Que reste t-il lorsque tout semble endormi dans les frimas de l’hiver. Quelle Lumière reste t-il pour réchauffer notre Fraternité meurtrie par le froid de nuits trop longues ? Au Septentrion de nos aurores boréales, les particules de Lumière peinent à rendre au jour son plein éclat. Nous ne sommes pas nyctalopes et au cœur de nos « asynchronicités » nocturnes c’est à tâtons que nous marchons, trébuchons, gémissons. Parfois nous nous arrêtons, nous semblons rendre l’âme lorsqu’au jour le plus court où nous pouvons perdre de vue l’espoir de notre « invincible été ».
Rendre l’âme certes… mais à qui ? À qui appartient-elle ? Et où la rendre si on ne sait pas où on l’a prise ? Pour le savoir il faut relever la tête, redresser son corps et enjamber le Léthé qu’est cette nuit la plus longue.
Gémir certes… mais espérer toujours !
Espérer tant que la Vie reste un questionnement fût-il quantique… qu’elle soit corpusculaire ou ondulatoire c’est la Vibration qui témoigne de la Vie… peut-être l’a-t-elle créée ? Ou peut-être est-ce l’inverse : la Vie créant la Vibration… je ne sais pas encore… patience… la réponse sera derrière la Porte… peut-être !
Il faudrait convoquer monsieur Schrödinger pour connaître ce qu’il a à dire sur ce sujet mais dans sa « qu’est-ce » de bois est-il mort ou vivant ? Je n’entends que l’écho de son Absence faire résonner mon « corps-diapason » de « clerc-audiant ». Les mots ne sont pas que des mots. Les mots de l’artiste sur sa Voie ne lui appartiennent pas tous. Ils sont intention, énergie, vibration ; mais aussi matière, forme et ego lorsqu’ils créent ou détruisent. Ils sont oubli de soi lorsqu’ils entrent en résonance avec « l’uni-vers » et transmettent La Lumière.
Ce que je connais par contre, c’est qu’au cœur de nos nuits hivernales, glaciales, humides et solitaires, de ces nuits où même le Pélican perd l’espoir du Phénix, il subsiste un battement… une pulsation vitale… un futur « né-an » entre deux décisions… une « dé scission » à accepter : onde ou corpuscule ? Quelle porte de la fente de Young emprunter ?
« Jamais un coup de dé n’abolira le hasard » nous murmure le poète en apparence si Mallarmé…
La Beauté secrète de l’hiver : La porte “sub-rosa”
La porte « Sub-Rosa » c’est la secrète, celle du Poète, celle du prince des nuées aux ailes d’albatros.
Elle est pavée des mots que ce « Myste-errant » laisse comme seules traces dans la neige de son labyrinthe. Il a pour seule carte le tracé d’un dessin. Celui d’une caisse vide avec trois trous sur le devant, dessinée par un aviateur perdu en plein Désert à mille milles de toutes les terres habitées. Pour les plus curieux d’entre nous, mille milles cela fait 1852 kilomètres, ça paraît long comme ça mais c’est « juste » l’enjambement du Léthé, l’arc septénaire du Chemin de l’Élan vital qui mène vers l’Invincible Été.
Ainsi le poète se révèle et le Poète se relève lorsqu’il comprend que c’est le temps qu’il a perdu pour sa rose qui fait cette rose si importante. Là seulement son sillage enlumine le Temps.
La Voi(e)(x) du Poète parle par allusions, métaphores, nombres et assonances. Ces mots recèlent souvent une apparente absence de sens. Liberté suprême qu’il nous accorde que celle de nous laisser assez de ciel pour nous envoler vers notre Sens profond. Il lui arrive même « d’oublier » toute forme de ponctuation afin de nous laisser nous approprier son Golem en lui insufflant notre propre rythme ; Don de soie ultime fait à la chrysalide.
L’Absence participe au présent actif d’absum « JE suis absent, JE suis [déjà] ailleurs ». C’est par cet absum que le Poète embrase l’âme de son Puits.
Dans la « via Sub-Rosa » le Poète relevé est celui qui « dys-paraît » en franchissant les labyrinthes du Sens et du Non-sens pour nous transmettre les échos tracés au Compas de « l’uni-méta-verT » de l’émeraude du Sur-sens.
La Force de l’été : la Porte Fractale
De l’autre côté de la Voie de la Rose se trouve la Voie Fractale, entrée secrète du Géomètre. Il explore son Monde par sa fracture en chevauchant le dragon impitoyable de la logique, des théorèmes, de la mesure, de la rationalité et des chiffres.
