ven 26 avril 2024 - 08:04

Ce que la vertu a uni, la mort ne peut le séparer

Cet aphorisme fait d’entrée penser à Socrate, car il décrit exactement le philosophe en cause. Par une disposition acquise il passe sa vie à vouloir et faire le Bien – définition même de la vertu – par le biais de la parole, au hasard des rues d’Athènes. Il parvient ainsi, par le dialogue, le questionnement et le raisonnement, à bonifier la vie de ses auditeurs.

Socrate condamné à mort par empoisonnement, se la donne lui-même alors qu’il pouvait l’éviter en payant une amende. Mais il fait preuve de vertu (ici, obéissance à la loi). Il boit calmement la cigüe et meurt, en maître de son destin, la conscience tranquille. Il sait que son œuvre, parmi d’autres, a contribué à cette unification de l’Homme (qu’il faut sans cesse entretenir) et qu’elle lui survivra par la transmission (credo de la franc-maçonnerie).

Tant qu’il y a volonté de transmission, il y a vie et ainsi la mort ne sépare pas les êtres. Mieux, elle n’existe pas puisque la vie triomphe ! En ce sens, on peut dire que la vertu – qui traverse le temps – procure à l’Homme une forme d’éternité.

« Le vrai tombeau des morts est dans le cœur des vivants » (Jean Cocteau)

Faire le Bien, ce n’est pas qu’une idée, c’est un acte. En cela la vertu, c’est le Bien même, en esprit et en vérité. C’est un effort, pour bien se conduire, pour devenir et être « quelqu’un de bien ».

Dans sa forme latine « virtutem », le mot vertu signifiait déjà la vaillance, la bravoure, le courage, mérite essentiel de l’homme. Puis, en latin plus récent, vir, virtus, il a évoqué la virilité, la puissance. Energie morale, force d’âme, cœur, force agissante, les définitions ne manquent pas aujourd’hui, dans le même sens, pour désigner cette qualité, qui vient, c’est essentiel, de la volonté de l’homme.

La vertu, par notre volonté, c’est ce qui nous distingue de l’animal. C’est notre histoire même, c’est ce que nous sommes devenus au gré de l’évolution du vivant qui, selon la science nous a vus naître algue marine.

D’où la « trajectoire » suivante pour l’Homme : Matière flottante, matière rampante, matière levante, matière pensante…il nous reste à devenir vraiment matière aimante pour mieux vivre ensemble. Là encore, depuis que nous pensons, c’est la vertu qui est aux commandes, donc notre volonté qui agit.

Nous n’avons pas de « centre de l’amour » dans le cerveau, comme nous avons un « centre de la respiration » ou un « centre de la toux ». C’est donc notre « bon vouloir » envers notre semblable, (bénévolat) qui en fait office et nous conduit, précisément, à lui vouloir du bien (sans exigence de retour, « gratuitement »).

Si nous évoquons le bien (ce qui est juste, honnête, louable) c’est qu’il existe son opposé le mal (ce qui est nuisible, mauvais, pénible pour quelqu’un ou quelque chose). C’est une vision binaire (dualisme) du monde.

Il convient de considérer que le bien de l’un peut être le mal de l’autre et inversement. Le dualisme en cause est donc « limitant » et peut être même « enfermant ».

A noter, précisément, que le philosophe Baruch Spinoza ne partage pas cette vision binaire : pour lui c’est une manière comparative de penser. A cette vision binaire, il oppose sa vision unitaire et « englobante » du monde. Ce « Tout en un » est, selon sa conception, la Nature (l’univers dans son entier qu’il nomme « l’Etendue »).

Comme il faut néanmoins conserver cette dualité (à entendre comme complémentarité) pour définir la « nature humaine » (comprise dans la Nature) et proposer des concepts moraux, Spinoza débute ainsi le livre IV de son ouvrage majeur « l’Ethique » :

« Par bien et mal, j’entendrai ce que nous savons avec certitude être un moyen d’approcher ou de s’éloigner du modèle de la nature humaine que nous nous proposons.

De ce fait, la notion de bien ne recouvre d’autre signification que celle d’utilité : par bien, j’entendrai ce que nous savons avec certitude nous être utile, ou encore de ce qui nous est bénéfique : nous appelons bien ou mal ce qui sert ou bien nuit à la conservation de notre être.

