sam 14 décembre 2024 - 10:12

Même sur le site n°1 mondial « Tik Tok », les maçons apparaissent

Vous avez forcément entendu parler de l’application mobile des jeunes, devenue numéro un mondial du trafic Internet l’an dernier. Compte tenu du profil relativement jeune de la clientèle, on n’y trouve que très rarement des Francs-maçons. Pourtant, la rédaction a déniché une perle, une vidéo de quelques secondes (c’est la norme sur le site) avec un Frère qui découvre ses décors. Nous vous laissons apprécier, puis nous entrerons dans les détails de Tik Tok pour enrichir vos connaissances dans les réseaux.

@thebrazenpillars #freemasons #freemasonry #brazenpillars #massachusetts #pastmaster #thecraft #bluelodge #yorkrite ♬ original sound – Harpocratès Archived

TikTok est une application mobile de partage de vidéo et de réseautage social lancée en septembre 2016. Elle est développée par l’entreprise chinoise ByteDance pour le marché non chinois. Son pendant pour le marché chinois porte le nom Douyin (chinois : 抖音短视频 ; pinyin : Dǒuyīn duǎnshìpín ; litt. « courte vidéo vibrato »). Son logo évoque une note de musique.

Fonctionnement

TikTok permet de visionner, réaliser et partager des clips musicaux ; l’utilisateur choisit une chanson parmi de nombreux genres musicaux, dont le hip-hop et la musique électronique, puis il se filme par-dessus pendant 60 secondes. L’application, réputée populaire auprès de célébrités, a popularisé plusieurs chansons, propulsé des utilisateurs au rang de personnalités sur le Web46 et suscite des tendances virales.

Le succès de ses fonctionnalités incite ses concurrents à les reprendre, dont Instagram qui a annoncé une fonctionnalité dénommée Reels, et une nouvelle plateforme similaire américaine nommée Thriller. En 2018, Facebook lance Lasso, une application similaire et concurrente, puis y renonce en 2020

Histoire

ByteDance, entreprise de technologie numérique fondée en 2012 par Zhang Yiming et domiciliée à Pékin, lance en septembre 2016 Douyin, une application mobile de partage de vidéos courtes pour le marché chinois. En 2017, ByteDance lance TikTok, la version de Douyin pour les marchés situés hors de Chine.

Les deux applications sont très similaires mais fonctionnent sur des serveurs différents et ont des contenus différents, afin de respecter les exigences de la censure d’Internet en république populaire de Chine et le Grand Firewall. Ainsi, TikTok n’est pas accessible en Chine, tandis que Douyin n’est présent que sur les magasins d’application chinois.

L’application permet aux utilisateurs de créer des vidéos courtes accompagnées de musique, de 3 à 180 secondes. TikTok devient le principal service de ce type en Asie, et l’application est considérée comme celle ayant la plus forte croissance tous pays confondus. Elle est l’application de partage de clips qui rassemble la plus grande communauté. En juin 2018, TikTok atteint les 150 millions d’utilisateurs actifs quotidiens (pour cinq cents millions d’utilisateurs actifs mensuellement)9,10. Au cours du premier trimestre de l’année 2018, elle est la première application mobile en nombre de téléchargements (45,8 millions selon des estimations)11.

Le 9 novembre 2017, ByteDance acquiert la plateforme chinoise de vidéos concurrente Musical.ly, pour près d’un milliard de dollars américains. Le 2 août 2018, l’entreprise fusionne les deux applications, tout en conservant le nom de TikTok. Cette fusion, notamment le nom TikTok et les campagnes publicitaires sur YouTube et Snapchat, est critiquée par des utilisateurs francophones. Cependant, l’ex-communauté francophone de Musical.ly adopte très vite la nouvelle plateforme.

En février 2019, TikTok est condamnée aux États-Unis à une amende record de 5,7 millions de dollars par la Commission fédérale du commerce (FTC). La plateforme est reconnue coupable d’avoir illégalement collecté et laissé publiques les données d’enfants de moins de 13 ans. Cette sanction pousse le Bureau de la commissaire à l’information (ICO) du Royaume-Uni à ouvrir une enquête sur la protection des enfants sur la plateforme.

