De notre confrère ouest-france.fr
Son nom ne dit rien à personne ou presque et pourtant ! Née à Honfleur, Maria Pognon (1844-1925) est une figure de l’émancipation féminine sous la IIIe République. Journaliste, socialiste, elle fut également membre de la première loge maçonnique mixte créée en 1893. Voici son histoire.
À Honfleur, on connaît bien la poétesse Lucie Delarue-Mardrus, la duchesse de Montpensier ou encore Françoise Sagan. Toutes ces Honfleuraises de sang ou d’adoption figurent dans le paysage urbain au travers d’un nom de rue, d’un portrait ou d’un buste.
C’est n’est pas le cas de Maria Pognon (1844-1925), une autre de ces illustres femmes de la cité de peintres, grande défenseuse des droits des femmes au XIXe siècle, et pourtant tombée dans l’oubli : « Maria Pognon est une des féministes françaises les plus fougueuses, intrépides et visibles », rappelle Dominique Segalen, autrice de Maria Pognon, une frondeuse à la tribune.
Fille d’un riche couvreur en ardoises honfleurais, c’est en 1882 qu’elle entre à la Ligue française pour les droits des femmes (LFDF) : « En 1892, elle succède à Léon Richer comme présidente de la LFDF, fonction qu’elle assumera jusqu’en 1903. »
« À travail égal, salaire égal ! »
Parmi les plumes les plus actives de La Fronde, un journal entièrement fabriqué, rédigé et vendu par des femmes, on lui doit la devise, « À travail égal, salaire égal ! » Reconnue pour ses qualités d’oratrice, elle va défendre de nombreuses causes : « La réforme du Code civil, le droit des femmes mariées de travailler et de disposer de leurs gains, la création d’une caisse de la maternité alimentée par une taxe sur tous les hommes. »
Maria Pognon est aussi franc-maçonne : « En 1893, l’une des 17 fondatrices de la première loge mixte, la Grande loge symbolique écossaise – le Droit humain. »
En 1904, elle quitte l’hexagone pour la Nouvelle-Calédonie où elle s’installe chez son fils, alors conseiller général de ce territoire d’outre-mer. Deux ans plus tard, elle gagne l’Australie où elle intègre de nombreux cercles féministes. Elle ne reviendra jamais en France jusqu’à sa mort, en 1925.