jeu 09 mai 2024 - 10:05

Valeurs de l’olympisme, valeurs maçonniques ?

100 ans plus tard, le 26 juillet 2024, Paris accueillera officiellement les Jeux Olympiques.

Logo JO d’été Paris 2024.

Les Jeux olympiques d’été de 2024, officiellement appelés les Jeux de la XXXIIIe olympiade. Oui, vous avez bien lu… 33e olympiade ! Un signe ?

À moins d’un an de l’ouverture des JO, revenons sur l’Olympisme qui dépasse largement le cadre des Jeux. Avec des valeurs qui ne sont pas étrangères aux valeurs et pratiques maçonniques.

Manuscrit du projet de jeux olympiques modernes de Pierre de Coubertin (discours du 25 novembre 1892).

La Charte olympique en résume le propos dans son préambule : « L’Olympisme est une philosophie de vie, exaltant et combinant en un ensemble équilibré les qualités du corps, de la volonté et de l’esprit. Alliant le sport à la culture et à l’éducation, l’Olympisme se veut créateur d’un style de vie fondé sur la joie dans l’effort, la valeur éducative du bon exemple, la responsabilité sociale et le respect des principes éthiques fondamentaux universels. »

Médaille des Jeux olympiques d’hiver de 1948 à Saint-Moritz.

Les trois valeurs fondamentales

Aujourd’hui, l’Olympisme s’articule autour de trois valeurs fondamentales : l’excellence, l’amitié et le respect.

L’excellence consiste à donner le meilleur de soi, sur le terrain ou dans la vie. Il ne s’agit pas seulement de gagner, mais surtout de participer, progresser par rapport à des objectifs que l’on s’est fixés, s’efforcer de se dépasser au quotidien.

L’amitié doit conduire à bâtir un monde meilleur et plus paisible grâce au sport, à la solidarité, à l’esprit d’équipe, à la joie et à l’optimisme. Considérer le sport comme instrument visant une meilleure compréhension mutuelle entre les individus et les peuples du monde entier, malgré les différences.

Devise olympique au musée olympique de Lausanne, Suisse.

Enfin, derrière la valeur de respect se distingue la volonté de se respecter, respecter son corps, respecter les autres et les règles ainsi que l’environnement. Dans le cadre du sport, le respect va de pair avec le fair-play et la lutte contre le dopage ou tout autre comportement contraire à l’éthique.

Chacune de ces trois valeurs trouve son expression dans l’un ou l’autre des symboles de l’Olympisme et du mouvement olympique. La devise des Jeux, « Citius, Altius, Fortius », exprime l’excellence. Elle encourage les athlètes à donner le meilleur d’eux-mêmes.

Cette devise olympique, depuis 2021, est composée des quatre mots latins « Citius, Altius, Fortius – Communiter », dont la traduction officielle est « Plus vite, plus haut, plus fort – ensemble ».

Les JO, les symboles décryptés

Drapeau olympique.

Ces symboles véhiculent les valeurs de l’Olympisme. Ils confèrent une identité aux Jeux et au Mouvement olympiques.

Le drapeau

Les cinq anneaux représentent les cinq continents. Ils sont entrelacés pour indiquer l’universalité de l’Olympisme et la rencontre des athlètes du monde entier au moment des Jeux Olympiques. Sur le drapeau olympique, les anneaux apparaissent sur un fond blanc. Combinées de cette façon, les six couleurs (bleu, jaune, noir, vert, rouge et blanc) représentent toutes les nations. Il est donc faux de croire que chacune des couleurs est associée à un continent précis !

Torches olympiques exposées au Musée olympique à Lausanne en Suisse.

La flamme

Une flamme brûle dans le stade pendant toute la durée des Jeux Olympiques. Elle incarne un idéal de paix et d’amitié entre les peuples. Cette flamme fait référence aux Jeux de l’Antiquité : des messagers parcouraient le monde grec pour annoncer les dates des compétitions. Ils demandaient l’arrêt des combats afin que les athlètes et les spectateurs puissent se rendre à Olympie. C’était la trêve sacrée !

