ven 13 décembre 2024 - 03:12

Francs-maçons célèbres… : Pierre Brossolette

Pierre Brossolette est un journaliste, homme politique et résistant français, Compagnon de la Libération, né le 25 juin 1903 à Paris où il est mort le 22 mars 1944. Responsable socialiste, il est l’un des principaux dirigeants et héros de la résistance intérieure française. Il est considéré comme l’un des principaux acteurs de l’unification de la résistance française.

En 1940, Pierre Brossolette intègre le réseau du Musée de l’Homme, puis la Confrérie Notre-Dame. Il établit des liens avec plusieurs organisations telles que Libération-Nord et l’Organisation civile et militaire (OCM) entre autres. Après avoir rejoint Londres, il devient l’adjoint du colonel Passy au sein du BCRA et mène à bien trois missions clandestines en France. Son épouse Gilberte Brossolette est également résistante et militante socialiste.

Arrêté et torturé par le Sicherheitsdienst (service de sureté appartenant à la SS), il choisit de se suicider, se jetant par la fenêtre du siège de la Gestapo, avenue Foch, après avoir donné un nom, le sien. Ses cendres sont transférées au Panthéon, le 27 mai 2015.

Biographie

Membre de la Ligue des droits de l’homme, de la Ligue internationale contre l’antisémitisme et de la Grande Loge de France où il est initié le 22 janvier 1927 à la Loge Émile Zola, il est ensuite reçu dans les hauts grades maçonniques dans la Loge La Perfection latine du Suprême Conseil de France et s’affilie également à la Loge du Grand Orient de France L’Aurore sociale, de Troyes. Il adhère à la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) en 1929 et participe au courant Bataille socialiste au cours des années 1930.

Pierre Brossolette est né au 77 bis, rue Michel-Ange (16e arrondissement de Paris). Fils de Léon Brossolette (inspecteur de l’enseignement primaire à Paris et ardent défenseur de l’enseignement laïque au début du xxe siècle) et de Jeanne Vial, elle-même fille de Francisque Vial, directeur de l’enseignement secondaire, il poursuit des études au lycée Janson-de-Sailly, puis, après une khâgne au lycée Louis-le-Grand, est reçu premier à l’École normale supérieure en 1922. Il n’est reçu que deuxième à l’agrégation d’histoire et géographie, derrière Georges Bidault, à la suite d’un petit scandale. Au cours de ses études à l’ENS, il obtient un brevet de préparation militaire supérieure, désormais nécessaire aux normaliens afin d’être nommés officiers de réserve.

Brossolette se soumet sans enthousiasme, mais avec conscience, à ses obligations militaires. Dans le cadre de cette préparation militaire effectuée notamment à la caserne de Lourcine, il obtient de bons résultats malgré une assiduité médiocre. Il est d’abord incorporé au 158e régiment d’infanterie et nommé caporal. En 1925, à l’issue de la PMS, il est nommé sous-lieutenant de réserve dans l’infanterie et est affecté au 5e régiment d’infanterie.

Pendant son service militaire, il épouse en 1926 Gilberte Bruel, avec qui il aura deux enfants, Anne et Claude, ce avec l’autorisation du général Gouraud, gouverneur militaire de Paris, puisqu’il était encore sous les drapeaux. Après la Libération, elle deviendra la première femme sénateur en France. Il se lance peu après dans le journalisme.

Il se présente d’abord aux élections cantonales d’octobre 1934 (canton d’Ervy-le-Châtel) puis à la députation de l’Aube (deuxième circonscription) sous l’étiquette du Front populaire en avril 1936 sans succès.

D’abord fervent défenseur des idéaux pacifistes et européens d’Aristide Briand, ses conceptions évoluent à partir de 1938 lorsqu’il prend conscience de la réalité de la menace nazie et de l’inévitabilité de la guerre.

Journaliste au sein de plusieurs journaux (l’Europe nouvelle, le Quotidien, le Progrès civique, les Primaires, Notre temps, Excelsior, Marianne et la Terre Libre), ainsi que celui de la SFIO Le Populaire (où il est rédacteur de politique étrangère), il travaille également pour Radio PTT, dont il est licencié en janvier 1939 lorsqu’il s’oppose dans une émission aux accords de Munich.