Durant l’année 2019, à la suite de ses soucis règlementaires et des controverses sur ses liens avec l’État chinois, TikTok engage du personnel pour faire du lobbying aux États-Unis ainsi qu’en Europe, où l’action est vue comme proactive, l’entreprise n’ayant pas eu de problèmes significatifs. ByteDance est ainsi l’une des rares entreprises internet chinoises à faire du lobbying sur le continent. Pour une experte du lobbying auprès de l’Union européenne, cela représente aussi un changement dans la stratégie de lobbying de la Chine, au travers à la fois d’entreprises privées et du gouvernement, et d’un usage accru des méthodes occidentales.

Fin 2019, l’application compte plus d’un milliard d’utilisateurs — 3e application la plus téléchargée au monde sur smartphone —, particulièrement des adolescents, et est le seul réseau social aussi populaire à l’Est qu’à l’Ouest. En janvier 2020, l’application atteint les huit cents millions d’utilisateurs actifs par mois, chiffre qui se rapproche d’un milliard fin avril 2020. Les périodes de confinement observées lors de la pandémie de Covid-19, en début d’année 2020 dans presque tous les pays du monde sont vues comme favorisant ce bond. TikTok égalerait ainsi Instagram, qui avait atteint un milliard d’utilisateurs actifs par mois selon ses derniers chiffres de juin 2018.

En mai 2020, TikTok, qui cherchait un directeur général américain, nomme Kevin Mayer (en), alors directeur de la vidéo à la demande chez Disney. Mayer prend également le poste de directeur des opérations de ByteDance. Ce recrutement est qualifié de stratégique, visant à gagner la confiance des États-Unis dans un contexte où l’application est critiquée par les autorités qui la soupçonnent d’être une menace pour la sécurité nationale.

En juin 2020, l’application est inscrite sur une liste de 59 applications chinoises interdites en Inde, son premier marché avec 158 millions d’utilisateurs, peu de temps après un affrontement meurtrier entre les armées des deux pays sur leur frontière. La décision est prise pour assurer « la sécurité et la souveraineté du cyberespace indien », l’application étant accusée de « voler et transmettre clandestinement » les données des internautes indiens sur des serveurs situés en-dehors du territoire.

À la suite de l’interdiction de l’application en Inde et face à la possibilité d’une interdiction aux États-Unis, les directions de TikTok et de sa société mère ByteDance réfléchissent à la création d’un siège social hors de Chine pour l’entreprise, et d’un conseil d’administration dédié qui lui permette plus d’indépendance vis-à-vis de ByteDance.

Après l’introduction d’une loi sur la sécurité nationale à Hong Kong, ByteDance retire l’accès à TikTok pour le territoire, citant « les évènements récents », tout en laissant la version chinoise de l’application Douyin accessible.

L’application a des bureaux à travers le monde, notamment à Los Angeles, New York, Londres, Paris, Berlin, Dubaï, Bombay, Singapour, Jakarta, Séoul et Tokyo. Afin de consolider sa croissance, elle ferait usage de méthodes « agressives » pour attirer du personnel de grandes firmes Internet comme Google et Facebook, y compris de nombreuses personnes haut placées, et proposerait de gros salaires. En juillet 2020, sa maison-mère ByteDance employait 60 000 personnes, et déclarait en mars 2020 vouloir atteindre les 100 000 employés d’ici à la fin de l’année. À la même période, le nombre d’employés de TikTok visibles sur le réseau social professionnel LinkedIn était de plus de 4 600.

Le 6 août 2020, TikTok annonce l’ouverture de son premier data center européen, en Irlande, pour un coût total de 420 millions d’euros.

Le 27 août, l’américain Kevin Mayer, entré en fonction comme directeur général de TikTok et directeur des opérations de ByteDance en mai 2020, annonce sa démission, citant un changement du contexte politique. Cette décision est qualifiée de coup dur pour TikTok.

