15, où nous trouvons un certaine nombre de variantes en ce qui concerne les quantités de vivres fournis par Salomon (verset 9 : 20.000 kors de blé, 20.000 kors d’orge, 20.000 baths de vin, 20.000 baths, 20.000 baths d’huile au lieu de 20.000, au lieu de 20 kors d’huile selon I Rois, V, 25). La mention de Jaffa comme port de destination du bois livré par Hiram est donnée (dans Esdras, III, 7 est confirmé que c’est bien à Jaffa que le bois est débarqué). C’est toujours dans Esdras qu’est reprécisé le nom du bronzier Hiram, qui devient Houram-Abi, sans doute pour le distinguer du roi de Tyr.
– 3 : la conclusion d’un accord officiel entre Hiram et Salomon dans I Rois, V, 26.
– 4 : L’organisation conjointe par Hiram et Salomon de différentes expéditions maritimes (Voyage vers Ophir : I Rois, IX, 26-28, XII ; II Chroniques, VIII, 17-18 qui transforme en 450 talents d’or les 420 talents ramenés d’Ophir selon I Rois, X, 22 et IX, 10. Nous pouvons rapprocher d’ailleurs ce texte de I Rois, X, 22, relatif au voyage d’Hiram et Salomon.
Tous ces textes sont difficiles à apprécier en matière d’ancienneté et de valeur historique, mis à part la notice de III Samuel, V, II, car elles figurent toutes dans les livres des Rois et dans ceux des Chroniques qui ne donnent pas d’informations différentes de ceux des Rois. La rédaction finale de ces derniers, rédigés en plusieurs temps, furent inspirés par le Deutéronome et la réforme de Josias en -622. Les textes relatifs à Hiram dateraient donc au plus tôt du dernier quart du VIIe siècle, mais les livres des Rois, n’ayant sans doute été achevés que pendant l’Exil ou plus tard. A cela, il faut ajouter un grand nombre d’hésitations sur les sources qui ont servi à la rédaction du livre des Rois. L’accent est trop souvent mis sur la « sagesse » de Salomon, avec la primauté de la construction du Temple, malgré l’interdit d’origine, ou à sa grande fortune personnelle. En fait, nous pouvons considérer que l’histoire de Salomon et d’Hiram s’inscrit dans un arrière-plan institutionnel de pratiques en vigueur dans les relations internationales du Proche-Orient. Dans son étude : « The treaty between Israelites and Tyrians », le chercheur Fensham estime que le traité conclu par Hiram et David, renouvelé par Salomon, aurait réglé non seulement les fournitures tyriennes de matériaux et d’artisans pour les constructions, mais aussi la collaboration économique dans la réalisation d’une flotte qui aurait navigué en Mer Rouge. Mais, le texte essentiel des relations ne concerne que Salomon. Relisons le texte : « Javhé avait donné la sagesse à Salomon, ainsi qu’il le lui avait dit, il y eut la paix entre Hiram et Salomon ; ils conclurent un berit entre les deux » (I Rois, V,26). La difficulté de ce passage réside dans la traduction du mot « Berit ». En effet, une distinction s ‘impose entre « Alliance » et « traité » car ces deux sortes d’accords sont de portée différente. Par alliance, nous pouvons entendre un accord assez vague entre deux puissances pour instaurer un climat de bonne volonté mutuelle, alors qu’un traité est une sorte de contrat international bien défini et clairement spécifié dans un acte. Dans ce sens, le témoignage de I Rois, V, 26, est-il un traité entre Hiram et Salomon ? Le mot « Berit », et là sa difficulté apparaît souvent pour désigner l’alliance de Dieu et de son peuple. Mais quand il est appliqué entre deux rois il peut se traduire par un traité. Il est donc difficile de savoir dans quelle mesure, l’auteur qui parlait de « Berit » à propos d’Hiram et Salomon songeait à un traité. Le traité devait donc être, avant-tout un pacte de paix entre les deux rois et la construction du temple n’est qu’un des aspects à une collaboration tyro-israélienne.
