Les mots peuvent être des caresses ou des balles de révolver !
Ainsi en est-il, à l’ère des logiciels… des vocables logique et morale.
L’expérience de la vie nous apprend qu’il y a autant de logiques et de morales, que de sociétés et d’époques, c’est à dire de philosophies et de points de vue ! A l’école, entre quatre murs protecteurs et devant le tableau noir de notre enfance ces mots étaient inoffensifs : Nous faisions de l’analyse logique après la dictée, la pensée du jour (« bien mal acquis ne profite jamais ! ») nous servait de leçon de morale. Et la preuve par 9 nous montrait que notre raisonnement arithmétique « tombait juste ». Voire que la vérité était dans les chiffres !
C’est en quittant l’école que tout a changé, pour ne pas dire que tout s’est gâté ! Adultes devenus, nous constatons que le « camarade de classe » c’est maintenant « l’Autre » dans sa grande diversité compétitive (ethnies, coutumes, religions, individualismes, hiérarchies de dominance, etc) et qu’il faut – malgré ces différences et contraintes – « vivre ensemble » sur la planète. Facile à dire avec des mots choisis, difficile à faire avec des actes positifs!
A partir de mon histoire (années 1930/40), je retiens pour ma part qu’un grand pays comme l’Allemagne, éduqué et cultivé s’il en est, suit alors dans un bel élan patriotique le raisonnement d’un fou furieux. Celui-ci, le sinistre Hitler, met dans l’entonnoir de la logique tous les paramètres « normatifs » qui lui conviennent (revanche de la guerre précédente, difficultés économiques, pureté de la race aryenne à protéger, etc) pour recueillir à la sortie, une épouvantable « rationalisation » qui lui apparaît pourtant « naturelle » : l’extermination des juifs ! Heidegger, l’un des plus grands philosophes du XXème siècle, que l’on peut supposer intelligent, adhère à cet antisémitisme ! Sa maîtresse, Annah Arendt, philosophe talentueuse elle-même, ouvre les yeux à temps et le quitte pour décrire ce que, effarée, elle découvre : la banalité du mal. Dit autrement, il est tout à fait logique de tuer son semblable quand on en reçoit l’ordre d’un supérieur et que l’on est obéissant et scrupuleux. C’est normal, banal, on ne fait que son devoir (encore un mot dont il faut se méfier, n’en déplaise à Kant !) La logique et la morale détruisent ici tout discernement!
Les convoyeurs et les exécutants de l’holocauste avaient aussi une logique : « Mon honneur est ma fidélité ». De leur côté, les militaires nazis portaient un ceinturon – à hauteur de mes yeux de gamin – dont la boucle arborait leur morale : Gott mit uns (Dieu avec nous). Bilan en 1945 de ces logique et morale funestes : 6 millions de morts.
Il est aisé de comprendre que l’on puisse se méfier aujourd’hui de ces deux mots…qui n’auraient jamais dû quitter la salle de classe ! Croire que les doctrines, l’instruction et le progrès peuvent seuls parfaire l’Homme est la grande illusion des Lumières… et des francs-maçons ! Parce que l’Homme est autant capable de détestation et d’égoïsme, que de bonté et d’amour, il nous reste, pour éliminer (en tout cas réduire) notre part d’ombre, encore et toujours, à apprendre et mettre en pratique LA LIBERTÉ, L’EGALITÉ, LA FRATERNITÉ. Alors que l’islamisme est en train de prendre le relais du nazisme, quelques grandes obédiences maçonniques françaises, ont aussi leur logique et leur morale. Ivres d’une puissance factice, elles cultivent les interdits et, partant, n’ont jamais été aussi « enfermantes » pour leurs membres ! C’est à dire, qu’au titre d’un « marché captif » (gestion financière oblige) elles prohibent toute autre appartenance hors de leur champ et entravent ainsi la transmission, donc l’étendue de la trilogie républicaine à un moment où celle-ci n’a jamais autant été nécessaire, pour ne pas dire vitale ! Cherchez l’erreur !