À la suite de la décision du gouvernement américain d’interdire l’application aux États-Unis si elle n’a pas trouvé un repreneur américain au 15 septembre, Microsoft engage des discussions avec ByteDance pour reprendre les marchés américains, canadiens, néozélandais et australien de la plateforme. En septembre 2020, l’offre de Microsoft est refusée par ByteDance, au profit de l’offre d’Oracle qui est retenue, l’entreprise prenant une participation dans les opérations américaines de TikTok et servant d’intermédiaire technique et de confiance dans la gestion des données utilisateurs. Cet accord est rejeté le 18 septembre par le gouvernement américain qui interdit le téléchargement de l’application aux États-Unis. Le gouvernement dans le même temps, bloque l’application WeChat et annonce le blocage de TikTok sur le territoire américain pour le 12 novembre 2020. Le 20 septembre, le gouvernement américain annonce son approbation de l’accord avec Oracle ainsi qu’avec Walmart et le report de l’interdiction de télécharger TikTok au 27 septembre 2020.

Le 30 avril 2021, la maison-mère ByteDance annonce un changement de direction au sein de Tiktok en nommant Shou Zi Chew, déjà Directeur Financier de ByteDance, en tant que directeur général de TikTok.

En 2020, TikTok devient l’application la plus téléchargée dans le monde devant Facebook.

TikTok surpasse le nombre de consultation de Google pour l’année 2021. Le palmarès de Cloudflare des sites web les plus visités positionnait TikTok à la 7e place en 2020 et en 1ère place depuis le mois d’août 2021.

Nouveaux médias indépendants
Sur fond de course aux vidéos courtes entre Tik Tok, Instagram et Youtube, qui a vu en particulier le premier s’imposer en 2021, “Tik Tok a ringardisé Youtube” selon Emmanuelle Leneuf fondatrice d’un media digital indépendant, le FlashTweet, sur Twitter. Avec ce succès, des artistes sont capables de tirer profit de la pluralité des médias indépendants présents sur la plate-forme pour snober les grands rendez-vous jusque là imposés par des acteurs plus classiques, mais cette perspective a été réduite quand l’algorithme a radicalement changé pour des artistes qui ne peuvent plus toucher qu’entre 25 000 et 150 000 personnes au lieu d’un demi-million auparavant.

En Europe, les médias les plus contestataires, comme Sud Radio, insistent pour être très présents sur Tik Tok en donnant la parole à des journalistes d’investigation comme Denis Robert et Jean-Baptiste Rivoire, fondateurs respectifs des web TV indépendantes Blast (Web TV) et Off-investigation où les enquêtes sur les scandales politiques réalisent des audience élevées. Refusée par toutes les télévisions, mais aussi Netflix et Amazon, l’enquête “Emmanuel, un homme d’affaires à l’Elysée” a vu son premier épisode, “L’affaire Kolher, le scandale qui menace Macron”, approcher les 1,4 millions de vues chez Blast, et l’annonce de la suivante 1,15 million sur Le Média. Des médias plus classiques comme Le Monde se sont aussi renforcés à la fois sur TikTok et sur Youtube, avec pour ojectif et résultat d’afficher plus de 50% de ses nouveaux abonnés numériques âgés de moins de 30 ans. Plus généralement, c’est en 2021 que les médias en général « s’emparent de Tik Tok » Pour les gouvernements, Tik Tok représente un risque de contestation chez les jeunes, lors des tensions politiques et économiques, et l’Inde a par exemple décidé en juin 2020 de fermer TikTok, Weibo, WeChat et d’autres applications au moment où le climat des affaires a été rendu plus difficile par une tentative de boycott des produits chinois, après la mort de 20 soldats indiens dans la région himalayenne du Ladakh.

Contenus

Aux États-Unis, des médecins utilisent la plateforme pour informer les adolescents sur la santé et lutter contre les rumeurs et la désinformation sur des sujets controversés comme la vaccination et la contraception ou la sexualité des femmes, rencontrant parfois un succès important.

Lors de la pandémie de Covid-19 en Inde, un grand nombre de vidéos TikTok niant la dangerosité du coronavirus SARS-CoV-2 pour les musulmans et appelant à refuser les mesures sanitaires comme le port du masque sont identifiées par l’entreprise Voyager Infosec. Cela pousse le ministère des technologies de l’information à demander à TikTok de supprimer les informations de ce genre et d’en identifier les auteurs, demande également adressée à Facebook où des contenus similaires circulent. TikTok répond en disant travailler de manière active avec le gouvernement pour lutter contre la désinformation, tout en favorisant les contenus « crédibles » sur la Covid-19 sur sa plateforme. En juillet 2020, TikTok annonce avoir supprimé 29 000 vidéos contenant des « fausses informations » sur la Covid-19 en Europe, dont 3 000 dont le contenu visé appartenait au domaine médical. Afin d’informer ses utilisateurs sur la pandémie, l’application affiche une bannière donnant accès à des renseignements.