La bataille de France

Au début de la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé avec le grade de lieutenant au 5e régiment d’infanterie Navarre, puis promu capitaine avant la défaite à la Bataille de France et est décoré avec la première Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de bronze le 11 juillet 1940, en raison de son attitude au cours de la retraite de son unité (il réussit à ramener tous ses hommes avec leurs armes).

Résistance

Hostile au régime de Vichy, il rejoint le Groupe du musée de l’Homme pendant l’hiver 1940-1941, présenté à son fondateur Jean Cassou par Agnès Humbert. Au même moment, il écrit le dernier numéro du journal Résistance appartenant au mouvement, et échappe de peu à son démantèlement. Puis, il participe à la formation des groupes de résistance Libération-Nord et Organisation civile et militaire dans la zone occupée.

Pierre Brossolette et son épouse rachètent une librairie russe à Paris, au 89, rue de la Pompe, qui sert de lieu de rencontre et de « boîte aux lettres » pour les Résistants. Dans la bibliothèque tournante dans le sous-sol, plusieurs documents sont échangés pendant cette période dont les plans de l’usine Renault.

Il devient également professeur d’histoire au collège Sévigné et est présenté par son collègue Louis François au Colonel Rémy. Après sa rencontre, il devient chef de la section presse et propagande de la CND – Confrérie Notre-Dame sous le nom de code Pedro « parce qu’il a quelque chose d’espagnol dans le regard » selon Rémy.

Au cours de l’hiver 1941-1942, il envoie à la France Libre une série de rapports très documentés sur la situation de la France et sur la Résistance embryonnaire. Par son intermédiaire et via la CND, les mouvements Libération-Nord et OCM – Organisation Civile et Militaire sont entrés en contact avec Londres. Avec un mandat de divers mouvements et organisations syndicales, Christian Pineau fonde Libération-Nord et gagne Londres en mars 1942 avant de négocier son ralliement à Charles de Gaulle.

Après un court séjour en avril 1942 au sud de la ligne de démarcation destiné à parfaire son information sur l’état de la Résistance en zone sud, il s’est envolé clandestinement en Angleterre dans la nuit du 27-28 avril 1942, en tant que représentant de la Résistance pour rencontrer Charles de Gaulle.

France Libre et BCRA

À peine arrivé à Londres, Brossolette est pris en main par le BCRA, les services secrets de la France Libre. Au cours de son séjour dans la capitale anglaise, il rédige neuf textes et des comptes rendus pour les services gaullistes. Pilier central de ce panorama, le « Rapport politique » du 28 avril consiste en une description sans concession de la France depuis la signature de l’Armistice, un tableau de la Résistance naissante et une analyse des projets de rénovation en cours.

Il propose au général de Gaulle de repartir en France pour y rallier à la France Libre d’éminentes personnalités politiques. Fort de l’accord de De Gaulle, il fait venir à Londres les SFIO Louis Vallon et André Philip, ainsi que Charles Vallin, le numéro deux du PSF – Parti Social Français du colonel François de La Rocque.

Pierre Brossolette prononçant un discours d’hommage aux morts de la France combattante au Royal Albert Hall à Londres, 1943.

Promu commandant, il travaille pour les services secrets de la France Libre, le Bureau central de renseignements et d’action (BCRA), en liaison avec la section RF du Special Operations Executive (SOE) britannique et le Secret Intelligence Service section R.

À la suite de deux perquisitions successives effectuées par les autorités allemandes à son domicile à Paris en mai 1942, son fils Claude de 14 ans est interrogé pendant 36 heures par la Police française et la Gestapo, rue de Saussaies. Il repart en France pour sa première mission, vend la librairie, fait franchir à sa famille la ligne de démarcation en juillet 1942, navigue vers Gibraltar en felouque et sa famille parvient en Écosse en cargo et à Londres par train, où le colonel Passy les attendait à la gare. Il poursuit son action dans la Résistance seul en France tandis que Gilberte Brossolette assure la liaison entre le Commissariat à l’Intérieur de la France libre et la BBC.