Enfin, Spinoza rapproche les notions de bien et de mal de celles de joie et de tristesse, telles qu’il les a définies au livre précédent, comme passage à une perfection plus ou moins grande : « La connaissance du bien et du mal n’est rien d’autre que l’affect de joie ou de tristesse, en tant que nous en sommes conscients. Il est faux donc de croire que la nature soit parfaite ou imparfaite puisqu’elle ne vise pas un but ; les notions de perfection et d’imperfection ne sont que des fictions introduites par les hommes.

De même bien et mal ne désignent pas non plus rien de positif dans les choses, mais rien d’autre que des manières de penser ou notions que nous formons de ce que nous comparons les choses entre elles. »

Quoi qu’il en soit, que l’on ait une vision binaire ou unitaire du monde (comme Spinoza) et comme il n’y a pas de « vertus naturelles », le désir d’une vie sociale « raisonnable » a conduit l’Homme à reconnaître et répertorier des « vertus morales » nécessaires qu’il a nommées « valeurs » (ensemble de règles de conduites pour bien agir).

Nous mettons donc en pratique au quotidien des valeurs « construites » (morales, spirituelles, existentielles). Elles nous sont imposées par la Loi (code civil) ou proposées par le discours (philosophies, sociétés de pensée telle la franc-maçonnerie, religions, mythes, traditions, etc.) ou encore inspirées par la réflexion personnelle (éthique).

Valeurs morales. C’est le respect de soi-même et d’autrui, donc le devoir (le souci de l’autre : gentillesse, bienfaisance, bienveillance, bonté).

Valeurs spirituelles. Ce sont les valeurs immatérielles (le beau, le vrai, le juste). C’est aussi, par définition, la vie de l’esprit (la réflexion, la méditation, l’introspection)

Valeurs existentielles. C’est la vie quotidienne avec ses impératifs (la santé, le revenu, la sécurité, la quiétude, etc.) et ses aléas (maladies, souffrances, manque d’amour, deuils, lassitude, ennui, etc.).

Les valeurs ci-dessus amènent à se poser la question : Comment mener une vie bonne dans une vie mauvaise ? Il n’y a évidemment pas de recettes, que des outils pour y faire face !

Les discours philosophiques, religieux, mythiques, maçonniques sont précisément des outils, à type d’efforts à accomplir pour « mieux vivre » ou « vivre au mieux ».

En tant « qu’efforts », précisément, pour atteindre la sagesse (ou une forme de sagesse) – qui vise cette « vie bonne malgré tout » – ces outils sont des vertus en soi.

La philosophie (qu’on le veuille ou non, « mère de la franc-maçonnerie ») en tant que quête de la vie bonne et qui accepte la finitude humaine – contrairement aux religions, sans recourir à un dieu ou à la foi – est en ce sens une « spiritualité laïque ».

La franc-maçonnerie est elle-même une « spiritualité laïque » quand elle se contente de la raison…pour raisonner. Elle devient une « spiritualité déiste » lorsqu’elle postule un principe créateur, tel le Grand Architecte de l’Univers,

Qu’il soit considéré comme une révélation ou un symbole.

Dès lors, dans le cadre de cette spiritualité laïque et de sa sagesse, l’aphorisme « Ce que la vertu a uni, la mort ne peut le séparer » nous renvoie encore aux penseurs antiques et notamment au philosophe grec Epicure lorsqu’il dit :

« Ainsi, le plus effroyable des maux, la mort, n’est rien pour nous, étant donné précisément que, quand nous sommes, la mort n’est pas présente ; et que, quand la mort est présente, alors nous ne sommes pas. »

C’est pour ainsi dire la mort de la mort ! Spinoza, un millénaire plus tard exprime pratiquement la même idée quand il dit : « L’homme libre ne pense à rien moins qu’à la mort, et sa sagesse est une méditation, non de la mort, mais de la vie »

La mort, en quelque sorte « éliminée » par Epicure et Spinoza, nous renvoie à la vie, lorsqu’elle est célébrée en loge dans la chaîne d’union :

« La vie est une, elle est un courant qui traverse les êtres. Nous sommes unis à tout ce qui vit, a vécu et vivra ».

Lorsque les mains des sœurs et des frères sont jointes dans cette chaîne d’union, celle-ci illustre parfaitement l’aphorisme – que nous venons d’étudier – gravé à l’intérieur de l’anneau que Salomon passe au doigt des Chevaliers Grands Elus et Sublimes Maçons (14èmeD. du REAA).

A leur image, Mes Sœurs, Mes Frères, nous sommes unis à vie, la mort ne nous séparera pas !

Les valeurs spirituelles

Ce « souffle de l’esprit » génère aux 18ème et 19ème siècles, une maçonnerie spéculative qui se déploie successivement en trois spiritualités. La première, théiste, est soufflée par la foi révélée. La seconde, déiste, aspire à la sagesse, à la force et à la beauté. La troisième, laïque, est inspirée par la liberté, l’égalité, la fraternité.