En mai 2020, le gouvernement français annonce un partenariat avec la plateforme pour y diffuser des messages de prévention et d’information dans le cadre d’une campagne générale contre les violences faites aux enfants.

En juin 2020, la plateforme annonce avoir signé le Code de bonnes pratiques de l’Union européenne sur les discours haineux et la désinformation.

L’utilisation de chansons par des utilisateurs peut mener à des succès commerciaux pour les musiciens qui en sont les auteurs. Ainsi, en octobre 2020, une vidéo devenue virale d’un utilisateur écoutant la chanson Dreams du groupe Fleetwood Mac permet à cette chanson de se hisser à la 21e place du palmarès Billboard, plus de 40 ans après sa sortie. Ces succès d’amateurs sur TikTok peuvent désormais être le point de départ de parcours dans la chanson, comme pour Bella Poarch.

En novembre 2020, TikTok signe un partenariat avec Sony afin de donner la possibilité aux utilisateurs d’utiliser les musiques de milliers d’artistes.

Controverses

Des chercheurs s’inquiètent du potentiel, selon eux très fort, de l’application dans la guerre informationnelle mondiale, notamment parce qu’elle pourrait appliquer à un public international les méthodes de censure du gouvernement chinois et façonner sa compréhension de l’actualité. Ces inquiétudes sont renforcées par le fait que TikTok fournit peu d’informations sur les contenus qu’il supprime et sur l’indépendance qu’il affirme avoir vis-à-vis des censeurs chinois. Les chercheurs notent que Douyin, uniquement accessible en Chine, est soumis à la vision du Parti communiste chinois (PCC) sur les contenus et sources appropriés, et doit respecter des règles de censure ainsi que le Grand Firewall de Chine. Douyin a ainsi adopté une définition large des contenus indésirables, interdisant notamment tous ceux jugés « incommodants ». Selon Matt Schrader, spécialiste de la Chine pour le groupe de pression américain Alliance for Securing Democracy , tous les contenus qui contreviennent à la ligne officielle du PCC sur Douyin, notamment l’emprisonnement des Ouïghours, la corruption de membres haut placés du PCC ou les vidéos des manifestants à Hong Kong, sont rapidement retirés. Douyin a supprimé le compte du chanteur chinois Liu Keqing, connu pour sa forte ressemblance physique avec le président Xi Jinping, et dont le nom et l’image étaient utilisés pour parler du président Xi en contournant la censure.

En termes de propagande, des chercheurs soulignent l’utilisation de Douyin par le PCC. Pour un spécialiste de l’industrie numérique chinoise, les contenus généralement légers et amusants de Douyin aident à faire passer les messages de propagande nationaliste approuvés par les autorités chinoises, auprès d’une population jeune qui a moins tendance à consulter les médias classiques. Pour un spécialiste du marketing sur TikTok, la plateforme a un potentiel massif pour changer les perceptions du public international, cela étant facilité par le fait que la plupart des usagers sont jeunes et relativement faciles à influencer. Des chercheurs notent également que TikTok pourrait être utilisé pour des campagnes de désinformation en ligne à l’étranger, comme les autorités chinoises l’ont déjà fait sur Facebook, Twitter et YouTube, en créant des faux comptes pour dénigrer les manifestants hongkongais.

Selon Belinda Barnet, spécialiste des médias à l’université de technologie de Swinburne , il est « hors de doute » que TikTok et Douyin contribuent à la désinformation, les deux plateformes « pratiquant la censure et de campagnes de désinformation pour perturber et orienter le débat public ».

