jeu 31 octobre 2024 - 09:10

Olympe de Gouges au Panthéon ?

« La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune. »

Olympe de Gouge

Elle est encore mal connue. Pourtant, c’est une figure incontournable du féminisme et de la Franc-maçonnerie. Pour preuve, la Grande Mixte de France se nomme Fédération Olympe de Gouge (Association loi 1901). Une idée est dans l’air depuis quelques années : la faire entrer au Panthéon ! Il existe de nombreuses initiatives dans ce sens et la rédaction en a choisi une, qui se caractérise par une pétition transmise au Président de la République. Nous vous en donnons ci-dessous le contenu intégral.

L’actualité nationale et internationale permet d’affirmer que cette demande est plus que jamais légitime. La lutte pour la reconnaissance des droits et dignités des femmes avec les hommes de tous les pays réclame des actes d’une haute portée symbolique. La recrudescence des violences exercées contre elles, le succès des idéologies qui tendent à légitimer ces violences et à maintenir les femmes dans un état de dépendance voire d’esclavage, appellent une réponse ferme et résolue de la part d’un pays comme la France, porteuse d’idéaux de justice et de liberté.

Plus que jamais, les combats d’Olympe de Gouges contre l’esclavage, pour l’éducation des filles, pour une juste contribution de tous à une République garante de la protection des plus faibles, méritent d’être rappelés. Elle appelait aussi, et cela lui fut fatal, à la construction démocratique d’un État sans violence.

Le collectif Olympe de Gouges plus que jamais appelle à se réunir à nouveau devant le Panthéon, pour commémorer l’exécution d’Olympe de Gouges et réclamer le transfert de ses cendres dans le temple républicain. (Se rendre sur le site)

Qui était-elle ?

Marie Gouze, dite Olympe de Gouges, née le 7 mai 1748 à Montauban et morte guillotinée le 3 novembre 1793 à Paris, est une femme de lettres française, devenue femme politique. Elle est considérée comme une des pionnières françaises du féminisme.

Rédactrice en 1791 de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, elle a laissé de nombreux écrits et pamphlets en faveur des droits civils et politiques des femmes et de l’abolition de l’esclavage des Noirs.

Elle est souvent prise pour emblème par les mouvements pour la libération des femmes.

Biographie

Née le 7 mai 1748 à Montauban et baptisée le lendemain en l’église Saint-Jacques de Montauban, Marie Gouze a été déclarée fille de Pierre Gouze, bourgeois de Montauban maître boucher — il n’a pas signé au baptême car absent — et d’Anne Olympe Mouisset, fille d’un avocat issu d’une famille de marchands drapiers, mariés en 1737.

Sa famille maternelle, la famille Mouisset, est très liée aux Lefranc de Pompignan. une famille de la noblesse de robe de Montauban. Le grand-père maternel d’Olympe, Jacques Mouisset, a été le précepteur de Jean-Jacques Lefranc de Pompignan ; sa grand-mère maternelle Anne Marty a été la nourrice de Jean-Georges Lefranc de Pompignan, son frère et futur évêque du Puy-en-Velay. Jean-Jacques Lefranc de Pompignan est le parrain d’Anne Olympe Mouisset, baptisée le 11 février 1714.

Anne Olympe Mouisset et Jean-Jacques Lefranc de Pompignan, de cinq ans son aîné, grandissent ensemble et nouent des liens affectifs qui contraignent leurs parents à mettre de la distance entre eux, une alliance entre une famille bourgeoise et une famille de la noblesse étant inconcevable ; lui est envoyé à Paris, et elle est mariée à Pierre Gouze. Jean-Jacques Lefranc de Pompignan revient en 1747 à Montauban comme président de la Cour des Aides ; il est peut-être alors l’amant d’Anne Olympe Gouze, qui donne naissance à Marie l’année suivante. Selon le député Jean-Baptiste Poncet-Delpech et d’autres, « tout Montauban » sait que Lefranc de Pompignan est le père adultérin de la future Marie-Olympe de Gouges.

En 1765, à l’âge de dix-sept ans, Marie Gouze est mariée par ses parents à Louis-Yves Aubry, de trente ans plus âgé qu’elle. Son mari, fils d’un bourgeois de Paris, est cuisinier et officier de bouche de l’intendant de Montauban. Le mariage religieux est célébré le 24 octobre 1765, en l’église Saint-Jean-Baptiste de Villenouvelle de Montauban.