Le 29 septembre 1942, il s’engage officiellement dans les « Forces Françaises Libres », au même temps que le ralliement de Charles Vallin à Londres. L’arrivée conjointe à Carlton Gardens des deux hommes jusqu’alors opposés politiquement est une opération de communication censée illustrer l’assise élargie de la France Combattante et est considérée un événement assez important pour être filmée par la presse anglaise : « Rivals Join De Gaulle ».

Le général de Gaulle nomme Brossolette compagnon de la Libération, le 17 octobre 1942.

Le 1er octobre 1942, Brossolette est nommé adjoint du colonel Passy et il prend la tête de la section opératoire, service chargé de faire le lien entre la Résistance extérieure et les mouvements de la Résistance intérieure.

Il propose à Passy de séparer l’action politique de celle du militaire, le BCRAM devient BCRA, avec le rattachement le service secret d’action politique. Cette réforme est validée par André Philip, Commissaire national à l’intérieur, et par Jacques Soustelle, chef des services secrets. Le BCRA devient le soutien logistique et l’instrument de l’action, non seulement militaire mais politique, du CNF auprès de la Résistance.

Radio Londres

Pierre Brossolette est aussi le porte-voix à Londres des combattants de l’ombre. Dans un discours à la BBC le 22 septembre 1942, il rend un vibrant hommage aux « soutiers de la gloire », expression qui deviendra par la suite usitée. Il prendra la parole à 38 reprises au micro de la BBC – Radio Londres en remplacement de Maurice Schumann.

Pierre Brossolette écrira des articles, dont un le 27 septembre 1942 “Renouveau Politique en France” dans La Marseillaise, destiné à la Résistance Extérieure comme aux Français établis depuis 2 ans en Angleterre et aux États-Unis qui persistent à se défier de la France Combattante, qui par la suite sera considéré par certains comme un des textes fondateurs du gaullisme de guerre. Brossolette est décrit par de Gaulle comme « Le philosophe du Gaullisme ».

Mission Arquebuse-Brumaire

Brossolette est parachuté pour la deuxième fois en France le 27 janvier 1943 pour la mission Arquebuse-Brumaire et sera rejoint le 27 février par André Dewavrin, alias le colonel Passy et Forest Yeo-Thomas alias « Shelley », agent du SOE surnommé familièrement « le Lapin Blanc ». Cette mission est considérée comme historique car ils vont parvenir à unifier l’ensemble des mouvements de Résistance de la Zone occupée et préparer les réseaux en vue du Débarquement.

De Gaulle les a chargés d’une mission centrée sur l’unification de la résistance armée et de rechercher les cadres d’une administration provisoire de la Zone Occupée en vue de former un Comité directeur central. Passy et Brossolette étaient donc fondés à considérer que leur mission déboucherait naturellement sur la création du CCZN — Comité de Coordination en Zone Nord pour organiser leurs services « Action » sous l’autorité de la France Combattante.

Les groupements de la Zone occupée avaient beaucoup d’objections au Conseil National de la Résistance et n’étaient pas sensibles à l’idée d’établir un lien de représentation entre la commission et le Conseil de la Résistance. En plus, ils ne souhaitaient pas les partis politiques et défendaient l’idée des familles spirituelles. Brossolette a considéré qu’il était trop tôt pour fusionner des éléments qui s’ignoraient encore, voire qui se défiaient et donc qu’une organisation unique des mouvements de résistance des deux zones apparaissait impossible.

Unification de la Résistance de la Zone Nord et création du CCZN

Après des longues et âpres négociations, le CCZN créé le 26 mars 1943 regroupera tous les mouvements de l’ancienne Zone Occupée et est composé d’un représentant de l’Organisation civile et militaire (OCM) – Maxime Blocq-Mascart, de Libération-Nord – Charles Laurent, de Ceux de la Résistance (CDLR), Jacques Lecompte-Boinet, de Ceux de la Libération (CDLL) – Roger Coquoin et du Front National (FN) – Pierre Villon. Le ralliement explicite des plus importants mouvements de Résistance de l’ex zone occupée, conjointement à leur regroupement sur le plan paramilitaire est un succès de taille.