En vérité, les frontières philosophiques sont tenues entre les diverses obédiences et juridictions. Elles partagent aujourd’hui des valeurs spirituelles qui se rejoignent. Le maçon, la maçonne, tout en construisant leur temple intérieur, participent à la construction du même temple de l’humanité. Quels que soient les rites et les rituels pratiqués.

Au-delà de leurs courants de pensée respectifs, les institutions maçonniques se retrouvent sur des thématiques originales qui forment « une spiritualité sans le Grand Architecte de l’univers ».

En soi, un système de réflexions et d’échanges areligieux en loges, tout respect gardé pour les cultes. Qu’il s’agisse de l’histoire de l’Ordre (son syncrétisme à partir de ses emprunts aux traditions méditerranéennes) ; de sa sociabilité particulière marquée aujourd’hui par le passage du secret au discret. De son système de recrutement avec son épreuve du bandeau. De la dramatisation mise en œuvre lors du processus initiatique et la période de silence imposée à l’apprenti (e) ainsi invité (e) à l’introspection. Des prises de parole « triangulaire » des membres (relayées par le surveillant et autorisées par le Vénérable Maître). De la communication extérieure enfin, qui – en plus des prestations radiophoniques et télévisuelles, des expositions et des conférences publiques – utilise le media Internet pour véhiculer les valeurs spirituelles de la maçonnerie. Le tout répond bien à cette fonction de la spiritualité : la quête de sens.

A savoir si l’articulation de cette « construction spirituelle » dégage pour autant une « culture maçonnique » ? Conservateurs et Progressistes en débattent. Et le débat n’est pas clos !

Il est clair qu’il reste aux diverses organisations maçonniques à se rapprocher, par le biais des inter-visites de ses membres et de la mixité, pas encore vraiment opérationnelle, en termes de Liberté, Egalité et Fraternité. Qu’elle soit théiste, déiste ou laïque, la spiritualité a besoin de ciel bleu, pas de barreaux !

Les valeurs morales

Les supports de réflexion du franc-maçon, de la franc-maçonne, sont d’abord les contenus des rites : rituels, mythes, allégories, symboles, légendes. Ce sont des outils, des boussoles pour nous orienter sur le territoire. Mais pas le territoire. Ils nous donnent le sens et du sens, mais pas la réalité ! Encore moins le réel ; ni la vérité ! Il s’agit donc de faire entrer en résonance leurs logiques et leurs morales- si elles sont adaptables – avec la société des Hommes et des Femmes, en pleine mutation. Pour y vivre ensemble. Le mieux possible !

L’expérience de la vie, nous apprend qu’il y a autant de logiques et de morales que de sociétés et d’époques, c’est à dire de philosophies et de points de vue. A l’école de notre enfance, entre quatre murs protecteurs et devant le tableau noir, ces mots étaient inoffensifs. Nous faisons de l’analyse logique après la dictée. La pensée du jour (Ex : Bien mal acquis ne profite jamais !) nous servait de leçon de morale. Est la preuve par neuf nous montrait que notre raisonnement arithmétique « tombait juste ». Voire que la vérité était dans les chiffres !

C’est en quittant l’école que tout a changé, pour ne pas dire que tout s’est gâté ! Adultes devenus, nous constatons que le « camarade de classe » c’est maintenant « l’Autre » dans sa grande diversité signifiante et agissante (ethnies, coutumes, religions, individualismes, hiérarchies de dominance, etc.) et qu’il faut – malgré ces différences et contraintes, effectivement vivre ensemble sur la planète !

A partir de mon vécu des années 1930-1940, je retiens qu’une partie importante d’un grand pays comme l’Allemagne, éduqué et cultivé s’il en est, suit alors, dans un bel élan patriotique le raisonnement d’un fou furieux. Celui-ci, le sinistre Hitler, met dans l’entonnoir de la logique tous les paramètres normatifs qui lui conviennent (revanche de la guerre précédente, difficultés économiques, pureté de la race aryenne à protéger, etc.) pour recueillir à la sortie une épouvantable « rationalisation » qui lui apparaît pourtant naturelle : l’extermination des Juifs ! Heidegger, l’un des plus grands philosophes du XXème siècle, que l’on peut supposer intelligent, adhère à cet antisémitisme ! Sa compagne de route, Anna Arendt, philosophe talentueuse elle-même, ouvre les yeux à temps et bifurque pour décrire ce que, effarée, elle découvre : la banalité du mal. Dit autrement, il est tout à fait logique de tuer son semblable quand on en reçoit l’ordre d’un supérieur et que l’on est obéissant et scrupuleux. C’est normal, banal, on ne fait que son devoir (encore un mot dont il faut se méfier, n’en déplaise à Kant!) La logique et la morale détruisent ici tout discernement !