En août 1766 la jeune femme donne naissance à son fils Pierre Aubry.

Son mari, qu’elle déclara plus tard ne pas avoir aimé mais avoir éprouvé de la répugnance pour un homme « qui n’était ni riche ni bien né » mourut à une date incertaine : en 1766 dans une crue du Tarn selon Olympe de Gouges, mais peut-être plus tard vers 1770-1771, alors qu’elle s’est enfuie du domicile conjugal pour venir à Paris. Elle écrira : « Forcée de fuir un époux qui m’était odieux, je m’enfuis à Paris avec mon fils ».

Au début des années 1770, avec son fils, elle rejoint sa sœur aînée à Paris et prend le nom d’Olympe de Gouges ; « elle a désormais une nouvelle personnalité ».

Premières années à Paris : une vie de courtisane
On ignore avec quelles ressources elle arriva dans la capitale et la plus grande obscurité règne sur ses premières années à Paris. Selon la correspondance de Grimm, « son joli visage était son unique patrimoine ».

Son contemporain Jean-Baptiste Poncet-Delpech, aussi originaire de Montauban et qui la connut à Paris, la dit « devenue fille entretenue par des négociants, des grands seigneurs, des ministres, des princes, etc… ».

Elle mène alors une vie libre et entretient plusieurs liaisons (elle qualifiait le mariage religieux de « tombeau de la confiance et de l’amour »), particulièrement avec Jacques Biétrix de Rozières, un entrepreneur de transports militaires, avec qui elle entretiendra une longue liaison et qui en dix ans lui donnera 70 000 francs devant notaire.

Il n’est pas douteux qu’elle eut des amants et des protecteurs, mais « il est certain que ce ne fut point une courtisane âpre au gain ». Menant une vie luxueuse et galante de manière assez ostentatoire, elle acquiert une réputation de courtisane entretenue par les hommes, dans un contexte où la femme libre est assimilée à une prostituée.

Benoîte Groult, écrit à son sujet : « Si le Petit Dictionnaire des Grands Hommes a évoqué sa notoriété de femme galante », si Restif de La Bretonne l’a placée injustement dans sa « liste des prostituées de Paris », si son biographe Monselet lui a prêté des caprices de « Bacchante affolée », elle ne défraya jamais la chronique scandaleuse de son temps et sa célébrité réelle date plutôt de l’époque où elle fréquenta les littérateurs et les philosophes, espérant combler un peu les lacunes de son éducation. On l’acceptait volontiers courtisane, on trouvait incongrues « ses prétentions intellectuelles ».

Grâce au soutien financier de Jacques Biétrix de Rozières, elle peut mener un train de vie aisé, figurant dès 1774 dans l’Almanach de Paris ou annuaire des personnes de condition. Elle demeure rue des Fossoyeurs, aujourd’hui rue Servandoni, au no 18-22.

Fréquentation des salons littéraires parisiens et rencontre avec le théâtre

Elle se met à fréquenter les salons littéraires afin de diminuer les lacunes de son éducation limitée (elle écrit : « Je n’ai pas l’avantage d’être instruite »), où elle rencontre lettrés, artistes et hommes politiques.

Elle fréquente assidûment les salles de spectacle parisiennes, participe en tant qu’actrice à des représentations de théâtre de société et se lance dans la rédaction d’œuvres dramatiques, où elle met en scène ses idées et ses combats, mais aussi parfois son personnage. Sa vocation pour le théâtre fut peut-être pour Olympe de Gouges une façon d’affirmer sa filiation supposée avec le dramaturge Jean-Jacques Lefranc de Pompignan, mais sans doute aussi le résultat d’une « théâtromanie » d’époque.

Support privilégié des idées nouvelles, le théâtre demeure à cette époque sous le contrôle étroit du pouvoir. Olympe de Gouges monte sa propre troupe, avec décors et costumes. C’est un théâtre itinérant qui se produit à Paris et sa région. Le marquis de la Maisonfort raconte dans ses Mémoires comment, en 1787, il rachète le « petit théâtre » d’Olympe de Gouges, conservant d’ailleurs une partie de la troupe dont fait partie le jeune Pierre Aubry, son fils.