Ayant appris que Salomon avait succédé à son père David sur le trône d’Israël, Hiram lui envoie des messages en disant qu’il a toujours été l’ « aimant » de son père David. Nous avons là à faire avec un langage diplomatique classique : le verbe « aimer » (en accadien « Râmu ») est souvent utilisé pour marquer les relations qui unissaient deux rois amis. Les nouvelles relations vont s’inscrire comme des relations économiques avant tout : les cadeaux de salutation (en accadien « Sulmônu ») sont un troc pour entrer en matière. Ce n’est jamais un signe d’amitié au sens où nous l’entendons aujourd’hui : l’absence de réciprocité dans l’échange de cadeaux est moins considérée comme un délit d’ordre économique ou comme une rupture de contrat que comme un manquement à l’étiquette. Les princes se faisaient honneur en s’envoyant mutuellement des cadeaux et une défaillance de l’un d’eux était prise comme une offense plutôt que comme une malhonnêteté. Salomon et Hiram entrent donc aussi dans une relation d’échange en tous points semblables à celle qui liait les rois du IIe millénaire. La conséquence va en être la cession de villes à Hiram et la fourniture de matériaux et de cadres pour la construction du temple, et la mise en place d’une flotte commune (les pilotes des bateaux étant de Tyr), afin de trouver de l’or dans d’autres pays ou d’établir des comptoirs commerciaux. Il est donc très hasardeux d’expliquer les relations d’Hiram et de Salomon comme la Bible nous les décrit, comme l’application précise des termes d’un traité. Il s’agit plûtot d’une collaboration se développant au fil des ans, sans plans préconçus et reliée à la situation internationale du temps : Tyr et Israël sont, avant-tout, deux petits états qui cherchent une alliance par rapport au géants de l’époque. Salomon est « sage », car il est partisan de ce que nous pourrions appeler une « realpolitic » !
Cette bonne entente, née au temps de David, se serait poursuivie à l’époque de Salomon et aurait pris la forme d’une suite d’échanges de cadeaux. Un autre élément de bonne entente pourrait être la présence de sidoniennes dans le harem de Salomon et l’adoration de la divinité sidonienne Astarté par Salomon lui-même. Les mariages dynastiques et l’adoration de divinités étrangères font partie, comme les échanges de cadeaux, des « politesses » que se rendaient les souverains associés par des liens de bon vouloir mutuel. Il n’est pas impossible que Salomon, pour resserer les bonnes relations avec Hiram, ait fait entrer le culte d’Astarté à Jérusalem, au sein même du temple. Ce qui est un étrange retournement historique : les fouilles archéologiques récentes démontrent que les premiers habitants d’Israël étaient des agriculteurs cananéens, fuyant l’influence des cités-états (2) et pratiquant des cultes dédiés aux déesses-mères (3), dont l’emplacement du temple de Jérusalem était l’un des hauts-lieux, avant la construction du temple salomonien. Naturellement, la Bible condamnera durement Salomon, celui qui se voulait puissant et sage à la place de Dieu. Elle le renvoie au néant : « L’Eternel fut irrité contre Salomon, parce qu’il avait détourné son coeur de l’Eternel, le Dieu d’Israël, celui qui lui était apparu deux fois. Il lui avait à cet égard défendu d’aller après d’autres dieux ; mais Salomon n’observa pas les ordres de l’Eternel. Et l’Eternel dit à Salomon : « puisque tu as agi de la sorte, et que tu n’as point observé mon alliance et mes lois que je t’avais prescrites, je déchirerai le royaume de dessus toi et je le donnerai à ton serviteur » (I Rois 11, 9-11).
