jeu 02 mai 2024 - 02:05

Renaissance Traditionnelle : le N° 204 vient de paraître

Les sources anthropologiques du signe de Maître, tel est le thème de ce numéro.

Renaissance Traditionnelle est une revue française trimestrielle d’études maçonniques et symboliques fondée par René Guilly en 1970. Dirigée aujourd’hui par Roger Dachez et Pierre Mollier, elle est éditée sous l’égide de l’Institut maçonnique de France.

Elle n’a qu’un seul but : « susciter et publier des études, apporter des documents qui fassent mieux comprendre et mieux aimer la tradition maçonnique dans sa double dimension historique et spirituelle. »

Le sommaire 

Avant-propos par Pierre Mollier

Gestes de deuil et signes d’horreur par Gaël Meigniez

Notes à propos de la Société de l’Humanité, des tailleurs de pierre de Tours : à la croisée des chemins entre mutualisme, compagnonnage et franc-maçonnerie par Jean-Michel Mathonière.

Pierre Mollier.

L’avant-propos, extrait : « La belle étude qui ouvre ce numéro 204, Renaissance Traditionnelle s’aventure dans un domaine de recherche très stimulant mais difficile. Dans son travail pour une meilleure connaissance de la franc-maçonnerie, notre revue s’en est jusqu’à présent tenue au terrain de l’histoire. Terrain assez solide pour peu que l’on y applique la méthode « académique » classique progressive construite par les historiens et XIXe et XXe siècles. À partir des années 1970 cependant,

Différents auteurs ont voulu renouveler les études maçonniques en utilisant les approches d’autres sciences sociales – sociologie, anthropologie, psychologie sociale etc. qui à cette époque étaient particulièrement en vogue à l’université. Hélas, les quelques essais d’« anthropologie maçonnique » qui ont été tentés non guère convaincu. Une critique un peu rigoureuse en a facilement repéré et dénoncé les truismes, les rapprochements trop rapides de faits sortis de leur contexte etc.

Mais ce n’est pas parce qu’une hypothèse de travail ne donne pas satisfaction à sa première mise en œuvre qu’il faut y renoncer définitivement. Ainsi, nous avons été interpellés puis séduits par le travail de Gaël Meigniez* que vous allez découvrir. Il guide le lecteur dans une exploration étonnante des sources profondes dans l’imaginaire humain de cet élément important de la légende d’Hiram et du grade de Maître qui est le « signe d’horreur ». Si son objet est d’abord scientifique, cette véritable anthropologie historique et culturelle d’une séquence du rituel nous paraît aussi bien apte à nourrir la dimension initiatique de notre pratique maçonnique… »

Gaël Meigniez.

[NDLR : Gaël Meigneiz, dans son introduction, nous décrit comment, sur les deux rives de la Manche, sont apparues au troisième degré de divers rites maçonniques des mouvements de mains vers le front ou le sommet de la tête. Sans en discuter les détails, il reprend le « Rite Ancien de Bouillon – manuscrit sans lieu ni date à Londres, vers 1740, mais un rituel pratiqué par une loge londonienne – puis, avec une gestuelle analogue sur le continent, cependant distincte de l’anglaise, avec Le Secret des Francs-Maçons de 1742, et nous décrypte ensuite les différentes composantes du mythe d’Hiram. S’intéressant ensuite à l’époque contemporaine, il nous entretient de la façon dont la gestuelle est pratiquée lors de funérailles, tant aux Proche qu’au Moyen-Orient musulman.

Sans oublier l’Afrique noire. Quant aux sources de la tradition chrétienne, c’est dans l’iconographie de ladite religion que Gaël Meigneiz puise, dès la fin du Moyen-âge et le milieu de la Renaissance, notamment en Italie, en Allemagne et en Flandre, la source de ses travaux. Le dessinateur, graveur et peintre Albert Dürer (1471-15258) est bien évidemment cité car certaines de ces estampes tel « Jésus-Christ à la croix » est d’un plus grand intérêt pour son sujet. Moyen-Âge occidental et oriental, héritage grec, Égypte ancienne… Variétés de pays et d’époque sont passés en revue dans ce remarquable article qui nous fait comprendre comment le geste en matière de deuil est capital. Il rappelle aussi que « la survivance de certaines pratiques dans le Midi et le Levant, inspirent, vers le premier tiers du XVIIIe siècle, son introduction dans les rituels maçonniques ». Un très beau texte fort intelligemment illustré.