Cette raison résonnante poussée jusqu’à l’abstraction pure de la Forme tente de révéler la Non-forme pour atteindre « l’uni-méta-verS » de la Sur-forme.
Dans l’univers du Géomètre, le solfège du cercle devient musique des Sphères ; les « ternes-aires » se vêtent de leurs pyramidions et deviennent les « Ternaires » « aur-és » de leur Gloire ; les verticales parfaites « s’orthogonnent » aux horizontales absolues. Elles révèlent l’Équerre.
Arrivé aux confins de son Désert le Géomètre rencontrera son Puits. Il s’y désaltérera des Nombres Infinis, irriguant la racine des carrés de ses constructions, cultivant les cercles de son univers, séparant les figures en leurs justes proportions, asymétriques à s’y méprendre.
Il se remémorera ce jour où l’esprit de la Forme a terrassé son dragon retourné ainsi à la « Taire » d’où il était sorti enorgueilli de son « ça-voir » . Ce jour si particulier où au cœur de sa nuit glaciale, juste éclairé par la lueur de son crépuscule austral, il a réalisé que de « d’Eux » « Un » n’est pas la juste moitié.
Au matin de ce soir là, par l’Absence revenu à sa rectitude, le Géomètre ouvrira sa propre Voi(e)(x). Il transmutera les chiffres en « N-ombre » par la secrète opération dévoilées : (1 + 8) + (5 + 2) => 9 + 7 => 16 => 1 + 6 = 7 . En enjambant son Léthé il retrouvera pacifiquement le Poète sur la Voie du « Myste-errant » vers le royaume « Un-fini » du Sur-sens.
Cette nuit là, un autre Puits sera transmuté en phare flamboyant sur l’Infini, guidant le pèlerin jusqu’à cette Porte que le Poète nomme La Destination et que le Géomètre nomme L’Équation : retrouver l’inconnue de soi-même. Les mains jointes dans leur Chaîne d’Union, ils auront ensemble ainsi tracé la Sphère reliant un Pôle à l’autre.
La SAGESSE : Voie de l’équinoxe
Enfin, il existe une troisième Voie possible pour transcender cette quête de l’Absence. Une voie qu’aucun saumon ne peut explorer ou remonter ; une voie que seule la transmutation du salmonidé en homo-erectus permet d’atteindre le seuil.
Il faut des jambes pour s’agenouiller et franchir la Porte-basse. Il faut être debout pour escalader les marches de la Spirale et cheminer vers l’Orient. C’est une Voie qui commence par la descente au Secret Sacré de la nuit du genre humain.
Ainsi c’est dans le secret que les choses se créent ; paliers après « pas-liés » la Spirale découvre ses épreuves, ses joies et ses peines, ses apogées et ses hypogées, ses doutes et ses exaltations, ses pleins et déliés.
En explorant l’Absence, les oscillations aux déséquilibres apparents permettent cette Marche de l’Empereur vers les confins du Mystère dont l’Absence révèle la Présence.
C’est la Voie de ce Puits que certains nomment « Art Royal » et d’autres plus simplement Franc-maçonnerie. Elle nécessite l’abandon de nos « espères-rances ». Elle pose comme certitude l’incertitude de rencontrer notre part des anges, cet idéal d’Espérance.
Et… toujours plus profondément « des-cendres »… dans le sillage du souffle des ailes d’Hermès mettre les derniers vestiges de notre Ombre dans ce pari fou pris contre l’Infini : nous retrouverons notre Nombre Racine dans l’espace-temps sacré d’un battement de « si-Il ».
Cheminer vers l’Aube Nouvelle : révéler la Lumière
Alors, dans ce futur présent de ce moment là seulement…
Alors, à force de raison, d’intuitions et d’expériences, Chronos embrassera Kaïros et l’Amour des deux Frères retrouvés embrasera l’Aiôn de sa Lumière d’Aur révélée…
Alors à ce moment là le Pélican transmutera en Phénix…
Alors à ce moment là le Tout dansera l’Unité…
Alors à ce moment là la Beauté exaltera la Joie, la Force rayonnera l’Amour, la Sagesse réalisera la Paix…
Alors à ce moment là la Maya sera transcendée.
J’ai trouvé cela sublime. Cela m’ouvre à de nouvelles réflexions.
Merci beaucoup, je suis touché et heureux pour ces nouvelles réflexions qui s’ouvrent à vous !