Bravant l’interdit, ne tenant pas compte de la transgression de Salomon, l’histoire va se répéter : au retour de l’exil babylonien, Zorobabel fait appel de nouveau aux Tyriens et aux Sidoniens. Ce n’est qu’au cours de la troisième reconstruction par Hérode que les juifs ne firent plus appel aux alliés de Tyr et de Sidon. Mais ceux-ci avaient disparu dans l’Empire romain et le nouveau découpage des provinces. A Jérusalem même, un temple fut dédié à Jupiter protecteur de la cité sur l’emplacement du second temple ; on y édifia également au nord-ouest un sanctuaire à la gloire de Vénus ! Et puis, définitivement, le temple fut détruit comme nous le savons, résultat d’un « peuple à la nuque raide » (Exode 32,9)…
Les affaires de famille sont toujours compliquées et elles amènent des héritages lourds à porter. Ainsi, la construction du temple de Jérusalem par Salomon, objet résultant des accords politico-commerciaux avec Hiram, se trouvait justifiée par le souhait de son père David, lequel commençait déjà à mettre en place le désir d’être un royaume comme les autres, quittant l’élevage et l’errance du désert pour l’agriculture, la ville au lieu de la tente, le temple au lieu du tabernacle, le commerce au lieu du troc, des rois au lieu d’une théocratie prophétique. Mais on oublie que Dieu, avait réitéré son interdit à David devant l’idée de la construction d’un édifice à sa gloire : « La nuit suivante, la parole de l’Eternel fut adressée à Nathan : Va dire à mon serviteur David : Ainsi parle l’Eternel : Est-ce toi qui me bâtiras une maison pour que j’en fasse ma demeure ? Mais je n’ai point habité dans une maison depuis le jour où j’ai fait monter les enfants d’Israël hors d’Egypte jusqu’à ce jour ; j’ai voyagé sous une tente et dans un tabernacle » (2 Samuel, 7- 4 à 6). Dieu fera la vague promesse à David que son fils Salomon pourra édifier une « Maison » pour lui. Nous connaissons le résultat, par deux fois, de l’interdit premier. Retour à la case-départ !
Bon, on en vient aux Francs-Maçons ! A chaque tenue nous avons sous les yeux le symbole de la double destruction de ce qui se voulait l’imitation, la mode du monde ambiant, souvent avec la mise en place d’une pensée hypocrite qu’à longueur de Bible les prophètes dénoncent. Et nous qui avons le désir et la prétention de reconstruire quelque chose de vain, de factice, de toc, amené à être de nouveau détruit, de participer, en fait,à l’illusion salomonienne ! Le temple n’est pas le lieu de « Je suis celui qui suis » (Exode 3, 14). Si on le cherche (ou autre chose à sa place), on ne peut le trouver que dans la solitude et le silence du désert, et après en rendre grâce dans son temple personnel intérieur.
Vais-je mourir idiot ?!
NOTES
– (1) Horvilleur Delphine : Le Rabbin et le psychanalyste. Paris. Ed. Hermann. 2020. (Page 37).
– (2) Article du journal Le Monde du mercredi 4 mai 2005 par Stéphane Foucart : Enquête archéologique aux racines d’Israël ».
– (3) Dever G. William : Aux origines d’Israël. Paris. Ed.Bayard. 2005.
BIBLIOGRAPHIE
– Baron S.W. : Histoire d’Israël (3 tomes). Paris. PUF. 1957.
– Bonnes Jean-Paul : David et les Psaumes. Paris. Ed. Du Seuil. 1963.
– Collectif : Dictionnaire archéologique de la Bible. Paris. Ed. Fernand-Hazan. 1970.
– Epstein Isidore : Le judaïsme-Origine et histoire. Paris. Ed. Payot. 1959
– Feuillet Robert : Introduction à la Bible. Belgique. Tournai. Ed. Desclée. 1959.
– Jacob Edmond : L’Ancien Testament. Paris. PUF. 1977.
– Lafon Guy : Abraham ou l’invention de la foi. Paris. Ed.du Seuil. 1996.
– Nahon Gérard : Les Hebreux. Paris. Ed. Du Seuil.1963.
