« L’avenir ? Entre les colonnes, exprime tes émotions ! »
« C’est aux Francs-maçons, non seulement de choisir leur destin, mais de le construire : serviteurs de ce monde ou fils de la lumière. L’ordre vivra de la vie de ceux qui lui donneront les clefs de l’avenir » (Jean Mourgues)
Jacques Fontaine fut initié en 1969. En double appartenance, il cumule 74 ans d’investissement avec ses deux Loges bleues. Il appartient à la lignée des Frères, des Sœurs qui pensent que la Voie maçonnique des rites de style français[1] s’oriente irrésistiblement vers une spiritualité pour agir.
Il annonce, dans son ouvrage-testament : « Plaidoyer pour une survie de la Franc-maçonnerie » ce que pourrait devenir l’Ordre. Homme de terrain, il décrit les pratiques concrètes dans la conduite des tenues En cela. Jacques Fontaine est un des rares refondateurs actuels. L’avenir vérifiera la justesse de ses visions, intuitions et prévisions
La Franc-maçonnerie a un avenir possible
Demain, avec l’effondrement annoncé de la planète et des humains, avec l’informatisation qui contrôlera tous les aspects de la vie sociale et de nous-mêmes, avec les guerres et les pandémies qui sont lois de nature, les relations entre les personnes deviendront de plus en plus rares. Elles resteront, pourtant absolument indispensables ; des organisations libres pourvoiront à enrayer ce délire de solitude qui rendra fou une majorité. Or la Franc-maçonnerie, si elle se réforme, dans ses aspects vieillots et ringards, pourrait jouer, comme d’autres, un vrai rôle salvateur. Ce que nous ânonnaient, sans être bien écoutés, nos anciens tels Oswald Wirth, Daniel Beresniak, Jean Mourgues, Johannis Corneloup qui affirma : « La Tradition n’est pas la conservation des cendres, mais la transmission de la flamme ! ».
Or, la vieillotte manière de s’exprimer en tenue ne répond guère à ce projet de développement. La planche est l’archétype de la négation du miroir de l’initiation. Tu me diras : « Mais les échanges qui suivent la planche ne répondent-ils pas à la pleine conscience attendue ? ». Pas du tout ! Ils ne font que conforter les points de vue intellectuels sur le sujet traité. Ils délivrent, avec une lumière vacillante, les émotions. Or les experts l’ont montré depuis plus de 80 ans, les émotions sont à la base de nos paroles et de nos comportements.
Une conclusion brutale et salvatrice s’impose pour la Maçonnerie de demain. Celle qui fournira l’antidote salvateur à la dépersonnalisation qui enfle déjà aujourd’hui et nous transforme en automates névrosés et consentants. Cette conclusion, la voici. Finies les planches monologuées, les pseudo-débats et les échanges « intellectuels » de monnaie de singe. Il sera indispensable, si nous voulons survivre, de mettre en œuvre une méthode qui mette en relation plurielle les Sœurs, les Frères. Je n’invente rien. Déjà des réponses existent depuis l’avènement de la psychologie humaniste, inaugurée par Abraham Maslow[2]. Depuis, les approches confiantes dans le développement humain se multiplient, car plusieurs chercheurs ont senti le vent du désastre ; la qualité hypocrite de beaucoup de politique, l’abominable et belle publicité… Peu à peu, absence de relations humaines authentiques, à cause des fascinations anesthésiantes. Celles des écrans, des mots enfilés à la hâte, dans le train, la réunion, le déjeuner…
L’espoir est incrusté dans des perles de l’initiation.
La Maçonnerie garde le germe d’un espoir. Lors de l’initiation, dans la plupart des Loges, un rituel de génie : on présente, à l’enlèvement du bandeau, un miroir au candidat pour qu’il retrouve le chemin traditionnel du « connais-toi toi-même », peu parcouru en fait ! Mais quelques secondes après, le miroir descend et le candidat voit le visage d’un membre de la Loge. A lui de comprendre qu’il se connaîtra très bien dans les sensations et émotions que l’autre éprouve à son égard ! C’est le principe d’une méthode simple qui pourrait renverser le dispositif vieilli de la planche de type professorale, même si elle s’en défend. Elle ouvre sur une réelle meilleure connaissance de soi, celle qui passe par la conscience des impressions que nous faisons autour de nous. Comment faire ? Interroger sans cesse notre entourage ? N’y pensons-pas.
