ven 22 novembre 2024 - 19:11

De Jérusalem à Athènes

La Légende revisitée d’ATHENA

Athènes. An 432 avant Jésus-Christ. Le majestueux Temple de marbre blanc (70 mètres de long, 30 de large, 15 de haut) au 46 colonnes construit par Périclès et dédié à la déesse ATHENA semble un diamant géant posé sur le plateau rocheux du Parthénon qui domine la ville. Ce soir au couchant, l’édifice brille de mille feux sur un fond de ciel rougeoyant. Comme une bague étincelante au doigt de Zeus !

Place à la magie !

Soudain à l’intérieur du Temple s’anime la colossale statue haute de dix mètres de la déesse, façonnée d’or et d’ivoire, culminant au Naos, plein ouest. Elle prend vie, forme et taille humaine. La souriante déesse, de son vrai nom, ATHENA PARTHENOS (Temple de la Vierge), toute de voile blanc vêtue, détaille d’un regard circulaire le vaste édifice puis se dirige vers la façade sud. Pour sortir, lever la tête et examiner la toiture, qui n’est achevée qu’aux trois quarts. Mais surgit un athlétique et aimable hoplite athénien (soldat) sous le casque duquel elle reconnaît le dieu EROS. Il l’empêche d’avancer d’un geste presque « enveloppant », limite familier. De garde dans le Temple et en retrait prudent au pied d’une colonne, Il prétexte le danger permanent de recevoir sur la tête une tuile de marbre de 50 kg !

Insensible au brin de cour – appuyé – que vient de lui faire le bel EROS, ATHENA est tout de même quelque peu contrariée par ce barrage. Têtue, elle se dirige résolument vers la façade nord avec la même intention d’inspection de la toiture. Même irruption d’un gentil hoplite caché derrière une colonne, même refus de passage, en raison dit-il, de la chute possible d’une lourde tuile. Elle reconnaît malgré son casque et son ample tunique verte à ceinture rouge, le Dieu PHILIA, dont la voix douce et posée indique un être chaleureux, calme et protecteur. Il offre à la déesse un bouquet de mimosa fraîchement cueilli mais ne la laisse pas passer pour autant ! Fâchée, malgré la respectueuse marque d’attention de PHILIA, la déesse ATHENA s’obstine et se dirige à pas lents vers la façade nord du Temple.

Elle est magnifique dans sa robe immaculée à volants et ses cheveux noirs qui tombent en cascades sur ses épaules, se dit le dieu AGAPE. Le dos appuyé contre sa colonne, il la voit s’avancer d’une démarche féline sur les grandes dalles de marbre blanc véinées de bleu. Il s’émeut. Va-t-il à son tour lui refuser la sortie ? Eh bien oui, mais en même temps, d’un doigt pointé vers le haut plafond, il lui montre les dernières dalles décorées de têtes de lions posées sur les linteaux et que les ouvriers rapprochent lentement vu leur poids, pour terminer la couverture. Une simple question de quelques jours, l’assure-t-il. ATHENA retrouve le sourire !

Et surprise, AGAPE s’avance de quelques pas avec elle et ouvre la porte en ivoire qui donne sur la salle des plaisirs de bouche. En son centre une immense table rectangulaire nappée de blanc elle aussi, présente une abondance de mets les plus raffinés de la Grèce. De la « maza », gâteau d’orge, assorti d’olives et de miel d’acacia, aux bols en argent de fromages de chèvre caillés. Des galettes fourrées de filets de poissons de rivière aux tranches de rôtis de sangliers. Les légumes, choux, épinards, oignons, laitues, radis, lentilles, fèves et pois chiche forment un collier coloré autour de la table. Et la zythogale, la bière mousseuse de froment, est déjà versée dans les petites amphores de table en terre cuite (coupes peintes à l’effigie d’Athéna). Celle-ci est invitée à s’asseoir sur le trône royal par le dieu AGAPE, entouré de chanteuses, qui entonnent un chant rythmique… Que la fête des papilles commence ! Mais soudain….

 …Un grondement de tonnerre, une sonnerie de trompette déchire l’air. La voix de Périclès retentit : elle rappelle que ce jour est celui du jeûne sur toute la Grèce, en vue de préparer les corps aux prochains Jeux olympiques ! Interdiction formelle de passer à table et de s’adonner à ses plaisirs ! Même la déesse et les dieux doivent demeurer abstinents pendant ces Olympiades ! Un grand silence s’abat sur le Temple.

La déesse ATHENA s’évapore alors et reprend forme à sa place, figée au Naos du Temple, en statue géante. Comme si rien ne s’était passé ! Elle est plus impressionnante que jamais dans sa tunique à quatre volants et son casque orné d’un sphinx. Sa main gauche tient la lance sur le bouclier où figure le combat des Grecs et des Amazones. Derrière elle, se dresse le serpent Erichthonios, sculpté dans la pierre. Plus vrai que nature, il paraît ramper, il s’avance, les yeux exorbités, tous crochets dehors, il va la piquer…

…je me réveille en sursaut, le visage en sueur. Je sors d’un rêve qui m’a transporté de Jérusalem à Athènes. Du roi Salomon, l’architecte Hiram, du politicien Périclès, la voluptueuse Athéna ! Un Temple, une déesse, trois bons Compagnons…. Pour exister, les légendes ont besoin d’être racontées. Et même réinventées ! Ainsi, selon l’imaginaire fantaisiste de l’auteur, en passant du mont Moriah en Judée au plateau du Parthénon en Grèce, elles peuvent même être métamorphosées ! Pas de drame ici : De la mort, la vie !

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Gilbert Garibal
Gilbert Garibal
Gilbert Garibal, docteur en philosophie, psychosociologue et ancien psychanalyste en milieu hospitalier, est spécialisé dans l'écriture d'ouvrages pratiques sur le développement personnel, les faits de société et la franc-maçonnerie ( parus, entre autres, chez Marabout, Hachette, De Vecchi, Dangles, Dervy, Grancher, Numérilivre, Cosmogone), Il a écrit une trentaine d’ouvrages dont une quinzaine sur la franc-maçonnerie. Ses deux livres maçonniques récents sont : Une traversée de l’Art Royal ( Numérilivre - 2022) et La Franc-maçonnerie, une école de vie à découvrir (Cosmogone-2023).

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