De notre confrère expartibus.it – Par Rosmunda Cristiano
Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui parcourez la mer et la terre pour faire un prosélyte et, l’ayant obtenu, faites-en deux fois plus fils de la Géhenne que vous
Mt 23:15
Dans ce verset de l’Evangile le problème pointé n’est pas le prosélyte en lui-même, ni le fait qu’on soit allé loin pour en faire un, mais ce qu’il devient à cause de celui qui l’a « obtenu ». En fait, au sens étymologique, ce n’est autre que quelqu’un qui « s’est rapproché ». Souvent, dans plus d’une loge, j’ai entendu répéter l’expression “prosélytisme” et je me suis souvent demandé comment les francs-maçons pouvaient le faire.
J’ai toujours pensé que c’étaient les hommes de foi qui s’en occupaient, que cela équivalait, d’une certaine manière, à « le communiquer ». Puis, cependant, ce terme a commencé à circuler de plus en plus souvent aussi dans les loges maçonniques.
Mais je n’arrivais pas à trouver un lien entre le prosélytisme et la franc-maçonnerie ! Il est difficile de trouver un thème plus controversé et un mot plus ambigu.
La franc-maçonnerie n’est ni une religion, ni une secte, ni une société secrète.
Je préfère le définir, si besoin est, comme une démarche spirituelle basée sur la liberté de chacun et donc sur la tolérance mutuelle. Elle admet des membres de tout horizon spirituel.
Il s’agit d’une association officiellement reconnue dont l’existence et les objectifs sont publiquement déclarés, de même que les listes de membres.
Il ne traite pas d’occultisme, car ses œuvres consistent en la réflexion collective de ses membres et le partage d’une expérience commune des outils utilisés : les symboles.
Elle ne peut être réservée à une « élite » de personnes socialement éminentes ou économiquement aisées, puisque sa richesse réside dans la diversité de ses membres.
Ce qui est demandé aux gens, c’est de s’engager à travailler sincèrement et constamment à leur propre amélioration. On espère que ce travail sur soi affectera favorablement l’ensemble de la société, mais ce ne sera que la conséquence et non le but en soi.
Toute l’organisation maçonnique est conçue de manière à ce que chacun puisse tracer son chemin personnel en s’enrichissant de la diversité des expériences et des opinions, mais en aucun cas de l’adhésion forcée à des opinions qui prétendent posséder une vérité unique.
La franc-maçonnerie est donc une “école de vie”, une manière d’être et d’exister… Les vraies richesses, c’est le monde, la vie et la façon dont on la vit, rien d’autre !
Par tradition ancienne, l’Institution maçonnique n’engage pas du tout ses adeptes dans la recherche de nouveaux membres, car elle croit que l’on devient franc-maçon spontanément et de manière désintéressée, presque par vocation, sans poussées ni suggestions. Il n’y a pas de diktats spécifiques qui réglementent le “prosélytisme” dans la franc-maçonnerie, mais il reste faux et ridicule de penser qu’elle pratique une sorte de cooptation clandestine et exclusive de ses membres.
Frère Franc-Maçon « ne pousse » personne à frapper à la porte du Temple. Selon une norme non écrite dans le monde maçonnique, il peut cependant informer, indiquer les possibilités et les pratiques d’accès à l’Ordre à ceux qu’il juge sensibles et aptes au cheminement initiatique de la maçonnerie.
La franc-maçonnerie ne fait pas de prosélytisme.
Ceux qui se sentent appelés à partager le chemin des maçons le font librement, sans être influencés par qui que ce soit. Celui qui le devient le veut parce qu’il ressent le besoin d’évoluer dans un esprit d’ouverture qu’il a remarqué chez des personnes qui se sont fait connaître comme Frères.
Communiquer ses convictions aux autres est indispensable et se pratique dans tous les domaines, du scientifique au politique en passant par le religieux. Pour cette raison, peut-être, il semble difficile, voire impossible, de séparer la liberté d’expression du prosélytisme, c’est-à-dire de ce désir de donner aux autres ce dont nous sommes convaincus et pourquoi.
Cette « liberté de persuader » est non seulement éloignée de tout prosélytisme mais elle est l’épine dorsale d’une carrière maçonnique correcte, longue et prospère.