Genèse 28:16-22
Jacob s’éveilla de son sommeil et il dit: Certainement, l’Eternel est en ce lieu, et moi, je ne le savais pas! Il eut peur, et dit: Que ce lieu est redoutable! C’est ici la maison de Dieu, c’est ici la porte des cieux! Et Jacob se leva de bon matin; il prit la pierre dont il avait fait son chevet, il la dressa pour monument, et il versa de l’huile sur son sommet. Il donna à ce lieu le nom de Béthel.
…. cette pierre, que j’ai dressée pour monument, sera la maison de Dieu;
” le mythe Isiaque et le mythe Osirien ”
Curieux : les FF vouent un culte au frère Mozart (ah que jouerait-on en loge si Wolfgang n’avait été des nôtres !) qui aurait prtiquer un rite proche du RER ou du RF, d’essence chrétienne. Pourtant dans “la flutte enchantée” (au passage Zauber Flötte veut dire flutte enchanteresse !) Sarastro entonne “Ô Isis und Osiris”. D’un rite “égyptien” ??
Ah il est vrai que ce “Temple de Salomon” reste pour beaucoup de Franc-Maçon un symbole fondateur de leur alliance … oserai-je ajouter que tous les francs maçons n’ont pas cette appétence là car, en effet, certain d’entre eux fondant leur tracé maçonnique depuis l’ancienne Égypte font référence à deux mythes et rien de plus: le mythe Isiaque et le mythe Osirien … le mythe d’Hiram nous instruisant sur la sémantique juive au titre de l’universalité de la Franc-maçonnerie, comme d’ailleurs les mythes de l’Europe du Nord voire de l’extrême orient … Donc chez ces Francs-Maçons là pas de quoi “gémir” mais plutôt la joie de “cheminer” dans la pensée et la symbolique attachée à l’histoire de l’humanité tout entière … La Franc-maçonnerie est belle et porteuse d’harmonie quand elle est holistique …
Excellente synthèse.
Sur le plan maçonnique, le 4ème grade du RER (dont je vais ici révéler le secret, brisant mon serment, ce qui va me couvrir d’opprobe !), grade symbolique clôturant le parcours symbolique, exclu bêtement par les GL par soumission à la GLUA, rétablit bien le parcours réeel maçonnique : il y est révélé au maître impétrant : “le temple a été bâti deux fois et abattu deux fois : inutile de le rebâtir une troisième, il faut l’édifier dans la Jérusalem déleste”. Willermoz voyait juste.
Merci pour cet ajout. Dans quel texte de Willermoz trouve-t-on cette phrase ?
Tout dépend de quel Temple on parle. Pour les Juifs, il y en a deux, mais pour les autres, il y en a trois, et je suppose que nos Frères devraient approcher ce raisonnement. Pour les chrétiens, le 3° Temple est celui que cèle Jesus avec sa chair et son sang, l’eau et le vin, dans l’épisode de la Cène. Le troisième Temple, c’est la communion. Il est donc virtuel et visitable à chaque égrégore.
L’erreur ancienne, de bonne foi, est de croire que les quatre premiers livres de la Bible sont des livres historiques , il n’en est rien.
D’une part le processus de réflexion maçonnique est la symbolique, c’est à dire que la référence au Temple dit de Salomon, n’est qu’une support symbolique.
De plus, de nos jours, an suite des travaux archéologiques entrepris tant en Israël que dans es pays voisins et récapitulés par les deux plus importantes sommités actuelles en la matière SILBERMANN de l’Université d’Harvard et FINKELSTEIN de l’université de Tel Aviv, on sait maintenant que Salomon n’était qu’un roitelet d’un peuple polythéiste, arriéré et analphabète et que Jérusalem ne comportait alors qu’environ 1500 âmes.
Les quatre premiers livres de la Bible ont été écrits après 820 avant J C dans le but d’unifier les deux peuplades et d’exhorter les juifs de ce petit état du Sud où se sont réfugiés une bonne partie des juifs du Nord après l’invasion des gens de Damas et qui n’avaient dans l’idées de reconquérir les états juifs du nord.
Il en est de même de l’Exode et de toutes les inventions destinées à faire croire au peuple que Yahvé était le plus fort et avait permis des actions extraordinaires en faveur de son peuple.