Quant aux Notes à propos de la Société de l’Humanité, des tailleurs de pierre de Tours : à la croisée des chemins entre mutualisme, compagnonnage et franc-maçonnerie de Jean-Michel Mathonière, celui-ci commence par nous avouer bien humblement que le document lui ayant servi de base fut acquis, en 2011, sur un célèbre site de vente aux enchères sur Internet. Pour Jean-Michel, il s’agit d’un document exceptionnel car le seul exemplaire actuellement repéré et attestant de l’existence de ladite société. Avec le sérieux que nous lui connaissons, il réalise, avec grande minutie, une description générale : partie centrale, partie droite, partie gauche, texte en bas, le cachet, etc. Il analyse aussi la dimension mutualiste de cette société. Le terme « Société de l’Humanité » étant attesté à plusieurs reprises et en plusieurs lieux depuis la révolution de 1789 pour désigner les sociétés mutualistes. Il analyse aussi le cachet, les signatures et confirme la datation.

Serpent enroulé autour d’une lime, signature HART.

Il aborde aussi la morale de la Société en 1835 ainsi qu’aux préceptes maçonniques du Grand Orient de Belgique. Le serpent et la lime est une belle médaille gravée (de 5 cm de diamètre) par le frère Hart. Il en compare les textes. Analysant la dimension compagnonnique, l’auteur nous offre avec ce texte, une remarquable étude.

Inscriptions très denses de préceptes maçonniques ; cuivre – 58,94g – 50,0mm.

Étude s’accompagnant d’une annexe très pédagogique sous frome de tableau comparatif – morale de la Société de l’Humanité de Tours (1835) ; préceptes maçonniques du Grand Orient de Belgique (1838) ; préceptes maçonniques du Grand Orient de Belgique (1879). L’Évangile compagnonnique des tailleurs de Pierre et maître de l’œuvre, compagnons étrangers du Devoir de Liberté complète ce dossier richement documenté.

L’au revoir de Pierre Mollier, le rédac chef !

Ce qu’il nous faut aussi retenir de l’avant-propos, c’est l’au revoir du rédacteur en chef Pierre Mollier. Au revoir, locution interjective qui aurait été créée en faisant la contraction de l’expression « adieu jusqu’au revoir », une première hypothèse , ou bien de « au plaisir de vous revoir », la seconde.

À cette heure, nous ne savons comment interpréter les écrits de Pierre Mollier, par ailleurs directeur de la bibliothèque du Grand Orient de France et conservateur du musée de la franc-maçonnerie.

Sous son ère, RT reçu de l’Institut Maçonnique de France, le prix littéraire au Salon Maçonnique du Livre de Paris, catégorie « Revues » – nouveauté 2019.

Roger Dachez, directeur de RT.

Pierre Mollier confie ceci : « Cette livraison – un peu atypique – clôt l’année éditoriale 2022 de Renaissance Traditionnelle. Pour le rédacteur en chef de la revue c’est aussi une étape. En effet, après avoir exercé cette fonction pendant trente ans – du numéro 91-92 d’octobre 1992 à ce numéro 204 d’octobre 2022 – des contraintes personnelles m’amènent à passer le relais. Je remercie sincèrement tous ceux qui, au long de toutes ces années, m’ont assisté et aidé dans cette difficile mission. […]

D’ores et déjà, une nouvelle équipe est constituée autour de notre directeur, Roger Dachez. Elle prendra la barre dès le prochain numéro et vous proposera une nouvelle formule. Un nouveau cycle s’ouvre. « Il faut que tout change pour que rien ne change » serait-on tenté de dire avec un peu d’emphase en reprenant la réplique mythique du Guépard…»

Merci mon TC & BAF Pierre pour toutes ces belles années !]

*Mathématicien, Gaël Meigniez est Professeur d’université. Collaborateur régulier de Renaissance Traditionnelle, nous lui devons, entre autres, “Adam et la mythologie maçonnique” (N° 197), “Maître Jachin et Maître Booz : de la tradition maçonnique aux mythes du Compagnonnage” (N° 185) ou encore “Renaut de Montauban aux origines du mythe d’Hiram” (N° 180).

Renaissance Traditionnelle-Revue d’études, maçonniques et symboliques

Les sources anthropologiques du signe de MaîtreRT, N°204, Octobre 2022, 51e année, 15 €

Renaissance Traditionnelle, le sitePour s’abonner : formule simple, solidarité et internationale.

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti est directeur de la rédaction de 450.fm. Il a fait l’essentiel de sa carrière dans une grande banque ancrée dans nos territoires. Petit-fils du Compagnon de l’Union Compagnonnique des Compagnons du Tour de France des Devoirs Unis (UC) Pierre Reynal, dit « Corrézien la Fraternité », il s’est engagé depuis fort longtemps sur le sentier des sciences traditionnelles et des sociétés initiatiques. Chroniqueur littéraire, membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France (IMF) et médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie (Musée de France), il collabore à de nombreux ouvrages liés à l’Art Royal et rédige des notes de lecture pour plusieurs revues obédientielles dont « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France et « Perspectives » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain ou encore « Le Compagnonnage » de l’UC. Initiateur des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, il en a été le commissaire général. En 2023, il est fait membre d'honneur des Imaginales Maçonniques & Ésotériques d'Épinal (IM&EE).

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