Ce faisant, en partie pour s’adapter au terrain, Brossolette désobéit aux instructions données par de Gaulle, qui étaient d’inclure les partis politiques (pas seulement les organisations de résistance) et d’attendre pour agir l’arrivée de Jean Moulin.

Le 3 avril, les membres du CCZN furent rassemblés et présentés à Rex (Jean Moulin), qui a entériné sa création. Comme indiqué par Brossolette, le CCZN, au même titre que son homologue de la zone sud – CCZS, était une étape provisoire pour permettre le processus d’unification de la Résistance, qui a abouti avec la création du Conseil National de la Résistance (CNR), fondé et présidé par Jean Moulin le 27 mai 1943 à Paris, avec l’inclusion des partis politiques et des mouvements de Résistance.

À cette époque, la rivalité entre Jean Moulin et Pierre Brossolette, numéro deux du BCRA et soutenu par son ami Passy (André Dewavrin), chef de ce BCRA, est évidente. Moulin reproche explicitement à Pierre Brossolette d’avoir interféré auprès de de Gaulle pour l’empêcher de coordonner la Résistance dans la zone nord .

À la fin du printemps 1943, des marques éminentes de reconnaissance furent accordées à Pierre Brossolette. À Londres, le 6 avril il reçoit la Médaille de la Résistance avec rosette et le 25 mai Charles de Gaulle le cita à l’ordre des Forces Françaises Libres avec l’attribution de la Croix de Guerre avec palme de vermeil. Il est également nommé membre du conseil de l’ordre de la Libération et membre de la commission de la Médaille de la Résistance française.

Le succès du bilan laissé par Brossolette à son retour mission à Londres a été salué par les témoins de l’époque. Passy, Brossolette et Yeo-Thomas ont réussi à séparer le renseignement des réseaux d’action, effectuer un inventaire rigoureux des forces que les groupements de résistance de la Zone Nord pouvaient mettre réellement en œuvre en vue de la libération du territoire. Ils ont fait de Paris occupée la capitale de la Résistance.

En absence de De Gaulle, parti à Alger, Brossolette fut le premier orateur de l’anniversaire du Appel du 18 juin en 1943 à l’Albert Hall, où il prononça son discours « Hommage aux morts de la France combattante ».

Pendant ce temps, Brossolette perd en influence au sein de la France combattante pour plusieurs raisons : de Gaulle se méfie probablement du côté incontrôlable de Brossolette ; Passy lui-même a perdu en influence sur de Gaulle ; enfin, le socialiste André Philip est remplacé au Commissariat national de l’intérieur par Emmanuel d’Astier de la Vigerie, hostile à Brossolette.

Voyage à Alger et dernière mission

Le 13 août 1943, Pierre Brossolette part à Alger rencontrer De Gaulle et obtient l’autorisation, malgré son refus initial, de partir en France pour sa troisième mission. Il arriva en France le 19 septembre 1943, avec Yeo-Thomas, pour aider à réorganiser la Résistance à la suite de nombreux dysfonctionnements au sein de la Délégation de la Zone Nord à Paris. Par la suite, la perquisition du secrétariat de la délégation le 25 septembre, l’affaire dite « de la rue de la Pompe », a amené une réelle percée du Sicherheitsdienst (les services secrets de la SS, chargés du renseignement) dans son organisation, avec la saisie de doubles de courriers et télégrammes avec des noms et des adresses laissés en clair. De nombreuses arrestations furent effectuées par la Gestapo.

Après l’arrestation de Jean Moulin en juin 1943 et l’affaire de la rue la Pompe, Pierre Brossolette critique les nouveaux dirigeants de la Délégation (Jacques Bingen, qui est un de ses anciens subordonnés, et Serreulles), estimant que ce pouvoir lui revient. Mais il n’obtient que le rappel conjoint à Londres de lui et Serreulles.

L’action et l’intervention conjointe de Brossolette et Yeo-Thomas pendant cette mission marqua un jalon en matière de coopération militaire entre la Résistance intérieure et les alliés.

Le BCRA a joué un rôle majeur dans l’unification de la Résistance française et a été considéré par Winston Churchill et Harold Macmillan (qui a participé des négociations qui ont abouti à la victoire du Général De Gaulle sur le Général Giraud), comme le principal atout de la France pour le débarquement du Jour J. En effet, les renseignements et les actions sur le terrain en Zone Nord étaient structurées pour fragiliser la présence des Nazis et, par conséquent, aider la Libération de la France par les Alliés.

