dim 24 novembre 2024 - 20:11

Sibylle Lekspon déclare être une « sorcière »… et elle n’est pas la seule

De notre confrère actu.fr Bordeaux – Par Par Maëva Cosme

Nous partagions il y a quelques jours un article du Figaro concernant « le paranormal qui faisait recette auprès des français ». Aujourd’hui, il s’agit de l’ésotérisme qui intéresse de plus en plus les jeunes. Nous aborderons le thème des sorcières. Nous avions déjà évoqué cette thématique en septembre dernier, concernant la grâce en Écosse de plus de 3000 sorcières exécutées il y a trois siècles et qui pourraient être graciées. Celle que nous verrons aujourd’hui est bien vivante.

Depuis quelques années, de plus en plus de Bordelais deviennent des adeptes de l’ésotérisme et de la sorcellerie. Un engouement particulièrement marqué chez les jeunes.

« Je me revendique sorcière », affirme Sibylle Lekspon, 19 ans. Sur TikTok, la jeune fille originaire de Bordeaux, poste de nombreuses vidéos. Avec une pointe d’humour, elle met en scène sa passion pour l’ésotérisme, et elle est loin d’être la seule.

Depuis quelques années, les hashtags « witch » (sorcière) ou « speeljars » (sort en bouteille) sont devenus viraux. Sur les réseaux sociaux, de nombreux utilisateurs, principalement des femmes, expliquent leur passion et croyance pour l’ésotérisme. 

« Un  phénomène de mode » 

« Dans la vie quotidienne, j’évite de parler de sorcellerie. Sur les réseaux sociaux, c’est différent. Je cible ma communauté avec des trends (tendances) et parle donc aux gens qui y croient », explique Sibylle. La jeune femme assure que de nombreux Français « s’ouvrent de plus en plus à la sorcellerie », mais elle reconnait un phénomène de « mode ».

Ludivine se revendique sorcière et pratique l’ésotérisme

Une tendance que confirme Adrien Bouhours, sociologue des religions à l’université de Bordeaux : « Il existe des degrés différents d’ésotérisme, certains sont très théorisés, d’autres sont plutôt une sorte de bric-à-brac, dans lesquels on retrouve notamment les « petits remèdes de sorcières » des réseaux sociaux. » 

Un pic d’intérêt en 1960

Sorcière en forêt

« L’ésotérisme, ça ne date pas d’hier, explique Adrien Bouhours. Il y a toujours eux des mouvements religieux ésotériques, déjà au moment de la Renaissance. On note que jusqu’au 19ème siècle, cela se pratique dans des milieux très confinés, entre philosophes, écrivains et artistes mais c’est assez peu structuré et répandu. » 

« Il faut attendre la fin du 19e siècle et l’arrivée du spiritisme, le contact avec les morts, pour qu’une grande vague d’ésotérisme se diffuse en France, mais c’est réellement dans les années 1960 que l’on connait un pic d’intérêt pour le sujet. »

Ces derniers mois, on ne compte plus le nombre de vidéos et tutoriels sur le nettoyage des énergies par l’œuf ou de tirage de cartes. Ludivine Grace, sorcière et thérapeute holistique en Gironde, dit elle aussi pratiquer ces différents rituels. 

« Il m’arrive par exemple de mettre différentes feuilles et épices dans des bocaux et de les enterrer dans la terre. Ce qui importe, ce n’est pas vraiment le rituel ou la manière de le faire, c’est surtout de les faire en ayant une intention, une pensée. »

« Une guéguerre des sorcières sur Tiktok »

Femme jeune et brune mystique

« On peut choisir son énergie, me concernant, c’est la magie blanche et verte, symbole de la nature, pour d’autres, c’est la magie noire ou rouge, et dans ce cas, ce sont des intentions dirigées par l’ego de ces personnes« , indique la thérapeute. 

« Sur les réseaux sociaux, il y a énormément de gens dirigés par l’ego. Il y a même une guéguerre des sorcières sur Tiktok, c’est à celle qui aura le meilleur rituel », sourit Ludivine. 

Questionnée au sujet de certains contenus viraux sur les réseaux, la sorcière est formelle. « C’est des foutaises toutes ces vidéos où vous entendez : « Voici un sort pour faire revenir ton ex. Moi ça me choque, si ton ex veut partir, qu’il s’en aille ! », s’exclame Ludivine, rieuse. 

« Les gens en font un business »

Sybille alerte aussi sur certaines pratiques : « Il y a un des gens qui en font un business et ce n’est pas moral ! Sur les réseaux sociaux, j’ai vu beaucoup de live de tirages de cartes à la chaîne et ce sont des escroqueries. Si on voit une sorte de madame Irma, avec un voile qui met devant sa caméra une boule de cristal, ça pue ! »

Certaines femmes tirent les cartes sur des questions de santé, mais c’est interdit ! On ne sait pas comment pourra réagir le public, qui est souvent très jeune. Ce sont de mauvaises influences.Sibylle LeksponTiktokeuse et adepte d’ésotérisme

« Je ne dis jamais aux gens : viens me rejoindre, viens dans la sorcellerie, je vais te montrer. » Sibylle précise qu’elle partage seulement « des conseils et son quotidien » de sorcière, mais n’explique pas comment « réaliser les sorts » pour ne pas influencer sa communauté.

« Analphabètes religieux »

bijou Wicca

« La sorcière ou le sorcier n’est pas obligé d’être croyant, mais c’est souvent religieux » , confirme Sibylle Lekspon. De son côté, la jeune Bordelaise prie pour Wicca, la divinité patronne Gaya. De son coté, Ludivine préfère le terme « croyance » à celui de religion, insistant sur le fait qu’il n’y a pas de règle et de protocole pour être Wiccane

« Il y a une immense partie de la population française qui dispose des valeurs chrétiennes mais qui n’est pas baptisée », avance le sociologue pour expliquer l’engouement à l’ésotérisme moderne. 

« D’autant plus qu’il faut savoir qu’il y a tout un climat culturel, avec les jeux vidéo ou les livres, autour de l’ésotérisme. Les jeunes qui souhaitent obtenir des réponses à leurs questions par le biais de la religion, se retrouvent avec une faible proposition d’offre religieuse et ainsi, sont plus susceptibles de se tourner vers l’ésotérisme » , analyse Adrien Bouhours. 

La sorcière, une figure féministe 

Ludivine Grace estime que la crise sanitaire a également permis à un grand nombre de s’intéresser à l’ésotérisme. « Durant cette période, les gens ont été obligés de ralentir, et de prendre le temps de s’écouter et d’essayer de se comprendre, ce qui est la base de la sorcellerie. »

« L’ésotérisme a un côté politisé, constate par ailleurs le sociologue des religions. Il existe cette figure de la sorcière persécutée et on peut y voir aujourd’hui quelque chose de l’ordre du féminisme. » 

« Bien que je n’aime pas le mot féministe, il est vrai qu’il y a une grande part de sororité dans l’ésotérisme. Je suis une sorcière moderne », indique Ludivine.

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