mer 08 mai 2024 - 02:05

Lieu symbolique : Zugarramurdi, le village sorcière (Pays basque)

Les lendemains d’Halloween sont sans doute toujours aussi difficile… Après tout, n’avons-nous pas choisi de subir l’épreuve « Un bonbon ou un sort » ? Originellement, « Trick or Treat », qui pourrait se traduire par « La charité s’il-vous-plaît ».

Explorons, en ce vendredi 3 novembre, un petit village de l’Euskadi, le Pays basque, une communauté autonome du nord de l’Espagne aux traditions culturelles très présentes.

Zugarramurdi est un village et une municipalité de la Communauté forale de Navarre, près de la frontière française et situé à 83 kilomètres de la capitale de la communauté, Pampelune.

Zugarramurdi, vue générale.

Village où la langue basque est coofficielle avec l’espagnol. Toutefois, le nom de la commune s’écrit de la même manière (mais le phonème Z se prononce de façon plus dentale en castillan). Selon Mikel Belasko, en basque le nom du village doit se prononcer parfois comme Zugamurdi, Zamurdi ou Zuenburdi, formes syncopées du mot. Un lieu où la population parlant le basque représentait 92.1 % en 2018. Ses 232 habitants sont appelés les « Zugarramurdiarrak ».

Blason de Zugarramurdi.

L’origine du toponyme Zugarramurdi, inconnue, est certainement d’origine basque. Le philologue Koldo Mitxelena proposa que le nom pût évoquer un lieu où se trouvent des ormes (zugar) misérables (andur) en grand nombre (le suffixe di indique l’abondance).

Mais Zugarramurdi est célèbre pour son histoire liée à la sorcellerie.

Voici un bref aperçu de cette mystérieuse et intrigante histoire…

La grotte tout d’abord.Avant même les événements liés aux sorcières, Zugarramurdi était connu pour sa grotte spectaculaire, formée par l’action érosive de la rivière Hell. La grotte, avec ses vastes salles et ses passages, est devenue une partie centrale de l’histoire de la sorcellerie du village. Selon la tradition locale, c’est dans cette grotte que se tenaient des akelarres ou sabbats de sorcières.

Les grottes.

Puis vint le procès des sorcières

Il s’agit de l’épisode le plus célèbre de l’histoire du village. Cela s’est déroulé au début du XVIIe siècle. En 1610, la chasse aux sorcières a atteint son apogée dans la région, et de nombreux habitants de Zugarramurdi ont été accusés de sorcellerie par l’Inquisition espagnole. Après un procès à Logroño, plusieurs personnes ont été condamnées à être brûlées sur le bûcher.

La chasse aux sorcières à Zugarramurdi, le contexte

Cette chasse peut être comprise dans le contexte plus large des persécutions des sorcières en Europe. Cependant, le Pays basque a connu une intensité particulière de ces persécutions. Les accusations ont souvent été fondées sur des rumeurs, des jalousies ou des querelles locales, et l’Inquisition a joué un rôle majeur dans l’arrestation, la torture et la condamnation de présumés sorciers.

Le musée.

Le Musée de la Sorcellerie

Aujourd’hui, pour préserver cette histoire unique, Zugarramurdi abrite le Musée de la Sorcellerie – au 18 Beitikokarrika –, qui offre aux visiteurs un aperçu détaillé de la chasse aux sorcières dans la région, du contexte culturel de la sorcellerie basque, et des événements tragiques de 1610.

Et maintenant, que reste-t-il ?

Un impact culturel toujours aussi fort. Nous retenons du peuple basque fierté et forte identité Forte, indépendance d’esprit – esprit qu’ils sont combatifs –, mais aussi attachement à la terre et sens de la communauté. Bien au-delà de leur passion pour leur gastronomie que nous savons riche et diversifié, les basques ont un sens aigu de l’hospitalité.

Ceci expliquant sans doute cela. La légende des sorcières de Zugarramurdi est encore bien vivante dans la culture basque. Le village accueille des festivités liées à la sorcellerie, et l’histoire a inspiré de nombreux livres, chansons et films, comme le film “Les Sorcières de Zugarramurdi” d’Álex de la Iglesia.

Notons que, malgré la tragédie de son passé, Zugarramurdi est aujourd’hui un lieu de célébration de la culture et de l’histoire basques, et un rappel des dangers de l’intolérance et de la superstition.

Sources : Wikimedia Commons ; lurpea.eus

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti est directeur de la rédaction de 450.fm. Il a fait l’essentiel de sa carrière dans une grande banque ancrée dans nos territoires. Petit-fils du Compagnon de l’Union Compagnonnique des Compagnons du Tour de France des Devoirs Unis (UC) Pierre Reynal, dit « Corrézien la Fraternité », il s’est engagé depuis fort longtemps sur le sentier des sciences traditionnelles et des sociétés initiatiques. Chroniqueur littéraire, membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France (IMF) et médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie (Musée de France), il collabore à de nombreux ouvrages liés à l’Art Royal et rédige des notes de lecture pour plusieurs revues obédientielles dont « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France et « Perspectives » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain ou encore « Le Compagnonnage » de l’UC. Initiateur des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, il en a été le commissaire général. En 2023, il est fait membre d'honneur des Imaginales Maçonniques & Ésotériques d'Épinal (IM&EE).

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