Bien que la Franc-maçonnerie mette en avant la liberté de conscience, revendique la pratique de l’Egalité et de la Fraternité, prône la recherche de la Justice en toutes choses, la Femme fait encore l’objet d’un ostracisme général !
La grande majorité des loges maçonniques à travers le monde interdisent l’initiation des femmes ! C’est une réalité rétrograde, sexiste et sectaire et pourtant c’est comme çà !
Cet ostracisme est soit affirmé soit dissimulé derrière une phraséologie apparemment favorable à la présence féminine.
Tout se passe comme si la femme en Franc-maçonnerie, quand elle a été acceptée, doit perdre sa féminité pour se « mouler » dans les rituels masculins !
Qu’observe-t-on ?
La présence féminine dans les loges maçonniques stagne ; l’engouement que l’on avait pu percevoir dans les années 1970 n’a pas duré ! Même l’ouverture du GODF à la mixité n’a eu qu’un effet marginal ! Dans de nombreuses loges, les jeunes sœurs manifestent d’une façon ou d’une autre leur déception !
Tout se passe comme si la gouvernance de la franc-maçonnerie féminine avait été accaparée par un style de femmes autoritaires, ambitieuses et « masculines » !
Cela s’accompagne aussi d’un vécu particulier :
La femme est souvent vécue par les francs-maçons comme une cause possible de « dérèglement » de la pensée des frères,
La négation de la féminité est une constante du processus initiatique maçonnique
L’appropriation par les sœurs de rituels masculins frise le ridicule,
La robe portée dans certaines obédiences féminines se veut castratrice pour cacher toute trace de féminité !
La règle du Masculin soi-disant neutre dans le vocabulaire est une aberration étonnante qui ne s’explique que par l’ inconscient archétypal !
Au total, être Femme et Franc-Maçonne semble réservé à une minorité qui accepte de voir la féminité masquée pour pouvoir pratiquer des rituels maçonniques masculins !
Cette minorité stérilise toute innovation initiatique !
Double peine en sorte : non seulement on refuse l’initiation maçonnique aux femmes et quand on l’accepte on lui impose un modèle masculin !
Si tout cela est possible, c’est parce que les femmes, depuis des siècles, ont appris à se taire et à se soumettre !
Esclave sexuelle, esclave domestique confinée dans un rôle maternel, esclave économique que l’on sous-paye sans aucune gêne, esclave initiatique que l’on tolère par devant et qu’on dénigre allègrement dans les conciliabules phallocrates, telle est encore aujourd’hui la condition féminine !
Comme dans la société profane, les francs-maçonnes apprennent d’abord à courber l’échine ! Les sœurs, comme Maria Deraismes, qui ont imposé leur présence dans les loges masculines n’ont pu le faire qu’à ce prix !
Si aujourd’hui encore, tout cela est possible et désespérant c’est par le dogmatisme de la pensée de celles qui refusent toute évolution libre de la pensée féminine ésotérique !
Autant la démarche maçonnique est riche de potentialités, autant, aujourd’hui, la majorité de celles et ceux qui sont chargés de l’administrer et de la faire vivre, se conduit comme de vulgaires apparatchiks de la normalité phallocrate !
Pourtant, des franc-maçonnes s’accrochent et certaines s’affirment !
Avec une liberté de parole, dans l’ombre d’échanges de sans grades, on sent monter l’exaspération et le ras-le-bol !
Il en faut du temps pour que, sur cette Terre, la Femme ne soit plus l’esclave de l’Homme et que l’Homme ne soit plus craint comme celui qui au final impose sa loi par la force !
Pourtant une espérance est en train de naître et un jour viendra, où le discours maçonnique féminin prendra son autonomie !
La Franc-Maçonnerie n’appartient pas aux mâles ! Elle est une création de l’Humanité ! L’essentiel de son projet est de cultiver la Paix et de rechercher la Vérité ! Nul n’a le droit ni les qualités pour se l’approprier par l’exclusive ! Seule la capacité de réaliser ces valeurs et surtout de les vivre peut donner une crédibilité à celles ou à ceux qui voudraient s’en réclamer !
Vive la Franc-Maçonnerie Universelle ! Vive l’égalité des genres ! Vive la liberté d’initier !
PS :: Pourquoi cette « Tête de Méduse » en illustration ? Lire l’article La peur du féminin : de « La tête de Méduse » (1922) à « La féminité » (1932) par Janine Filloux dans Topique 2002/1 (no 78), pages 103 à 117
Lire aussi :
L’absente. Pourquoi les rituels maçonniques n’évoquent-ils aucun personnage féminin par Pierre Auréja dans La chaîne d’union 2013/2 (N° 64), pages 38 à 49 –
FEMINISME ET FRANC-MAÇONNERIE par Françoise HECQ
La Pomme : féminité et renaissance par Françoise Moreillon Dans La chaîne d’union 2015/1 (N° 71), pages 48 à 57
Franc-Maçonnerie, République et exclusion des femmes par Françoise Gaspard https://doi.org/10.4000/cedref.1611
GENRE ET FRANC-MAÇONNERIE : UNE UTOPIE SOCIO-SITUÉE ? (Institut du genre en géo-politique)
Mon Bdau fils et frère s’est fait virer de la GLDF pour avoir dénoncé, auprés de quelques frères, la “mysoginie” de l’obédience ! On l’a accusé de diffamation, de mensonges, de grossièreté ! J’ai moi-même démissionné de la GLDF après toutes ces accusations !
Merci pour votre témoignage qui confirme un des points principaux de l’article que j’ai écrit : ce ne sont naturellement pas les femmes qui sont en cause dans la responsabilité de cet état de fait difficile de la place des femmes en franc-maçonnerie : Les loges maçonniques ont globalement adopté la phallocratie de la société ! C’est un chantier énorme mais aujourd’hui il semble que les consciences s’éveillent !
