Si le métier d’arpenteur, souvent d’arpenteur-géomètre, consiste à mesurer et à cartographier des terrains – les géomètres utilisant une variété d’outils pour prendre des mesures précises, qui sont essentielles pour la construction notamment et nécessitant de solides compétences en mathématiques – que choisir ce terme comme nom de plume n’est pas neutre et évoque l’image d’une personne, ici un frère, qui mesure, explore et découvre de nouveaux territoires ou domaines. Et dans le domaine littéraire, cela pourrait suggérer un auteur qui explore des thèmes variés, qui sonde en profondeur la psychologie humaine ou qui décrit le monde avec précision et détail.
Mais cela implique aussi une certaine rigueur dans l’écriture, comme celle d’un arpenteur qui se doit d’être précis dans ses mesures. C’est un nom qui inspire la curiosité et l’intellect, la découverte et l’analyse minutieuse du monde maçonnique qui entoure l’auteur. Et que François L’Arpenteur
nous a déjà livré à travers trois ouvrages, publiés chez Cépaduès, Le symbole. Figure et représentation de l’absence (2014), Le paradoxe d’Hermès. Du symbole à l’universel (2015) – vendu dès 2019 sous boîte 2 titres – et, en 2019, coécrit avec le sculpteur, dessinateur, graveur et art-thérapeute Jean-François Ortiz Entre noir et blanc. Les images et les mots des symboles.
Alors, effectivement Pourquoi. devenir franc-maçon/ne ?
Est-ce parce que la franc-maçonnerie offre un sens de la communauté et de l’amitié entre ses membres issus de divers milieux et partageant des valeurs communes ? Est-ce parce que certains profanes peuvent être attirés par l’histoire et la tradition de l’art royal qui, comme chacun le sait, remonte à des temps immémoriaux ? Est-ce parce que les loges sont connues pour leur engagement dans des œuvres caritatives et communautaires, offrant ainsi aux membres l’opportunité de contribuer positivement à la société ? Ou alors parce qu’elle encourage l’éveil et la croissance spirituelle, dynamisant ainsi la recherche personnelle de la vérité ? Alors que d’autres y voient également la possibilité de s’offrir des opportunités de réseautage professionnel ?
Et c’est après s’être adressé « À ceux qui doutent… », leur présentant la franc-maçonnerie et son message – que François L’Arpenteur, avec trois mots clés que sont « Être », « Échanger » et « Transmettre », développe son propos. En, dans un premier temps, en nous dévoilant les motifs du pourquoi. Traitant, à la fois, de modernité, de transformation, de dépassement, de progrès technique et de promodernité… Les définissant à chaque fois. Mais invite aussi à une sorte de mise en garde quand l’outil technique et son fonctionnement est détourné et se transforme en outil de pouvoir et de gouvernance !
C’est ainsi que nous vivons une cérémonie où nous sommes dans le temple – lieu de la rencontre –, au cœur d’une initiation, précédée d’un passage sous le bandeau. Puis nous donne sa vision du symbolisme qui est, avec l’initiation le second pilier de la démarche maçonnique. Et d’en décoder quelques expressions telles V.I.T.R.I.O.L. ou encore recevoir la lumière.
Des lieux d’échange, retenons, la tenue, lieu privilégié, le rite et rituel, termes similaires pouvant prêter à confusion, la parole, autorisée à circuler librement.
De l’aspect transmission, le fameux égrégore retiendra l’attention du lecteur. Car « comment dire et nommer lorsque s’approche l’indicible ? » nous confie l’auteur. Et d’ailleurs, comment définir l’égrégore maçonnique ? À commercer par son étymologie. Une quête à laquelle François L’Arpenteur nous invite.
Soulignons l’importance du terme ‘’surtout’’, utilisé pour ajouter une information supplémentaire à sa démonstration, relevant que cela est digne d’attention par sa qualité ! D’où le « Et surtout , pourquoi le rester ? »
Dans sa conclusion, l’auteur nous révèle que son « intention n’est pas de convaincre à tout prix, mais plutôt de sensibiliser, d’éclairer, d’expliquer, d’illustrer et parfois de préciser le propos… »
Finalement, l’illustration de la première de couverture résume formidablement bien les propos de l’auteur qui nous donne des clés pour transmettre la tradition. Après tout, la franc-maçonnerie n’est-elle pas riche en traditions qui ont été préservées et transmises à travers les siècles. Les maçons d’aujourd’hui sont bien chargés de maintenir ces traditions et de les transmettre intactes aux générations futures. Dans tous ces aspects, ‘’transmettre’’ est essentiel pour la pérennité de la franc-maçonnerie. Cela garantit que les principes fondamentaux de l’ordre, ainsi que ses enseignements uniques, continuent d’influencer et de guider les membres actuels et futurs.
Et comme le dernier initié en présentant les outils à l’apprenti entrant déclame que nous ne sommes pas tous des maçons opératifs mais plutôt des maçons francs et acceptés ou des maçons symboliques, nous appliquons ces outils à notre conduite morale.
Ce passionnant ouvrage vise à informer et à éduquer le maçon et à rendre le lecteur conscient d’un problème, d’une situation : entrer en maçonnerie, mais surtout y rester. Il enrichit notre compréhension de ce sujet crucial.
Pourquoi devenir franc-maçon/ne ? (Et surtout, pourquoi le rester)
De l’utile modernité de la franc-maçonnerie
François L’Arpenteur – Cépaduès, Coll. de Midi, 2023, 146 pages, 19 €