Répression des Ouïghours

Le sujet de la répression des Ouïghours en Chine est censuré ou masqué sur Douyin, menant à la publication de vidéos qui tentent de contourner cette censure de manière créative. En novembre 2019, une vidéo dans ce style publiée par une adolescente américaine sur TikTok devient virale, avant qu’un de ses autres comptes, puis son téléphone ne soit bloqué sur la plateforme. Interrogée par la BBC, TikTok affirme ne pas modérer les contenus en fonction de sensibilités politiques, et avoir effectué ces blocages en raison d’une autre vidéo montrant Oussama Ben Laden, ce qui contrevenait à sa politique de contenu. TikTok publie ensuite un communiqué sur l’affaire, mentionnant le blocage du compte et du téléphone, ainsi qu’un bref retrait de la vidéo dû à une « erreur » d’un de ses modérateurs et annulé ensuite par un supérieur. TikTok s’excuse du retrait momentané de la vidéo et débloque le téléphone de l’adolescente en dérogation à sa politique, affirmant qu’à l’évidence la vidéo précédente (et satirique) montrant Oussama Ben Laden n’était pas mal intentionnée. La plateforme affirme que les vidéos sur la situation des Ouïghours en Chine sont autorisées, et que la vidéo virale ne viole en rien sa politique de modération. La BBC note que si de telles vidéos sont présentes sur la plateforme, elles reçoivent en général beaucoup moins d’attention.

Manifestations de Hong Kong

En septembre 2019, TikTok est accusé de supprimer des vidéos des manifestations de Hong Kong, celles-ci étant presque totalement absentes lors d’une recherche avec le hashtag #HongKong, alors que ce même hashtag révèle un nombre très important de vidéos des manifestations sur Twitter.

Les contenus utilisant les hashtags populaires liés aux manifestations sont également quasi ou totalement absents de la plateforme. Le Washington Post relève qu’il est impossible de savoir quelles vidéos sont censurées sur TikTok en application de son interdiction des contenus haineux et extrémistes, les décisions de ByteDance sur cette question étant très opaques et l’entreprise ne fournissant pas d’outils permettant à des personnes externes d’effectuer des recherches sur le sujet. Le journal note par ailleurs qu’il est possible que les utilisateurs de Hong Kong pratiquent l’autocensure en évitant de publier des contenus politiquement risqués sur une application très observée par les censeurs chinois. Répondant aux allégations de censure, TikTok affirme que la modération des contenus pour ces utilisateurs est gérée par une équipe américaine qui n’est pas influencée par le gouvernement chinois. L’entreprise ne donne toutefois pas de détails sur la manière dont ces contenus sont modérés et sur ce qui protège l’équipe de modération américaine de l’influence des autorités chinoises. L’entreprise affirme également que si les publications sur Hong-Kong sont si peu présentes, c’est parce que la plateforme est consacrée au divertissement et non à la politique, les utilisateurs de l’application cherchant un « contenu positif et joyeux ». Elle ne fournit par contre pas de réponse à la question de savoir si la politique de modération des évènements de Hong Kong est la même sur TikTok que dans sa version chinoise Douyin.

Conflit sino-indien

En juin 2020, lors du combat entre soldats chinois et indiens dans la vallée de Galwan, The Times of India affirme que TikTok effectue un shadow banning des vidéos relatives au combat et au conflit à la frontière sino-indienne. Des recherches employant quelques-uns des hashtags associés aux vidéos sur le conflit, pourtant présentes sur la plateforme, ne donneraient aucun résultat ou des résultats portant uniquement sur de vieux contenus. Par ailleurs, d’autres hashtags liés à des sujets sensibles pour la Chine, comme les manifestations de Tian’anmen, ne donneraient pas de résultats pour les utilisateurs indiens de TikTok.

