Rite Domatique – Rite d’Écosse – Rite York
Jean Solis – Aureus Éditions, 2022, 74 pages, 15 €
La mention « Templum Hierosolymæ » précédant trois tau annonce, d’emblée, le sujet du dernier opus de Jean Solis.
Devons-nous rappeler aux Compagnons de l’Arche que le tau est la dernière lettre de l’alphabet hébraïque à laquelle est conférée une valeur symbolique depuis l’Ancien Testament (Livre d’Ézéchiel) Placé sur le front des pauvres d’Israël, il les sauve de l’extermination. Il fut par la suite adopté par les tout premiers chrétiens pour un double motif. Il incarnait une prophétie du dernier jour et avait la même fonction que la lettre grecque Omega, qui apparaît dans l’Apocalypse : « Je suis l’Alpha et l’Omega, le principe et la fin… et les chrétiens l’adoptèrent le Tau parce que sa forme leur rappelait la croix sur laquelle le Christ se sacrifia pour le Salut du monde.
L’auteur, membre du Suprême Grand Chapitre des Maçons de l’Arche Royale de France, dénommé « Grand Chapitre » gouvernant et administrant tous les Chapitres sous sa juridiction dans le monde au nom de la Grande Loge Nationale Française, pratique aussi le Rite d’Écosse de l’Arche Royale pour la France et l’Arche Royale Américaine pour la France. Il est donc le Compagnon idoine pour nous faire saisir par l’esprit, l’intelligence et/ou l’approche, le raisonnement, le sens des paroles et surtout nous offrir une meilleure compréhension de la gestuelle.
Car l’ouvrage n’est pas un traité savant ou historique sur ces 3 rites, mais un véritable vade-mecum. Il n’est pas voué à remplacer l’excellent Cahiers Villard de Honnecourt L’Arche Royale, l’esprit d’un rite (GLNF, 2021) ni le remarquable The Freemasons’ book of the Royal Arch, cette somme historique et maçonnique considérable de Bernard E. Jones et traduit par Georges Lamoine sous le titre L’Arche Royale des francs-maçons (éd. Aureus, 2018) dont nous recommandons la lecture pour approfondir à l’extrême le sujet. Et pour décrypter utilement toutes les références de l’Ancien Testament, nous pouvons nous appuyer sur cet outil indispensable que sont Les Références bibliques dans la franc-maçonnerie (Aureus, 3e éd., 2019) qui étudie, liste et cite les renvois à la Bible, aux Intertestamentaires et au Talmud pour plus de 100 degrés, grades, cérémonies, chaires ou Ordres actuellement pratiqués en Franc-Maçonnerie.
Jean Solis commence par nous designer ce que signifie, ou pas, l’Arche où l’Arc Royal. Pour commencer sur de bonnes bases, définissant le rite maçonnique comme un théâtre historique et une initiation mythologique en prenant soin de placer la Bible au centre de ses écrits. Pourquoi ? Simplement, pour toutes les allusions faites au sein des rituels aux différents Livres : Esdras, Néhémie, Aggée, Zacharie, mais aussi Genèse et Exode, entre autres. Abordant les psaumes 133, ciment fraternel, et 137, désespoir et nostalgie, l’auteur n’hésite pas à raconter cette histoire qui concerne notre vie et notre espérance permettant de comprendre la fragilité du monde terrestre. Tout étant voué à disparaître un jour. Ne nous faut-il pas naître, mourir et renaître un jour ? De l’origine de la chute d’Adam à la Parole perdue, en passant par l’énergie des trois réunis, il fait aussi allusion au degré de Maître installé ainsi qu’à la Loge de Marque et au double passage des voiles. Permettant au candidat, devenu Excellent Maître de participer à une œuvre aussi difficile que cette réédification du Temple de Salomon détruit par Nabuchodonosor…
Dans sa conclusion, soulignée comme provisoire, et souhaitant un bon retour de Babylone, l’auteur n’ouvre-t-il pas une porte vers un avenir meilleur ? Tout en se félicitant de pouvoir pratiquer, en France, les Arches anglaises – dites domatiques du latin domus qui signifie « maison » ou « Maison de Dieu » ou encore « Temple de Dieu » –, écossaise et américaine.