Avant de répondre à la question posée, il convient de définir égoïsme et altruisme.
L’égoïsme (du latin ego, moi) est l’attachement excessif à soi-même.
L’altruisme (du latin alter, l’autre) est la disposition à se dévouer à autrui.
L’égoïsme est une tendance biologique, liée à l’instinct de conservation donc tournée vers soi alors que l’altruisme résulte d’une volonté, d’un effort conscient, dirigés vers les autres. Apparaissent donc ici à la fois l’opposition de la nature à la culture et le passage éventuel de l’une à l’autre.
Il ne faut pas confondre l’égoïsme avec l’égotisme (disposition à parler de soi et à se valoriser : culte du moi – narcissisme), l’égocentrisme (tendance à se concevoir comme le centre du monde – nombrilisme) et l’individualisme (tendance à ne vivre que pour soi).
Le «vouloir-vivre » (force vitale) qui nous anime exige que nous prenions en permanence soin de nous (protection, nourriture). En ce sens, cette « autoconservation » constitue une forme « d’égoïsme de survie ». Nous ne pouvons prétendre à l’altruisme qu’à cette condition. Je ne peux recharger la batterie de quelqu’un si la mienne est à moitié vide !
L’altruisme (terme forgé en 1852 par le philosophe Auguste Comte) trouve d’abord son sens dans le rapprochement des sexes pour pérenniser l’espèce humaine. Il définira ensuite l’action – individuelle ou groupale – pleinement désintéressée au bénéfice de l’autre (don de soi). Donner de soi revient à offrir une part de soi, tel le don de sang, mais aussi de son potentiel (ex : temps, argent, savoir-faire, créativité, énergie, dialogue, bonne humeur, espoir, etc.)
L’égoïsme et l’altruisme sont certes antinomiques – comme s’opposent le noir et le blanc du pavé mosaïque – mais on ne peut vraiment évoquer entre les deux un « juste milieu » à observer ! Celui-ci reviendrait, ne serait-ce qu’en termes de temps, à se partager entre ses besoins personnels et ceux d’autrui, chose impossible ! En l’occurrence, en plus de nos besoins physiologiques précités, nous avons besoin de sécurité (physique et financière, entre autres), d’appartenance (travail, relations sociales), de reconnaissance (dignité, estime, compétence) et de réalisations (apprentissages, créativité, développement personnel). Donner implique qu’il faut aussi recevoir. Et, précisément, on ne peut donner que ce que l’on a reçu !
De la sorte, mieux qu’un « juste milieu », qui suggère une moyenne, il me paraît judicieux d’évoquer «la bonne mesure» entre égoïsme et altruisme : celle du désir, de l’engagement et des possibilités de chacun. Parmi les différentes formes de don, la charité (du latin caritas, amour) mérite une attention particulière. Elle peut placer celui qui donne en position de supériorité et celui qui reçoit en situation de dépendance. La main qui donne est plus haute que celle qui reçoit, dit un proverbe africain. Dès lors, au-delà d’une pièce de monnaie, il s’agit de parvenir à l’étape suivante : remettre debout le démuni. Permettre à son prochain de se relever, c’est s’élever soi-même !