Fuite de consignes de censure

En septembre 2019, dans le sillage de la controverse sur les manifestations de Hong Kong, le journal The Guardian obtient des documents qui confirment une censure sur TikTok des contenus anti-gouvernement chinois ou considérés comme sensibles vis-à-vis d’autres gouvernements et sociétés. Cela inclut les contenus considérés comme des « diabolisations ou distorsions d’événements historiques chinois » ou étrangers, notamment le génocide cambodgien, les émeutes de 1998 en Indonésie et les manifestations de la place Tian’anmen. Les règles interdisent également de « critiquer les lois et règles d’un pays », incluant notamment les critiques du système socialiste chinois, d’évoquer « le séparatisme, les conflits religieux », et d’« exagérer des conflits entre personnes noires et blanches ». Dans tous ces cas, les vidéos doivent être masquées et peu accessibles. D’autres contenus semblent pouvoir être totalement supprimés, comme les vidéos promouvant la discipline et le mouvement religieux Falun Gong, interdit en Chine. Les mentions de certaines personnalités sont aussi bannies de la plateforme, notamment de « leaders étrangers ou figures sensibles » comme Kim Jong-un, Vladimir Poutine, Barack Obama, Donald Trump ou Gandhi, mais pas le président chinois Xi Jinping. TikTok répond en affirmant que ces règles ne sont plus en vigueur depuis mai 2019, et que la plateforme aurait au départ adopté une approche « brute » pour minimiser les conflits sur la plateforme, avant de se décider à modérer les contenus de façon plus locale. La plateforme affirme qu’elle travaillera avec des comités locaux indépendants pour évaluer en continu ses politiques de modération et reconnaît le besoin d’une plus grande transparence au sujet de ces politiques.

The Guardian révèle ensuite des informations sur les règles locales, dont un ensemble de règles dit « Strict » pour les pays à morale conservatrice, et un autre lié à des pays spécifiques. Les règles « strictes » sont significativement plus sévères que les règles globales révélées auparavant pour les questions de nudité et de vulgarité, interdisent notamment les « fesses partiellement dénudées », les décolletés avec « une longueur de plus d’un tiers de la poitrine », et les descriptions détaillées de serviettes hygiéniques. Pour ce qui est des règles liées à des pays spécifiques, le Guardian révèle qu’en Turquie, les contenus interdits incluent les images de consommation d’alcool, les représentations de dieux « non-islamiques », de l’homosexualité et les mouvements pour les droits LGBT (toutes des pratiques et représentations légales dans le pays, bien qu’il existe une loi contre les contenus « obscènes »), le séparatisme kurde et les critiques de Mustafa Kemal Atatürk et du président Recep Tayyip Erdoğan. Les responsables de TikTok répondent à ces secondes révélations en affirmant que les règles concernant la Turquie ne sont plus en vigueur.

D’anciens employés de TikTok aux États-Unis rapportent au Washington Post que les décisions finales sur le retrait de contenus étaient faites par des employés de ByteDance à Pékin.

Utilisateurs considérés comme peu attrayants

En 2020, les responsables de l’application TikTok sont accusés par le magazine anglais The Intercept de censurer les personnes laides, grosses, pauvres ou handicapées, pour diffuser des vidéos plus attrayantes. Ils démentent cette information et nomment, dans différents pays, des responsables pour la confiance et la sécurité. Des cas de censure de personnes handicapées continuent néanmoins d’être dénoncées par des militants.

Réponse de TikTok aux controverses

Fin 2019, réagissant aux controverses sur la censure, ByteDance engage le cabinet d’avocat américain K&L Gates, dont les anciens membres du Congrès Bart Gordon et Jeff Denham, pour la conseiller sur les politiques de modération de TikTok, ainsi que le cabinet de lobbying américain Monument Advocacy.

En mars 2020, TikTok admet que ses pratiques « ne sont pas sans reproche » et annonce la création d’un centre de modération « transparent » à Los Angeles. Des observateurs externes pourront y évaluer comment TikTok régule ses contenus, et ils auront à terme accès au code de l’application, pour juger de ses efforts faits en matière de sécurité et de vie privée et aider à « améliorer sa politique de modération et ses systèmes de sécurité ». Début septembre 2020, ce centre est visité par des journalistes et révèle certains détails de l’algorithme.

En 2021, TikTok s’est engagé à n’accepter aucune « publicité politique payante » et se dit résolu « à lutter contre la prolifération de la désinformation sur sa plateforme », en se faisant aider (via des partenariats) par « des organisations de vérification des faits, notamment l’Agence France-Presse (AFP), Animal Político, Estadão Verifica, Lead Stories, Newtral, Pagella Politica, PolitiFact, SciVerify, Teyit & Vishvas News ». Un « centre de transparence et de responsabilité » est annoncé pour 2022 en Irlande, ouvert aux décideurs politiques, régulateurs, chercheurs et experts industriels » ; des « tours virtuels » sont organisés (sur inscription) dès 2021.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Articles en relation avec ce sujet

Titre du document

Abonnez-vous à la Newsletter

DERNIERS ARTICLES