Arrestation

Plogoff : monument commémoratif de l’échouage du Jouet des Flots le 3 février 1944 à Feunteun Aod.

Après avoir échappé plusieurs fois à des arrestations, Brossolette doit rentrer à Londres pour accompagner le nouveau délégué général du CFLN auprès du CNR, Émile Bollaert. Plusieurs tentatives d’exfiltration par Lysander échouent. Brossolette et Bollaert décident de rentrer par bateau. Ils quittent alors Paris en train, direction Quimper. Sur place, l’officier de renseignement James Bargain et le lieutenant de vaisseau Yves Le Hénaff, tous deux originaires de l’Île-Tudy, préparent cette évacuation nommée opération Dahlia. Le 3 février 1944, partant de la plage du petit port bigouden, la pinasse le Jouet des Flots qui doit les conduire à une frégate britannique au large de l’île de Sein fait naufrage à cause d’une voie d’eau et du mauvais temps près de la pointe du Raz, s’échouant à Feunteun Aod à Plogoff. Les deux membres de la Résistance ainsi qu’une trentaine d’hommes, marins et aviateurs alliés échouent sur la côte, où ils sont accueillis par des Résistants. Parmi les rescapés figurait également Edmond Jouhaud. Lors d’un barrage de routine, alors qu’ils arrivent à Audierne dans une voiture à gazogène, ils sont dénoncés par une collaboratrice, contrôlés par un poste volant de la Wehrmacht et emmenés dans la prison Jacques-Cartier de Rennes, siège de la Kommandantur locale.

Plusieurs semaines passent sans qu’ils soient reconnus. Finalement, le 16 mars, Ernst Misselwitz (Hauptscharführer du Sicherheitsdienst, ou SD) se rend à Rennes en personne pour identifier Brossolette et Bollaert et les fait transférer, le 19 mars, au quartier général de la Gestapo à Paris, 84, avenue Foch. On sait aujourd’hui à travers le témoignage de Roger Lebon que son identité a été découverte à la suite d’une imprudence de la part de la Délégation générale à Paris, représentée par Claude Bouchinet-Serreules et Jacques Bingen : un rapport semi-codé rédigé par les services de Daniel Cordier aurait été intercepté sur la frontière espagnole, alors que son grand ami Yeo-Thomas se trouvait déjà parachuté solo en urgence à Paris depuis le 25 février pour préparer une évasion audacieuse de la prison de Rennes en uniforme allemand avec l’aide de Brigitte Friang. Yeo-Thomas et Friang seront eux aussi capturés les jours suivants à la suite du démantèlement de nombreux réseaux parisiens consécutif à l’affaire dite « de la rue de la Pompe » (siège de la Délégation générale) et des aveux de Pierre Manuel, responsable du BOA et frère d’André Manuel, chef de la section de renseignement (R) du BCRA.

Mort

Pierre Brossolette et Émile Bollaert sont torturés. Le 22 mars, pendant la pause-déjeuner de son gardien, Brossolette se lève de sa chaise, menotté dans le dos, ouvre la fenêtre de la chambre de bonne dans laquelle il était enfermé et tombe d’abord sur le balcon du 4e étage et ensuite devant l’entrée de l’immeuble côté avenue. Gravement blessé, il succombe à ses blessures vers 22 heures à l’hôpital de la Salpêtrière, sans avoir parlé. Il ne donne qu’un nom, le sien.

Le 24 mars, il est incinéré au cimetière du Père-Lachaise.

Ligne politique

Pierre Brossolette est très critique vis-à-vis de la IIIe République. Il la rend responsable de la défaite, et il estime que la Libération, à venir, devra être l’occasion d’une profonde rénovation démocratique, notamment par la naissance d’un grand parti de la Résistance appelé à réaliser une politique de transformation sociale ambitieuse. Un programme commun, très proche de ses aspirations sociales, est élaboré par le Conseil national de la Résistance en mars 1944, le mois de la mort de Brossolette.

