En région Occitanie, dans le département de la Haute-Garonne, à une trentaine de kilomètres de Bagnères-de-Luchon*, également nommée Luchon et qui mérite amplement son surnom de « Reine des Pyrénées » – donné par le pyrénéiste Vincent de Chausenque (1781-1868) en 1834 dans son ouvrage Les Pyrénées ou voyages pédestres –, Saint-Bertrand-de-Comminges est une ancienne cité romaine devenue haut lieu de pèlerinage sur le chemin vers Compostelle.
De Lugdunum à Saint-Bertrand-de-Comminges
Saint-Bertrand-de-Comminges – ou plutôt « Lugdunum » -, est née en 72 avant l’ère chrétienne dans la plaine de Valcabrère qui accueillit en son temps les légionnaires de Pompée dit « le Grand » (106 av. J.-C.-48 av. J.-C.). La florissante cité romaine se développe encore au Ve siècle autour d’une basilique paléochrétienne. Des remparts sont alors construits au sommet du site et la population se répartit entre la ville basse et la ville haute.
Aujourd’hui, le village a non seulement conservé cette double structure mais aussi de nombreux vestiges du site antique de Lugdunum : thermes du nord, forum, théâtre, grand marché couvert, camp militaire – des recherches archéologiques sont menées depuis 2016 par William Van Andringa et ses équipes, l’objectif étant, cette année, de comprendre l’implantation du camp militaire de Tranquistan construit en pierres.
La cathédrale Notre-Dame de Saint-Bertrand-de-Comminges, également appelée cathédrale Sainte-Marie, l’autre « merveille »
Cathédrale catholique, elle était la cathédrale du diocèse de Comminges jusqu’au 29 novembre 1801, date à laquelle le pape Pie VII a établi la bulle Qui Christi Domini répartissant le territoire du diocèse de Comminges entre l’archidiocèse de Toulouse et le diocèse de Bayonne.
À 515 mètres d’altitude, Saint-Bertrand-de-Comminges est en position de voir le pic de Cagire, le pic du Gar, le mont Sacon, et contemple le bassin de la Garonne. Plus généralement, la ville commande les accès vers l’Espagne, Toulouse et Tarbes, desservis par un réseau routier issu d’anciennes voies romaines.
La cathédrale est située sur l’acropole d’un oppidum celte qui a donné naissance à la cité romaine de Lugdunum Convenarum dont les ruines s’étendent dans la plaine.
La construction de la cathédrale
Elle est entreprise à la fin du Xe siècle, à l’initiative de l’évêque Bertrand de l’Isle qui meurt en 1123. La cité épiscopale, prenant le nom de son évêque canonisé en 1222, devient Saint-Bertrand-de-Comminges et attire les premiers pèlerins.
Le village devient un haut lieu de pèlerinage sous l’impulsion de l’évêque Bertrand de Got, futur pape Clément V, qui décide de transformer la cathédrale et d’y installer les reliques de son prédécesseur dans un reliquaire bien en vue afin de faciliter la vénération des fidèles. L’établissement, au XVIe siècle, de la confrérie de Saint-Bertrand au sein de la cathédrale, assure le rayonnement de la cité épiscopale jusqu’à la suppression du diocèse de Comminges en 1793.
Au cœur des Pyrénées centrales, une étape du pèlerinage vers Compostelle
Depuis son classement parmi Les Plus Beaux Villages de France (1982) et l’inscription, par l’UNESCO, d’une grande partie de son patrimoine religieux au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle (1998), Saint-Bertrand-de-Comminges a retrouvé un second souffle.
Touristes et pèlerins viennent en nombre chaque année et se croisent dans la ville haute. Cernée de remparts et percée de trois portes, elle rappelle, par ses constructions médiévales, ses nobles demeures et ses maisons à colombages des XVIIe et XVIIIe siècles, quelle cité prospère elle fut jusqu’à la Révolution. Joyau de l’art romano-gothique, l’imposante cathédrale Sainte-Marie de Saint-Bertrand-de-Comminges est bien sûr le point fort de la visite.
On y admire notamment le chœur avec ses 66 stalles sculptées dans le chêne ou l’exceptionnel orgue d’angle qui attire chaque été les meilleurs organistes du monde lors du Festival du Comminges.
Réalisé entre 1525 et 1535, à la demande de l’évêque Jean de Mauléon, ce cœur de stalle était destiné à isoler les chanoines du flux des pèlerins. Construit en chêne, il est donc composé de 66 sièges et d’un siège épiscopal. La richesse de cet ensemble sculpté réside dans la variété et la profusion des détails du décor.
À voir, l’arbre de Jessé – motif fréquent dans l’art chrétien entre le XIIe et le XVe siècle,
schématisant la généalogie de Jésus de Nazareth à partir de Jessé, père du roi David qui, en hébreu signifie le « Bien-aimé », tel qu’apparaissant dans les Écritures – et le décor de marqueterie de la stalle de l’évêque. L’accès est payant. Sur le parvis de la cathédrale, un ancien couvent abrite « Les Olivétains », centre culturel et touristique départemental. Il est doté d’une librairie et offre régulièrement des expositions temporaires. Speranza la suite… (Espoir) par le collectif mardis-gras est proposé jusqu’au 24 septembre prochain.