Les valeurs en quelques exemples

La Solidarité Olympique

CIO

Soutenu et piloté par le Comité International Olympique (CIO), organisation créée par Pierre de Coubertin le 23 juin 1894 pour réinstaurer les Jeux olympiques antiques puis organiser cet événement sportif tous les quatre ans, ce vaste fond d’aide aux Comités Nationaux Olympiques permet, entre autres, de financer des programmes d’entraînement d’athlètes et de formation des entraîneurs. Pour l’olympiade 2013-2016, il se monte à 438 millions de dollars. Dans les pays les plus pauvres de la planète, la Solidarité Olympique constitue souvent la seule ressource du Comité National Olympique.

1988, Seoul, Olympic torch.

Le CIO, une organisation au cœur du sport mondial

Fondé le 23 juin 1894 – veille de Saint-Jean, ou Nativité de saint Jean Baptiste,  de son nom de naissance Yohanan, personnage majeur du christianisme et un prophète de l’islam, était une fête chômée en France, avant le Concordat de 1801, donnant l’occasion de célébrer, avec quelques jours de retard, le solstice d’été –, le Comité International Olympique est une organisation internationale indépendante à but non lucratif. Basé à Lausanne, en Suisse, la capitale olympique, il est entièrement financé par des fonds privés et redistribue 90 % de ses revenus au mouvement sportif au sens large pour le développement du sport et des athlètes à tous les niveaux.

Siége du CIO, Lausanne.

Le CIO est au cœur même du sport mondial : il soutient toutes les parties prenantes du Mouvement olympique, assure la promotion de l’Olympisme dans le monde entier et supervise la célébration régulière des Jeux Olympiques. Le CIO s’attache en outre à promouvoir le sport dans la société, à renforcer l’intégrité du sport et à soutenir les athlètes intègres et d’autres organisations sportives.

La Journée olympique

Une fois par an, le 23 juin, date de naissance des Jeux modernes, le monde entier se met au diapason de l’esprit olympique en célébrant ses valeurs et les bienfaits de l’activité sportive. Une journée marquée par l’organisation de multiples manifestations et activités à l’échelle locale ou nationale.

JO Paris 2024 : la torche qui portera la flamme olympique.

Les Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ)

À l’initiative de Jacques Rogge, son ancien président, le CIO a créé à la fin des années 2000 un nouvel événement au label olympique, les JOJ. Destinés aux athlètes âgés de 15 à 18 ans, ils associent compétitions sportives et activités d’échanges. Leur première édition, pour l’été, a été organisée à Singapour en 2010. La version hivernale a vu le jour deux ans plus tard à Innsbruck.

CIO, règlements.

L’éducation par le sport.

Associé à l’UNESCO, le CIO multiplie les initiatives sur l’ensemble de la planète pour encourager les jeunes à renoncer à leurs habitudes sédentaires et améliorer la qualité de l’éducation physique à l’école.

Les comités d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJO)

Autres bénéficiaires : les comités d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJO). Avant même le choix de la ville hôte, le CIO assure aux futurs organisateurs une part des revenus issus des droits de télévision et du programme marketing. Pour les Jeux d’été en 2024, cette manne financière s’élèvera à 1,7 milliards de dollars. La garantie pour la ville organisatrice de couvrir ainsi une grande partie de son budget d’organisation.

De fait, les Jeux Olympiques modernes véhiculent de réelles valeurs humanistes. De plus, le CIO prétend dans sa charte contribuer à « un monde meilleur ». Mettre en exergue des valeurs de tolérance, de fraternité, de générosité, de respect mutuel, l’hospitalité offerte par les villes d’accueils n’est-ce pas là un beau chemin à suivre ?

L’Olympisme n’est point un système, c’est un état d’esprit

Le baron Pierre de Coubertin, un maçon sans tablier ?

Les adeptes du complot dénoncent l’appartenance maçonnique du baron Pierre de Coubertin, déclarant notamment : « … À la suite des efforts persévérants d’un français, Pierre de Coubertin, ces Jeux furent rétablis en 1896. Pour ce franc-maçon ancien élève des jésuites… » ou encore « …Pierre de Coubertin nous a légué son adage ‘l’important c’est de participer’, conseil de franc-maçon qu’il était… »

Pierre de Coubertin, en 1921.

Et pourtant, le baron Pierre de Coubertin, né le 1er janvier 1863 à Paris et mort le 2 septembre 1937 à Genève, en Suisse, historien et pédagogue français n’a jamais été franc-maçon.