Or il existe une méthode simple et extraordinaire qui pourrait être d’un apport décisif pour les Maçons, dans leur recherche de ce qu’ils sont aux yeux des autres. C’est le Dialogue intérieur. Galilée l’avait pressenti : « On ne peut rien enseigner à l’homme. On peut seulement l’aider à trouver la réponse à l’intérieur de lui-même ». Nous pouvons, sans vergogne, puiser dans des techniques qui sont en train de bouleverser notre conception de l’humain.
Le Dialogue intérieur
Le Dialogue Intérieur dont j’ai mesuré, en week-end, toute la puissance et la déconcertante facilité apparente. Elle est née aux États-Unis, dans les années 80, de la recherche d’un couple de psychologues, Hal et Sidra Stone. Voici comment ils présentent leur enfant : « outil de communication à la simplicité trompeuse mais au pouvoir puissant ». Elle se répand comme une trainée de poudre en Europe. Plusieurs dizaines de milliers de livres ont été distribués aux quatre coins du monde sur cette pratique évidemment traduite en français[3].
Je vais te décrire comment, en s’inspirant du Dialogue intérieur, la Voie maçonnique peut t’apporter une méthode idoine et puissante, de connaissance de soi. D’abord, le concret pour que tu te représentes bien ce qui remplacerait avec force et efficacité les ennuyeuses ou/et érudites planches. Ensuite nous prendrons de recul pour dégager la méthode. Mais avant, un bref rappel sur le fond commun de toutes les initiations. La pratique du Dialogue Intérieur s’appuie en effet sur cette observation universelle ; en particulier mise en œuvre dans notre Franc-maçonnerie. Voici ! Pour naître ou, selon les croyances, renaître, libéré du poids des personnages et disponibles pour une nouvelle vie, le fœtus et l’enfant jusqu’à 6, 7ans va se forger en fonction de son environnement. Et cela pour la vie entière. Le génie maçonnique a magnifié cet événement d’une manière admirable. Tu auras reconnu la cérémonie d’initiation. Tout commence là. L’initiation est bien, selon les sensibilités, un accouchement dans la Loge-mère ou une remontée dans le ventre maternel. Ni nu ni vêtu, évidemment pour rappeler la nudité humaine[4]. Ainsi, nous sommes à la naissance un enfant « vulnérable », qui, au cours de sa vie adoptera tel ou tel comportement dans telle ou telle situation, en laissant plus ou moins de côté, la possibilité inverse ; celle qui aurait pu être utile. Par exemple, le méfiant va, à l’aide du Dialogue intérieur libérer en lui un minimum de confiance qu’il n’a pas assez. Le pacifiste, s’enrichira du colérique. Le rebelle apprendra ce qu’est, pour lui, l’obéissance et les bénéfices qu’il peut parfois en tirer. Traduction dans notre méthode[5].
Le Dialogue intérieur : comment pour la Maçonnerie ?
Il s’agit de s’inspirer du Dialogue intérieur, dans ce qu’il a de passionnant pour nous et sa résonance avec l’esprit du rite et nos valeurs. Deux Maçons : l’un pose des questions à l’autre sur ce qu’il exprime de lui spontanément. Mais, attention, ce n’est qu’une simplification considérable de la méthode originelle. Voici mon point de vue, évidemment contestable
Sept personnages qui décrivent souvent le Maçon idéal.
Dans un entretien de Dialogue intérieur, les personnages sont issus du facilité ; ce sont les siens, ils sont nombreux et variables. Dans la Voie maçonnique, ils sont limités aux sept profils qui constitueraient la personnalité d’un Maçon idéal. Ils sourdent, sans cesse, de nos arcanes, les mythes, ritèmes[6] et symboles. Ils incarnent notre idéal. Mon expérience m’amène à en compter sept. Mais mon choix est issu de 60 ans de tenues ; sans doute en sens-tu moins, voire plus, au fond de toi.
