Alors que l’appellation « Grand Orient de France », fête cette année ses 250 ans, la plus ancienne obédience de France possède en son sein une loge des plus emblématiques : « RÉPUBLIQUE ».
Les feux de la Loge République sont allumés le 16 mai 1992, avec des Frères que les fondateurs originels ont sollicités dans toutes les obédiences, tous déterminés à mener à bien le combat des idées et des valeurs républicaines fragilisées, menacées.
L’extrême droite se posait en alternative. Quelque temps plus tard, l’islamisme politique frappait et son idéologie gangrenait des pans de la culture historique de la gauche. Les fondateurs de la Loge République avaient des raisons de s’inquiéter.
Tout au plus eurent-ils peut être tort d’avoir raison trop tôt. Il fallut du temps et de l’énergie pour que cet appel à la prise de conscience, qui bousculait quelques certitudes, soit entendu.
Les fondateurs se donnèrent pour programme de lever les confusions, de rassembler des Frères différents, engagés sur les deux rives de la République et fidèles aux principes des Lumières, d’unir leurs efforts pour livrer la bataille culturelle qui allait marquer les décennies à venir, celle de la laïcité. Aussi celle-ci sera-t-elle au cœur des réflexions de la nouvelle Loge République.
Cette loge va se donner pour perspective de contribuer à lever la confusion qui s’est abattue telle une chape de plomb sur le pays et de remobiliser autour du substrat républicain.
Patrick Kessel, cofondateur de la Loge République, ancien Grand Maître du Grand Orient de France
Le sommaire :
Avant-propos :Un maçon libre dans une loge libre – Jean-Pierre Vignaud, Vénérable Maître de la Loge République
Introductions : – Avons-nous eu raison trop tôt ? – Patrick Kessel
– J’ai voulu me soustraire au tourbillon de la vie publique – Gérard Delfau
– 1989-1992, quand la laïcité passe à la une – Éric Marquis
Planches
La République et la santé – Jean-Paul L. Pierre B./La fin du travail – Gérard Delfau/Les mots du libéralisme – Marc Riglet/Lobbying et République – Jean-Paul Pages/65 années de franc-maçonnerie au Grand Orient de France/L’intérêt général – Éric Maire/La Commune, Rimbaud et nous/Y a-t-il une limite à la liberté d’expression ?/Sphère publique et sphère privée – Collectif/L’intégrisme – Collectif/Le devoir de mémoire – Collectif/La crise grecque – Daniel Ivanier/La Justice internationale – Matthieu Mayer/L’Etat social – Chantal Didier/“Fake news”, canulars et complotismes – Louis L./Le libre arbitre du franc-maçon – Ivan Gasman
[NDLR : L’ouvrage débute avec la Charte de la Loge « République », fondée en 1992, date du bicentenaire de la République… Rappelons toutefois que le 21 septembre 1792 , les députés de la Convention, réunis pour la première fois, décident à l’unanimité l’abolition de la monarchie constitutionnelle en France. Et malgré le fait que la République n’ait jamais été officiellement proclamée, le 22 septembre 1792 , la décision est quand même prise de dater les actes de l’an I de la République.
Les feux de la Loge « République » ont été allumés le samedi 16 mai 1992 très exactement par les très illustres Frères Christian Hervé*, Gilbert Abergel, Grand Maître de 1992 à 1994 et Daniel Giraudeau.
Tous les fondateurs notent que la République est en danger. La Charte mentionne que tous les Frères Maîtres qui la constituent sont venus de tous les points de l’horizon maçonnique et unissent ainsi leurs efforts sous les auspices du Grand Orient de France pour mener à bien le combat des idées et des valeurs républicaines.
Cette Loge maçonne au Rite Français, rite pratiqué, avec des variantes, par 80 % des Sœurs des Frères du GODF. Sur les colonnes de ce nouvel atelier, il dégrossissent la Pierre brute afin de relever la devise « Liberté, Égalité, Fraternité ».
Les concepts de liberté, d’égalité et de fraternité n’ont pas été inventés sous la Révolution française. Cependant, la combinaison des concepts de liberté et d’égalité est courante au siècle des Lumières, en particulier chez Rousseau et Locke. Toutefois, il faudra attendre la Révolution française pour qu’ils soient réunis en un triptyque, notamment avec la notion d’indivisibilité de la République dont chacun se souvient encore du fameux « Unité, indivisibilité de la République ; liberté égalité ou la mort » ; même si la dernière partie de la formule, trop associée à l’horreur, est vite abandonnée. Malgré le fait que nombre de Parisiens, suivis aussi dans les provinces, la peignent sur leurs maisons.
Dans un discours de décembre 1790 sur l’organisation de la Garde nationale, Robespierre proposa de graver les mots « Le Peuple Français » et « Liberté, Egalité, Fraternité » sur les uniformes et les drapeaux, mais sa proposition ne fut pas retenue.
Notre devise que la Franc-Maçonnerie et la République partagent depuis plus de deux siècles. La Charte note aussi que la laïcité, ciment de la République, n’a pas été défendue comme elle aurait dû l’être face aux attaques de ses détracteurs. Fort de tout cela, l’avant-propos reprend le texte de Jean-Pierre Vignaud, Vénérable de la Loge « République » qui rappelle dans quelles circonstances, il y a 30 ans, la Loge a été fondée. Pour lui, la Loge est un collectif. Et à son sens, elle est l’expression d’individualité parfois très affirmée reprenant à son compte le fameux adage « Un Maçon libre dans la Loge libre ».
Les quelques illustrations que nous trouvons reprennent les conférences publiques données par cette Respectable Loge qui a accueilli des orateurs prestigieux tels, par exemple, Philippe Seguin alors Président de l’Assemblée nationale ou encore les journalistes Philippe Cohen et Pierre Péan.
Nous devons la 4e de couverture à Patrick Kessel, très impliqué dans la vie associative, dans le domaine du journalisme, comme dans celui de la citoyenneté et de la laïcité, Grand Maître du GODF de 1994 à 1995 et ancien président de Comité Laïcité République (LR), association loi de 1901 qui promeut la laïcité dans le débat public en France.
*Christian Hervé est professeur des Universités de médecine légale et droit de la santé. Sur le plan maçonnique, il est ancien Vénérable Maître de la Loge Nationale de Recherche Villard de Honnecourt, Loge du Grand Maître et, à ce jour, Suprême Commandeur du Suprême Conseil National de France (SCNDF), puissance maçonnique indépendante et souveraine qui a autorité exclusive sur tous les degrés du 4e au 33e degré.]
30 ans de RÉPUBLIQUE-Une loge du Grand Orient de France
Collectif – Conform édition, 2023, 144 pages, 14 €/Pour commander, 17 € port compris