La référence à ce Temple qui n’est donc qu’un mythe vient de la maçonnerie spéculative britannique . Le tout est bien collationné par Patrick Négrier dans son livre sur les “Olds Charges” c a d les vieux écrits britanniques.
Le premier Temple de Jérusalem n’a été construit que plus tard
Je n’en dirai pas plus car le livre auquel je fais référence est plus détaillé et mieux écrit que je ne saurait faire.
Très fraternellement Henri ROUSTAN henri33.roustan@orange.fr
Très juste. Il est bon d’établir la réelle histoire biblique. Les travaux de Silbermann et Finkelstein sont reconnu par tous les experts actuels. Les réalisateurs de la dernière traduction en français les confirment (Thomas Römer et Frédéric Boyer, “une bible peut en cacher une autre”, Bayard 2023).
Cette “démystification” ne doit en rien inquiéter les croyants juifs ou chrétiens ou être jugée “blasphématoire”, je le démontre dans mon dernier ouvrage “L’essence du christianisme et du judaïsme”, paru ce début janvier aux éditoins Maïa (isbn de décembre 2023).
Pour ne pas mourir idiot, ne faudrait-il pas aussi poursuivre la compréhension du Texte en allant plus loin que sa lecture littérale avec la progression du PARDES ?
Une parenthèse à propos du bois utilisé dans la construction du Temple: Ghiblim, ce mot vient de la Bible, du chapitre IRoi5, évoquant le travail des «Ghiblim (que l’on traduit par Gibléens) qui équarrissaient et façonnaient le bois et la pierre pour l’édification du temple». L’origine du mot serait-il Giblos ou Gibeah qui est une montagne des environs de Jérusalem où, d’après la légende, fut extraite la pierre nécessaire à la construction du Temple ?
Ou bien ce mot tirerait son origine de Giblites, les habitants de la ville et la région de Gebal (anciennement Byblos), en Phénicie, sous la domination du roi de Tyr qui les envoya au roi Salomon ainsi que les bois du Liban ? Les gens de Byblos avaient la réputation d’excellents ouvriers du bois comme il est écrit en Ézéchiel;27,9 : «Les anciens de Gebal et ses gens experts, tu les employais à réparer tes avaries [des bateaux]». C’est à ces spécialistes que Salomon aurait sans doute réservé le travail du bois, tandis que la construction en pierre était attribuée à d’autres ouvriers. Le verset ne devrait-il donc pas se lire, comme le suggère l’archéologue René Dussaud, ainsi : Les Giblites équarrissaient le bois tandis que les ouvriers de Salomon et ceux de Hiram dressa ient les pierres pour la construction du temple (Byblos et les Giblites dans l’Ancien Testament, p.10/10 :
persee.fr/doc/syria_0039-7946_1923_num_4_4_3009)
Dans le livre de 1440 Heures de Catherine de Clèves, la miniature p. 109 , est ainsi commentée : le bois inadapté à la construction du temple [c’est-à-dire qui aurait été mal taillé, trop court ou trop long comme on le comprend avec la miniature précédente] est employé comme passerelle basse sur le ruisseau du Cédron (qui coulait jadis entre Jérusalem et le mont des Oliviers). C’est cette passerelle que la reine de Saba doit franchir pour rendre visite à Salomon. La reine, cependant, avait une vision prophétique que le pont fournirait le bois sur lequel le Christ serait crucifié. Elle refuse donc de marcher sur le pont et patauge, comme on le voit, à travers le cours d’eau pour rejoindre le roi qui l’attend. (tinyurl.com/la-passerelle-de-bois et tinyurl.com/le-bois-mal-taille).
Fraternellement.
Cette lecture est très enrichissante et très documentée. Je la relirai tes attentivement. Les rapports entre mythologie et archéologie me passionnent . Claude
Merci pour cette page : je vais la relire avec attention car elle me paraît une source de réflexion qui va bien au-delà de l’exégèse de textes de la Bible.