Voici, en tout cas, les 7 personnages que j’ai dégagés de mon expérience, mais je suis certainement incomplet et maladroit. A toi, avec les autres, de modifier ma perception. Pour moi ils sont inlassablement présentés dans nos cérémonies. Soit l’un, soit l’autre, parfois les deux. Mais attention il ne s’agit surtout pas de dualité ; il n’y a pas de bons ou de mauvais côtés, seulement des aspects psychiques qui prennent le pas en chacun de nous. Or se pencher sur le trait de caractère que nous avons peu est source d’enrichissement de soi et pour les autres. Car les 14 profils sont utiles pour notre bonheur. Mais pour se connaître mieux, il y faut une condition : que nous parvenions à retrouver, au fond de nous l’opposé que nous avons repoussé petits (fœtus – 6, 7 ans) : trouver en soi nos « repoussoirs » que le petit enfant « l’Enfant vulnérable » a enregistré, en délaissant le profil opposé ; puisque toute initiation est une remontée au fœtus. Voici les sept modèles maçonniques :
- Le Frère, la Sœur Amour/Haine – La fraternité est exigée dès le serment. Ce qui invite à travailler sur sa réserve et ses reculs à l’égard de certains membres de la Loge. C’est très difficile parce que cela ne se décrète pas. Il y faut le temps ! C’est aussi l’estime de soi dont certains(es) sont cruellement dépourvus(es).
- La Sœur, le Frère, Géométrie/Improvisation – Toute l’allégorie de la construction du temple de Salomon nous est servie à toute occasion. Ce qui nous est soufflé : nous nous construisons, nous nous sculptons, dans la tension vers le Maçon idéal.
- Le Frère, la Sœur Éloquence/Silence – Nous nous y entraînons sans cesse : un seul, en tenue, parle à la fois et pour que les élans soient mesurés, chacun(e) demande la parole dans les formes requises. Attention ! Ce n’est pas simplement pour bien écouter ; c’est aussi une invitation à faire le silence de la conscience ordinaire en soi.
- La Sœur, le Frère, Rébellion/Obéissance
- Le Frère, la Sœur, Solitude/Engagement
- La Sœur, le Frère Transmission/Discrétion – Les Maîtres s’entendent dire sans cesse qu’ils doivent[7] transmettre dans le monde profane, par l’exemple de leurs actes les valeurs qu’ils ont acquises. Cette transmission s’effectue aussi à l’intérieur de la Loge, par les plus anciens aux générations qui les suivent.
- Le Frère, la Sœur Franchise/Réserve
Le dispositif scénique est toujours le même : le facilité et le faciliteur sont assis devant le tapis de Loge, en face à face et tournés vers l’Orient. Le faciliteur pose les questions au facilité sur les émotions, sentiments que suscite en lui-elle le profil de chaque rôle, et appelle quelques exemples ; sans émettre le moindre jugement, mais en s’efforçant de faire revenir le facilité à son enfant avant que la culture impose ses codes. Répétons que le but de la sagesse, dans les initiations, est de retrouver l’enfant que nous fûmes, du fœtus jusqu’à 7 ans environ. Le reste est badigeon culturel. Baudelaire, entre de nombreux autres, l’affirme : « Le génie c’est l’enfance retrouvée à volonté ».
Un exemple concret, celui de l’Amour/Haine
Le faciliteur posera sans doute dans les premières questions : « Que représente pour toi la fraternité ? », « Pourquoi y es-tu attaché ? », « Depuis quel âge à peu près ? », « Quelles forces tu lui prêtes ? », « Pourquoi, selon toi, c’est une clef de l’harmonie humaine », « Comment pratiques-tu la fraternité ? », « As-tu deux ou trois exemples où tu as mis en œuvre la fraternité, en pleine conscience ? »
Puis, à chaque fois qu’un trait maçonnique, ici la fraternité, a été exploré chez le facilité. Le dispositif s’inverse : les deux changent de chaise. Maintenant le faciliteur va pousser le facilité à évoquer le contraire : par exemple, le faciliteur peut demander : « Tu as dit que la fraternité était une nécessité humaine. Mais est-ce vrai dans tous les cas que tu as vécus ? Ne déployer que ton amour, c’est la seule réponse ? Tu as évoqué, discrètement, tout à l’heure, des limites que tu poses d’emblée au tout amour. Jusqu’où et pourquoi ? Tu as aussi évoqué l’intolérance ; jusqu’où va la tolérance pour toi ? Telle Sœur t’agace, je l’entends ? Alors quelles émotions éprouves-tu alors ? Peux-tu aimer à tout moment, sans réserve ? Tu parais en fait, tout au fond de toi, réservé ! »
A chaque tenue, deux profils pour deux facilités, 30 à à 40 minutes de Dialogue intérieur à chaque fois. Puis la parole aux colonnes. Chacun(e) témoigne : quelles émotions ces déclarations suggèrent-elles, en lui, en elle. Sans aucun jugement sur les déclarations de l’Enfant vulnérable du facilité : mes émotions, pas mes jugements et mes intellectualisations.