Bonjour, Voilà 35 ans que je suis à la GLFF et j’y trouve ce que je cherche : la liberté de m’exprimer sans langue de bois, des échanges tout à fait riches et la possibilité de développer la spiritualité qui me convient. Quant à ma robe noire, elle n’est que le symbole de l’égalité entre toutes en aucun cas le gommage de ma féminité que je revendique sans pour autant être une féministe à tous crins ! Je choisis la rigueur (mais jamais le rigorisme) et le travail qui président à nos travaux plutôt que le laxisme qui ouvre la porte à tout et n’importe quoi. Mais il est important que chacune et chacun trouve ce qui convient à sa recherche. Merci mon Frère pour ta vision.
Bien fraternellement. Martine TEVELS – GLFF
Merci MTCS pour ta réaction ! Je comprends que quelque soit le cadre structurant chaque sœur peut mener une démarche personnelle qui fasse abstraction d’une réalité ! C’est d’ailleurs aussi vrai pour les frère. Les observations que j’ai relatées ne m’empêchent pas de reconnaitre que j’ai partagé de réelles émotions initiatiques lors de visites dans des loges de la GLFF. En ce qui concerne ton interprétation de la robe, c’est vrai que l’on peut y voir un symbole d’égalité dans la mesure où toutes les soeurs la portent lors d’une tenue ! Mais, pour celles et ceux qui s’intéressent au symbolisme des vêtements, celui-ci est d’abord compris de façon structurante dans son rapport avec ce qu’il montre ! Or que montre la robe noire bâtie sur le symbolisme de la croix, le même vêtement portée par mes frères et les soeurs en religion ! C’est cette unité qui gomme la féminité ! Après chaque soeur est libre d’y voir autre chose mais le contenu persiste au-delà des situations ! Fraternité – Sororité !
réfléchissez, maçons, et voyez la nature, votre guide.
Pour qu’un ampoule électrique vous donne son éclat, il faut qu’elle soit alimentée par un fil rouge et un fil bleu.
Une énergie de même nature, avec une double polarité.
Vous contenter de n’être que l fil rouge vous prive qu’une capacité d’expression de votre être.
Merci TCS ou TCF pour cette observation poétique, un tantinet “mécaniste” qui permet d’envisager une complémentarité des approches ! D’une certaine manière, cela rejoint la vision hermaphrodite de certains auteur-e-s ! Ce besoin de complémentarité dans la démarche maçonnique est-il nécessaire, c’est un vaste sujet qu’il est difficile d’aborder en quelques mots ? fraternité !
Bonjour je suis une FM heureuse, je ne suis pas une soumise,pas une féministe outrancière ,pas masculine! Je dis ce que je pense et qui je suis en toute liberté.Ma robe est symbole d’égalité.
Je trouve juste dommage que certaines obédiences nous prennent pour des inférieures et des perturbatrices.J’ai espoir qu’avec le temps tout changera et chez nous le temps ne compte pas.Merci mon frère pour ton analyse.Bien fraternellement.Martine Bouëdo -Porte .GLFFet SCFF.
Tant mieux pour vous ma soeur ! Rien n’est à 100% et heureusement que certaines soeurs s’y trouvent bien comme cela ! Je ne sais pas si certaines obédiences vous prennent pour des inférieures mais en tous les cas ce n’est absolument pas ma position ! J’ai trop de considération pour la condition féminine pour jouer ce jeu malsain ! C’est au contraire parce que des soeurs veulent voir reconnaître le symbolisme du féminin que l’objectif de cet article était avant tout de faire remonter un ressenti et une réalité.
Assez de ces discours culpabilisateurs propagés par des hommes qui se veulent plus féministes que les femmes ! L’auteur est membre d’une obédience mixte qui ne l’est pas tout en l’étant. C’est déjà bien mais il pourrait peut-être faire l’effort de rejoindre une vraie obédience mixte et universelle : le Droit Humain. Au lieu d’avoir cette cohérence, il préfère vilipender l’écrasante majorité des frères qui demeure dans la non-mixité et ironiser sur la tenue vestimentaire des maçonnes des loges féminines. Quelqu’un a-t-il déjà glosé sur le laisser-aller vestimentaire de plus en plus manifeste que l’on peut observer dans les loges du Grand Orient de France ? Quelqu’un s’est-il inquiété sur ce blog de la qualité de l’instruction maçonnique qui y est dispensée (quand elle est faite bien sûr) ? Non. Alors que l’auteur se préoccupe d’abord de son environnement maçonnique et de sa pratique avant de marteler péremptoirement ce qui doit être bon et acceptable pour les autres ! J’en ai marre de ces petits inquisiteurs en tablier qui essentialise tout ce qu’ils pensent.
Quel discours culpabilisateur ? La réalité est simple : alors que plus de 50% des membres d’association est féminin, en franc-maçonnerie on en est à près de 10 % ! Rien que cela devrait préoccuper nos consciences ! Alors que cela fait plus de 100 ans que des loges mixtes existent et près de 70 ans qu’il y a des loges féminines, ce constat mériterait une réflexion collective ! Il ne s’agit pas de vilipender mais notre démarche de recherche de la perfection ne justifie t -elle pas que l’on appelle un chat, un chat ? Bien sûr le déni est confortable ! Mais lorsqu’on visite d’autres loges et que l’on entend des soeurs expliquer ce qu’elles vivent cela mérite de tirer la sonnette d’alarme ! A chacun-e de prendre ses responsabilités ! Mon seul espoir c’est que tout se passe bien et que les soeurs vivent l’initiation maçonnique !