sam 23 novembre 2024 - 07:11

Ouest-France pose la question : Devenir franc-maçon à la retraite – comment et pourquoi ?

De notre confrère Ouest-France lemagdusenior.ouest-france.fr

Ce sont des sociétés secrètes entourées par un mystère à l’origine de tous les fantasmes : la franc-maçonnerie. Ces sociétés héritées des Lumières réunissent au sein de leurs loges des membres afin de… eh bien quoi exactement ? Renverser l’ordre mondial ? Élire les futurs présidents ? Ces théories complotistes (qui en font un ordre antichrétien en vertu de l’ouverture de la maçonnerie à toutes les croyances alors même que de nombreuses loges sont explicitement chrétiennes) ne pourraient être plus éloignées de la réalité, qui semble a priori beaucoup plus innocente et anodine. Il s’agit simplement de sociétés amicales qui ont un intérêt pour l’ésotérisme et au sein desquelles les membres s’aident mutuellement et œuvrent pour ce qu’ils estiment être le progrès. Ce ne sont d’ailleurs pas que les puissants qui en font partie, loin de là.

Or, de par ses objectifs annoncés, la franc-maçonnerie offre à ses membres une forme de but et de direction. C’est précisément quelque chose qui nous manque souvent lorsqu’on arrive à la retraite, et que l’on se trouve déboussolé par le changement radical que celle-ci exerce sur notre quotidien. Et si l’on peut la rejoindre bien plus tôt, rien n’empêche les retraités de prendre part à la fête. Au contraire, ceux-ci ont également beaucoup à apporter à leurs futurs “frères” et “sœurs” de loge, comme se dénomment les maçons. Alors, comment et pourquoi devenir franc-maçon une fois retraité ?

La franc-maçonnerie : qu’est-ce que c’est ?

main taouée symboles maçonniques
une main en blanc avec équerre compas et lettre G

Commençons tout d’abord par démystifier un peu cet ordre trop souvent entouré de points d’interrogations pour ceux qui n’en font pas partie.

Il est assez difficile de définir la franc-maçonnerie, puisque celle-ci est préservée par le secret de ses membres, tandis que quasiment chacun d’entre eux pourrait en donner une définition différente, aux aléas des obédiences individuelles. Si la constitution en loges de citoyens libres apparaît au 17ème siècle, c’est véritablement au 18ème que la franc-maçonnerie telle qu’on se la représente désormais fait son apparition. Jusqu’alors, les loges ne sont que des sortes de société amicales favorisant l’entraide mutuelle pour le bénéfice de leurs membres. Celles-ci ne sont pas encore “spéculatives” — c’est-à-dire que leurs préoccupations n’ont pour l’instant pas grand-chose de philosophique.

La franc-maçonnerie moderne est un pur produit des Lumières. Selon leurs principes, les différentes franc-maçonneries vont plutôt mettre l’accent sur les aspects ésotériques, scolastiques, progressifs, moraux, chrétiens ou au contraire agnostiques, etc. En revanche, on retrouve toujours cette notion de progrès et une volonté universaliste. Si les membres s’aident avant tout entre eux, il y a généralement une volonté d’avancement social — d’où les fantasmes à l’égard de ces sociétés secrètes, que certains imaginent dès lors tirer les ficelles en secret. Une légende longtemps admise voulait que les francs-maçons aient ainsi organisé la Révolution française.

Dans les faits, la franc-maçonnerie est sans doute beaucoup moins influente. Elle est tout d’abord divisée en de nombreuses loges, qui pour la plupart ne comptent que quelques dizaines de membres à une échelle ultra-locale. C’est ensuite que ces loges se fédèrent entre elles (les grandes loges ou grands orients, qui font leur apparition au début du 18ème siècle), mais toutes demeurent largement indépendantes et autodéterminées par leurs membres — d’où la difficulté à offrir une définition simple de la franc-maçonnerie, puisque ceux-ci déterminent leurs principes guidants, leurs sujets de discussion, leurs objectifs, leurs actions caritatives, et ainsi de suite.

Le site de la Grande Loge de France affirme que la franc-maçonnerie, c’est « avant tout accéder à une élévation intellectuelle, morale et spirituelle et cela en toute liberté d’opinion politique ou religieuse. […] C’est embrasser les principes de Tradition, d’Humanisme et de Spiritualité. »

Comment devient-on franc-maçon ?

Franc-maçonnerie vue par Russian Times
Franc-maçonnerie vue par Russian Times

Il faut garder en tête que la franc-maçonnerie est assez prenante en termes de temps et de ressources. Il faut donc tout d’abord se questionner sur ses propres objectifs avant de songer à être franc-maçon, puis s’assurer de trouver une loge en accords avec ceux-ci. On peut ensuite candidater — mais justement, comment fait-on ?

