lun 02 décembre 2024 - 19:12

La porte du Temple

De notre confrère italien expartibus.it

Entrez par la porte étroite, car la porte est large et le chemin est large qui mène à la perdition, et nombreux sont ceux qui entrent par là. Comme la porte et le chemin qui MÈNE à la vie sont étroits ! Et rares sont ceux qui le trouvent !
Mat 7 : 13-14 KJV

Avez-vous déjà réfléchi à l’importance de cet espace délimité dans n’importe quel bâtiment, mais aussi dans une maison simple, qui voit tout et à travers laquelle tout passe ?

Oui, nous parlons de l’entrée et de son élément clé : la Porte ! Dans l’architecture comme dans la vie, il s’agit d’une lacune cruciale que nous ne pouvons ignorer, que personne ne peut contourner.

La Porte a toujours représenté un objet emblématique et, en même temps, représente un symbole plein de significations qui ont traversé les siècles, pour arriver jusqu’à nos jours, continuant à fasciner.

C’est cet élément architectural qui, comme l’indique Vitruve dans son « De Architectura », marque une ouverture dans les murs urbanisés. C’est l’espace qui délimite et définit deux environnements distincts, attribuant, au fil du temps, des significations larges et profondes non seulement sur la relation entre intérieur et extérieur, mais aussi sur la valeur entre sacré et profane, sur la vie et la mort, sur le connu et l’inconnu.

Depuis l’Antiquité, une symbolique et une iconographie fortes lui sont associées, interprétées, de temps en temps, par différents sujets : pour les anciens Grecs, le dieu du seuil était Hermès, souverain du passage et de la traversée, que l’on croyait manifesté dans tout type d’échange, de transfert et de dépassement ; pour les Romains, le gardien des portes était Janus à deux têtes, un dieu à deux têtes tournées vers des côtés opposés, afin qu’il puisse garder à la fois l’entrée et la sortie, symbole du passé et du futur, mais aussi de l’extérieur et de l’intérieur.

La possibilité que cet élément puisse être laissé « ouvert ou fermé » donne un pouvoir important à ceux qui ont le droit de contrôler son transit : ce n’est pas un hasard si les « Portes » des cités médiévales avaient à la fois pour objectif de délimiter le territoire et d’observer, vérifier et sélectionner les personnes autorisées ou non à accéder.

Au fil des siècles, la communication de l’expression esthétique du bâtiment se résumait à la porte, qui déterminait l’entrée principale, devenant progressivement plus précieuse et décorée en fonction de l’usage prévu et du commanditaire.

Dans de nombreuses représentations picturales, même dans l’Ancien Testament, elle est devenue un emblème du salut éternel et de l’entrée au paradis d’où Adam et Ève furent expulsés.

Aujourd’hui encore, elle n’a pas perdu son sens allégorique et continue d’être un élément d’identification significatif du bâtiment et des personnes qui le fréquentent : le passage du seuil de la maison, du lieu de travail, du lieu de culte ou de la salle de sport ; elle marque les moments de la vie d’une personne, elle marque le début et la fin d’une action, d’une activité, d’un état d’être.

Et c’est ainsi qu’elle devient une métaphore de la vie elle-même, marquée par les seuils constamment franchis, les portes fermées au nez ou ouvertes sur son destin !

L’univers linguistique qui gravite autour du mot « porte » est directement proportionnel à son importance symbolique. Toutes les métaphores qui utilisent le sema « porte » impliquent un « changement d’état », qui est, en fin de compte, sa véritable raison.

La révélation même du sacré se fait par une ouverture sur le monde du « non-être », fracture par laquelle l’ordre, à l’opposé du chaos, pénètre l’espace et le transforme en ordre, c’est-à-dire en monde.

De même que le signifiant « porte », dans son sens abstrait, est utilisé pour nommer des types de passages qui dépassent largement le sens architectural, de même la représentation de l’ouverture et sa considération comme lieu de changement d’état conduisent le symbole « conduit » à représenter bien plus que le passage matériel et devient par conséquent aussi un emblème de la nouvelle naissance, de l’initiation, de l’évolution physique, psychique et spirituelle, de la connaissance absolue, de l’extase mystique, de la réalisation de la plénitude de l’existence humaine. .