Cette critique de la Troisième République est le principal sujet de discorde avec Jean Moulin et lui vaut par ailleurs l’opposition des partis. Ainsi, à la veille de son arrestation, Brossolette est exclu de la SFIO par Daniel Mayer et Gaston Defferre, décision qui n’est pas appliquée à cause de sa disparition. Si, dans un premier temps, la IVe République renoue avec les mœurs de la IIIe, l’avènement de la Ve République représente pour certains l’application a posteriori des idées de Brossolette sur l’après-guerre.

En effet, le projet d’un grand parti rassemblé autour de De Gaulle pour gérer l’immédiat après-guerre et limiter les dégâts prévisibles d’une épuration incontrôlée est vivement critiqué et soupçonné même de dérives fascisantes. De Gaulle, conscient des soupçons d’autoritarisme qui pesaient déjà sur lui, tranchera pour la représentation des partis au sein du CNR et, partant, pour la réhabilitation du système parlementaire de la IIIe République, donnant ainsi gain de cause à Jean Moulin. Ce choix aura des conséquences importantes sur l’image de ces deux grands chefs de la Résistance et de leur place dans la mémoire nationale.

Ainsi s’opposent a posteriori l’image d’un Moulin homme d’État proche du radicalisme d’avant-guerre, défenseur des valeurs républicaines et de la démocratie, voire du statu quo, à qui l’on a reproché de se laisser influencer par le parti communiste, et celle, complexe, d’un Brossolette homme politique certes visionnaire, précurseur du gaullisme « qu’il bâtissait en doctrine » (selon De Gaulle lui-même dans ses mémoires) bien que socialiste, dénonciateur féroce des dangers fasciste et communiste avant la guerre mais partisan de méthodes radicales.

Cependant son idée d’un parti unique issu de la Résistance ne devait servir qu’à réorganiser l’après-guerre, et il aurait envisagé de créer lui-même un nouveau parti de gauche, sur le modèle social-démocrate donc non-marxiste ou, en tout cas, réformiste. Pour cela, Brossolette avait travaillé sur une ambitieuse critique du marxisme pendant ses missions, que sa stature d’intellectuel, normalien de haut vol, permettait de croire respectable ; ce document aurait été jeté par-dessus bord lors du naufrage sur les côtes bretonnes ayant amené son arrestation.

Source Wikipedia

4 Commentaires

  1. Bonjour
    Un autre frère fut initié a Troyes était compagnon de la Libération Georges Guingoin en 1969
    Des héros pour notre liberté sous l heure d été de Petain de février 1942

  2. Très chère Christine,
    La GLDF a la chance de pouvoir offrir aux sœurs, aux frères mais aussi au grand public, un tel espace de savoirs, et ce depuis les années 1900-1910, date à laquelle commence l’histoire de leur bibliothèque. À cette heure, elle conserve plus de 25 000 ouvrages, sans compter les revues ou autres périodiques ou encore des thèses, mémoires, planches des loges, etc.
    A priori, l’accès se fait toujours du lundi au vendredi, de 11 heures à 12 h 30 et de 14 heures à 18 heures. À vérifier toutefois… GLDF 8 rue Puteaux – 75017 Paris/Tél. 01 53 42 41 41

  3. En 1947, la Grande Loge de France (GLDF) décide d’aménager la chapelle du couvent qu’elle a acheté en 1911. Au rez-de-chaussée, nous avons le temple « Franklin Roosevelt » et la très belle bibliothèque « François Rognon » associée aux archives et au musée (MAB) – véritable lieu symbole de culture et de connaissances –, le haut de ladite chapelle est transformé en grand temple. C’est en juin 2014 que la GLDF décide de lui donner le nom de Pierre Brossolette.

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Guillaume Schumacher
Guillaume Schumacher
Guillaume SCHUMACHER a été initié au GODF à l’Orient d’Épinal. Il participe également, quand il le peut, aux Imaginales Maçonnique & Ésotériques d'Épinal organisées aussi par son atelier. Avant d'être spéculatif, il était opératif. Aujourd'hui, il sert la nation dans le monde civil. Passionné de sport et de lecture ésotérique, il se veut humaniste avec un esprit libre et un esprit laïc.

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