Vers 1782, à l’âge de 34 ans, elle écrit sa première pièce Zamore et Mirza, un drame en prose en trois actes qui traite de l’esclavage des noirs, mais ce n’est qu’en décembre 1789 que la pièce fut créée à la Comédie-Française sous le titre L’esclavage des Nègres. La première représentation se déroule dans un chahut hostile sans doute organisé par les anti-abolitionnistes et la critique est sévère pour des raisons morales et littéraires, qui lui reproche l’abus du romanesque, la composition désordonnée et la platitude du style. La pièce est retirée après seulement trois représentations (sur la pression des colons d’après Olympe de Gouges). Elle est publiée en mars 1792.

En avril 1790, dans ses Adieux aux Français, elle annonce qu’elle vient d’écrire une seconde pièce abolitionniste, intitulée Le Marché des Noirs. Mais elle la propose sans succès en décembre de la même année. Le 22 juillet 1793, surlendemain de son arrestation, puis le jour même de sa condamnation à mort le 2 novembre, elle invoque sa pièce L’Esclavage des Nègres, pour preuve de son patriotisme et de son combat de toujours contre la tyrannie.

Égalité des sexes et droits des enfants naturels

Elle considère que les femmes sont capables d’assumer des tâches traditionnellement confiées aux hommes et, dans pratiquement tous ses écrits, elle demande qu’elles fussent associées aux débats politiques et aux débats de société. S’étant adressée à Marie-Antoinette pour protéger « son sexe » qu’elle dit malheureux, elle rédige et publie en septembre 1791 une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, calquée sur la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, dans laquelle elle affirme l’égalité des droits civils et politiques des deux sexes, insistant pour qu’on rende à la femme, les droits naturels que la force du préjugé lui a retirés. Ainsi, elle écrit : « La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune. » La première, elle obtient que les femmes soient admises dans une cérémonie à caractère national, « la fête de la loi » du 3 juin 1792, puis à la commémoration de la prise de la Bastille le 14 juillet 1792.

Son combat pour les femmes se poursuit dans ses productions théâtrales, notamment dans Le Couvent ou les vœux forcés (1790). Alors qu’à l’Assemblée constituante les députés débattent de l’utilité des couvents et de la liberté des femmes, elle les écoute attentivement, n’hésitant pas à prendre des notes afin d’emprunter leurs idées et de les transmettre à ses personnages. L’un d’entre eux, l’abbé Gouttes, deviendra d’ailleurs le héros de sa pièce à travers le personnage du curé.

Parmi les premiers, elle demande l’instauration du divorce en février 1790, dans une pièce de théâtre, La Nécessité du divorce. Elle renouvelle cette demande en septembre 1791 dans les commentaires de sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Enfin, cinq mois plus tard, en février 1792, dans l’essai Le Bon sens du Français, elle s’exprime à nouveau en ce sens. Elle y reproche aux anciens députés feuillants de n’avoir pas, au nom de leurs principes autoproclamés de liberté et d’égalité, introduit le droit au divorce dans la constitution de 1791. Ce principe est finalement adopté par l’assemblée législative le 20 septembre 1792. Elle demande également la suppression du mariage religieux, et son remplacement par une sorte de contrat civil signé entre concubins et qui prenne en compte les enfants issus de liaisons nées d’une « inclination particulière ». En 1790, elle insère dans une motion au duc d’Orléans un plaidoyer pour le droit au divorce et un statut équitable pour les enfants naturels en fait surtout consacré au second point. C’est, à l’époque, véritablement révolutionnaire, de même son engagement en faveur de la libre recherche de la paternité et la reconnaissance d’enfants nés hors mariage. À l’instar du droit au divorce, elle répète ces requêtes dans les annexes de sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Elle est aussi une des premières à théoriser, dans ses grandes lignes, le système de protection maternelle et infantile que nous connaissons aujourd’hui et, s’indignant de voir les femmes accoucher dans des hôpitaux ordinaires, elle réclame la création de maternités. Enfin, sensible à la pauvreté endémique, elle prône la création d’ateliers nationaux pour les chômeurs et de foyers pour mendiants.

Toutes ces mesures préconisées « à l’entrée du grand hiver » 1788-1789 sont considérées par Olympe de Gouges comme essentielles, ainsi qu’elle le développe en septembre 1793 dans son ultime écrit, Une patriote persécutée.

3 Commentaires

  1. Il faudra bien dire qu’Olympe de Gouges fut exécutée (comme bien d’autres, à commencer par Danton et Desmoulins) par la terreur Robespierriste qui imposait par la guillotine sa misogynie et son antimaçonnisme.

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