Elle se resserre et s’abaisse pour symboliser cette difficulté et trouve, avec l’image du pont, sa place dans les rituels et mythologies initiatiques et funéraires ; elle représente le lieu de transit entre deux états, deux mondes, entre le connu et l’inconnu, la lumière et les ténèbres, la richesse et la misère.

Elle s’ouvre sur un mystère : le dépassement de la Porte, du point de vue initiatique, fait allusion à l’évolution spirituelle, à l’accès à un niveau supérieur de connaissance, à l’atteinte de la vérité. C’est l’invitation au voyage vers un au-delà.

C’est l’exutoire qui permet l’entrée et la sortie, c’est ce passage possible, mais aussi unique, d’un champ à l’autre : souvent au sens symbolique, du champ profane au champ sacré.

La Porte du Temple maçonnique est située entre les deux Colonnes et s’ouvre sur une façade murée surmontée d’un fronton triangulaire ; au-dessus du fronton, une boussole, dont les pointes sont dirigées vers le haut, pointe vers le ciel.

La Porte du Temple doit être très basse, comme elle l’était dans l’Antiquité : en entrant dans le temple, en effet, celui qui frappe doit se pencher, non pas en signe d’humilité, mais pour souligner la difficulté de la transition du monde du quotidien à celui initiatique.

Ce geste lui rappelle aussi que, mort à la vie profane, il renaît à une vie nouvelle, à laquelle on accède de la même manière que celle d’un enfant qui vient au monde.

Godfrey Plantagenêt observe que

la Porte du Temple est désignée comme Porte Occidentale : cela nous rappelle que le soleil se couche à son seuil, c’est-à-dire que la Lumière s’éteint. Les ténèbres règnent donc au-delà, c’est-à-dire le monde profane.

La porte d’entrée du temple est l’un des symboles les plus silencieux de toute l’iconographie ancienne et maçonnique ; on en parle peu d’un point de vue symbolique et initiatique.

Elle est souvent considérée uniquement comme un meuble, puisque l’attention est portée sur les revêtements, extérieurs et intérieurs, qui en sont les gardiens. Mais de la compréhension de son caractère sacré et de ses fonctions réelles, nous pouvons tirer une grande leçon.

L’étymologie même du mot nous offre déjà une première interprétation ; du latin « Porte » dont le sens originel désigne un « passage », un transit qui mène d’une condition à une autre, comme disaient par exemple les Pythagoriciens : traverser une rivière d’une rive à l’autre.

Il est intéressant de rappeler que sur la base de la porte d’entrée hermétique du temple de la Loggia du célèbre marquis Palombara, célèbre alchimiste et frère rosicrucien , on lit l’ inscription latine ‘SI SEDES NON IS’, qui signifie ‘SI VOUS ÊTES ASSIS VOUS N’Y ALLEZ PAS’ ; indiquant ainsi à ceux qui s’apprêtent à entrer que le Temple, lieu dynamique et non statique, est un moyen de construire, de transformer et de consolider sa spiritualité.

Mais cet écrit révèle un autre avertissement.

En quittant le temple après avoir accompli le rituel, l’écriture spécifiquement palindromique qui apparaît aux yeux de l’adepte révèle une nouvelle vérité : « SI NON SEDES EST » , ou « SI VOUS NE VOUS ASSOYEZ PAS, ALLEZ » , indiquant qu’un frère, quand il quitte le temple, il ne cesse d’être un initié, il ne doit pas s’asseoir sur ses propres conquêtes spirituelles, sur ses propres certitudes, sur ses propres lauriers, mais aller dans le monde pour distribuer son propre amour, le sentiment d’unité et de fraternité. perçu dans le temple.

Seuil comme sortie, sortie comme lâcher prise.Comment gérer ce qui arrive. Les portes existent avant tout pour s’ouvrir, pour accueillir et laisser entrer la lumière, le vent, les autres.Nous.
Andrea Marcolongo

L’espoir est que tout profane qui s’apprête à franchir le seuil de la Porte du Temple se mette dans la condition que ce ne soit que le début d’un voyage pour découvrir non seulement l’avenir, mais aussi et surtout lui-même.

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