Au total, une bonne tenue. Il va de soi qu’une année ne suffit pas pour que tous les membres gagnent en vision lucide sur eux, elles.
Se libérer en chaleureuse fraternité.
Comme nous l’avons vu plus haut, nous apprenons à mieux ressentir l’Enfant vulnérable que nous fûmes au regard des sept modèles maçonniques. Mais ce n’est pas suffisant pour en avoir une vraie vision lucide. On sait qu’au fur et à mesure que se construit, dans notre esprit, un personnage, son opposé est évoqué, par nous-mêmes, comme un repoussoir. Par exemple, celui qui a un personnage d’activiste considèrera, de facto, que le personnage du paresseux, comme il le perçoit, est à fuir à tout prix. Tandis que celui qui est décontracté et prend son temps, se méfiera comme de la peste de celui, celle qui est agité(e). En bref, chacun(e) est prisonnier de ses représentations et tombe dans le gouffre sans fond du dualisme qui induit le désespoir, l’insolence ou/et l’isolement. La méthode du Dialogue intérieur simplifié prend ce danger en charge : le faciliteur aide le facilité à reconnaître ses opposés et à leur trouver leur place en elle, en lui.
Quand je rencontre mon « Enfant vulnérable »
Peu à peu, de tenue en tenue, année après année, ces sept premiers personnages m’imprègnent. J’arrive à la pleine conscience quand je parviens à remonter à la toute mon enfance, où se construit l’Enfant vulnérable. Ces rôles, quels qu’ils soient, je les ai forgés, pour protéger le petit être que je fus, fragile et soumis aux désirs, comme aux peurs. Ils ont tous un rôle de protecteur à jouer. Cette rencontre est un grand moment initiatique. Je me retrouve en mon centre, avec les rôles qui me composent assez clairement mais aussi lucide sur leurs plus ou moins opposés. Les uns comme les autres veillent sur moi, l’Enfant vulnérable, trame de toute ma vie.
Quand émerge enfin la « vision lucide » au-delà de soi
Progressivement, le Frère, la Sœur va voir de plus en plus clairement en lui ses personnages et leur opposé positivé. Les uns et les autres forment des continuums sur les- quels la Sœur, le Frère se positionnent désormais avec plus de réalisme que le sinistre dualisme des qualités et des défauts, si prisé naguère chez les Francs-maçons. Un exemple : Le Frère Jacques, compagnon, jusqu’à peu, se glorifiait d’être attaché à la qualité de ses productions. Il ne laisse rien en plan. Il trouve, sans grande conscience de son jugement à la hache, que la Sœur Marie-Paule ne finit jamais rien, ne se prépare pas beaucoup, d’ailleurs, pour y arriver. Vraiment pour lui, c’est du laisser-aller. Et puis, il commence à assimiler son degré de Compagnon, fait de rencontres, de partage et de fraternité. Le Premier Surveillant lui a expliqué qu’il avait intérêt, et sa Sœur Marie-Paule aussi, à chercher et à trouver, les bons aspects de ce « laisser-aller » dont il affuble la Sœur. Au cours d’une tenue, la réponse lui est venue soudain : Sa Sœur est à l’aise, calme et détendue et lui, souvent sous tension. Du coup il est revenu du jugement qu’il porte sur le personnage qu’il croit être soi, le Perfectionniste. En fait il est mu par les rôles qui en dépendent. Lui aussi, comme sa Sœur, se situe quelque part entre la lune et le soleil. Il voit désormais clair dans sa position. Entre le Perfectionniste et le Détendu. Grâce à cette vision lucide, il devient moins exigeant vis-à-vis des personnes très détendues. Il a bougé. Conséquence : sa fraternité s’est accrue.
On peut faire la démonstration à partir des jeux de Marie-Paule. Et cela pourrait donner en miroir. Le Frère Jacques est « pointilleux, il n’est jamais satisfait… ». Elle s’efforce de positiver : elle trouve que ce Frère est, en fait, soigné, attentif à ce qu’il fait. Elle comprend que son jugement était faussé par son propre côté détendu. C’est la vision lucide qui l’enjoint de revoir sa position : il y a à prendre des deux côtés. Désormais cette Sœur non seulement ne sera plus agacée par le perfectionnisme du Frère jacques mais, en plus, elle s’en inspirera pour faire bouger une détente qui, parfois, confine au laisser-aller.