Il n’y a pas de conditions particulières pour devenir franc-maçon : la seule concernant l’âge est d’avoir plus de 18 ans, ce qui n’est donc pas un problème lorsque l’on est retraité. Il faut être un homme (ou femme parfois !) libre et de bonnes mœurs, et faire preuve d’une forme de curiosité intellectuelle, mais l’âge avancé, lui, n’est pas un obstacle à l’intégration d’une loge. Le fait qu’une personne satisfasse les critères suscités demeure bien entendu à la discrétion des membres de la loge. Et c’est là toute la question : pour devenir franc-maçon, il est impératif d’obtenir l’aval de ces derniers.

Pour des organisations réputées pour leur secret, il est assez facile d’identifier les différentes loges maçonniques. On trouve très facilement leurs coordonnées sur internet, dans les annuaires. Et si la franc-maçonnerie est réputée pour la cooptation de ses nouveaux membres par ceux appartenant déjà à une loge, on peut aussi tout simplement remplir un simple formulaire de candidature en ligne ! Ensuite, que l’on soit parrainé ou que l’on ait déposé une candidature spontanée, des membres de la loge viendront à notre rencontre pour mener une enquête préliminaire. Si les résultats sont concluants, le candidat est invité à “passer sous le bandeau”, c’est-à-dire à répondre aux questions complémentaires des autres membres ­— le bandeau référant à celui qui couvre les yeux du candidat, afin de préserver l’identité des membres. À l’issue de ce passage, les membres votent, et si celui-ci est favorable, le candidat sera invité à une initiation avant d’obtenir le statut d’apprenti : il est désormais l’un des “frères”.

D’ailleurs, si la franc-maçonnerie a longtemps été le pré carré des hommes, il existe désormais de nombreuses loges mixtes, ainsi que d’autres réservées aux femmes. Il est donc aussi possible pour une femme de s’initier à la franc-maçonnerie.

Pourquoi devenir franc-maçon lorsque l’on est retraité ?

Rien a priori ne fait des retraités des francs-maçons en puissance à un degré différent de n’importe quel autre membre de la société. Au contraire, la maçonnerie se targue de rassembler des membres de tous horizons d’âge et socioprofessionnels, et considère cette diversité comme sa plus grande richesse. Or, voilà précisément la première chose qu’elle a à apporter aux retraités. Ceux-ci sont souvent perdus lorsqu’ils accèdent à la retraite à l’issue de leur vie professionnelle — d’autant plus que celle-ci était riche. Devenir franc-maçon, c’est d’une part se redonner du sens, en adhérant aux valeurs et objectifs de sa loge, mais également faire de nouvelles rencontres, à un âge où beaucoup redoutent la solitude, et où l’entourage s’étiole. L’idée de faire partie d’une communauté, d’être membre d’un ordre qui partage un certain secret, est naturellement très séduisante.

Or, ce réseau est mis à profit non pas uniquement pour le propre intérêt de ses membres (du moins, c’est eux qui le disent, même s’ils admettent que c’est souvent le cas, ne serait-ce parce qu’il existe une forme de sympathie entre deux personnes se reconnaissant mutuellement comme franc-maçonnes), mais pour le reste de la société, avec un grand investissement caritatif. Cette question du réseau va d’ailleurs dans les deux sens. Si les retraités ont beaucoup à y gagner, ils ont également beaucoup à apporter : leurs années de vie et d’activité professionnel leur ont souvent permis de constituer un certain réseau de connaissances. Celui-ci peut être mis à profit, aussi bien dans les activités de la loge que pour le recrutement de nouveaux membres…

Les retraités ont également une ressource rare à offrir à leur loge : leur temps libre. Car la franc-maçonnerie requiert un certain engagement personnel. Le temps dont disposent les retraités leur permet ainsi de s’investir pleinement dans les activités de leur loge. Par ailleurs, la franc-maçonnerie insiste particulièrement sur les idées de progrès et d’éducation. Or, si l’on n’a jamais fini d’apprendre, on arrive à la fin de sa vie à une certaine sagesse après des décennies à accumuler des connaissances. Les personnes âgées font souvent figure de mentors — ce qui est précisément la façon dont se représente la franc-maçonnerie elle-même. Aussi bien leur expérience que leur savoir-faire professionnel peuvent servir les intérêts de leur loge. Leur âge et leur expérience leur offrent un certain recul, là encore en accord avec les principes de la franc-maçonnerie, beaucoup plus basés sur la réflexion et l’éveil personnel que sur l’action brute.

Bref, la franc-maçonnerie, plus encore que n’importe quelle autre activité ou hobby également susceptibles d’être propices aux rencontres et à l’épanouissement personnel, se veut dans son essence même donneuse de sens et épanouissante. La retraite conduisant bien des personnes à se remettre en question quant à leur existence, il peut donc s’agir d’une opportunité particulièrement intéressante pour de nombreux retraités, pourvu que celle-ci réponde à leurs attentes intellectuelles et philosophiques.

On pourrait résumer cette adhésion comme le fait ce membre : selon lui, la franc-maçonnerie est non une “société secrète”, mais une “société discrète”. Et à l’exact inverse d’une secte, s’il est difficile d’y entrer, rien n’empêche de cesser de prendre part à ses activités. Si vous êtes tentés, n’hésitez donc pas à prendre contact avec une loge, qui saura satisfaire votre curiosité.

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