jeu 07 novembre 2024 - 00:11

Progrès humain :  encore un petit effort côté femmes et enfants, svp !

Le progrès humain est une réalité démontrée par les statistiques. Pour aller plus loin, il suffirait de démonter quelques idées reçues, mais fausses, autour de la virilité. Explications.

Steven Pinker l’a démontré de long en large : le progrès humain existe, et les statistiques pour le prouver sont si nombreuses que le constat n’est pas réfutable. Pour vous en convaincre, zappez et faites-vous des diagrammes personnalisés sur ourworldindata.org. Bien entendu, comme avec tout effet statistique, une amélioration en moyenne ne garantit pas contre les malheurs individuels , et il peut aussi y avoir des zones entières qui ne bénéficient pas des progrès quasi-généralisés ailleurs.

C’est le cas des pays non démocratiques, n’en déplaise aux Cassandres qui peuplent nos réseaux sociaux, les inondant quotidiennement de tout ce qui va mal chez nous.

Chez nous ? Oui c’est là que le chaudron du progrès a le mieux fonctionné. Pourtant, le titre flatteur de « creuset de la civilisation » est attribué au triangle Grèce-Mésopotamie-Egypte . Œuvres des philosophes et conteurs, codes de lois, bible et autres écrits remarquables en témoignent. Environ deux millénaires plus tard, préparés par la Renaissance, les Lumières rallument ce délicat athanor du progrès, en Europe. Il a permis la clairvoyance sur la noirceur du colonialisme et a mené à l’abolition de l’esclavage. Il a aussi favorisé un apaisement de la vie en société grâce à la séparation des églises et des états…cette séparation-là qui est à l’origine de l’islamisme, lequel y voit, et à juste titre, un ennemi mortel.

Obscurantisme ou Humanisme, choisis ton camp !   

Mais nous parlions de statistiques…quelle inégalité perdure encore sur toute la surface du globe ? Celle entre les hommes et les femmes. Pascal Picq a pu montrer que chez les grands singes il existe des races présentant des dominations semblables à ce que nous rencontrons chez les humains, et d’autres où l’égalité est la norme. Alors, pourquoi nous priverions-nous des apports des intelligences et sensibilités féminines ?  Sans compter que l’apaisement c’est bon pour le (précédemment) dominé comme le (précédemment) dominant ! Rappelons en effet, comme le faisait Olivia Gazalé dans son sublime «  mythe de la virilité », que les victimes du patriarcat ( ou viriarcat : tous sont concernés, pas que les pères ) sont les femmes mais aussi la plupart des hommes ( les « faibles », les « gentils », les homosexuels, les « mécréants » et tant d’autres ).

Une femme sur trois sera victime d’une agression sexuelle dans sa vie.

Il nous reste quelques freins au progrès à casser dans ce domaine et c’est atteignable.

Alors, où en sommes-nous ? Nous avons avancé, à témoin les lois contre l’inceste ou contre les violences faites aux femmes et enfants, dont les harcèlements. Ces progrès ont été obtenus notamment grâce aux féministes des seventies qui ont permis la conscientisation de tous par l’apparition dans les médias, et surtout la télévision. Et aujourd’hui, comme nous le montrent les micro-trottoirs de l’INA, des commentaires, qui n’ont que 50 ans, nous paraissent terriblement rétrogrades. La conviction d’une supériorité masculine en matière de force physique et intelligence a bien faibli…dans nos pays .

Le « berceau des dominations », de Dorothée Dussy, décortique les paroles des incesteurs actuels. « Une culture du viol à la française » de Valérie Rey-Robert fait pareil autour du viol .

Une similitude apparaît entre les deux ouvrages : ils montrent le dispositif culturel complexe mais prémédité mis en place par ces criminels. Cela commence par un narratif qui permet dans beaucoup de cas de bloquer les velléités d’investigation de personnes qui ont eu la « puce à l’oreille ». On peut appeler ce narratif « la fable du monstre ». On met en avant, dans les médias ou dans les fictions, l’image du tordu qui rôde dans les rues mal éclairées, à la recherche d’une proie sur laquelle il se jettera par surprise. Cela occulte le fait que ces crimes sont commis en grosse majorité par des personnes déjà bien connues de leurs victimes. Le lieu de l’exaction est le plus souvent chez la victime ou chez l’agresseur. Ainsi, le soupçon qu’il s’agisse d’un proche est fréquemment éliminé des hypothèses puisque ne correspondant pas au stéréotype que nous avons en tête. Cette erreur est également fréquente dans la sphère policière ou judiciaire, induisant de nombreux non-lieux.