Les convoyeurs et les exécutants de l’holocauste avaient aussi une logique : « Mon honneur est ma fidélité ». De leur côté, les militaires, de vert vêtus, portaient un ceinturon – à hauteur de mes yeux de gamin – dont la boucle arborait leur morale : Gott mit uns (Dieu avec nous). Bilan en 1945 de ces logique et morale funestes : 6 millions de morts. Il est aisé de comprendre que l’on puisse se méfier aujourd’hui de ces deux mots…qui n’auraient peut-être jamais dû quitter la salle de classe ! Croire que les doctrines, l’instruction et le progrès peuvent seuls parfaire l’Homme est la grande illusion des Lumières…et des francs-maçons ! Parce que l’Homme est autant capable de détestation et d’égoïsme, que de bonté et d’amour, il nous reste, pour éliminer (en tout cas réduire) notre part d’ombre, encore et toujours, à apprendre et mettre en pratique LA LIBERTÉ, L’EGALITÉ, LA FRATERNITÉ.

Alors que l’islamisme est en train de prendre le relais du nazisme, alors que, contre toute attente, divers gouvernements étrangers songent au XXIème siècle à interdire la franc-maçonnerie, quelques grandes obédiences maçonniques françaises, ont aussi leur logique et leur morale. Celles-ci devraient être précisément et totalement axées sur les dangers qui menacent les francs-maçons, plus que jamais invités à être unis, toutes organisations confondues et les coudes serrés.

Or, que constate-t-on avec, il faut le dire, une grande stupéfaction ?! Ivres d’une puissance factice, lesdites obédiences – le plus souvent sous la pression des Suprêmes Conseils auxquels elles sont reliées – cultivent les interdits et, partant, n’ont jamais été aussi « clôturantes » pour leurs membres ! C’est à dire, qu’au titre d’un « marché captif » (gestion financière oblige) – et contre la liberté d’association – elles prohibent toute autre appartenance hors de leur champ, entravant ainsi la transmission, donc l’étendue de la trilogie républicaine. A un moment où celle-ci n’a jamais été autant nécessaire, pour ne pas dire vitale ! En une période où renaissent, avec virulence, racisme et antisémitisme !

En termes de valeurs morales, la jeune génération d’initiés (es) qui n’a pas connu le fascisme doit refuser net cette conduite fautive. Encore faut-il qu’elle soit informée ! Aux Maîtres de loges, aux Surveillants de dispenser cette information, aussi importante que les rituels ! D’urgence !

Les valeurs existentielles

Nous venons de voir que, en termes de valeurs – profanes et maçonniques, il faut s’entendre – comme toujours – sur le sens des mots…à même de devenir des maux ! Les valeurs morales concernent avec le respect en premier lieu, le vrai, le bien et le beau, le souci de l’autre, bref, la générosité, la bonté. Mais elles peuvent constituer aussi le détestable, le mauvais, le mal, contre l’autre, bref, la méchanceté. Question de points de vue, d’intentions. Et d’actions !

De leur côté, les valeurs spirituelles sont à considérer avec ou sans Dieu. Avec ou sans religion. Il en est de même pour la spiritualité maçonnique, déiste ou laïque, selon les options. N’omettons pas ici les valeurs existentielles. Pour leur part, elles évoquent la réalité vécue, le « quotidien » individuel avec son lot de joies certes, mais aussi de tourments divers, personnels, familiaux, professionnels, de problèmes financiers, auxquels s’ajoutent maladies et deuils des êtres chers, qu’il faut assumer. Et qui nous renvoient à notre propre condition en marche, vieillissement puis finitude !

De la sorte, il est intéressant de se demander ici quelles motivations, quels espoirs, peuvent bien inciter un citoyen fatigué le soir venu, à quitter son canapé devant la télévision, pour venir frapper à la porte du temple maçonnique ! La première, nous le savons, est le principe de plaisir en éternel combat avec le principe de réalité. Que lui impose celui-ci ? Ce que lui montre son écran à longueur de semaines ! : Un monde cataclysmique où tremblements de terre et fleuves en crues déciment des populations, et en même temps, une société humaine qui, sur toute la surface du globe, s’entre-déchire. Nature et culture : Autant de tragédies anxiogènes et « questionnantes » sur l’homo sapiens et sa trajectoire : une course perdue d’avance, une histoire qui finit mal !

