Dipa Ma (née Nani Bala Barua le 25 mars 1911 à Chittagong, morte le 1er septembre 1989 à Calcutta) est un professeur de méditation dans la tradition du bouddhisme theravāda. Elle a enseigné aux États-Unis et a influencé la branche américaine du mouvement vipassanā.
Le petit village de Chittagong dans le Bengale oriental faisait alors partie des Provinces de l’Empire des Indes et est aujourd’hui situé au Bangladesh, situé proche de la frontière avec la Birmanie . Elle est l’aînée d’une famille de six enfants.
Dès son enfance, elle présente un intérêt marqué pour le bouddhisme. À l’âge de 12 ans, elle est mariée à un ingénieur habitant Rangoon, Rajani Ranjan Barua, qu’elle rejoint plus tard. Après la mort de sa mère en 1929, elle recueille son frère Bijoy qui n’est encore qu’un bébé ; elle-même n’ayant alors pas d’enfant avec Rajani. C’est à 35 ans, qu’elle donne naissance à une petite fille qui mourra à l’âge de trois mois. Quatre ans plus tard, elle donne naissance à une autre fille, Dipa, ce qui lui vaudra son surnom de Dipa Ma « mère de Dipa ».
Elle a ensuite un petit garçon qui meurt peu après sa naissance, ce qui la plonge dans un profond chagrin. Elle demande alors l’autorisation à son mari d’apprendre la méditation. Celui-ci refuse prétextant qu’elle est trop jeune6. Dipa est alors alitée et ne quitte plus son domicile. En 1957, Rajani meurt d’une crise cardiaque en rentrant de son travail.
À 46 ans, Dipa Ma a perdu ses parents, son mari et deux enfants. Elle donna tout ce que son mari lui avait laissé à une voisine pour qu’elle s’occupe de sa fille pendant qu’elle ferait une retraite au centre de méditation de Rangoon. La retraite se déroule avec difficultés, Dipa Ma étant malade et devant aller à l’hôpital régulièrement (manquant l’unique repas servi au centre), sachant également que Dipa vivait mal la séparation avec sa mère. Elle quitte le centre à regret et entame une seconde retraite auprès de Mahasi Sayadaw et expérimente le premier stade de l’éveil. En 1963, elle a l’opportunité d’effectuer une nouvelle retraite auprès du maître Anagarika Munindra. Elle atteint le second degré de l’éveil, et est désormais pleinement guérie de ses tourments. Elle devient une inspiration pour son entourage.
En 1967, Dipa Ma et sa fille sont contraintes de retourner vivre en Inde car le gouvernement birman a décrété l’expulsion de tous les étrangers, y compris les émigrés indiens. Dipa Ma devient alors professeur de méditation à Calcutta. Elle enseigne d’abord à des voisins, puis à d’autres personnes dont des moines ordonnés et des Occidentaux (de nombreux Américains viennent en Inde à la suite de l’apparition du mouvement hippie).
Parmi les premiers élèves américains de Dipa Ma se trouvent Joseph Goldstein, Jack Kornfield et Sharon Salzberg qui créeront l’Insight Meditation Society à Barre (Massachusetts). Ils diffusent l’enseignement de Dipa Ma aux États-Unis et l’invitent en 1980 et 1984.
Des problèmes de santé l’empêchent ensuite de retourner aux États-Unis. Elle s’éteint paisiblement auprès de sa fille le 1er septembre 1989 à Calcutta.
Dipa Ma instruit que l’esprit est plein d’histoires fabriquées et imbriquées les unes dans les autres comme des poupées russes : on en ouvre une et une autre apparaît, mais qu’à la fin elles sont toutes vides. De même tout autour de nous se trouve les boîtes vides des histoires de notre vie. Elle poursuit son enseignement en nous précisant que nous devons pratiquer la méditation pour connaître de notre vivant, le premier niveau d’Eveil, sinon nous n’aurons pas fait usage de notre vie humaine ! |
Dipa Ma pratiquait également la “vision pénétrante” qui s’obtient par des exercices de concentration appelés jihana, où l’esprit entre dans un profond état d’absorption, par exemple, les fonctions corporelles ralentissent parfois presque jusqu’à l’arrêt total, de sorte que l’on a plus besoin de boire, de manger, de dormir, de bouger, d’uriner.
Elle nous indique qu’il faut repousser nos limites, de ne pas penser que l’on n’est pas capable et de toujours aller plus loin !
La vie de cette femme hors du commun. Le contexte de l’époque (18 ans dans les années trente), son pays d’origine (l’Inde), le lieu de sa vie (la Birmanie et l’Inde), ne la prédisposait pas à atteindre cette liberté en tant que femme. Liberté que nous trouvons naturelle maintenant ! Son combat, commence par celui d’avoir le droit d’exister en tant que Sujet et pas uniquement comme mère ou épouse.
Cette “petite femme frêle” est un géant de courage, de pugnacité, de persévérance, elle est un exemple d’abnégation, mais elle reste profondément humaine.
Par ailleurs, une fois reconnue par ces Pères, elle va enseigner, à tous, mais plus particulièrement aux femmes. Notamment celles qui vivent un quotidien souvent difficile ; non pour les libérer de leurs conditions, mais pour les libérer d’elles-mêmes et de leurs attachements à la souffrance. Elle le dit un jour ” je ne connais pas la peur, maintenant je suis en paix”, c’est pour cela qu’elle insiste sur le fait de continuer à pratiquer la méditation, c’est un chemin de persévérance et non d’obstination. Elle est un véritable maître dans une lignée monastique presque exclusivement masculine, et fût la première enseignante asiatique à être invitée à enseigner aux Etats-Unis entre autres.
Dipa Ma, nous guide, de ce que nous devons suivre pour atteindre l’Eveil par la méditation. Elle n’apporte pas de solution miracle, mais bâtit les conditions fondées sur l’Amour qui mènent à l’Eveil et à cet état de Sagesse.
Thierry Crozet – Collaborateur à la LDDV et Ida Radogowski
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