Ma Sœur, mon Frère ne tardons plus, évoluons !
Oswald Wirth, dès son époque, comme quelques rares autres initiés, avait senti la nécessité d’avancer. Voici ce qu’il écrivit sans sourciller : « Loin d’être prête à mourir, la F⸫M⸫ n’a pour ainsi dire pas encore vécu, qu’elle est à peine sortie de sa période d’enfance. Née d’hier, en tant qu’institution historique, elle s’est développée, elle a grandi mais elle n’a pas atteint l’âge adulte, la phase qui permet aux êtres de prendre possession d’eux-mêmes… »
Cette prise de conscience ouvre des portes que nous cherchons tous à ouvrir. Je ne résiste pas à vous citer une phrase qui m’émeut, annonciatrice de notre dimension cosmique. C’est l’Orateur d’une de mes Loges, qui chante la labilité drapée de nos richesses intérieures : « Chacun de nous sera prêtre et fidèle en même temps ; il sera, en même temps citoyen et métèque, croyant et athée. Il sera le premier, il sera le dernier. Ici même il sera la Terre, il sera le Ciel, il sera l’Eau, il sera le Feu. Il sera la houle, il sera le rivage. Il sera la Mort, il sera la Vie. Mais qui ou quoi qu’il soit, quoi qu’il fasse, il devra garder les yeux grands ouverts sur lui-même, pour voir tel qu’en lui-même l’initiation le change ».
[1] Rites de style français – les rites français à proprement parler, les REAA, les RAPMM, le RER. En sont exclus les rites anglo-saxons comme Émulation, le Standard d’Écosse…
[2] 1908-1970.
[3] Hal et Sidra Stone – « Accueillir tous ses JE » – Warina Éditions 2010 – Réimpression en 2015.
[4] Certaines Loges mues par une pudibonderie petite-bourgeoise ne pratiquent plus le « ni vêtu » sous le prétexte que c’est « humiliant ». C’est une grave incompréhension que de chasser la nudité native du corps, symbolisée ainsi. À partir de laquelle, il faut nécessairement remonter si l’on veut qu’il y ait initiation véritable.
[5] Déroulement d’une séance de Dialogue intérieur : Le faciliteur : celui qui pose les questions sans aucun jugement et le (la) facilité(e) : celui qui se découvre lui-même dans ses réponses sont assis face à face, à deux, trois mètres l’un de l’autre. Le(la) facilité(e) commence là où il(elle) veut et le sent. Par exemple, « Moi, je me sens gêné de trop parler de moi ! » Le faciliteur le relance sur un personnage qui apparaît dans le discours du(de la) facilité(e). Exemple : il prend des minutes à identifier comme ce qu’il sent en lui et qu’il vient d’avouer : le personnage de la victime. Alors le (la)facilité(e), spontanément ou aidé le plus discrètement possible par le faciliteur, évoque le personnage opposé qui finit toujours par se révéler, en opposition. Ce serait, dans l’exemple, le conquérant ; approfondi à son tour : et qu’en ressent le fécilité de cette possibilité ? Il aimerait devenir un peu, plus offensif ? Et ainsi de suite pour les autres personnages qui apparaissent dans les propos du(de la) facilité(e). À chaque fois le(la) facilité(e) change de chaise, à chaque nouveau personnage. Puis au bout d’une heure au moins, le(la) facilité(e) vient à côté du faciliteur écouter le résumé neutre que celui-ci présente. Dans l’exemple, le facilité résonne à la proposition de « conquérant ». Pourquoi ne le suis-je jamais ou peu et dans quelles circonstances ? Alors peu à peu, le(la) facilité(e) identifie ses personnages dominants, opposés, reniés… et commence à prendre conscience d’un trait de son « Enfant vulnérable ». Moment souvent émouvant. C’est en écoutant son faciliteur que le facilité prend du recul, se positionne en pleine conscience pour chaque personnage. Aussi se développe la « vision lucide ». Il pense : « Je ne suis plus dupe des jeux de mes personnages. Je sais désormais exprimer mon Enfant vulnérable quand il le faut. Mon Enfant vulnérable m’a fait timide mais je peux changer et devenir plus ou moins conquérant ». Il va changer et s’enrichir !
[6] « Ritème » : Élément simple d’un rite, parole ou geste : la mise à l’ordre est un ritème, la vérification de la couverture de la loge aussi.
[7] C’est en effet un devoir.