Eureka ! La franc-maçonnerie est une des rares sociétés initiatiques occidentales qui, précisément – comme la philosophie – propose devant ce constat négatif, non seulement une « aide à vivre », mais ose aussi aborder cette mort qui nous guette et invite à nous y préparer. Vaincre la mort, ou plutôt « l’idée de la mort », c’est de fait, adoucir cette certitude et glorifier la vie. Pour la vivre pleinement, telle une éternité, ici et maintenant ! Malgré notre sort, pétris de désirs – donc de curiosité, d’un besoin d’étonnements et de découvertes – nous avons envie de positiver « l’humain ». En quelque sorte de le rendre immortel ! Avec des rencontres joyeuses, à la fois « énergisantes », enrichissantes et rassurantes ! Avec des acquisitions nouvelles transposables dans la cité. Pour partager en groupe les effets bénéfiques de la trilogie républicaine, « Liberté, Egalité, Fraternité », trois valeurs existentielles, s’il en est ! Au vrai, pour trouver du sens à cette vie, à la fois mystérieuse et si précieuse. C’est cette promesse qui nous fait quitter notre canapé. Pas le besoin d’adversaires !

En termes de Liberté, la promesse est tenue lorsque la liberté d’association (Loi 1901) est respectée, et permet à l’initié(e) de participer, dans la ou les organisations maçonniques de son choix, séparément ou en même temps, à la construction de la société idéale. Elle ne l’est plus, lorsque l’obédience ou la juridiction devient sectaire et « immobilise » ses adhérents avec interdiction d’en sortir ! Ne nous y trompons pas, ce ne sont pas eux qui sortent de la communauté maçonnique mais ladite obédience ou juridiction qui s’en exclue par ses empêchements même !

En termes d’Egalité, la promesse est tenue lorsque l’échelle des degrés devient équité, et partant accessible à tous les initié (e). Elle n’est pas tenue lorsqu’elle est réduite à un escabeau qui empêche d’atteindre le degré sommital du rite ! Lorsque le dispositif ne permet plus de s’élever, du vertical il passe à l’horizontal et se transforme en barrière ! Pratiquer un barrage est un délit d’entrave inadmissible et un manquement grave à l’esprit du rite considéré. Quel qu’il soit, il est ouvert, et accessible à tout maçon, toute maçonne digne et désireux (reuse) d’atteindre le terme du chemin.

En termes de Fraternité, la promesse est tenue lorsque la mixité est respectée et que la franc-maçonnerie ajoute effectivement la sororité à la devise républicaine. Elle n’est pas tenue lorsque les décors maçonniques deviennent des grades – donc des « instruments de pouvoir » sélectifs alors qu’ils n’indiquent que les degrés du parcours personnel. Elle n’est pas tenue enfin lorsqu’un frère ou une sœur devient le bouc émissaire d’une loge, et « abandonné » (e) au bord de la route, parce qu’il ou elle refuse allégeance à des règles non conformes aux législations en vigueur. C’est toute la loge qui devrait alors se révolter ! A l’évidence, pour sa survie même, l’Art royal doit se dégager d’une administration obédientielle limitante. Et d’un autoritarisme juridictionnel, producteur d’ego saisis de vertige, parés des titres ronflants du 18ème siècle. Il s’agit de retrouver le concept de loge souveraine. C’est en son sein que se cultivent les fleurs de la liberté, de l’égalité, de la fraternité. Il viendra, le « temps du réveil » : alors s’abaisseront les pont-levis de ces châteaux-forts – que sont devenues certaines de ces « puissances » maçonniques – pour permettre communication et communion. Alors et seulement, la franc-maçonnerie pourra prétendre à l’universalité !

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Gilbert Garibal
Gilbert Garibal
Gilbert Garibal, docteur en philosophie, psychosociologue et ancien psychanalyste en milieu hospitalier, est spécialisé dans l'écriture d'ouvrages pratiques sur le développement personnel, les faits de société et la franc-maçonnerie ( parus, entre autres, chez Marabout, Hachette, De Vecchi, Dangles, Dervy, Grancher, Numérilivre, Cosmogone), Il a écrit une trentaine d’ouvrages dont une quinzaine sur la franc-maçonnerie. Ses deux livres maçonniques récents sont : Une traversée de l’Art Royal ( Numérilivre - 2022) et La Franc-maçonnerie, une école de vie à découvrir (Cosmogone-2023).

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