ven 26 avril 2024 - 05:04

Le vent maçonnique qui souffle

De notre confrère italien expartibus.it – Par Chrétien de Rosemunda

Quand le vent du changement souffle, certains construisent des murs, d’autres des moulins à vent.
proverbe chinois

Le vent comme similitude de la vie et voilà qu’à chaque état d’esprit il y en a un spécifique. Peu fiable, insaisissable, invisible, mais, en même temps, évident ; c’est un élément atmosphérique qui, au cours des siècles, s’est souvent prêté à l’interprétation humaine en tant que porteur de messages et d’intentions divines.

En ce dernier mois de l’année, nous sommes tous envahis par le vent du changement.

Le vent du nord, la Tramontane, est celui de la mort, pas nécessairement un décès, mais le règne d’une loi éternelle et universelle : la transformation. “La mort”, dans ce contexte, fait référence à l’élimination de la négativité. Le vent froid du nord, soufflant de la direction des terres hivernales et enneigées, est sec et stérile et prépare la voie à ce qui sera plus tard nouveau.

Il y a toujours un vent qui demande à être utilisé. Ce qui vient de l’Orient, du Levant, c’est celui de la fraîcheur, de la vie qui se renouvelle, de la force, de la puissance et de l’intellect. C’est de l’air chaud et fort qui souffle de l’endroit où se produit l’aube brillante, c’est pourquoi cela a à voir avec les débuts, les nouveaux phénomènes qui résultent du travail du vent du Nord. La chaleur est celle du soleil, de l’étincelle de la création.

Ensuite, il y a le vent du sud, le Sirocco, qui est chaud et féroce. Symboliquement, il régit le midi, lorsque le Soleil ou la Lune est le plus haut dans le ciel, au moment de la plus grande lumière et chaleur.

Le vent d’ouest, le Libeccio, est frais et humide et lorsqu’il traverse les terres il peut annoncer la pluie ou le brouillard. C’est une force féconde et bienveillante, douce et persuasive. Métaphoriquement, il préside au crépuscule, quand tout semble s’arrêter, et que le jour et la nuit se fondent dans un paysage magique de nouvelles couleurs et de brises fraîches.

Le chemin de la Connaissance que chaque franc-maçon accomplit tout au long de sa vie est comme un vent léger qui va dans des directions différentes, variant selon le Temps et les époques.

On ne peut pas l’arrêter, mais apportant avec elle des parfums et des graines, récoltées entre Ciel et Terre, elle change, apparaît à chaque fois différente tout en restant elle-même et, bien sûr, elle ne peut pas être enfermée dans une clôture.

Arrêtons-nous maintenant sur la signification que pour les francs-maçons ce qui respire entre l’Humain et le Divin et qui pendant des siècles a creusé dans la roche le chemin que nous parcourons aujourd’hui.

Un itinéraire qui ne consiste pas en un seul parcours, mais en autant de routes qu’il y a de ceux qui le parcourent, ayant en commun la destination et la carte du parcours, le panorama et les obstacles, éléments qui font de nous des frères dans le chercher la pierre philosophale.

Quiconque gravissant consciemment ces voies aspire à devenir un meilleur franc-maçon, condition plutôt instable, car souvent on se perd, on oublie le chemin et on se décourage, pour finir par douter de soi et des autres et même du Grand Architecte de l’Univers.

Cependant, en se perdant, on peut découvrir des prairies fleuries et des champs cultivés, des bois sombres et des terres desséchées que nous n’aurions pas connu autrement.

La patience et la persévérance sont les principales vertus de l’Initié comme du Maître Maçon, qui sait qu’il doit se remettre chaque jour sur le chemin de son intériorité, pour aller à la recherche de l’étincelle divine qui l’habite ; conscient de devoir partir à chaque fois pour pouvoir voir l’esprit et se reposer en lui, puis de là reprendre la route.

Tout ce dont nous avons besoin dans le chemin maçonnique de guérison et de libération est déjà en nous. Il s’agit de reconstruire notre véritable identité par la connaissance de soi et la pratique spirituelle.

Cette identité que nous avons parfois perdue, parce qu’elle a été brisée en mille parties par autant de blessures, et donc envahie par les ténèbres qui se forment dans notre intériorité, que la voie maçonnique nous apprend à éclairer et à guérir.

Regarder, se souvenir, écouter, accueillir, prendre soin, connaître, puis aimer : tels sont les verbes du franc-maçon. Il s’agit essentiellement d’un voyage dans lequel le cheminement spirituel vers la Lumière s’accompagne du “Connais-toi toi-même” qui le pousse à descendre dans les enfers de son âme, s’embarquant dans un voyage qui n’aura jamais qu’une seule direction, car il risquerait d’être ébloui par la Lumière ou perdu dans l’obscurité.

Il lui est donné d’utiliser la Lumière pour éclairer les parties les plus cachées de lui-même, celles qui, à son insu, influencent ses actions et d’embrasser l’obscurité sans la considérer comme une intruse.

C’est en effet l’obscurité qui donne à la Lumière la possibilité de briller, tout comme les ombres nous offrent la possibilité d’évoluer, si nous apprenons à les regarder avec des yeux nouveaux et à les accueillir.

pouquoi

à chaque pas vers l’individuation se produit une nouvelle culpabilité qui exige une nouvelle expiation.

Nos péchés, nos erreurs et nos fautes sont nécessaires, sinon nous serions privés des incitations les plus précieuses au développement.
Carl G.Jung

Le vent lui-même est synonyme de notre capacité à nous adapter au monde extérieur et à grandir individuellement. Cependant, si nous le combinons avec les autres facteurs que nous avons décrits ci-dessus, nous pouvons traiter le changement qui nous vient de l’extérieur comme un stimulus et vérifier s’il existe d’autres moyens possibles, qui pourraient peut-être être plus appropriés et efficaces dans le condition actuelle.

Un Franc-maçon, surtout s’il est Apprenti, ne voyage pas seul : ce qui l’attend est une entreprise difficile, semée d’embûches, au cours de laquelle il sera facile de se perdre. Marchez donc en compagnie et choisissez un guide, un Maître. On trouve alors des compagnons de route qui, miroir et contrepoint à son intériorité, lui montreront le chemin quand il risque de le perdre. Travaillant en Loge, il apprend à tourner ce regard vers lui-même et à faire de même envers les autres, qu’ils soient ou non membres de son Atelier.

Accueillir le changement ne signifie pas ne pas choisir, mais se rendre disponible pour entendre où et comment nous pouvons orienter nos vies maintenant.

Bonne année 2023.

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