Ensuite il y a le bobard selon lequel les hommes auraient des pulsions incontrôlables.

Les femmes auraient ainsi un besoin permanent d’être protégées, ce qui justifie les privations de liberté. Variante du bobard : les femmes peuvent déclencher un désir irrépressible :  les ensorceleuses ont remplacé les sorcières qui furent tant brûlées il n’y a pas si longtemps. Il s’ensuit que les tenues ou les comportements des femmes seront déclarés comme déclencheurs du crime :  jupe trop courte, trop belle, trop souriante, pas assez conciliante, ou pas belle et refusant de manière incompréhensible l’honneur qui leur est fait de les draguer…c’est toujours de leur faute.

Ces culpabilisations sont à l’origine du très courant non dépôt de plainte.  Les narratifs toxiques évoqués peuvent aisément être stoppés lors de l’éducation des enfants, mais pour cela il faut les parents le veuillent. Or pas mal de « traditionalistes » y tiennent encore . Et il y a encore ceux ou celles à qui profitent ces convictions. Un exemple : notre Catherine Deneuve nationale qui en réponse au « metoo » plaidait pour «  le droit d’être importunée » . Pour elle, l’exercice de ce droit offre une palette infinie de partenaires possibles, plus plein d’autres prêts à stopper celui qu’elle considérerait comme trop entreprenant . Mais bonjour au harcèlement pour les autres ! Entre temps, nous voilà arrivés dans la sphère culturelle de la France, LE pays de l’amour courtois : Galanterie, Grivoiserie, Goujaterie, …puis pire, si affinités.

Le décalage entre la réalité et la belle image qu’on en projette avait déjà commencé avec l’amour courtois. On était dans le « sexisme bienveillant », qui contient l’image de la faible femme qu’il faut défendre, engendrant duels et autres affaires d’homme, au terme duquel la femme est conquise…sans besoin de lui demander son avis.

Il est donc temps d’arrêter de penser que nous avons la pensée la plus avancée, de corriger nos stéréotypes et autres préjugés culturels, et de repenser nos manières de séduire. A ce prix nous aurons encore fait progresser un peu notre chère humanité … universelle ? En tous cas, balayons devant notre porte d’abord, en attendant d’essayer d’en convaincre les peuples plus lointains.

Franc-maçons, soyons exemplaires.

2 Commentaires

  1. Entièrement d’accord avec vous ! Les stéréotypes ou autres idées préconçues se cachent partout. Il faudra du temps pour les corriger, mais les freins ne sont pas insurmontables. Commençons par démonter le déni.
    Merci de votre contribution !

  2. Il n’y a hélas pas que les “éducateurs traditionnels” qui transmettent le mythe… il y a les gestes quotidiens de tout un chacun, et en direction des enfants aussi, chargeant inconsciemment nos réactions de conditionnement sexiste. Une fillette violente est diabolisée plus qu’un garçonnet, les jurons d’un bambin choquent moins que ceux d’une petite fille, on n’attend pas la même politesse lissée des uns que des unes. J’ai remarqué que les jeunes parents sont plus inquiets de frustrer de mouvements un tout-petit, s’il est garçon plutôt que fille ; qu’ils sont encore contrariés de cadeaux dits “féminins” à leur fils, plus que de ceux prétendus “masculins” à leur fille, etc. Et c’est là sans doute, au plus jeune âge, dans nos gestes les plus automatisés, que prend racine l’inégalité des droits.

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Patrick Van Denhove
Patrick Van Denhovehttps://www.lebandeau.net
Après une carrière bien remplie d'ingénieur dans le secteur de l'énergie, je peux enfin me consacrer aux sciences humaines ! Heureux en franc-maçonnerie, mon moteur est la curiosité, et le doute mon garde-fou.

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