Fortement influencé par la culture anglo-saxonne, il a particulièrement milité pour l’introduction du sport dans les établissements scolaires français. Dans ce cadre, il prend part à l’éclosion et au développement du sport en France dès la fin du XIXe siècle, au rapprochement des écoles laïques et religieuses grâce au sport, avant d’être le rénovateur des Jeux olympiques de l’ère moderne en 1894 et de fonder le Comité international olympique (CIO), dont il a été le président de 1896 à 1925.

Signature de Pierre de Coubertin.

Pour mémoire, c’est le 6 avril 1896 que s’ouvre les premiers Jeux Olympiques modernes qui eurent lieu à Athènes en mémoire de la tradition antique. Quatorze pays y sont représentés pour un total de 285 athlètes. C’est un berger grec, Spiridon Louis, qui remporte l’épreuve la plus populaire du pays, le marathon.

Carton rouge.

Notre carton rouge à Coubertin

Si Coubertin parle des jeux comme instrument de paix, il n’est pas insensible, avant 1914, aux efforts de revanche, et, tout en accordant une grande place à l’honneur patriotique et au nationalisme, il présente aussi le sport comme un moyen de rendre les pratiquants plus aptes à la guerre.

Enfin, le baron apporte un soutien implicite au régime nazi à l’occasion des campagnes publicitaires en faveur des Jeux de 1936, à Berlin.

Bien que retiré du CIO où il reste à titre purement honorifique et absent physiquement des Jeux, il le soutient implicitement par le discours suivant : « Que le peuple allemand et son chef soient remerciés pour ce qu’ils viennent d’accomplir ». Interrogé sur ce soutien, Coubertin répond : « Comment voudriez-vous que je répudie la célébration de la XIe Olympiade ? Puisque aussi bien cette glorification du régime nazi a été le choc émotionnel qui a permis le développement qu’ils ont connu ». Pour le journaliste et critique littéraire Daniel Bermond (1951-2014), collaborateur de la revue l’Histoire, aucun doute n’est possible : Coubertin admire intensément Hitler.

Sources : Paris 2024 ; Wikimedia Commons ; Wikipédia ; La Charte olympique

JO, Paris 2024.

2 Commentaires

  1. Pour compléter le portrait du muffle : « Le rôle de la femme reste ce qu’il a toujours été : elle est avant tout la compagne de l’homme, la future mère de famille, et doit être élevée en vue de cet avenir immuable » – Baron Pierre de Coubertin (1901)
    En effet, le baron est farouchement opposé à toute présence féminine aux Jeux olympiques. De multiples préjugés sont associés au sport féminin : perte de la féminité, développement d’une musculature trop importante, sans parler du risque de stérilité !

    Heureusement, alors que les Jeux Olympiques se tiendront à Paris en 1924, la sœur (DH) Aimée LALLEMENT (1898 – 1988) s’insurge avec d’autres de la place réservée aux femmes. Pour forcer la main des organisateurs, elle s’engage avec la Fédération sportive féminine internationale (FSFI) pour organiser en 1922 au stade Pershing à Paris devant 20000 personnes les « Jeux Olympiques féminins d’Héra » renvoyant à ceux audacieusement organisés au VIe avant J.-C…

  2. Bjr Yonnel les couleurs ne représentent pas exactement les nations : les anneaux du drapeau représentent les 5 continents, mais Coubertin – qui a dessiné lui-même le drapeau- a choisi les couleurs des anneaux de façon a ce que chaque individu puisse retrouver au moins une des couleurs de son drapeau national dans les couleurs olympiques.
    merci !

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti est directeur de la rédaction de 450.fm. Il a fait l’essentiel de sa carrière dans une grande banque ancrée dans nos territoires. Petit-fils du Compagnon de l’Union Compagnonnique des Compagnons du Tour de France des Devoirs Unis (UC) Pierre Reynal, dit « Corrézien la Fraternité », il s’est engagé depuis fort longtemps sur le sentier des sciences traditionnelles et des sociétés initiatiques. Chroniqueur littéraire, membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France (IMF) et médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie (Musée de France), il collabore à de nombreux ouvrages liés à l’Art Royal et rédige des notes de lecture pour plusieurs revues obédientielles dont « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France et « Perspectives » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain ou encore « Le Compagnonnage » de l’UC. Initiateur des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, il en a été le commissaire général. En 2023, il est fait membre d'honneur des Imaginales Maçonniques & Ésotériques d'Épinal (IM&EE).
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