Les horreurs du passé ont amené beaucoup d’humanistes à minimiser ou nier les différences biologiques entre les humains. Ce faisant, toute découverte de différences permet aux conservateurs de justifier le statu quo et ses inégalités. L’étude des différences sera bénéfique, voici pourquoi.
Nous les francs-maçons sommes férus d’universalisme. Nous cherchons à rassembler ce qui est épars. Cela signifie que les ressemblances devraient avoir plus de poids que les différences. Mais le personnel politique ne l’entend pas de cette oreille. Le dictateur voudra que le peuple lui obéisse comme un seul homme . Et pour cela il désignera un bouc émissaire à la vindicte populaire.
En démocratie c’est à peine mieux : obsédé par l’élection, le politique est tenté de jouer « notre communauté contre les autres ». Les autres, ce sont souvent des minorités mais pas toujours : les femmes sont objet de rejet depuis la nuit des temps. Le sommet de l’horreur fondée sur les différences est le nazisme .
Les idéologues, dont Alfred Rosenberg, ont bâti, sur base d’une torsion des connaissances biologiques de l’époque, une délétère théorie afin de justifier leurs ignominies.
Depuis lors, tout esprit qui se veut tolérant envers les autres clame à l’envi que tous les humains sont égaux en droits. Et il ajoute avec force que l’espèce humaine n’est pas divisible en races. Sachant que des différences minimes ont servi à justifier le nazisme et d’autres racismes, on minimise les différences. Il arrive aussi qu’on les nie tout simplement. Parmi les raisons qui sous-tendent ce déni : la crainte que l’agressivité « naturelle » de l’humain ne soit prise comme justification de comportements criminels, machistes, racistes, etc. . Même en version plus douce, on ne souhaite pas que tout cela ne rende plus difficile l’élimination de comportements indésirables.
Ces manières de penser et agir sont cohérentes avec l’opinion, répandue, selon laquelle tout est politique, ou culturel.
Si de plus on croit, comme certains bourdieusiens, que les causalités sociologiques sont mécaniques, donc déterministes, on se retrouve à estimer que les hommes sont malléables à l’infini. C’est ce que pensait Lénine et son entourage, avec le résultat totalitaire que l’on sait. Dans un tel cas, une certaine résilience biologique est la bienvenue, n’est-ce pas ?
Lorsque l’on étudie l’émancipation progressive des femmes hors de la tutelle patriarcale on suit des indicateurs comme l’index GGG. Non, ce GGG n’a rien de maçonnique : il signifie Global Gender Gap, et est édité chaque année par le World Economic Forum. C’est un index composite, pondérant 14 critères comprenant de la participation à l’économie, le niveau d’études atteint, la santé et le poids en politique. Les 3 grands pays scandinaves dominent le score avec l’écart hommes/femmes le plus faible .
Mais tout cela contient une hypothèse implicite : « il est désirable que l’écart hommes/femmes soit le plus faible possible ».
Or, que voyons-nous en analysant plus finement les scandinaves ? Que dans ces pays, la portion de femmes diplômées en sciences dures et technologie est inférieure de plusieurs % à la moyenne des autres pays européens.
Etonnant, non ? Car on sait que les filles, dès lors que l’on ne leur pose pas d’obstacles au développement, en comparaison des hommes, font en moyenne un peu mieux que les garçons même en sciences dures. Mais maintenant on a des indices concordants indiquant que, quand il n’est pas indispensable de se faire ingénieur ou mathématicien pour obtenir un peu de considération ou un salaire décent, les femmes choisissent un peu moins ces métiers que les hommes. Cela signifie que lorsque l’égalité hommes/femmes devient effective, le taux de diplômes et postes scientifiques occupés par des femmes aura tendance à baisser plutôt qu’augmenter.
Ceci est juste un exemple destiné à montrer que nier les différences génétiques sous prétexte de marche vers l’égalité peut avoir des effets négatifs.
La franc-maçonnerie nous l’avait bien dit : rien de bon n’est à attendre de l’ignorance.
La science a beaucoup engrangé de résultats expérimentaux depuis la fin de la seconde guerre mondiale. On sait désormais, par exemple avec l’épigénétique, que le biologique n’a pas le caractère intangible que nous pensions . Et cela est en cohérence avec l’évolution darwinienne des espèces. Via l’environnement, l’expression des gènes peut être influencée. Nous savons aussi que tout est multifactoriel dans ces domaines , on n’influence donc que des probabilités, et très peu de résultats déterministes ne sont à attendre pour un individu donné .
Le premier bienfait qui naîtra d’une acceptation sans filtre idéologique des résultats de la science génétique, c’est la déculpabilisation. Nous ne sommes pas responsables des gènes que nous avons reçus. Les mères n’ont plus à se sentir coupables de ce qu’un de leurs enfants possède des traits de caractère peu agréables, comme ce fut le cas dans les périodes du tout-psychanalyse. On pense ici particulièrement aux tentatives de traitement psychanalytique de l’autisme.
Deuxièmement, les acquis sociaux, basés sur l’égalité en droit, n’ont plus à être battus en brèche à la moindre découverte d’une différence biologique entre deux groupes. En effet, lorsqu’on nie ou minimise les différences afin de défendre une correction d’inégalité, la découverte d’une différence significative est prétexte pour les conservateurs à supprimer ou au moins réviser la mesure.
Troisièmement, une meilleure connaissance permet d’augmenter l’efficacité des mesures mises en place, souvent sur deniers publics.
Quatrièmement, l’évaluation plus correcte du poids des gènes dans nos comportements permet aussi d’évaluer plus justement ( et sans doute à la baisse ) l’importance du « mérite » personnel des individus.
Cinquièmement, flinguer le mythe de l’homme infiniment malléable peut aider à résister aux discours totalitaires ou populistes.
Sixièmement, une force de la connaissance des liens entre biologique et comportemental est son universalité. Par suite, justifier un particularisme comme l’excision par « c’est dans leur culture » perd sa pertinence puisque la majorité des peuples s’en passent sans problème . Le relativisme culturel est donc mis en difficulté, ce qui est un progrès humaniste.
Au final, nous avons là des outils qui permettront la création de sociétés plus épanouies et tolérantes, et où la différence est reconnue sans être associée à des valeurs.
Pour aller plus en détail, voyez la chaîne Youtube « Homo Fabulus », œuvre de Stéphane Debove, qui vient d’obtenir le prix du livre sur le cerveau pour son « pourquoi notre cerveau a inventé le bien et le mal ».
Br. Ce texte amorce une réflexion fondamentale sur le comportement humain et les possibilités d’évolution des sociétés vers nos idéaux – Liberté, Egalité, fraternité -.