À 2 km en contrebas, la basilique Saint-Just-de-Valcabrère (XIIe siècle), en partie constituée des vestiges de la ville antique, offre un magnifique point de vue sur la cathédrale, le village et les Pyrénées en arrière-plan… À juste titre, l’ensemble du site Saint-Bertrand-de-Comminges Valcabrère compte parmi les Grands Sites d’Occitanie.
Le cloître
Jouxtant le vaisseau de pierre, un cloître, essentiellement roman, ouvert sur la montagne, invite à la méditation. Il est tout simplement remarquable. Les cloîtres sont généralement des endroits clos. La singularité de celui de Saint-Bertrand-de-Comminges ? Ses ouvertures sur la nature environnante pratiquées tardivement, au début du XXe siècle !
Ce cloître était un lieu de prières et de méditation pour les chanoines, ainsi qu’un espace funéraire. Construit au XIIIe siècle, il prit sa forme actuelle sous l’influence du pape Clément V. Laissez-vous porter par son atmosphère si paisible et au gré de vos déambulations, admirez le pilier des Évangélistes, les chapiteaux à décor ornemental, les tombeaux des chanoines, ou encore les élégants mais puissants contreforts de la cathédrale. Quatre galeries évoluent autour d’une “cour”. Trois de ces galeries sont romanes. La quatrième, appelée galerie des tombeaux, relève d’un gothique plus austère que flamboyant.
Un des plus beaux orgues classiques d’Europe
La cathédrale de Saint-Bertrand-de-Comminges dispose probablement de l’un des plus beaux orgues classiques d’Europe. Commandé par Jean de Mauléon qui fut évêque de Saint-Bertrand-de-Comminges au XVI e siècle (1523-1551), il fut réalisé après l’achèvement des stalles du chœur en 1551 et serait l’œuvre de Nicolas Bachelier, architecte et sculpteur français (1487-1556). Classé Monument Historique depuis 1840 il constitue un exemple rare d’orgue de tribune dont le buffet culminant à près de 16 mètres, épouse l’angle du mur sur lequel il s’appuie.
Le mystérieux crocodile, un monstre légendaire ?
En entrant à droite, sur le mur de pierre de la cathédrale est accroché le célèbre crocodile. Les habitants de Saint-Bertrand-de-Comminges sont convaincus que cette créature démoniaque hante la forêt environnante. Elle imite les cris des bébés pour attirer les enfants les plus innocents dans son antre et les dévore…
Jusqu’au jour où le saint homme Bertrand, évêque déjà célèbre, décide de chasser la bête ! Le terrifiant reptile approche son museau de son visage, prêt à le croquer… mais Bertrand le touche du bout de son crosier, le bâton pastoral d’un évêque. Et le monstre hideux devint docile comme un agneau. D’ailleurs, il suivit le saint jusque sur le parvis de la cathédrale, où il tomba raide mort !
Une autre légende nous conte les aventures d’un croisé qui, des déserts brûlants d’Orient, aurait juré de ramener la Bête s’il sortait vivant de son duel… Et de ramener le croco à la cathédrale de son pays !
*Bagnères-de-Luchon avait accueilli les 17 & 18 juillet 2021, dans le cadre prestigieux de son théâtre à l’italienne, les Estivales Maçonniques en Pays de Luchon (EMPL). « La franc-maçonnerie à découvert », tel était le thème de ce premier grand évènement maçonnique de l’année 2021.
Notons aussi que le vitrail de la chapelle Saint-Bertrand – réalisé en 1850 par le miniaturiste et peintre-verrier Ernest Lami de Nozan (1795-1881), mais aussi libraire-éditeur de livres d’art à Paris – de l’église Notre-Dame-de-l’Assomption de Luchon – inscrite à l’inventaire des monuments historiques depuis 2003 – retrace la vie de saint Bertrand. Il est représenté faisant construire la cathédrale Notre-Dame de Saint-Bertrand-de-Comminges.
Sources : Wikimédia Commons ; https://www.st-bertrand.com/ ; crédit photos Yonnel Ghernaouti, YG ; https://www.les-plus-beaux-villages-de-france.org/ ; Festival du Comminges ; monumentum.fr ; Plaquette Conseil départemental Haute-Garonne-Agir avec vous !
Bravo mon TCF Yonnel !
Bravo d’avoir évoqué à ta façon, à travers ta photo de cette femme archéologue qui ne fait que son travail, la lutte contre l’islamisme radical et le repli communautaire… Un combat que devrait mener tout maçon afin de préserver les valeurs de la République.
Aprés, il sera trop tard et on ne pourra pas dire je ne savais pas.
Sinon, encore merci à 450.fm de nous enrichir moralement, intellectuellemnt et spirituellement grâce à de telle rubrique comme “Lieu symbolique”.
Continuez, trois points c’est tout !
TAF.